CULTURE SANG & OR

Antoine

Tigres des sables

Une trêve que l’on va passer au chaud, et un premier cycle de rencontres qui se termine par une note positive. Le début de la saison lensoise collerait aux projections les plus optimistes s’il n’était pas terni par cette dramatique sortie de route athénienne. Mais la réaction des hommes de Will Still dans les sables mouvants de Louis II doit être la première page de ce nouveau chapitre. Il y a quelques semaines, on nous prédisait la fin du monde. Comme toujours, le pessimisme tend à pulluler dès lors qu’une difficulté se dresse sur le chemin du RC Lens. Sans revenir sur le fait que les annonceurs de la fin du monde finiront bien par avoir raison — et encore, l’apocalypse serait là aussi soumise à interprétation — il semblerait que la rationalisation qui a eu lieu au service de l’ambition soit toujours bel et bien ancrée dans les esprits des locataires de La Gaillette. En championnat, les hommes de Will Still sont parfaitement dans les clous de la roadmap comptable, ayant pris les points tout en affichant un niveau de jeu des plus intéressants. La continuité tactique est assurée autant qu’assumée, à la différence de quelques ajustements aussi nécessaires que prévisibles. On pourrait presque apercevoir un retour de la recherche du déséquilibre, renvoyant le supporter lensois à la période 2020-22 qui avait notamment permis au Racing de charmer la France du football.  Tout serait parfait dans le meilleur des mondes si le bilan n’était pas entaché en son centre. Et on ne parle pas d’un coup de stylo mal maîtrisé dissimulable à coup de Tipp-Ex. Non. Si la prestation globale associée au point du match nul ramené de la plage de Louis II a ragaillardi le Racing, l’échec de jeudi dernier est encore présent dans toutes les têtes. Une rencontre européenne dominée, mais non maîtrisée. Un RC Lens plus fort sur les plans physique, technique et tactique, qui était dans une meilleure dynamique de confiance, mais qui aura trop longtemps laissé cet adversaire à genoux en vie, et fini par offrir au peuple vert du Panathinaïkos une raison d’enflammer un Stade Olympique jusqu’alors mutique, au point d’entendre fréquemment les irréductibles supporters lensois exprimer leur joie d’en être. Ce même scénario qui provoque une nuit blanche de colère dans beaucoup de chaumières lensoises la semaine dernière aurait pu se répéter ce dimanche après-midi, et c’eût été une très mauvaise inspiration que d’enchaîner deux défaites aux arômes similaires. Alors que le RC Lens — et le sable de Louis II — réussissent à faire déjouer l’AS Monaco, les occasions défilent une à une. Le poteau, la barre, le face à face. Jusqu’au but invalidé par l’intraitable VAR. Tout était réuni. Haine de la défaite L’AS Monaco, loin d’être dans une génialité qu’on était en droit de lui prêter, n’attendait en fait qu’une seule et unique baisse de la garde lensoise pour frapper à la carotide. C’est Denis Zakaria, capitaine surpuissant du collectif d’Adi Hütter, qui, le crut-on alors, joua le rôle de ce petit grain de sable pernicieux capable d’envoyer la machine artésienne au tapis. Il n’en fallait pas plus pour stimuler les ressources mentales d’un RC Lens qui réussit alors ce qu’il n’avait su faire jeudi dernier. Revenir au score. Peut-être que ces scénarios déroutants des derniers jours qui n’ont rien rapporté d’autre qu’un seul petit point en L1 auront une toute autre vertu. Celle d’avoir définitivement ancré la haine de la défaite dans les esprits conquérants des Sang et Or. Dans tous les cas, la prochaine journée qui verra l’OL se déplacer à Bollaert est depuis hier attendue avec la plus grande des gourmandises.

