CULTURE SANG & OR

Antoine

Malang Sarr, à la relance

La seconde recrue du mercato 2024-2025 est un ancien grand espoir du football français qui vit avec le blues depuis près de quatre saisons. Présentation d’un égaré du ballon rond, en quête de relance. Photo AS Monaco La relance. Un terme qui sied parfaitement à Malang Sarr. Le Franco-Sénégalais, né à Nice et qui a grandi aux Moulins, quartier populaire proche de l’ancien centre d’entraînement du Gym, est passé de grand espoir pisté par l’Europe du football à joueur anonyme. Jusqu’à être publiquement humilié par son entraîneur Mauricio Pochettino lors d’une hallucinante conférence de presse en août 2023. Interrogé sur son joueur, le coach de Chelsea avait en effet répondu un méprisant « Qui ça ? » Le milieu du football, et ses affres. Aux oubliettes, celui qui déclarait sa flamme à la langue française et à Guy de Maupassant dans Libération, était d’ailleurs sur le point de revenir au pays cet hiver. Mathieu Bodmer, réputé pour sa fine connaissance du football, et Luka Elsner, entraîneur prônant un style de jeu protagoniste, à l’instar du RC Lens, avaient su convaincre le défenseur des Blues de rejoindre Le Havre dans son opération maintien. Avant que Chelsea, dont les pratiques concernant les transferts interrogent chaque jour un peu plus, ne bloque le transfert, omettant d’envoyer les documents officiels aux instances compétentes. Malang Sarr, qui avait passé sa visite médicale et patientait dans le port normand, avait accepté des concessions sur son salaire afin de retrouver les terrains. Le retour à Londres n’en fut que plus amer.  La relance. C’est aussi une aptitude technique que maîtrise particulièrement bien l’ancien Aiglon. Propulsé titulaire par Lucien Favre à 17 ans lors d’une rencontre de L1 contre le Stade Rennais (le 14 août 2016), durant laquelle il inscrit le but de la victoire, et devient alors le deuxième buteur le plus jeune de l’histoire de la L1 derrière un certain Bartholomew Ogbeche. Malang Sarr s’impose comme titulaire et brille par sa capacité à répondre aux duels, à casser des lignes balle au pied et par la passe, utilisant à merveille son pied gauche au sol mais également pour effectuer des renversements de jeu. Bien que mesurant 183 petits centimètres, une taille modeste pour un défenseur central, Malang Sarr sait également briller dans le jeu aérien. En 2016, il attire déjà les convoitises, brillant par sa régularité et sa maturité dans un OGC Nice détonnant mené par Mario Balotelli et Alassane Pléa. Le PSG, l’Inter de Milan voire le FC Barcelone surveillent le petit prodige. Axial excentré de formation, ce grand précoce du football finit par être rattrapé comme tant d’autres par la dure réalité du ballon rond. Son départ à Chelsea le mène dans une impasse, énième exemple de l’importance du contexte pour s’épanouir dans le football. Ça se jouera dans la tête Malang Sarr cherche aujourd’hui à donner un second souffle à sa carrière, lui qui a longuement rongé son frein à Londres, mais aussi à Porto et à Monaco, où il a été envoyé en prêt tour à tour. Rémi Valet, ancien rédacteur en chef du site Planète ASM, témoigne : « J’ai été dubitatif concernant son arrivée chez nous. Si je me suis posé la question en août 2022, son départ en juin 2023 n’a fait aucun doute : un échec quasi total ». Rémi poursuit : « Malang a été titulaire à 12 reprises, et est entré en jeu cinq fois. Une disparition totale en mars, et une participation à à peu près tous les plus gros fours de cette saison difficile ». Portrait peu reluisant, que notre collègue monégasque s’empresse toutefois de nuancer. « À sa décharge, la saison 2022-2023 a été un long calvaire pour la défense de l’ASM, qui a été catastrophique de bout en bout avec 58 buts encaissés, soit la 14e de L1. Malgré tout, il n’a pas su saisir l’opportunité que représentait le départ de Badiashile à Chelsea au mercato d’hiver pour s’imposer. Sur des débuts encourageants, on a pu espérer un défenseur véloce et bon relanceur, mais je pense que son CSC en octobre en Europa a détruit une confiance déjà étiolée par deux années difficiles. La dynamique collective de cette saison-là, entre un Philippe Clement qui tâtonne et un Nübel en grande difficulté, n’était peut-être pas en mesure de le remettre en confiance. »  Le RC Lens est-il la bonne destination pour lui ? Malang Sarr dispose sans aucun doute des qualités intrinsèques pour briller dans la structure de jeu bien installée chez les Sang et Or, et que Will Still semble enclin à perpétuer. La différence se fera certainement dans la tête. Le Franco-Sénégalais arrive libre, et a paraphé un contrat de deux ans, plus une année en option, ce qui circonscrit totalement le risque financier. Âgé seulement de 25 ans, l’ancien Niçois est encore jeune, et sa marge de progression, après relance, est encore importante. Après Massadio Haïdara, dont le contrat se termine l’été prochain, Wesley Saïd et Nampalys Mendy, le RC Lens va-t-il réussir à relancer un autre joueur abonné aux saisons blanches ?

