CULTURE SANG & OR

Antoine

Un RC Lens conférencier

Avec l’astérisque qui va bien, le RC Lens sera conférencier. Un détail qui n’en est pas un, comme le rappelait justement Franck Haise dans les colonnes de L’Equipe ce lundi. « La place de barragiste n’est pas véritablement une place européenne ». Photo Icon Sport Alors que le RC Lens a redécouvert les joies des compétitions européennes cette saison, passant des nuits magiques d’exploits en Ligue des Champions aux cruelles désillusions nocturnes que les clubs français ne connaissent que trop bien en Europa League, le club artésien a tout de même réalisé une vraie performance : confirmer la belle tendance qui se dégage depuis son retour en L1. Même si la soirée de dimanche a frustré les spectateurs de ce Lens-Montpellier, il est important de noter que le club artésien est, avec le Paris Saint-Germain et l’AS Monaco, le seul à avoir fini dans le Top 7 de la L1 lors des quatre dernières saisons. Un marqueur fort de performance et de continuité, lesquelles auront résisté aux turbulences d’officine que le club connaît depuis quelques mois. Prendre le rival en exemple ? Pour la deuxième saison consécutive donc, le RC Lens connaîtra la joie de se déplacer en dehors des frontières hexagonales. Il n’est pas question de débattre sur pour savoir si cette qualification en Ligue Europa Conférence est méritée ou non, si le RC Lens est ou non à sa place, simplement d’observer que les Lensois ont réussi à valider une nouvelle fois ce statut de club européen au terme d’une saison des plus éreintantes. Un championnat, c’est avant tout le reflet d’une régularité. Et à ce jeu, bien qu’aidé par la victoire en Coupe de France d’un club mieux classé que lui en championnat, le RC Lens a su poinçonner sur le gong ce ticket que d’autres clubs aux moyens substantiellement supérieurs n’ont pas réussi à décrocher. La Conference League, une compétition qui pourrait tomber à pic pour ce RC Lens qui affirme être en pleine croissance. Une compétition qui pourrait permettre aux Sang et Or de jouer des matchs européens relativement abordables, et d’autres contre de beaux noms du football continental. Avec toute la modestie que l’on se doit de garder lorsque l’on est issu d’un pays au palmarès de clubs inférieur à celui de la Suède, le parcours du rival de voisin doit servir de point de référence, et nous permettre de nous rapprocher de l’ingrédient essentiel dès lors que l’on parle de football : rêver d’un exploit. Prosaïquement, cette C4 pourrait aussi offrir beaucoup plus de latitude au coach dans la distribution du temps de jeu entre cadres, remplaçants et jeunes joueurs que n’aurait permis l’Europa League ou une nouvelle Ligue des Champions. Encore une fois, cette alléchante projection est conditionnée par le fait de sortir vainqueur des barrages. Le RC Lens les disputera, les 22 et 29 août. Et cette précision a toute son importance.

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Un destin européen qui s’échappe

