CULTURE SANG & OR

Sylvain Lemoine, dit Sylvano : « Moi j’ai besoin d’être au stade trois heures avant. »

Nouveau speaker de Bollaert-Delelis, en duo avec Karine Mayeur, Sylvain Lemoine dit « Sylvano » était l’invité de l’émission Culture Sang et Or épisode 17, le lundi 18 janvier. Supporter du Racing depuis 1986 et ancien capo de la Marek, il nous a notamment expliqué comment il gère cette saison particulière.

(crédit photo : La Voix du Nord)
Thomas D : Tu es donc avec Karine le duo speaker du Stade Bollaert. Avant de parler de toi en tant que supporter Sang et Or, est-ce que tu peux nous expliquer ce que c’est concrètement d’être speaker ?

Sylvain L : Je suis tout frais dans la profession, je suis un rookie. Je pense qu’on doit être le trait d’union entre le public et la pelouse. Ca part de là. Ce n’est pas uniquement venir au stade à 20h, et puis crier les noms des joueurs. Il y a un boulot en amont. On doit se rendre au stade trois heures avant, se rencarder avec Karine et faire l’avant-match, si il y a des hommages à faire, des speachs à faire, découvrir le conducteur du match. Karine c’est ma collaboratrice, elle met en place le conducteur dans la semaine. On se retrouve avant le match et on a un conducteur minuté à tenir seconde par seconde à partir du moment où on prend le micro, jusqu’au moment où les gens quittent le stade.

TD : Alors Sylvano, je vais peut-être te donner un scoop, tu sais que il y avait plusieurs personnes en concurrence pour devenir speaker, et en finale, bah j’y étais. Je me suis dis « ah j’espère qu’il ne va pas être bon, et qu’on va venir me chercher ». Mais en fait le problème Sylvain, c’est que tu es bon.

Sylvain L : Merci, mais du coup félicitations à toi pour avoir été en finale !

Samuel D : J’ai connu Sylvano quand il était capo, c’était un truc de fou. Il avait une capacité pour emmener la Marek c’était impressionant. J’avais quatorze ans, j’étais fasciné par Sylvano, l’énergie qu’il mettait pour arranguer la foule, pour faire chauffer toute la Marek, tout le stade, c’était vraiment incroyable. Sauf ton respect Thomas, je trouve que le club a fait un bon choix avec Sylvain. Moi je n’attends qu’une chose, c’est d’avoir 38,000 personnes à Bollaert pour le voir à l’oeuvre aussi.

Thomas D : J’espère qu’il aura une gastro pour que je puisse le faire au moins une fois.

Grégory L : Je le connais bien Sylvain, pour avoir fait quelques matchs à Bollaert. C’est quand même un choix fort. Sylvain est supporter de Lens depuis 1986. Il connaît les murs ! Il est capable d’emmener que ce soit en Marek, mais aussi dans les parcages à l’extérieur, il connait les gens presque visuellement, ça veut dire qu’il a ce contact direct, les gens savent qu’il est là parce qu’il est supporter de Lens. Il y a ce lien fort. Et surtout, les soirs de matchs, quand on aura la chance de vivre des matchs dits normaux, il aura les reflexes, les codes. Il a fait des tifos. Il aura un avantage sur tous les speakers de France.

Il faut de la compétence partout pour que ça réussisse dans un club. C’est le créneau de la nouvelle direction. Je suis persuadé qu’ils vont trouver leur rythme de croisière et qu’avec Karine, ils vont s’éclater.

Sylvain Lemoine et Karine Mayeur (crédit photo : rclens.fr)
Thomas D : C’est quoi ton meilleur souvenir de capo ? Et ton plus grand rêve en tant que speaker ?