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Le verre est à moitié plein

Avec la reprise, le RC Lens est définitivement redevenu sur le devant de la scène. Le mercato et ses innombrables rumeurs sévissent déjà. Face au catastrophisme facile, pas besoin de forcer son objectivité pour affirmer que le club a de vrais atouts en main. Photo RC Lens « Il faut que ça bouge ». Les impatients s’impatientent, et viennent nourrir les rangs des catastrophistes, présents toute l’année mais qui ont pour habitude de se donner de la voix entre mi-juillet et mi-août. Festival de la morosité, dont le line-up peine à se renouveler. Vendre et recruter serait un besoin vital durant la période du mercato. Cela va de pair avec la biafine et le sable niché entre les doigts de pied. Un été réussi, c’est avant tout cette petite dose de dopamine sécrétée par les annonces du community manager qui présente tour à tour les nouveaux castés pour la saison à venir. Du mouvement, de l’animation, mais est-ce avant tout pour meubler une actualité dynamique comme un vacancier à l’heure de la sieste ou bien intellectuellement motivé par la conviction profonde que cet effectif a besoin de renouveau ? « Parce qu’en face, la concurrence a lancé les hostilités », pour peu qu’on identifie bien les clubs avec lesquels on est supposé croiser le fer. N’oublions pas une chose : bien qu’il soit absolument perfectible (comme 100% des effectifs de L1), le RC Lens dispose toujours d’un effectif complet, fourni qualitativement et quantitativement et qui a fait ses preuves. Les joueurs qui ont été jugés « justes » la saison dernière ont également le droit de progresser, et le remplacement de l’entraîneur par l’énergique Band of Still Brothers peut tout à fait raviver une concurrence dans le groupe, et relancer des joueurs qui semblaient définitivement sur la touche. Sans oublier que la recette de stabilité a déjà largement fait ses preuves. Et si les matchs de préparation ont leurs limites pour qui veut faire de l’analyse, la philosophie de jeu semble coller à ce qui a été vu ces quatre dernières saisons.  Le RC Lens garde la main Depuis quelques semaines, le RC Lens est entré dans une phase de reconstruction particulière, dans la mesure où tout n’est pas à construire. Cette formulation, empruntée à un ami dont l’avis est souvent éclairant, dit beaucoup de ce qui se trame en coulisses. L’existant a le mérite d’apporter des vraies garanties. Dans le football, il ne faut présager de rien mais prenons le pari que l’effectif subira des modifications similaires à celles du bord du terrain. Le trio Will, Edward et Nicolas Still a bien accepté de se greffer à un staff qui a déjà fait ses preuves, et bénéficiera des automatismes qui existent depuis de nombreux mois entre Benoît Delaval, directeur de la performance, Hervé Sekli, entraîneur des gardiens, Aymen Djedidi, préparateur physique, et consort. De l’aveu même de Will Still, il ne faudra pas s’attendre à une révolution tactique. Simplement des ajustements dans le pressing et les circuits de passes et de relance. Et en remettant l’intensité au goût du jour. Au sein de l’effectif, on peut s’attendre à une même logique d’amélioration qui s’intègrera dans la dynamique de stabilité. La colonne vertébrale (Samba, Gradit, Frankowski, Danso, Medina, Sotoca, Wahi) est d’ailleurs composée d’éléments disposant de contrats de longue durée, entre 2026 et 2028. Mine de rien, le RC Lens a beaucoup plus la main que l’on ne pourrait le croire. Et on peut tout à fait imaginer que la majorité des mouvements à venir seront davantage choisis que subis. Dans la période troublée que l’on vit, le club sang et or dispose toujours d’atouts non négligeables, qui semblent pourtant avoir disparu de notre champ de vision. La vente probable de Neil El Aynaoui est frustrante, mais elle s’inscrit dans un pragmatisme économique indispensable aux intérêts de l’institution. Finalement, ceux qui ne cessent de rabacher « N’oublions pas d’où l’on revient » feraient mieux de rappeler au grand nombre les délires dépensiers qui nous ont envoyés dans le puits pendant plus de dix ans. Le devoir de mémoire se trouve là, et pas ailleurs.

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Triangulaires

Le RC Lens a repris les chemins de l’entraînement il y a une dizaine de jours, et déjà collé six buts à Courtrai pour son premier match amical. Si les coulisses sont en ébullition, les mouvements restent pour le moment rares. Photo RC Lens À l’heure où l’on écrit ces lignes, peu de joueurs considérés comme transférables sont partis. Hormis Julien Le Cardinal (Stade brestois), Lukasz Poreba (Hambourg SV), et Franck Haise (Côte d’Azur), l’effectif n’a pas connu de ventes. Angelo Fulgini est annoncé sur le départ, tout comme Kevin Danso, dont les performances lors de l’Euro en Allemagne furent dans la lignée de sa J34. Les travaux herculéens de refonte de l’effectif n’en sont qu’à leur balbutiements, avec des finances du RC Lens moins précaires qu’annoncé. Pierre Dréossi l’a assuré, le club sang et or est en mesure de faire des recrues avant d’avoir allégé son effectif. Et à ce propos, une arrivée précédant les départs de joueurs à grosse valeur marchande devait être annoncée, à en croire certains journalistes. Était-ce un tuyau prématuré ? Une façon d’aiguiser les appétits aujourd’hui à l’origine de l’insoutenable attente de la communauté lensoise de voir arriver l’étoile du Caucase ? Un début de reconnexion Georges Mikautadze. Tout le monde n’a que ce nom à la bouche. Il est, selon de nombreux médias, la priorité absolue du RC Lens pour renforcer l’attaque ou anticiper le départ d’Elye Wahi (rayer la mention inutile). L’attaquant géorgien, dont la cote a explosé depuis son retour en Ligue 1 en janvier, est annoncé tour à tour à Monaco, dans le viseur de l’OM et d’autres clubs étrangers, et au RC Lens, pour lequel il aurait « déclaré sa flamme ». Entre la volonté du joueur d’être au cœur d’un projet ambitieux et les négociations avec un entourage qui cherche à maximiser les flux financiers, il ne faut pas occulter le FC Metz, club relégué en L2 et qui va forcément chercher à valoriser du mieux possible son assurance-vie. Une triangulaire dont se charge un Pierre Dréossi dont les rapports avec le joueur seraient excellents. En l’état, il n’y a pas péril en la demeure. Nous sommes le 8 juillet, certes, mais une compétition internationale majeure se dispute toujours de l’autre côté du Rhin, et l’accord concernant les droits télévisuels de la Ligue 1 n’a pas encore été conclu. Difficile d’y voir un terreau favorable à l’emballement d’un marché des transferts qui attend son Domino Day. Une tendance semble toutefois se dégager. Le board lensois maintient un niveau d’exigence élevé, et on peut émettre l’hypothèse que Joseph Oughourlian se soit résolu à recourir de nouveau à une forme d’endettement ponctuel afin de relancer cette fameuse dynamique économico-sportive vertueuse, érodée lors des cinq dernières fenêtres de mercato. Quoi qu’il en soit, le RC Lens se reconnecte actuellement avec son environnement premier, faisant connaissance avec son nouveau « head coach ». Le socle de l’effectif est présent à la Gaillette, et les mouvements visant à le renforcer ont encore le temps de se mettre en musique.