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Au revoir Massadio

Massadio Haïdara est parti, vive Massadio Haïdara ! Arrivé au club pour se relancer après cinq saisons presque blanches à Newcastle, et alors que le Racing sort de la saison la plus périlleuse de son histoire moderne, Sadio met aujourd’hui les voiles avec le sentiment du devoir doublement accompli.  Son visage est doux et joyeux à la fois. Pourtant, sur le terrain de football, c’est bien d’un véritable guerrier que l’on parle. Massadio Haïdara a su revenir de loin, de très loin. Parti jeune à Newcastle après des débuts prometteurs sous les couleurs de l’AS Nancy Lorraine, le natif de Trappes vit une véritable traversée du désert sur les bords de la Tyne, victime de blessures à répétition. Au total, Massadio Haïdara ne participe qu’à une cinquantaine de matchs lors de ses cinq saisons passées dans le nord de l’Angleterre. Son arrivée à Lens est une réelle opportunité de relance, et c’est dans un vestiaire qui sort tout juste d’une des saisons les plus traumatisantes de l’histoire moderne du club Sang et Or qu’il débarque à l’été 2018. Après une saison à retrouver ses sensations, durant laquelle il contribue toutefois grandement à l’épopée qui verra le RC Lens échouer aux portes de la Ligue 1, il devient un des cadres incontestés d’un vestiaire qui se cherche alors des leaders. L’été suivant, il assistera aux arrivées de Yannick Cahuzac, Florian Sotoca ou encore Jonathan Gradit. Le socle la renaissance lensoise. L’effet est immédiat, puisque la saison 2019-20 sera celle de la remontée, acquise comme chacun le sait grâce à un penalty de Florian Sotoca face à Orléans, dernier match joué avant l’interruption de la saison pour cause de pandémie.  « Sadio » et le Racing retrouvent ensemble la Ligue 1. Deux destins qui se sont embrassés de toutes leurs forces à des moments délicats de leurs histoires respectives. De cette union a jailli une période faste, initiée sous Philippe Montanier et concrétisée avec maestria par Franck Haise. Six saisons au total, ponctuées par des prestations dont on se souviendra le temps d’une vie, comme ce match extraordinaire qui vit le RC Lens marcher sur le PSG avec Haïdara positionné en piston gauche, poste qu’il occupait quand il n’était pas aligné dans l’axe gauche ou droit. Le leader silencieux Au fil du temps, le Franco-Malien est devenu un exemple de professionnalisme dans le vestiaire et un guide pour les plus jeunes. Il déclarait d’ailleurs que la multitude des blessures et autres coups durs endurés lui avaient permis de connaître son corps à la perfection. Sans être un gueulard sur le terrain ou dans les vestiaires, il endosse à la perfection ce rôle invisible mais pourtant indispensable dans un groupe : le leader silencieux, qui répond par les actes.  Lors de son arrivée en Artois, peu auraient parié sur une telle longévité et surtout un tel parcours, que ce soit en Ligue 1 ou en Coupe d’Europe. Lors de certains matchs au sommet, la simple apparition de son visage dans un coin de l’écran nous rappelait le chemin parcouru. Massadio Haïdara, à l’instar d’autres joueurs qui composent le vestiaire, est l’un des acteurs principaux de cette fabuleuse histoire qu’est le football en Sang et Or.  Alors qu’il manifeste son désir de rejoindre le FC Nantes l’hiver dernier et que le transfert est en passe de se concrétiser, Franck Haise s’oppose fermement à la cession de son cadre. Le joueur, qui a perdu son statut de joueur titulaire depuis plusieurs saisons déjà, aurait pu se sentir lésé devant un tel blocage. Que nenni. Sadio ravale sa frustration et passe rapidement à autre chose, assurant son rôle de leader jusqu’au bout, sans jamais faire de vagues.  Il est rare que nous écrivions des lignes sur un joueur quittant le RC Lens. Mais dans ce cas précis, il y a un petit quelque chose de différent. Une forme de mélancolie, tant Massadio était entré dans nos vies de supporters lensois, vivant avec nous ces épopées qui nous ont apporté tant de joie. Ces dernières lignes te sont dédiées : Sadio, tu étais le joueur le plus ancien de l’effectif jusqu’à ton départ, et tu transmets désormais le flambeau à tes collègues Florian Sotoca et Jonathan Gradit. Il était certainement l’heure de se dire au revoir. Nous te souhaiterons toujours le meilleur. Ton chemin est encore long, et tu mérites amplement de regoûter aux effluves démoniaques de la Ligue des champions la saison prochaine. Ton passage à Lens aura été remarqué et remarquable. Au-delà du fait que tu as à la fois réussi à relancer ta carrière et le club que tu as rejoint il y a six ans, tu auras surtout accompli une des choses les plus difficiles dans ce sport incroyablement exigeant qu’est le football : faire l’unanimité.  Bon vent, vieux pirate !  Et allez Lens. 

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Hissez haut, Satriano !