À Rennes, le RC Lens est allé gratter un point au terme d’une rencontre où le courage s’est confondu avec le réalisme. C’était le minimum syndical pour pouvoir espérer encore décrocher l’Europe d’ici dimanche prochain. Mais cela pourrait ne plus être suffisant.  Photo Ouest France Après un début de saison catastrophique et une série d’invincibilité étendue de la J6 à la lourde défaite à domicile face à l’OGC Nice qui rappelait le faste de la saison dernière, le RC Lens est quelque peu rentré dans le rang. Le rythme a baissé, conséquence d’un probable coup de pompe généralisé, les rencontres s’accompagnant presque systématiquement d’erreurs individuelles punies par les adversaires. De Samba à Wahi, de Medina à Mendy en passant par Haïdara, tout le monde y est passé. La solidité du collectif s’est alors retrouvée mise à l’épreuve, et le décrochage au classement s’est opéré. À la veille de la dernière journée de Ligue 1, le RC Lens peut s’enorgueillir d’avoir encore quelque chose à jouer dans la partie haute du classement. Une habitude depuis le retour du club artésien dans l’élite qu’il faut prendre en compte au moment de dresser un bilan presque final. Les montagnes russes de la saison font que tous les sentiments sont présents dans nos têtes ; entre le soupir de soulagement après la sécheresse aoûtienne et l’inquiétude d’une potentielle absence de qualification européenne qui amènerait un goût de gâchis, tant la tendance semblait avoir été inversée. À date, selon Opta, le RC Lens a autour de 89% de chance de disputer une compétition européenne en cas de victoire contre Montpellier le weekend prochain. Cette probabilité pourrait fortement augmenter en cas de défaite marseillaise à Reims mercredi soir. Une place en Europa League ou en Conférence viendrait évidemment récompenser une des saisons les plus éprouvantes que le RC Lens ait connu depuis une éternité. Et récompenser un groupe qui, au-delà de ses imperfections et d’une sensation palpable de fin de cycle, n’a jamais triché. Il faudra faire le job face à Montpellier pour avoir le moins de regrets possible. Parce que le destin européen des Sang et Or se trouve désormais sous d’autres pieds.

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Désespérance

Depuis son retour en L1, jamais le RC Lens n’avait été aussi peu bousculé au Vélodrome. Mais les deux énormes fautes individuelles ont irrémédiablement alourdi une facture que l’on ne peut s’habituer à recevoir tous les lundis. Photo Sport.fr Pour la troisième fois de suite, un match du RC Lens a connu un temps très fort dès la première minute. À Metz, les hommes de Franck Haise avaient concédé une énorme occasion. Contre Clermont, ils avaient obtenu un pénalty. Au 3 boulevard Michelet, ce fut un but. Il n’est pas nécessaire de rappeler que démarrer une rencontre au Vélodrome avec un handicap au score reste très rarement sans conséquence. Surtout dans une fin de saison où la tension est à son paroxysme. Face à un OM que l’on savait épuisé par son calendrier dantesque, la patience ainsi que le contrôle étaient les aspects clés à maîtriser, de bout en bout.  Immédiatement après l’ouverture du score – dès la deuxième minute donc – la réaction se fait ressentir. Ça va d’un but à l’autre, sans cohérence aucune. Les deux blocs défensifs sont aussi perméables qu’une maison sans toiture. Angelo Fulgini et Elye Wahi manquent tour à tour la cible, devant des buts plus ou moins vidés de présence humaine. La déficience dans la surface de vérité offensive n’est en fait que le corollaire de la fébrilité montrée dans la zone défensive. Le scénario s’écrit en gros sous nos yeux. ÇA PUE. Massadio Haidara, qui gagnerait à muscler son jeu, semble ailleurs. Pris par Aubameyang sur l’ouverture du score, il récidive dans la largesse de son marquage et laisse échapper le Franco-Gabonais pour un face-à-face qui aurait pu envoyer les Sang et Or dans les profondeurs des abysses. Nous jouons la 11e minute. Mais fort heureusement, cette période de houra football se calme rapidement.  Le RC Lens prend alors le match, fort d’une domination aussi nette que stérile. L’OM s’emploie quant à lui à respecter le plan de jeu minimaliste imaginé par Jean-Louis Gasset ; bloc médian, lignes resserrées, Aubameyang. Face au demi-finaliste de l’Europa League, on sent qu’il y a de la place, beaucoup de place. Et c’est peut-être au moment le plus inattendu que finit par surgir la lumière. Massadio Haidara, définitivement l’homme du match, dépose une délicieuse galette sur le crâne finisseur de Wesley Saïd. Le climatiseur des Bouches-du-Rhône a encore frappé et le momentum semble alors définitivement lensois. L’OM est pétri de crampes, Veretout et Murillo sont au bord du rupteur. Il reste un quart d’heure pour sécuriser la zone, et repartir à la maison avec ce point hyper important dans la course à l’Europe. Avant cette énième faute professionnelle.