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Remise sous pression

Le RC Lens a vécu des semaines agitées, entre les départs inattendus, les « off » de Joseph Oughourlian et la nomination contestée de Pierre Dréossi et Diego Lopez Gomez. C’est en fait tout un environnement qui a été remis sous pression, pour mieux réussir. Photo RC Lens Le supporter lensois coulait des joueurs heureux. Peinard, avec le bide qui prenait du gras, à force de goulument gober les succès et les moments agréables. Il avait un club envié par beaucoup de supporters, et le retour dans la lumière a ça de grisant qu’on oublie très rapidement le passé pourtant pas si lointain. Sans tomber dans la sempiternelle rhétorique du « n’oubliez pas d’où l’on vient », le bonheur généré par le RC Lens lors de la saison 2022-2023 a tout de même eu pour effet une perte tout de même significative du sens de réalité. Comme avec un cerveau qui serait exposé pendant trop longtemps à une pression atmosphérique insuffisante, les attentes en devenaient parfois aberrantes, frisant parfois avec l’hallucination. Une normalisation de l’exceptionnel. En interne, les succès ont aussi amené leur lot de complications. C’est assez naturel. De l’aveu même d’Arnaud Pouille, la Ligue des Champions serait peut-être arrivée trop vite. Sans que l’on ait des détails suffisamment clairs sur ce qui a été reproché à la direction sportive et au staff de la saison dernière, il semblerait que les hommes en place se soient, à leur façon, également écartés du sentier tracé par un Joseph Oughourlian alors porté sur la délégation. Il suffit d’observer les mercatos d’hiver et d’été depuis le départ de Florent Ghisolfi. Alors qu’un RC Lens promu faisait venir Seko Fofana pour environ 8 millions d’euros, il dépensait une somme presque équivalente pour faire venir Angelo Fulgini lors du dernier jour d’un mercato d’hiver crucial à la course à la Ligue des Champions (voire au titre). En parallèle, les salaires se sont envolés, et des accusations de népotisme ont également été évoquées ces dernières semaines, concernant Franck Haise.  Le fameux off de Joseph Oughourlian On peut légitimement se poser la question du « off » manié avec plus ou moins d’adresse par Joseph Oughourlian, après la conférence de presse de présentation du rigoriste Pierre Dréossi. Sur le fond comme sur la forme, balancer à la presse un chiffre, assez effrayant au premier abord, d’économies à réaliser ne peut qu’avoir un objectif caché. Cela paraîtrait presque trop gros pour être pris au premier degré. Le RC Lens doit-il réellement vendre pour 100 millions d’euros cet été ? Dès le lendemain, la somme était nuancée dans les colonnes de l’Equipe grâce au concept de ventes nettes comptables. Ou avons-nous assisté à un remontage de pendules en bonne et due forme de la part du président ? Il est fréquent, dans le monde de l’entreprise, que cette technique de communication du noircissement du tableau soit utilisée par les dirigeants pour asseoir des décisions impopulaires, et faire accepter des changements radicaux. Depuis, Will Still est arrivé avec ses frangins, fort de garanties sur la compétitivité de son futur effectif. On a lu que le RC Lens souhaitait conserver un Elye Wahi annoncé sur la liste des transferts il y a quelques semaines. Et le club semble plus que déterminé à faire venir Georges Mikautadze, sensation de la L1 et de l’Euro. Du côté des départs, nul ne sera bradé, dans la mesure où la situation financière du Racing ne semble pas si calamiteuse que ça.  Les ambitions sportives sont intactes. Ce sont les moyens qui sont remis en question. En fait, l’ensemble de l’écosystème lensois a été savamment remis sous pression par la présidence. Lens ne se laissera pas glisser dans le confort ni les certitudes. Après quatre saisons d’idylle, on peut dire que sur le moment, ça nous a fait drôle. Mais peut-être était-ce indispensable.

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Hervé Koffi, itinéraire d’un revanchard