Peut-être qu’un jour l’air joyeux d’Hugues Aufray sera adapté à Martin Satriano, et résonnera fort dans un Bollaert-Delelis en fusion. D’ici là, contentons-nous de présenter celui qui incarnera la grinta lensoise. Ces dernières semaines, son nom était annoncé un peu partout. Sur le Vieux-Port, le long du Guadalquivir, de la costa valenciana ou encore sur la rade de Brest. C’est finalement sur les terres artésiennes que le Montevideano a posé ses valises, afin de renforcer un secteur offensif composé par ailleurs de Wesley Saïd, Florian Sotoca, Mbala Nzola et Remy Labeau-Lascary. L’ancien espoir du Bolso, nom donné au Club Nacional de Fútbol, mastodonte du football uruguayen avec le Peñarol, connaît parfaitement la Ligue 1, pour avoir évolué deux saisons au Stade brestois. Arrivé jeune en Europe après avoir été transféré à l’Internazionale à l’âge de 18 ans, il est alors précédé d’une très flatteuse réputation, à en croire les lignes qui lui sont alors consacrées dans AS. Le média espagnol louait en 2020 sa voracité pour marquer des buts. « Son unique objectif est de mettre le ballon dans les filets. Il a cette détermination toute uruguayenne qui se mélange parfaitement au calme avec lequel il joue dans les zones de vérité ». Techniquement pas en reste, il est décrit comme disposant d’une « grosse frappe, capable d’allumer à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de la surface ». Ses qualités de déplacement ainsi que son jeu de corps sont aussi mentionnées, le rendant redoutable dans les duels. Un profil à même de venir concurrencer Florian Sotoca dès cette saison ? « Un top 30 Ballon d’Or » Le quotidien sportif évoque certains échos qui proviennent de l’académie du Nacional, et là encore, tout le monde semble unanime sur son potentiel. Son éthique de travail est d’ailleurs mise en avant. « Il observe les meilleurs et essaie de s’améliorer à chaque entraînement. Ses similitudes avec Luis Suárez sont indéniables : tous deux sont issus du même centre de formation et partagent le même style de jeu. Ils ont tous les deux le but comme objectif et même un caractère similaire, incroyablement compétitif. » Seulement, quatre saisons plus tard, la carrière de Martin Satriano n’a semble-t-il pas encore véritablement décollé, ses six derniers mois tonitruants sous la tunique du Stade brestois n’ayant pas convaincu l’Inter de le conserver. Celui qui ne compte qu’une petite sélection avec la Celeste, honorée en septembre 2022 alors qu’il défend les couleurs du club italien d’Empoli, arrive au RC Lens pour définitivement prendre son envol. Afin d’évoquer ses années brestoises, qui mieux que Yann, de nos confrères de Brest On Air ? Notre ami introduit, dithyrambique : « C’est probablement le joueur qui a fait la meilleure première impression depuis le retour en L1. Il arrive pour un premier prêt de six mois en 2021/22 et surclasse tout l’effectif brestois aux entraînements. Je me souviens avoir pensé qu’avec les bons choix de carrière, ce mec pourrait accrocher un top 50 voire 30 au ballon d’or (oui oui, à ce point). Au-delà de ses qualités devant le but, c’est son sens du jeu et sa capacité à mettre de l’intensité qui sautait aux yeux ». L’intensité, le mot est lâché. En espagnol, on appelle cela la grinta. Et c’est exactement ce qui doit caractériser le RC Lens de Will Still. Yann nous rappelle cependant un intermède un peu difficile à Empoli, où il a été prêté au dans le cadre d’un arrangement entre les deux clubs italiens, et un retour chez les Ty Zefs où l’Uruguayen a mis du temps à concrétiser les attentes placées en lui. « Sa première partie de saison est compliquée par le manque de confiance et de préparation. Il est revenu chez nous parce qu’il le souhaitait réellement, alors que l’Inter voulait le prêter au Dinamo Zagreb. Eric Roy lui donne 90 minutes tous les deux matchs, en alternance avec Steve Mounié. Ce qui l’a un peu pénalisé, d’autant qu’il a rejoint le groupe assez tardivement dans la phase de préparation ».  Mais dans le deuxième acte, quel rôle a-t-il joué pour permettre aux Finistériens de terminer à la troisième place ? « À partir de janvier, il est exceptionnel, oui. Qu’il soit aligné dans l’axe ou à gauche, on a retrouvé le Satriano extrêmement intense, très bon techniquement, et à qui il est très difficile de prendre le ballon. Il a marqué peu mais uniquement des buts importantissimes, contre Lille et Rennes notamment. Sur nos huit derniers matchs, il est à l’origine de quasiment toutes nos actions de buts ». Qu’il échappe à Brest frustre énormément les Ty Zefs, alors que le club avait posé sur la table les six millions d’euros demandés par l’Inter, et promis un rôle de joueur majeur à son attaquant. Proposition rejetée. C’est au Racing Club de Lens que s’inscrit désormais le prometteur avenir de Martin Satriano.

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Anass Zaroury, le provocateur

Le sous-marin sang et or a encore frappé. 21 août 2024, début d’après-midi, la nouvelle tombe sur FootMercato. Le RC Lens est en train de conclure le transfert du jeune Anass Zaroury, grand espoir belgo-marocain de 23 ans. Présentation d’un centreur fou.  Malines, ville située à deux dizaines de kilomètres au nord de Bruxelles. Comme dans la majorité des bourgades flamandes, le centre-ville y est charmant. Une place du marché faisant face à la majestueuse cathédrale Saint-Rombaut, des immeubles dont les façades proposent les classiques pignons à gradin, la Dyle coupant harmonieusement la ville en deux. Dans cette même Malines (Mechelen pour les néerlandophones), Anass Zaroury a commencé sa carrière de footballeur. Au sein du Yellow Red KV Mechelen, qui porte fièrement les couleurs rouge et jaune, et vainqueur à la Meinau de la Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe 1988, aux dépens de l’Ajax. Le collectif emmené par Michel Prud’homme a laissé de vifs souvenirs là-haut.  C’est dans ce club légendaire, que les jeunes de moins de quarante ans ne peuvent pas connaître, qu’est footballistiquement né Anass Zaroury. Rapidement, le jeune homme, grand fan de Ronaldinho et du Real Madrid, rejoint le Zulte-Waregem, puis le club de Lommel SK et enfin le RSC Charleroi, qui le cède dans la foulée à son ancien club afin qu’il termine sa post-formation en seconde division belge. Après quoi le club carolo lui ouvrira les portes de son équipe première, permettant au jeune milieu offensif de prendre son envol. Coaché par un certain Edward Still, Anass Zaroury crève l’écran. Pour la RTBF, il déclare d’ailleurs, plein d’aplomb : « Je n’ai pas peur de le dire, je suis assez sûr de moi et de mon potentiel. Ça ne fait pas de moi quelqu’un d’arrogant : je vais toujours rester calme et respectueux avec tout le monde. Mais mes parents m’ont éduqué avec beaucoup de confiance : ils m’ont souvent rappelé… que je n’étais pas un mauvais joueur ! Quoi qu’il arrive, je resterai toujours humble : attraper la grosse tête après un transfert ou un but, ce n’est pas mon genre ! » Ses prestations en Jupiler League lui valent d’être rapidement repéré et courtisé. Burnley, coaché par Vincent Kompany et qui évolue alors en Championship, jette son dévolu sur lui. Avec le club du Lancashire, le Malinois participe à la remontée en Premier League un an seulement après sa rétrogradation au deuxième échelon du football anglais. Il ne manque que six rencontres durant toute la saison (34 matchs, 6 buts, 6 passes décisives). La saison 2023-2024 n’est pas aussi prolifique, démarrant par un carton rouge reçu dans les arrêts de jeu de la première journée de championnat contre Manchester City. À son retour de suspension, le jeune Marocain peine à trouver sa place dans le onze des Clarets. Il sera finalement prêté en janvier 2024 au club de Hull City, en Championship, où il se relance plutôt efficacement (12 matchs, 2 buts). Un Centreur fou Convoité par la sélection belge, Anass Zaroury opte pour le Maroc, avec lequel il a l’opportunité de disputer la Coupe du Monde au Qatar. Il est le remplaçant à la dernière minute du Marseillais Amine Harit, blessé. Après avoir fréquenté les sélections U17, U19 et Espoirs belges, il intègre le groupe de Walid Regragui en novembre 2022, et dispute ses premières minutes avec les Lions de l’Atlas lors d’un match de préparation contre la Géorgie. Durant la Coupe du Monde, il est cantonné au banc, et ne joue qu’une petite demi-heure lors du match pour la troisième place, perdu contre la Croatie. Depuis, il est apparu deux fois sous les couleurs de la sélection marocaine, lors d’un amical contre le Pérou, et d’un match de qualification pour la Coupe d’Afrique des Nations contre l’Afrique du Sud en juin 2023, débuté pour la première fois dans la peau d’un titulaire.  Yassine, alias @WAYZ sur le réseau X, est un observateur assidu du football marocain. Il nous présente le profil de Zaroury plus en détail. « Anass est un ailier gauche pouvant également évoluer comme milieu offensif, et qui a un style de jeu impressionnant. Il allie contrôle du ballon, accélérations, dribbles et grosse qualité de centre ». Audacieux et habile avec le ballon, Zaroury sera-t-il le percuteur et dribbleur qui faisait tant défaut à l’attaque du RC Lens la saison dernière ? Peut-être, mais pas seulement : « Il est aussi solide dans les duels et généreux dans les replis défensifs ». Avec des défauts dus à sa jeunesse, évidemment. « Comme le sont malheureusement la plupart des ailiers marocains, c’est un joueur provocateur, qui sait se créer des occasions par lui-même, mais qui peut vendanger des situations dangereuses ou n’arrive pas à concrétiser par manque de finition ». Ses marges de progression : « Il est connu pour sa grande qualité de centre, mais il doit faire mieux dans son jeu de passes, et réduire son déchet technique et ses sautes de concentration ». Son arrivée au RC Lens peut-elle lui permettre de définitivement lancer sa carrière au plus haut niveau, à l’instar d’un Martin Satriano qui a beaucoup à prouver ? « Absolument », d’après Yassine. « Avec plus de régularité dans ses performances, il peut réellement devenir un joueur majeur du championnat de France ».