Sylvain L : D’un point de vue personnel, j’ai trouvé ça vraiment bien. Et après, il y a le côté collectif, que j’ai toujours tenu à mettre en avant. Il y a forcément le match de Bordeaux (quart de finale de CDF, ), la façon dont le match a été amené. Je ne « montais » plus à cette époque-là [« monter » dans le jardon veut dire prendre le rôle de capo, monter sur le perchoir], je suis arrivé au stade, j’ai cru comprendre que je devais monter, je n’avais pas trop le choix. Je n’avais pas prévu de monter sur ce match. Il y a ce match là, en plus l’ambiance était exceptionnel. Par rapport à ce match, je n’ai pas l’impression d’être un vecteur très important du match. L’idéal c’est que l’ambiance n’ait pas besoin d’un capo. L’idéal d’un point de vue technique, c’est moins le capo a de travail, mieux c’est ! Je pense que c’est la même chose pour le rôle de speaker. Même si ce sont deux choses différentes.

Le speaker c’est un autre rôle. Ce n’est pas à lui de mettre le feu. Ça c’est le rôle du capo.

C’est d’ailleurs ce qui me faisait peur, ne pas réussir à bien distinguer mon rôle de suite. Je n’ai pas pu m’entrainer beaucoup. Mais je me suis senti bien plus à l’aise contre Bordeaux (ndlr : de cette saison, en tant que speaker), j’ai trouvé des mots plus justes, j’avais une meilleure répartie, une meilleure approche du match, de l’avant-match.

[…autres souvenirs en tant que capo] Les matchs de Coupe d’UEFA. La grosse épopée, c’est encore quelque chose de très très spécial. Après, il y a le match contre le Milan AC, parce que j’ai grandi avec le Milan AC de Gulit, Van Basten, de les voir venir à Bollaert et leur mettre la fessée, je me souviens avoir pleuré le soir même, sur la grille j’étais en larmes. Ce sont des très très grosses émotions.

Et sinon je penserais au jubilé de Roger Boli. C’est une grosse histoire, pour diverses raisons. C’est un match important dans mon histoire personnelle. Dans l’histoire des tribunes de Lens.

Grégory L : Il faut rappeler que c’est au cours de ce match, en mai 2001, que pour la première fois, les ultras, et notamment les Red Tigers, se sont regroupés au centre de la Marek, avec le reste du kop. Alors qu’avant cela, il y avait des tensions latentes. Ça a été le début de quelque chose. Après le collectif Tony Marek est arrivé. Il y a eu une union des supporters.

Sylvain L : On s’était rencontrés en amont [avec les autres supporters de la Marek], on avait commencé à décaler le bloc Tigers vers le centre, c’était vers ça qu’on voulait tendre. Et ça a été une preuve qu’on pouvait le faire, ce soir-là ! C’était important.

Grégory L : C’est bien aussi, car des fois les speakers ont une place presque trop grande. Et savoir que Sylvain a connu l’autre côté, où des fois on dit que les speakers freinent l’ambiance à être omniprésents, savoir se taire aussi, dans ce rôle-là ça peut être important, avoir cette vision très équilibrée, faire son boulot et dans le même temps laisser le stade vivre son truc.

Sylvain L : le stade aura toujours la priorité ! Ça c’est une certitude.

(crédit photo : Twitter Sylvano)
Question de Jean Connery sur Twitter : Ta frustration, comment tu la gères ?

Sylvain L : C’est vraiment très très dur. Je suis en train de vivre quelque chose de fou, et que la situation rend le truc encore plus fou, mais dans le côté négatif. Moi j’ai besoin d’être au stade trois heures avant, je traîne dans la tribune, j’aime bien m’imprégner, être là, voir le truc se mettre en place. J’aime le ressentir. Bollaert, c’est notre vieux Bollaert. Quand j’y vais, je sais pourquoi je suis-là. Même le match de Paris, il n’y avait que 5,000 personnes, et j’avais des frissons. J’ai qu’une hâte, c’est qu’on puisse repasser avec un peu de public, 5,000, 9,000, 10,000, qu’on puisse au moins avoir une interaction. Je pensais qu’on allait mettre le projet en standby, comme il n’y a plus de public. Mais la Ligue souhaite que la compo soit faite. Il a fallu aborder ça d’une autre façon, avec du cœur, avec l’envie.

Je sais que ça fait sourire les gens, les ramasseurs de balles. J’essaie d’amener quelque chose quand même.

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Retranscription | L’équipe Culture Sang et Or

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