Un recrutement qui a surgi de nul part. Aussi surprenant qu’anticipé. Déjà suivi par le RC Lens lorsque Florent Ghisolfi officiait en tant que directeur sportif, Hervé Koffi rejoint l’Artois. Présentation d’un revanchard.  Photo Le Soir Originaire de Bobo-Dioulasso, capitale économique et deuxième ville du Burkina Faso, et fils d’un gardien de but international, Hervé Kouakou Koffi est rapidement identifié comme l’un des grands espoirs du football africain à son poste. Formé au Rahimo FC, il signe d’abord au Racing Club Bobo, institution phare de la ville mais aussi du football burkinabè. Il quitte ensuite son pays pour rejoindre l’ASEC Mimosas, club ivoirien par lequel sont passés d’anciens Lensois comme Aruna Dindane ou Bonaventure Kalou – avec lequel il dispute notamment la Ligue des Champions d’Afrique. Le grand saut vers l’Europe s’opère à l’été 2017, lorsque Hervé signe chez notre voisin rival. On lui présente une projection des plus alléchantes : être la doublure de Mike Maignan pour s’acclimater le mieux possible au football européen avant d’être propulsé numéro 1. Après deux saisons et seulement six petits matchs, Hervé Koffi est finalement prêté à Belenenses, club de la charmante ville de Belém en banlieue de Lisbonne, puis au Royal Excel Mouscron, alors satellite du LOSC. Mais lorsque Mike Maignan s’envole pour Milan, Koffi reste à quai et est transféré au SC Charleroi. Peu après son arrivée en Wallonie, le portier burkinabé revient sur cet épisode dans la presse belge, non sans une certaine aigreur envers le club flamand : « Il faut savoir qu’avant que je parte à Mouscron, il était convenu avec Luis Campos et Gérard Lopez qu’à la fin de mon prêt, s’il était convaincant et que Mike Maignan partait comme prévu, je revenais à Lille comme numéro 1. » Une recrue plus « profil » que « statut » À Charleroi, Hervé Koffi fait rapidement l’unanimité. Sa capacité à être décisif sur sa ligne et souverain dans les airs le rend spectaculaire. « Son point fort numéro 1, c’est son niveau sur sa ligne. Il est excellent sur les frappes adverses. Ses statistiques sont excellentes depuis 3-4 saisons. Il a d’excellents réflexes, fait des horizontales main opposée et est très fort sur les penalties », nous explique Ben de la plateforme Data’Scout. Et concernant le jeu au pied qui fait briller Brice Samba depuis deux saisons au Racing ? «Là, par contre, c’est plus mitigé. Il a de vraies qualités de vision de jeu et une forte personnalité pour relancer court sous pression en s’intégrant comme 11e joueur de champ pour casser les pressings. Il n’hésite pas à sortir loin de son but. » Titulaire à 96 reprises avec le maillot carolo, il présente un bilan de 29 clean sheets, soit environ un match sur trois. «La nuance concernant Koffi vient de la réalisation de ses intentions. Il n’est pas rare qu’il se rate à la relance, qu’il balance un peu n’importe comment ou qu’il se fasse déposséder du ballon. C’est un gardien qui prend des risques qui coûtent parfois des buts à son équipe », poursuit Ben.  Diagramme @datascout_ Sacha Tavolieri corrobore : « Il est capable du meilleur comme du pire. D’un match à l’autre, il peut être le héros puis le bourreau de son équipe. Il a un éminent besoin de confiance afin de grandir. À Lens, il devra se canaliser pour se concentrer sur la plus forte de ses qualités : l’explosivité sur sa ligne de but. » Concernant la personnalité du bonhomme, Sacha est sans équivoque : «Hervé est un garçon brillant doublé d’une personne extrêmement ouverte. J’ai eu l’occasion de faire plusieurs shows avec lui parmi les émissions que je produis en Belgique et j’en garde un souvenir merveilleux. » Concernant le potentiel de développement, là encore, on croit comprendre que le portier des Étalons n’a pas encore atteint son prime. « Je n’ai aucun doute sur le fait que titulariser Hervé dans un match de Ligue 1 n’aura rien d’infamant. Il a les qualités mais aussi un potentiel de développement assez dingue. » Une recrue « profil » plutôt que «statut » dont la trajectoire ressemble à celle de Brice Samba, taulier de l’arrière garde Sang et Or depuis deux saisons. « Leur carrière et leur profil se ressemblent. Koffi est une valeur sûre du championnat belge, où il a joué plus de 100 matchs. Il revient en L1 après s’être développé à l’étranger, comme Brice Samba », conclut Ben. Hervé Koffi vient donc renforcer le « pôle gardien », selon la formule utilisée par Franck Haise lors de la conférence de presse du 18 avril 2024. « Ce qui est sûr, c’est que c’est un bon gardien. Cela fait quatre ans qu’on le suit. » Jean-Louis Leca étant désormais retraité, il ne reste plus qu’à savoir si le statut de Koffi sera celui de doublure de luxe ou de titulaire en puissance.

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L’équilibre, c’est l’horizon

Alors que les droits télévisuels pour la période 2024-29 n’ont toujours pas été conclus, l’heure est à la rationalisation. Tentative d’explication de ce pas en arrière nécessaire à la poursuite du bon développement du RC Lens. Photo RC Lens Il y a encore quelques semaines, le monde semblait se dérober sous nos pieds. Les terrils entraient en éruption quand Arnaud Pouille et Franck Haise étaient annoncés sur le départ. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et les tempétueuses prophéties ne semblent plus qu’être d’éparses bourrasques. Le bateau ne coule pas. Le joujou n’est pas cassé. Le navire Sang et Or n’échappera sans doute pas à de nouvelles secousses que l’on qualifiera de normales – insistons – pour un club comme le RC Lens. L’accalmie semble désormais de mise. Après l’acceptation plus ou moins sincère de la nomination de Pierre Dréossi par le microcosme lensois, c’est Will Still, entraîneur en vogue, qui a décidé de poser ses valises en Artois, alors que la Championship lui faisait les yeux doux.  Entre-temps, Joseph Oughourlian avait installé un nouvel hyper-climatiseur, confiant dans un off qui n’en était certainement pas un, l’objectif magico-horrifique de 100 millions d’euro de ventes pour cet été. La panique, une nouvelle fois, avant la réflexion. Le chiffre communiqué étant brut, il a fallu plusieurs jours afin d’en extraire le véritable sens. On parle alors de ventes nettes comptables, d’amortissements et de tout un vocabulaire financier d’une technicité telle qu’il serait judicieux de ne pas trop chercher à la maîtriser lorsque l’on se situe en dehors du réacteur. « Le sportif doit dépendre du financier » David Gluzman est supporter des Girondins de Bordeaux. Mais surtout un financier de haut niveau. Il intervient régulièrement sur Le Comex, podcast traitant du football, et parfois sur l’After Foot. D’entrée de jeu, il se confesse : « Je suis Picard, originaire de Saint-Quentin. En fait, j’ai grandi entouré de supporters lensois. » Peut-être une explication sur le fait qu’il suive de près ce qui se passe en ce moment au RC Lens. Son avis est assez tranché : « Le sportif doit déprendre du financier et non l’inverse. Le club doit pérenniser le plus possible son équilibre et surtout son état d’autosuffisance. » Mot-clef identifié. L’autosuffisance est depuis toujours un prérequis absolu voulu par Joseph Oughourlian dans la conduite économico-sportive de son Racing Club. Et visiblement, le RC Lens a commis les erreurs que beaucoup de clubs français qui disputent la Ligue des Champions font. « Bordeaux ou Lille par exemple. C’est simple, tu ne peux pas adapter une structure long terme qu’est un club de football à un événement tant court terme qui revêt une dimension exceptionnelle comme la C1. Le RC Lens en Ligue des Champions, on le verra peut-être une fois tous les quatre ou cinq saisons. Cette augmentation du train de vie dès la première participation n’a aucun sens. Je te prends l’exemple de l’enfant qui reçoit de l’argent à Noël. Il a une rentrée d’argent importante et ponctuelle. Il ne va pas commencer à se payer des abonnements avec engagement d’un an dans tous les sens parce qu’il a reçu 50 euros le 24 décembre… » Une dévissement des dépenses qui aurait été découvert par Joseph Oughourlian lors d’un audit. Et forcément, une gouvernance qui dévie de ses objectifs économiques impondérables ne peut plaire au grand patron, qui plus est quand on connaît son parcours. « Joseph Oughourlian est un activiste, c’est-à-dire qu’il influe sur la gestion des entreprises dans laquelle il rentre quand il estime que la rentabilité/profitabilité n’est pas celle attendue. Ses décisions sont extrêmement fondées. Aujourd’hui, on a l’impression que c’est l’un des seuls président de L1 qui adopte cette rationalisation. » Bien que le RC Lens soit un des clubs français dont la part des droits télévisuels dans les revenus soit la plus basse (autour de 30% pour la saison 2022-23), ce serrage de ceinture apparaît indispensable. Le RC Lens victime d’une injustice ? David poursuit et précise que, selon lui, le RC Lens fait face à une situation injuste : « Ce n’est pas normal que le RC Lens ne soit pas dans le “club Europe” du deal CVC. Alors certes, tout cela a été négocié alors que vous n’étiez pas un club européen, mais cet accord comprenait des critères de notoriété pour lesquels vous êtes absolument éligible. La stratégie des locomotives de Labrune n’a aucun sens et n’a marché nulle part. Les championnats qui se vendent le mieux sont les plus égalitaires en termes de redistribution. » Il faut aujourd’hui faire avec, alors que les droits télévisuels domestiques sont attendus à la baisse, à peine compensés par les droits internationaux. Une situation qui va rendre la participation aux compétitions européennes d’autant plus vitale pour le RC Lens, alors que sept clubs reçoivent ce mois-ci une importante manne financière pré-négociée (voir ci-dessous). C’est certainement pour cette raison que la recherche d’investisseurs est aujourd’hui centrale dans l’agenda de Joseph Oughourlian. Remettre la rationalisation au cœur des discussions ne pourrait avoir qu’un seul objectif : rhabiller la mariée pour mieux attirer un investisseur qui devrait ne pas être Isos7. « Je suis supporters des Girondins, comme je te l’ai dit. Et crois-moi que je suis bien placé pour te dire que vous avez de la chance d’avoir un homme de la trempe de Joseph Oughourlian. Même si au moment de toutes ces annonces, je reconnais avoir été le premier surpris. Même moi, de l’extérieur, j’ai pu tomber dans une forme de naïveté. » David Gluzman conclut l’échange en partageant ses doutes sur le choix des hommes plus que la méthode, toutefois relativisés depuis l’arrivée de Will Still. Les résultats obtenus sur le rectangle vert auront de toute façon le dernier mot. PSG : 116,5 millions d’euros (sur un total de 200 millions), OM et OL : 50 millions d’euros chacun (sur les 90 millions qu’ils doivent toucher), LOSC, AS Monaco, Stade Rennais et OGC Nice : 46 millions d’euros chacun (sur un total de 80 millions) – source RMC Sport.