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Hamzat Ojediran, recrue sous les radars

Le RC Lens reprend ses habitudes de recrutement discret, et vise de nouveau des profils prometteurs plutôt que des noms ronflants. Hamzat Ojediran, milieu box-to-box nigérian, a signé en Artois jusqu’en 2028. Présentation par la data d’un joueur dense, arrivé à La Gaillette en toute discrétion. Photo RC Lens Un intinéraire qui n’a plus rien de vraiment singulier. Hamzat Ojediran est un symbole de ce football mondialisé, dans lequel les frontières s’estompent et les parcours singuliers se démocratisent. Lens, fort de son expérience avec Abdukodir Khusanov, renouvelle les expériences en recrutant à l’Est. Pour ce qui concerne le milieu nigérian, international U17 qui participa à la Coupe du Monde de cette catégorie au Brésil en 2019, on parle même d’un illustre anonyme passé sous tous les radars. Et c’est peu dire quand il s’agit de retracer son parcours. Sorti de la Emmanuel Amunike Academy, Ojediran signe rapidement pour le club albanais du KF Egnatia, club de la ville de Rrogozhinë, située à une bonne heure de route de la capitale Tirana. Au KF Egnatia, le natif de Lagos côtoie de nombreux joueurs africains, dont deux compatriotes, ainsi que des joueurs congolais, ghanéens et ivoirien. Ses performances dans les Balkans ne passent pas inaperçues, et attirent rapidement l’attention de clubs d’Europe centrale. Parmi eux, le géant hongrois de Debreceni VSC, sept fois champion entre 2005 et 2014, où il débarque dès février 2023, six mois après son arrivée en Albanie. Après des débuts timides, souvent cantonné au banc de touche (notamment lors de deux tours de Conference League joués par Debrecen), le jeune Nigérian prend rapidement la mesure du football local, et s’impose comme une évidence dans l’entrejeu de Loki, surnom donné au club hongrois. Pour parler de sa saison dans la deuxième ville du pays, qui se situe à quelques encablures de la frontière ukrainienne, nous avons tendu le micro à Barna Forgács, analyste data qui suit tout particulièrement le football national via son entreprise xfbAnalytics. Infographie Barna Forgács « Défensivement, c’est un joueur qui couvre l’ensemble du terrain, en étant très présent dans les duels au sol. Il se démarque notamment lors des phases durant lesquelles l’adverse a le ballon. À Debrecen, il a été clef pour connecter le milieu de terrain avec l’attaque. Il peut contourner les lignes défensives adverses par la passe, la course et sait aussi armer des frappes en dehors de la surface de réparation ». Techniquement, ce joueur de taille plutôt petite ne semble pas en reste, puisqu’il est décrit comme « à l’aise balle au pied, capable de réaliser des dribbles efficaces dans les demi-espaces ». Barna a accepté de jouer au périlleux jeu des comparaisons. Et selon lui, Hamzat Basit Ojediran dispose de caractéristiques proches de celles de Waturu Endo (Liverpool), Casemiro (Manchester United) ou encore Boubakar Camara (Aston Villa). En Ligue 1, il pourrait être comparé à Jean Onana, Jonas Martin et Oussama Targhalline. Au RC Lens, on lui demandera surtout de rester Hamzat Ojediran, et de venir pousser la concurrence en amenant toute sa densité dans l’entrejeu. Et de poursuivre ce qui ressemble à une fulgurante progression.  Lien vers le rapport complet