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Le Racing porte sa croix

La colère. Cela faisait un moment que ce sentiment n’avait pas envahi nos esprits. Une colère froide, même. Née de cette impression que les joueurs n’ont jamais semblé être en mesure d’entrer dans le derby. L’inquiétude. À la vue des événements qui secouent les coulisses. Mais l’espoir. Quand on regarde le classement ce matin. Photo Ouest France Vendredi soir, c’était implacable. La déception était immense. La colère totale. Une nouvelle fois, le RC Lens a manqué son rendez-vous le plus important de sa saison : le Derby du Nord ! Une nouvelle prestation minuscule dans ce choc fratricide, s’apparentant parfois à un match opposant des adolescents flemmards à des vétérans appliqués et conscients de la double importance que revêtait ce choc du football français. Les Lillois étaient largement supérieurs, dégageant l’impression de pouvoir taper encore plus fort sans pour autant être géniaux. Solidité, agressivité et exploitation des défaillances lensoises, en témoigne cette ouverture du score de Zhegrova, que l’on avait tous imaginée au moins une fois la semaine précédant la rencontre. Débordement, crochet extérieur, frappe. Un geste signature qui passe à chaque fois. Un match durant lequel a dominé un sentiment d’impuissance à son paroxysme, fruit d’une réponse trop tardive et désorganisée, alors que les hommes de Franck Haise avaient su mener de féroces batailles face à des adversités nettement supérieures en Ligue des champions. Il est toujours bon de rappeler qu’à Lens, on peut tomber, mais jamais sans les armes à la main. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le samedi n’aura pas aidé à faire redescendre la déception de la veille, ni le sentiment d’énervement. Quelques heures seulement après la chute sur les pavés de Villeneuve d’Ascq, une information fait l’effet d’une bombe. Frédéric Hébert et son adjoint Romain Peyrusqué seraient sur la sellette, et Mike Mode, recruté en toute discrétion dans la semaine par Arnaud Pouille et Joseph Oughourlian pour renforcer l’équipe scouting, referait déjà ses valises. Crise de croissance, ou mal profond ? La raison ? Nul ne tient le fin mot de l’histoire, mais les erreurs de casting semblent se succéder. Les règlements de compte sont-ils en train de refaire leur apparition en Artois ? Le RC Lens donne en tout cas l’impression de naviguer en eaux troubles, alors que le sprint final pour l’Europe tarde à se lancer et que l’incertitude autour du futur de son entraîneur plane, sans occulter la préparation de la prochaine saison. Le supporter lensois peut-il encore se reposer aveuglément sur le sacro-saint alignement cinq étoiles entre la direction générale, sportive et le staff ? Aux dirigeants d’éteindre l’incendie au plus vite. Dans les coulisses, une nouvelle organisation semble néanmoins sur le point d’être validée. Arnaud Pouille en deviendrait le président délégué et Benjamin Parrot le directeur général, le tout sur fond d’une très probable arrivée d’un actionnaire étranger, décrit comme solide, et attendu pour la mi-avril. Les départs de Frédéric Hébert et de son adjoint rejoignent-ils cette volonté — déjà affichée par les dirigeants avec Spierings — de se séparer le plus rapidement possible des éléments qui ne donnent pas satisfaction afin d’en limiter les impacts ? Ou bien le mal est-il plus profond qu’il n’y paraît ? Crise de croissance liée à un changement d’ère, ou crise institutionnelle ? Quoiqu’on puisse en dire, l’image de stabilité associée au Racing Club de Lens depuis son retour en L1 est dégradée, pour ne pas dire abîmée. En dépit de ce chemin de croix pascal, tout n’est pas noir sur le tableau. Le RC Lens n’est pas le seul prétendant à l’Europe qui rencontre des difficultés. Loin de là. L’OGC Nice, qui aurait pu se relancer après le triple cadeau lensois d’avant la trêve, est au bord de l’implosion. Le Stade Rennais patine, et le soufflet marseillais semble retomber après une petite crise euphorisante de quelques semaines. Si le Top 4 se détache, rien n’est encore définitif. Lors des trois prochaines journées, le RC Lens accueillera Le Havre et Clermont, rencontres espacées par un déplacement à Metz. Dans le même temps, Rennes se déplacera à Monaco, et Lille accueillera Marseille. Sportivement, il s’agit donc de repartir vers l’avant en faisant le plein de points avant le déplacement au Vélodrome. Keep calm et gagnons nos trois prochains matchs. Dans un sens comme dans l’autre, tout va toujours très vite dans le football.