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Will Still, chronique 2024

Le style tranche. Le nouvel homme fort du sportif est plus jeune que Florian Sotoca, mais sa poigne ne laisse aucune place au doute. Will Still débarque dans l’Artois avec son flow très singulier. Photo Icon Sport Braine-l’Alleud, banlieue aisée de Bruxelles. On est proche de Waterloo, de la Butte au Lion. Terre de défaites françaises à quelques encablures de ce qui est devenu la capitale belge : le Brabant wallon, connu pour ses villages calmes et chics. C’est ici qu’est né William Still, nouvel entraîneur du Racing Club de Lens, le 14 octobre 1992. Ses parents, anglais, avaient décidé de quitter la perfide Albion pour s’installer au plat pays. On a échangé avec Sidney Brosteaux, ami d’enfance du nouveau coach du RC Lens. « Will ? On se connaît depuis un moment. Il a un an de moins que moi. On jouait dans le même club quand on était gamins. De temps en temps il venait jouer avec nous en étant surclassé. Edward, son grand frère, a un an de plus que moi, et j’allais parfois jouer dans sa catégorie quand j’étais à mon tour promu. Son petit frère Nico était notre gardien. » Will Still retournera bien vite en Angleterre, à l’âge de 17 ans plus précisément. L’objectif est de se former au métier de « football manager » au sein du Myerscough College, situé dans la ville de Preston. C’est au sein de l’historique club de la ville, Preston North End, que Will Still fait ses premiers pas dans l’univers du ballon rond, travaillant comme assistant auprès des U14. Il a trouvé sa voie. Will Still avec Sidney quand il devient « T1 » du Beerschot En 2014, son pays natal le rappelle. « Tout s’est fait naturellement. Il a toujours été là au bon moment. Il a gravi les échelons tranquillement, sans faire de vagues. Ses entraîneurs lui ont toujours donné des responsabilités, en tant que manager de transition. Et il a toujours eu des résultats », souligne Sidney. Le K Saint-Trond VV, club qu’il avait côtoyé en tant que jeune joueur, l’embauche en tant qu’analyste vidéo et assistant de Yannick Ferrera. En 2015, après avoir connu la montée en Jupiler Pro League, Will Still décide de suivre le coach belgo-espagnol au Standard de Liège, club avec lequel il remporte la Coupe de Belgique. Avant de connaître un premier licenciement conjoint avec celui de Ferrara. C’est à Lierse, alors en Proximus League (D2) que l’Anglo-Belge poursuit son début de carrière. D’abord adjoint de l’entraîneur en place, il profitera du licenciement de ce dernier pour vivre sa première expérience de « head coach », avec une première série de sept victoires consécutives. Mais ne disposant pas du diplôme UEFA, il sera contraint de reprendre un rôle d’assistant.  « Il a une vraie aura » À l’issue de la saison 2017-2018, Lierse ne surmonte pas ses difficultés économiques, devant mettre la clef sous la porte. Still, alors âgé de 25 ans, s’installe à Anvers, et devient assistant coach au Beerschot, club avec lequel il connaît, là encore, la montée dans l’élite belge. À cette période, la pandémie contraint le football à vivre sous cloche. Sidney nous raconte : « Pendant le Covid, Will organisait des groupes d’entraînement pour des joueurs de Division 1 et 2 belges afin qu’ils puissent garder le rythme. Je participais en tant que kiné, et aidais à la préparation des échauffements. À l’époque, il avait entre 27 et 28 ans, mais tous les joueurs professionnels montraient énormément de considération pour Will. C’était assez bluffant. Quand il arrêtait les exercices, je me rappelle parfaitement sa manière de parler aux joueurs. Il a une vraie aura auprès du groupe. Il est capable de transcender les joueurs. Ces stages m’ont vraiment permis de reprendre contact avec lui. Et à ce moment-là, il officiait en tant que T1 (ndlr : coach principal) au Beerschot. Il m’avait même proposé de venir travailler avec lui à Anvers. » Bien qu’il obtienne des résultats, Will Still est écarté par les dirigeants du vieux club anversois, anciennement Germinal Beerschot, au profit d’un profil considéré comme plus expérimenté. C’est alors qu’il se décide à rejoindre le Stade de Reims, en qualité d’assistant d’Oscar Garcia, pour la saison 2021-2022. Mais au bout de quelques mois seulement, Will Still fait ses valises pour retourner au Standard de Liège. Il déclare que ce choix est motivé par le besoin de se fixer temporairement en Belgique, où il passe son diplôme UEFA. Il reviendra à Reims en fin de la saison pour y retrouver son rôle d’assistant de l’entraîneur espagnol. C’est lors de la saison 2022-2023 que Will Still verra sa carrière d’entraîneur réellement décoller. Après un départ catastrophique, cumulé à des problèmes personnels graves, Oscar Garcia est démis de ses fonctions. Le Brainois est promu entraîneur principal du Stade de Reims, et les performances suivent immédiatement. Du haut de ses trente printemps, Will Still devient l’entraîneur le plus jeune des cinq grands championnats européens, et éclabousse le football français de son talent. Déclenchant une irrésistible hype autour de lui. Photo L’Union Maxime Masson, journaliste qui suit le Stade de Reims, est formel : « Tactiquement, c’est très cohérent. Sa philosophie, pour être caricatural, c’est de mettre un but de plus que l’adversaire plutôt que de jouer la serrure. La saison passée, il avait fait une série de 19 matchs sans défaite. Cette saison, il a un peu navigué entre 4-3-3 et 3-5-2. Il n’avait pas forcément les hommes pour faire quelque chose de cohérent ». Caractéristique essentielle : Will Still est un coach de la nouvelle génération. « L’homme est très au fait du football moderne, de ses réseaux. Il a été très bon communicant, avant qu’il ne parle trop. C’est un mec qui sait manager un groupe, il peut emmener ses joueurs au front. C’est un Anglo-Belge, qui a une bonhomie naturelle, qui parle plusieurs langues, avec qui tu adorerais passer une soirée en mode bière-tapas. Il est très compétent mais il reste très jeune, d’où la difficulté assez naturelle de gérer les moments chauds. Mais je suis convaincu qu’il peut faire quelque chose », complète Maxime.  « la