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«  Sidi Bane aime les transitions  »

Son recrutement a été validé il y a quelques mois. Provenant du FK BATE Borisov, club référence d’un football biélorusse que le RC Lens semble connaître comme sa poche, Sidi Bane rejoint l’Artois, suivant ainsi les pas d’Abdukodir Khusanov. Photo Africa Top Sport Il est originaire du village de Pir-Goureye, une commune au nord de Thiès, au Sénégal. C’est au sein du club local, l’US Pire Goureye, que le jeune Sidi Bane démarre son odyssée avant de mettre le cap vers Baryssaw dès le mois de janvier 2022. « Au début, c’est compliqué pour Sidi », nous explique Harold Mendy, journaliste particulièrement attentif à l’évolution des jeunes pépites sénégalaises via sa chaîne YouTube Senegal Comps. « Il doit logiquement s’adapter à un nouveau climat et ne parle pas la langue locale. » Mais la fierté des Pirois prend vite ses marques dans cette petite ville située à une cinquantaine de kilomètres de Minsk. La Biélorussie, au ban des nations européennes pour s’être vassalisée à la Russie de Vladimir Poutine, continue d’être footballistiquement observée par un RC Lens qui a des yeux partout. Après Abdukodir Khusanov, c’est donc Sidi Bane qui vient terminer sa post-formation à La Gaillette. Harnold poursuit : « C’est un droitier à l’aise avec son pied gauche. C’est un milieu offensif de formation, qui a reculé d’abord au poste de milieu défensif puis en défense centrale depuis son arrivée en Europe. » Serait-il à l’aise dans une défense à trois ? « Sans aucun souci. Au BATE, il joue aussi bien central gauche que droit, dans une défense à deux ou à trois. »  Sidi Bane semble donc être un joueur prometteur. Il a déjà montré ses qualités lors de matchs de Coupe d’Europe puisqu’il a participé à huit matchs de qualification européenne cette saison : Ligue des Champions, Ligue Europa et enfin Ligue Europa Conférence. Harold reprend la main :  « Il a une bonne lecture de jeu et une forte personnalité. Il est rapide et vif, ne mesure qu’un mètre quatre-vingt-quatre, mais est bon dans le jeu aérien. Il anticipe bien et coupe les lignes de passes. Il est désormais agressif dans les duels alors qu’il avait auparavant la fâcheuse habitude d’éviter les duels. » Quid de son intégration dans la structure de jeu de Will Still et du RC Lens depuis maintenant quatre saisons ? « Il sait relancer proprement. Il sait aussi sortir balle au pied et casser des premières lignes de défense. Il aime les transitions et apporter le surnombre. » Au RC Lens, Sidi Bane pourrait apporter de la profondeur sur le poste de défenseur central excentré et pourrait également dépanner en tant que piston droit. Un joueur disposant de qualités proches de celles de Massadio Haïdara, avec un pied droit. Harold Mendy a une autre idée de comparaison : « C’est difficile de projeter un joueur, mais vu son profil, je dirais qu’il me fait plus penser à Chancel Mbemba. »

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Jardin à l’anglaise

Le fin connaisseur du football anglais qu’est Will Still a toutes les raisons de savourer la domination des siens face à Leicester, débordé dans tous les secteurs du jeu. Si la vérité des amicaux n’est pas celle de la compétition, au moins est-on sûr que cette équipe a l’envie. Une série s’arrête, celle des guichets fermés à Bollaert. Peut-être une autre commence-t-elle, celle des victoires dans le jardin à l’anglaise que le nouveau coach sang et or a investi avec enthousiasme, Bollaert-Delelis. Tout n’est pas parfait dans cette équipe, et notamment son effectif, qui n’est pas encore fixé. Des éléments de sa colonne vertébrale pourraient encore profiter de la fin de ce mercato pour voir si l’herbe est plus verte ailleurs, comme Brice Samba, Kevin Danso ou Elye Wahi. Mais avec ou sans eux, le club avancera. Les Sang et Or ont notamment montré qu’ils étaient prêts à jouer et à marquer même sans leur avant-centre vedette. Samedi, nous avons vu un onze conquérant, n’ayant aucun envie de céder du terrain à un adversaire qui n’était pas paré pour cette intensité. Will Still, quand il évoquait jusqu’à présent ses différences avec Franck Haise, paraissait avoir identifié, par rapport à la fin de saison 2023-24, une marge de progression dans le pressing. Il semble avoir fait beaucoup travailler son groupe sur ce point, quand on voit la difficulté des Foxes à ressortir des ballons propres. La vidéo de la rencontre une semaine auparavant contre Leverkusen donnera certes des indications aux futurs adversaires des Lensois : en étant très juste techniquement, il y a moyen de faire beaucoup courir cette équipe. Encore faut-il avoir la qualité pour. Le défi ensuite était de marquer. Comme le disait Still au micro de Wéo, trouver la faille « face à un bloc bas » est bel et bien « le plus difficile ». Mais avant d’ajouter ensuite dans les travées du stade, face à la presse : « On a vu une équipe mature, dominante, qui a su gérer les temps forts qu’on a eus tout en restant très patiente […]. Pour faire sauter ce genre de verrou, il faut y aller à l’usure ». Une recrue par ligne Aussi fougueux qu’ait l’air l’entraîneur anglo-belge, il est aussi très conscient du temps qu’il faut pour non seulement construire une victoire, mais aussi bâtir un groupe. Il travaille surtout, par la force des choses, avec l’effectif dont il a hérité, en n’ayant pu pour le moment le façonner qu’à la marge. Certains joueurs sont fortement incités à se trouver un autre club, tandis que d’autres sont relancés — la vie normale d’un club qui change de coach. Et malgré l’intention affichée de dégonfler la masse salariale, Still a déjà obtenu une recrue par ligne (Koffi, Sarr, Ojediran et Nzola), dont au milieu un jeune Nigérian qui a tout de suite fait ses premiers pas. Reste un boulot considérable à Pierre Dréossi et ses collègues jusqu’à la clôture des transferts. Si l’on se fie aux tuyaux plus ou moins crédibles des spécialistes du mercato, les acheteurs ne se bousculent pas à la Gaillette pour venir faire signer des éléments dont l’avenir est bouché chez les Sang et Or. Mais les départs se feront peut-être sans publicité préalable, comme on l’a vu pour certaines arrivées. La Ligue 1 aura sans doute alors repris, avec, on veut le croire, des titulaires lensois aussi motivés que ceux qui ont balayé les champions d’Angleterre 2016.