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Pierre Dréossi, tentative d’objectivité

Intronisé pour occuper un rôle clef dans la nouvelle organisation du RC Lens, en étant chargé du secteur sportif, l’ancien défenseur du LOSC concentre les critiques. Qu’en disent ceux qui ont suivi sa carrière de dirigeant ? Photo RC Lens Pierre Dréossi a une lourde responsabilité : succéder à des hommes qui ont porté très haut le RC Lens, tout en étant estampillé comme « Lillois » chez beaucoup de supporters, et en devant composer avec un besoin avoué de rigueur pour maintenir les grands équilibres financiers. Il sera secondé par Benjamin Parrot, et pilotera une équipe composée de Jean-Louis Leca au poste de coordinateur sportif et Diego Lopez Gomez comme responsable du recrutement. Alors que le club s’apprête à serrer la ceinture, les crispations se centrent sur deux individus : le président et propriétaire Joseph Oughourlian, qui a lancé la refonte en profondeur de l’organigramme et acté les départs d’Arnaud Pouille et Franck Haise, et Pierre Dréossi donc, qui arrive en tant que directeur général. Comme expliqué dans notre édito ainsi que dans nos émissions, nous assistons à une véritable crise de représentativité. Les deux hommes censés incarner le deuxième cycle du RC Lens depuis son retour en L1 sont les cibles directes de groupes de supporters, qui multiplient les banderoles hostiles à leur égard. Il est notamment reproché à Oughourlian un manque d’ambition, et à Dréossi un passé peu recommandable. Si le CV de ce dernier ne peut être travesti, les témoignages que nous avons recueillis à son sujet sont loin d’être conformes à la négativité ambiante. Tentons un portrait objectif. Le journaliste Arnaud Detout, en congés avant les Jeux olympiques qu’il couvrira pour Le Parisien, a pris quelques minutes ce vendredi pour répondre à nos questions concernant un dirigeant qu’il a bien connu, lui qui suit le Paris FC depuis de nombreuses années. « Le passage de Pierre Dréossi est à mes yeux plutôt positif », dit-il en introduction. « Il est arrivé à une époque où le Paris FC naviguait entre le monde pro et semi-professionnel. Et pour ainsi dire, il a permis au club de se structurer notamment par l’intermédiaire du projet centre de formation (ndlr : à Orly). Il a su « staffer » le club en recrutant des personnes compétentes à différents postes, pour en faire un vrai club solide de L2 qui vise désormais une montée en L1 ». En matière de recrutement, Pierre Dréossi a également réussi à faire des « coups », relève le journaliste. Alors qu’on lui prêtait une réputation de dirigeant de L1 qui irait chercher ses joueurs dans l’élite, il a su piocher dans les divisions inférieures en recrutant des joueurs comme l’attaquant congolais Silas Katompa Mvumpa, aujourd’hui à Stuttgart, Thomas Delaine, mais aussi Romain Perraud, Julien Lopez ou encore Redouane Kerrouche. Son départ du PFC en janvier 2020 marque la fin d’un cycle. « On était arrivé au bout de l’histoire et de ma mission. Même si on n’était plus en adéquation sur la manière de travailler, je pars en très bons termes avec Pierre Ferracci et avec le sentiment du devoir accompli. Je suis fier de mon bilan », déclare alors Dréossi dans les colonnes du Parisien. Un profil structurant, à la formation Cette réputation d’homme structurant trouve un écho similaire du côté de Rennes, où Pierre Dréossi est resté neuf ans, en tant qu’entraîneur puis directeur du football. Pierre, observateur assidu du Stade rennais, nous raconte : « Il est arrivé au club en 2002 et l’a pérennisé dans la première moitié du championnat. Cela faisait suite au retentissant échec Lucas (ndlr : recruté à prix d’or en 2000 pour remplacer Shabani Nonda, transféré à Monaco). Il a permis de structurer le club, et a notamment contribué à la construction de la Piverdière, a installé la formation rennaise tout en haut. Il n’a jamais eu de gros budgets à disposition, tout était plutôt encadré. Il avait même imposé un « salary cap » » (plafond de salaire). Pierre complète en parlant des nombreux « coups » de Dréossi, notamment Stéphane Mbia, recruté au Cameroun en post-formation, ou encore Gyan Asamoah et Ismaël Bangoura. « Je pense qu’il connaît le foot mais n’est pas forcément une figure qui incarne bien un club », estime-t-il. Ce qui fait réellement tache aux yeux des connaisseurs du milieu, c’est son passé récent. À Metz, club dans lequel il a débarqué en 2022 en tant que directeur du football et dans lequel il forme un binôme avec Hélène Schrub, en charge de l’administratif, Dréossi n’a pas réussi, mais pas forcément eu les mains libres non plus. On lui prête la nomination de Laszlo Bölöni, mais c’est l’homme de l’ombre et conseiller du président Bernard Serin, Lucien D’Onofrio, qui en est à l’origine. Un observateur des Grenats, qui a souhaité conserver l’anonymat, nous en dit plus : « Son arrivée s’est faite un peu rapidement, entre les premiers contacts et la signature. Tout s’est ficelé en moins d’une semaine, de mémoire. Après, c’était un contexte un peu particulier car il y a un conseiller du président (Luciano D’Onofrio) qui gère pas mal de choses. Pierre Dréossi a sans doute eu les mains liées sur pas mal de dossiers, ce qui explique en partie son bilan très médiocre. La cellule de recrutement était une vraie cacophonie entre lui, Bob Tahri (coordinateur du recrutement) et donc Lucien D’Onofrio, qui œuvre surtout sur le côté business bien qu’il soit interdit d’exercer en France. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il n’apparaît pas dans l’organigramme officiel du club ». Dans L’Équipe du lundi 3 juin, l’amertume de Dréossi au moment de quitter la Moselle est pour le moins évidente : « Je m’étais posé beaucoup de questions sur le fonctionnement du club l’année dernière, confie le dirigeant. Je m’en suis encore posé cette année. J’ai pris cette décision parce que c’était très difficile pour moi de travailler ici ». Cela suffit-il pour justifier les conditions de son départ, peu reluisantes ? Pierre Dréossi semble du moins vouloir laisser rapidement cet épisode derrière lui, pour se racheter une réputation à Lens.

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Le RC Lens, un destin moderne

Les départs d’Arnaud Pouille et Franck Haise interpellent. Ils sont remplacés par Pierre Dréossi en attendant Will Still. Le RC Lens est finalement un club comme les autres, qui a aujourd’hui rendez-vous avec son destin. Photo So Foot Le RC Lens a embrassé la modernité et tout le monde s’en est réjoui. La preuve : depuis qu’il est remonté en L1, les résultats sportifs dépassent les projections les plus optimistes. Depuis la prise de pouvoir de Joseph Oughourlian, tout a toujours été savamment réfléchi, anticipé, tranché. Mais des décisions ont aussi parfois surpris, comme quand Philippe Montanier, entraîneur d’un RC Lens alors dans la course pour la montée, avait été remplacé par cet entraîneur anonyme qui n’avait eu pour expérience à la tête d’une équipe professionnelle qu’un court intérim sur le banc lorientais. Depuis, le RC Lens est redevenu ce club qui compte, et la présidence forte que souhaite incarner Joseph Oughourlian frappe désormais l’équipe qui a brillamment redoré le blason Sang et Or. Et cette fois, le coup de balai n’emporte pas uniquement le coach, mais une grande partie de la direction sportive. Frédéric Hébert, d’abord, dont les jours étaient comptés depuis de nombreuses semaines, puis Arnaud Pouille, en attendant l’officialisation du départ de l’entraîneur Franck Haise. Un raz-de-marée qui laisse l’ensemble des observateurs et une grande partie des supporters pantois. Le triumvirat gagnant du RC Lens avait déjà perdu un de ses artisans à l’automne 2022, quand Florent Ghisolfi s’engageait à Nice. Mais cette fois, que s’est-il passé à La Gaillette pour en arriver à un tel extrême ?  Dans cette affaire, il n’y a pas de gentils ni de méchants. Seulement des intérêts qui divergent désormais au point qu’une cohabitation semblait devenir impossible. Le duo Arnaud Pouille – Franck Haise avait dû « improviser » une nouvelle organisation lors du départ de Florent Ghisolfi, l’entraîneur devenant manager général, supervisant ainsi toutes les dimensions du sportif. Et si les résultats sportifs sont à mettre à son crédit, il est impossible de fermer les yeux sur l’instabilité chronique qui règne à la direction sportive, ainsi que les recrutements qui ont été réalisés dès lors. Et une dérive des charges qui a fortement irrité l’actionnaire majoritaire, qui a toujours fait de l’autofinancement du RC Lens une priorité absolue. Représentativité vs résultats Une instabilité couplée à un recrutement massif de joueurs difficilement valorisables et grassement payés, dont le rendement sportif s’est effrité au fur et à mesure que la saison 2023-24 avançait. Des renforts arrivés lors du mercato d’hiver 2022-23 à ceux de la dernière intersaison, tous imputables au bilan d’un Franck Haise qui aurait pu s’épargner certaines déclarations – notamment celle suivant la défaite à Lille visant assez explicitement le niveau de son effectif –, mais surtout l’intégration de son fils Maël au sein de la cellule de recrutement du RC Lens. Une anecdote assez peu relatée, comme si on désirait légitimement préserver le plus possible l’icône qui a tant incarné le retour lensois au très haut niveau. Et soigner la sortie d’un homme qui, à l’instar d’Arnaud Pouille, représente bien plus qu’une simple réussite sportive dans les tribunes de Bollaert-Delelis. Car c’est aussi de cela qu’il s’agit. La représentativité. Le fait de se reconnaître en des hommes. Suite aux récentes annonces, l’étonnement a rapidement été suivi d’une grosse colère. Les groupes de supporters, menés par les Red Tigers, ont ainsi dégainé un communiqué puis des banderoles, contestant vivement les prises de décisions de la gouvernance – à savoir nommer directement un responsable de recrutement à la sulfureuse réputation dans un procédé d’interventionnisme absolu, mais également remplacer un Directeur Général du cru qui connaissait le contexte RC Lens sur le bout des doigts par un homme de l’ancien monde qui a œuvré dans sa jeunesse pour le compte du rival honni, le Lille OSC. Joseph Oughourlian a donc porté sur choix sur Pierre Dréossi qui « managera le club avec une forte tonalité sportive et une ambition de rationalisation de ses moyens. » On parle ici de doutes quant aux méthodes de gouvernance, et d’une perte de ce sentiment de représentation, d’autant plus valorisé qu’il était accompagné d’excellents résultats. Il est toutefois bon de rappeler que cette situation qui avait tout d’un « âge d’or » ne se retrouve quasiment nulle part dans le paysage footballistique français. Et que le plaisir qui découle du fait d’avoir des gens du sérail n’assure en rien la pérennité économique d’un club encore traumatisé par la décennie passée en L2, conséquence directe de la folie des grandeurs de l’historique président Gervais Martel. Si la posture de contre-pouvoir des groupes de supporters est tout à fait légitime, elle tend à se confronter à une autre tendance grandissante dans les tribunes de Bollaert : la confiance aveugle en Joseph Oughourlian, pourvu que les résultats suivent. Et dans cette époque où la radicalité a dépassé la nuance, le risque qu’un schisme profond et sans compromis entre ces deux mouvements se produise est très important. La situation est explosive et la future direction devra très rapidement justifier ses décisions afin de contenir la défiance d’une partie de la communauté lensoise. Si les clubs de football sont aujourd’hui des entités privées, il serait incongru de les comparer à des entreprises de droit commun, tant ils sont profondément ancrés dans leur territoire et contribuent à leur rayonnement. La poursuite du dialogue sera une des clefs de voute de la poursuite du bon développement du RC Lens. Joseph Oughourlian et Pierre Dréossi ont prévu de rencontrer les responsables des groupes de supporters ce mercredi 5 juin.