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M’Bala Nzola, il revient de loin

Le franco-angolais M’bala Nzola a débarqué en catimini à La Gaillette. En provenance de la Fiorentina, il vient reprendre le fil de sa progression, entamée dans les divisions inférieures du football italien. M’bala Nzola est originaire de Cabinda, une enclave angolaise autrefois dénommée Congo portugais, et qui depuis le 8 novembre 1975 est en proie à un conflit larvé entre les Forces Armées Angolaises (FAA) et le Front de libération de l’enclave du Cabinda (FLEC). On se rappelle d’ailleurs de l’attaque du bus de la sélection de football du Togo le 8 janvier 2010, revendiquée par le FLEC, qui fit 2 morts et 9 blessés. Une instabilité qui puise ses racines dans le contrôle des ressources pétrolières, les sous-sols de la région étant, à l’instar de ceux de sa voisine congolaise Pointe-Noire, extrêmement riches. Selon plusieurs sources, l’or noir du Cabinda représenteraient plus de la moitié des réserves angolaises, sachant que l’hydrocarbure est le contributeur presque exclusif du budget étatique de l’ancienne colonie portugaise.  L’idée n’est pas de proposer un cours magistral de géopolitique, simplement de présenter le contexte social du pays dans lequel est né le nouvel avant-centre du RC Lens, arrivé en France à l’âge de trois ans. Une histoire qui rappelle celle d’Eduardo Camavinga, également originaire du Cabinda. La famille Nzola s’installe à Troyes, et c’est donc dans le club de la capitale auboise que M’Bala fera ses premiers pas sur la pelouse, suivant les pas d’un ancien Franco-Angolais, Blaise Matuidi. Prometteur, le jeune homme attire rapidement les recruteurs, notamment anglais. Mais c’est finalement au Portugal qu’il fera ses premiers pas en professionnel avant de mettre le cap pour l’Italie, naviguant dans les divisions inférieures. D’abord au cœur des Pouilles, à Francavilla Fontana (Serie C), avant de rejoindre le nord de l’Italie et Carpi (Serie B), puis Trapani, ville située à la pointe ouest de la Sicile. Un itinérant au parcours cabossé, qui fut parfois comparé à Georges Weah, parfois à Karim Benzema, et qui finira par définitivement prendre son envol à La Spezia après avoir connu la montée en Serie B avec le FC Trapani 1905. Force et détermination En Ligurie, l’international angolais (6 sélections, 2 buts) dispute 102 rencontres, pour 35 buts et 7 passes décisives. Des statistiques flatteuses qui permirent d’abord au club de La Spezia d’assurer la première ascension de son histoire en Serie A. Puis, de maintenir les Aquilotti en Serie A. M’Bala Nzola se fait un nom en Italie, au point de devenir le meilleur buteur français du championnat italien lors de la saison 2022-23. « La force et la détermination sont les choses qui me représentent le plus. Ne jamais abandonner, même face aux difficultés, est l’une de mes caractéristiques. Cela a toujours été ma mentalité à mon arrivée en Italie », déclare-t-il sur la chaîne officielle de la Fiorentina, club dans lequel Nzola n’a pas su justifier le prix important de son transfert (14 millions d’euros) malgré la présence de son entraîneur fétiche, Vincenzo Italiano, qu’il a connu à Trapani, suivi à La Spezia et finalement côtoyé dans la capitale toscane. Pour parler du court passage florentin de M’Bala Nzola, nous avons pu échanger avec Lorenzo Lepore, journaliste qui suit la Viola au quotidien, et qui fut l’un des premiers à sortir l’information sur le transfert du Franco-Angolais au RC Lens. « Nzola s’est amélioré étape par étape, après ses débuts en Serie C et Serie B. C’est un joueur physique, puissant et rapide, qui a toutefois de petites carences techniques. Mais il a ce côté froid qui lui permet de finir les actions. À La Spezia, il a réussi à marquer beaucoup de buts alors qu’il jouait dans une des pires équipes du championnat. » Quand on jette un coup d’œil à la feuille de stats de Nzola, on croit lire une forme d’irrégularité dans les performances. Lorenzo y répond : « Je pense qu’il a une vraie marge de progression sur la dimension mentale. C’est un joueur qui a besoin de sentir la confiance de son coach, mais aussi de l’environnement du club. C’est très important pour lui afin de performer. On l’a vu notamment avec le lien qu’il a eu avec l’ancien coach de la Fiorentina, Vincenzo Italiano, qu’il a connu à Trapani puis à La Spezia. » Et lorsque l’on ouvre le dossier Fiorentina, Lorenzo Lepore va droit au but : « Chez nous, il a mal démarré la saison. Et la concurrence était vive, ce qu’il n’a peut-être pas bien supporté. Parfois, il lui a été reproché d’arriver tard à l’entraînement. Vincenzo Italiano est parti à Bologne et a été remplacé par Raffaele Palladino. La Fiorentina semble aussi changer de structure de jeu. Et dans le jeu de la concurrence, il passait derrière Moise Keane et Lucas Beltran, ce qui fait qu’il a été poussé vers la sortie. » Alors que le RC Lens se cherche un avant-centre, M’Bala Nzola débarque en Artois avec l’espoir de retrouver de la confiance. Si le Racing Club de Lens passe le barrage, le natif de Buco-Zau aura l’opportunité de rejouer une compétition qu’il a disputée avec son dernier club, lui qui a joué un vrai rôle dans la qualification du club florentin pour la finale de la C4, étant décisif à deux reprises en demi-finale (un but et une passe décisive contre le FC Bruges). Voilà un profil et un parcours cabossé qui semblent parfaitement coller au projet du club lensois. Il ne reste désormais plus qu’à confirmer sur le rectangle vert, lui qui a enfin assouvi son profond désir de revenir en France.