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Le grand bazar 

La mue qu’opère le RC Lens ressemble à une crise qui ne dit pas son nom. Après la mise à pied d’Arnaud Pouille, c’est le coach emblématique de la remontée du Racing en Ligue 1 qui s’apprête à faire ses valises. Le brouillard qui stagne depuis de nombreuses semaines en devient étouffant. La crise couvait depuis des mois, la valse des « directeurs sportifs » n’étant que la partie émergée de l’iceberg. Aujourd’hui, la réalité nous explose au visage, d’autant plus que le Racing Club de Lens n’a jamais prétendu ressembler ni de près ni de loin à l’insubmersible Titanic. Le mercato de l’été dernier avait déjà soulevé de vraies questions, notamment lorsque Gregory Thil et Franck Haise semblaient s’obséder à vouloir signer Levi Garcia, attaquant de l’AEK Athènes qui aura fini par prolonger pour le club grec. C’est finalement Elye Wahi qui est arrivé, au prix d’un montant hors du commun pour le RC Lens, symbole à lui seul de cette dérive financière aujourd’hui reprochée par l’actionnaire principal. On pourrait aussi évoquer les cas Andy Diouf, ex-recrue la plus chère de l’histoire du club et mis au placard depuis plusieurs semaines, Stijn Spierings, Faitout Maouassa ou encore Morgan Guilavogui. Liste non exhaustive. Cette médiocre intersaison 2023 – de laquelle Franck Haise ne peut occulter ses responsabilités – relance cet interminable jeu des chaises musicales. Une situation ubuesque, incompatible avec un club qui se veut de haut niveau. Fréderic Hébert est arrivé, Franck Haise a délaissé ses prérogatives de manager général héritées après le départ de Florent Ghisolfi, Mike Mode a fait son entrée en catimini mais aurait « mitonné son CV », et le doute a fini par se répandre en dehors des murs de la Gaillette. Les résultats sportifs, bien que positifs, finissent par donner du corps à la théorie de perte de vitalité d’un projet qui aura tout de même réussi à perdurer quatre saisons. Comme un symbole, le match nul contre le Montpellier HSC condamne les Sang et Or à un barrage pour jouer la Conference League quand l’OL inscrit son pénalty décisif à la 95e minute. Sur le terrain, Franck Haise n’est pas le seul à montrer une mine abattue. Un besoin vital de clarté Table rase. Cela pourrait être le nom de code du projet qui est en train d’être mis à exécution à La Gaillette. Un tranchage de têtes qui ne laisse personne insensible. On le savait, la froideur est l’une des caractéristiques naturelles de Joseph Oughourlian. L’homme de la City a découvert le football lorsqu’il a été propulsé dans cet environnement très particulier et s’est pris au jeu. Mais il n’en reste pas moins expert en gestion d’actifs, ce que deviennent les clubs de football. S’il présente un bilan globalement très positif depuis sa prise de pouvoir, il est toujours vu comme un alien au pays des terrils. Sa gouvernance sera toujours accompagnée de méfiance par une partie du public lensois, et la révolution de palais qui est en train de s’opérer ne peut que démultiplier les doutes à son égard. À tort ? Si certains échos se veulent moins alarmistes, l’attente de la présentation de la nouvelle organisation devient difficilement supportable.  Au-delà du dogmatique rationalisme financier qui pourrait aussi prendre racine dans l’interminable attente des clubs français au regard des droits télévisuels, les premiers noms sortis du chapeau ont pour effet de catalyser les angoisses. La nature ayant horreur du vide, l’absence de communication – que l’on peut tout à fait comprendre – laisse place aux fantasmes les plus obscurs. On parle de Diego Lopez Gomez et de Pierre Dréossi, soit un responsable de recrutement du système Gérard Lopez propulsé par Joseph Oughourlian himself et un ancien Lillois qui sort de deux saisons sans relief au FC Metz et qui incarne ce que l’on pourrait appeler « le foot d’avant. » Ce changement d’hommes semble avoir des conséquences par ricochet. Outre le départ de Franck Haise plus ou moins subi, il apparaît maintenant que le fonds américain ISOS7 avait fait de la stabilité organisationnelle un prérequis en vue de son investissement. Il y a quelques mois, il fallait s’équiper d’un microscope pour détecter les éléments négatifs. Aujourd’hui, c’est à peu près tout l’inverse.

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