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Malang Sarr, à la relance

La seconde recrue du mercato 2024-2025 est un ancien grand espoir du football français qui vit avec le blues depuis près de quatre saisons. Présentation d’un égaré du ballon rond, en quête de relance. Photo AS Monaco La relance. Un terme qui sied parfaitement à Malang Sarr. Le Franco-Sénégalais, né à Nice et qui a grandi aux Moulins, quartier populaire proche de l’ancien centre d’entraînement du Gym, est passé de grand espoir pisté par l’Europe du football à joueur anonyme. Jusqu’à être publiquement humilié par son entraîneur Mauricio Pochettino lors d’une hallucinante conférence de presse en août 2023. Interrogé sur son joueur, le coach de Chelsea avait en effet répondu un méprisant « Qui ça ? » Le milieu du football, et ses affres. Aux oubliettes, celui qui déclarait sa flamme à la langue française et à Guy de Maupassant dans Libération, était d’ailleurs sur le point de revenir au pays cet hiver. Mathieu Bodmer, réputé pour sa fine connaissance du football, et Luka Elsner, entraîneur prônant un style de jeu protagoniste, à l’instar du RC Lens, avaient su convaincre le défenseur des Blues de rejoindre Le Havre dans son opération maintien. Avant que Chelsea, dont les pratiques concernant les transferts interrogent chaque jour un peu plus, ne bloque le transfert, omettant d’envoyer les documents officiels aux instances compétentes. Malang Sarr, qui avait passé sa visite médicale et patientait dans le port normand, avait accepté des concessions sur son salaire afin de retrouver les terrains. Le retour à Londres n’en fut que plus amer.  La relance. C’est aussi une aptitude technique que maîtrise particulièrement bien l’ancien Aiglon. Propulsé titulaire par Lucien Favre à 17 ans lors d’une rencontre de L1 contre le Stade Rennais (le 14 août 2016), durant laquelle il inscrit le but de la victoire, et devient alors le deuxième buteur le plus jeune de l’histoire de la L1 derrière un certain Bartholomew Ogbeche. Malang Sarr s’impose comme titulaire et brille par sa capacité à répondre aux duels, à casser des lignes balle au pied et par la passe, utilisant à merveille son pied gauche au sol mais également pour effectuer des renversements de jeu. Bien que mesurant 183 petits centimètres, une taille modeste pour un défenseur central, Malang Sarr sait également briller dans le jeu aérien. En 2016, il attire déjà les convoitises, brillant par sa régularité et sa maturité dans un OGC Nice détonnant mené par Mario Balotelli et Alassane Pléa. Le PSG, l’Inter de Milan voire le FC Barcelone surveillent le petit prodige. Axial excentré de formation, ce grand précoce du football finit par être rattrapé comme tant d’autres par la dure réalité du ballon rond. Son départ à Chelsea le mène dans une impasse, énième exemple de l’importance du contexte pour s’épanouir dans le football. Ça se jouera dans la tête Malang Sarr cherche aujourd’hui à donner un second souffle à sa carrière, lui qui a longuement rongé son frein à Londres, mais aussi à Porto et à Monaco, où il a été envoyé en prêt tour à tour. Rémi Valet, ancien rédacteur en chef du site Planète ASM, témoigne : « J’ai été dubitatif concernant son arrivée chez nous. Si je me suis posé la question en août 2022, son départ en juin 2023 n’a fait aucun doute : un échec quasi total ». Rémi poursuit : « Malang a été titulaire à 12 reprises, et est entré en jeu cinq fois. Une disparition totale en mars, et une participation à à peu près tous les plus gros fours de cette saison difficile ». Portrait peu reluisant, que notre collègue monégasque s’empresse toutefois de nuancer. « À sa décharge, la saison 2022-2023 a été un long calvaire pour la défense de l’ASM, qui a été catastrophique de bout en bout avec 58 buts encaissés, soit la 14e de L1. Malgré tout, il n’a pas su saisir l’opportunité que représentait le départ de Badiashile à Chelsea au mercato d’hiver pour s’imposer. Sur des débuts encourageants, on a pu espérer un défenseur véloce et bon relanceur, mais je pense que son CSC en octobre en Europa a détruit une confiance déjà étiolée par deux années difficiles. La dynamique collective de cette saison-là, entre un Philippe Clement qui tâtonne et un Nübel en grande difficulté, n’était peut-être pas en mesure de le remettre en confiance. »  Le RC Lens est-il la bonne destination pour lui ? Malang Sarr dispose sans aucun doute des qualités intrinsèques pour briller dans la structure de jeu bien installée chez les Sang et Or, et que Will Still semble enclin à perpétuer. La différence se fera certainement dans la tête. Le Franco-Sénégalais arrive libre, et a paraphé un contrat de deux ans, plus une année en option, ce qui circonscrit totalement le risque financier. Âgé seulement de 25 ans, l’ancien Niçois est encore jeune, et sa marge de progression, après relance, est encore importante. Après Massadio Haïdara, dont le contrat se termine l’été prochain, Wesley Saïd et Nampalys Mendy, le RC Lens va-t-il réussir à relancer un autre joueur abonné aux saisons blanches ?

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Le verre est à moitié plein

Avec la reprise, le RC Lens est définitivement redevenu sur le devant de la scène. Le mercato et ses innombrables rumeurs sévissent déjà. Face au catastrophisme facile, pas besoin de forcer son objectivité pour affirmer que le club a de vrais atouts en main. Photo RC Lens « Il faut que ça bouge ». Les impatients s’impatientent, et viennent nourrir les rangs des catastrophistes, présents toute l’année mais qui ont pour habitude de se donner de la voix entre mi-juillet et mi-août. Festival de la morosité, dont le line-up peine à se renouveler. Vendre et recruter serait un besoin vital durant la période du mercato. Cela va de pair avec la biafine et le sable niché entre les doigts de pied. Un été réussi, c’est avant tout cette petite dose de dopamine sécrétée par les annonces du community manager qui présente tour à tour les nouveaux castés pour la saison à venir. Du mouvement, de l’animation, mais est-ce avant tout pour meubler une actualité dynamique comme un vacancier à l’heure de la sieste ou bien intellectuellement motivé par la conviction profonde que cet effectif a besoin de renouveau ? « Parce qu’en face, la concurrence a lancé les hostilités », pour peu qu’on identifie bien les clubs avec lesquels on est supposé croiser le fer. N’oublions pas une chose : bien qu’il soit absolument perfectible (comme 100% des effectifs de L1), le RC Lens dispose toujours d’un effectif complet, fourni qualitativement et quantitativement et qui a fait ses preuves. Les joueurs qui ont été jugés « justes » la saison dernière ont également le droit de progresser, et le remplacement de l’entraîneur par l’énergique Band of Still Brothers peut tout à fait raviver une concurrence dans le groupe, et relancer des joueurs qui semblaient définitivement sur la touche. Sans oublier que la recette de stabilité a déjà largement fait ses preuves. Et si les matchs de préparation ont leurs limites pour qui veut faire de l’analyse, la philosophie de jeu semble coller à ce qui a été vu ces quatre dernières saisons.  Le RC Lens garde la main Depuis quelques semaines, le RC Lens est entré dans une phase de reconstruction particulière, dans la mesure où tout n’est pas à construire. Cette formulation, empruntée à un ami dont l’avis est souvent éclairant, dit beaucoup de ce qui se trame en coulisses. L’existant a le mérite d’apporter des vraies garanties. Dans le football, il ne faut présager de rien mais prenons le pari que l’effectif subira des modifications similaires à celles du bord du terrain. Le trio Will, Edward et Nicolas Still a bien accepté de se greffer à un staff qui a déjà fait ses preuves, et bénéficiera des automatismes qui existent depuis de nombreux mois entre Benoît Delaval, directeur de la performance, Hervé Sekli, entraîneur des gardiens, Aymen Djedidi, préparateur physique, et consort. De l’aveu même de Will Still, il ne faudra pas s’attendre à une révolution tactique. Simplement des ajustements dans le pressing et les circuits de passes et de relance. Et en remettant l’intensité au goût du jour. Au sein de l’effectif, on peut s’attendre à une même logique d’amélioration qui s’intègrera dans la dynamique de stabilité. La colonne vertébrale (Samba, Gradit, Frankowski, Danso, Medina, Sotoca, Wahi) est d’ailleurs composée d’éléments disposant de contrats de longue durée, entre 2026 et 2028. Mine de rien, le RC Lens a beaucoup plus la main que l’on ne pourrait le croire. Et on peut tout à fait imaginer que la majorité des mouvements à venir seront davantage choisis que subis. Dans la période troublée que l’on vit, le club sang et or dispose toujours d’atouts non négligeables, qui semblent pourtant avoir disparu de notre champ de vision. La vente probable de Neil El Aynaoui est frustrante, mais elle s’inscrit dans un pragmatisme économique indispensable aux intérêts de l’institution. Finalement, ceux qui ne cessent de rabacher « N’oublions pas d’où l’on revient » feraient mieux de rappeler au grand nombre les délires dépensiers qui nous ont envoyés dans le puits pendant plus de dix ans. Le devoir de mémoire se trouve là, et pas ailleurs.

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