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Le jeunisme, reflet d’une société impatiente

De quoi provient le jeunisme ? Que nous dit-il sur l’évolution du sport ? Des montagnes de cracks à l’identité dévoyée des clubs de football, plongée dans cette thématique qui animent tant de supporters et d’observateurs, avec Adrien Mathieu, journaliste au magazine Le Point et fondateur du podcast Formation Football Club. Photo RC Lens On s’y perd, tant la quantité est importante. Chaque année, les observateurs – professionnels ou amateurs, dont l’excellent @RCLAcademy – mettent la focale sur des dizaines de jeunes joueurs, affublés de la terminologie « crack ». Des promotions 2006, 2007 et bientôt 2008. Comme si on parlait d’étudiants sortant d’école pour entrer sur le marché de l’emploi. Uruguayen, Canadien, Anglais, Français, Nigérian, évoluant à River Plate, Molde, Arouca, ou déjà dans les équipes de jeunes de mastodontes du football tels que Manchester City ou le FC Barcelone, la profusion de ces nouveaux noms alimentant quotidiennement la chronique de la galaxie football est tout bonnement vertigineuse. « La diffusion sur les réseaux sociaux de compilations de jeunes joueurs font des millions d’impressions, tout en n’étant que des montages de deux minutes », explique Adrien Mathieu. Pourtant, « ce n’est pas parce qu’il y a une performance ponctuelle que l’on peut affirmer quoi que ce soit » sur le potentiel d’un footballeur. L’exposition de ces jeunes garçons, collectivement et individuellement, est aujourd’hui certainement égale voire supérieure à celle des joueurs adultes qui évoluaient dans les années 1990. Il est facile de suivre les compétitions internationales de jeunes, qu’elles soient de sélections ou de clubs. Les supporters du RC Lens ont eu l’opportunité de découvrir la Youth League cette saison, y compris grâce à des retransmissions en ligne. « Cette compétition apporte énormément de choses, car elle permet aux jeunes de la formation française de se confronter à leurs homologues européens. Le parcours du FC Nantes dans la Youth League est admirable, tout comme celui du RC Lens, qu’il ne faut pas banaliser ». Mbappé a-t-il cassé les codes ? Parmi ces jeunes à éclosion supersonique, il y en a un qui a immédiatement pris de vitesse le monde du football sur le terrain, mais aussi en dehors. « Moi tu ne me parles pas d’âge ». Cette punchline, prononcée par Kylian Mbappé dans Intérieur Sport quelques semaines avant le Mondial en Russie, en mai 2018, et un an après son arrivée au PSG, est a posteriori assez fascinante. À l’époque, le natif de Bondy, sûr de sa force (« Vous n’êtes pas contents ? Triplé » est issu du même documentaire), souhaitait faire passer le message au monde du football que ses 18 ans n’étaient en rien un obstacle. Qu’il assumait son talent, et que sa relative inexpérience du très haut niveau n’allait en rien altérer sa capacité à faire exploser les défenses adverses lors des moments décisifs où, souvent, l’expérience parle. Des paroles rapidement suivies d’actes, puisqu’il sera dans la foulée l’un des meilleurs joueurs de l’équipe de France sacrée championne du monde. Cette sortie médiatique pourrait avoir inconsciemment influencé certaines analyses. « Cette phrase de Mbappé a cassé les codes », estime Adrien. « Ce qui est sûr c’est qu’il y a des joueurs qui sont prêts de plus en plus jeunes. Mais a contrario, ce n’est pas parce qu’à 17 ans tu n’es pas prêt que tu seras condamné à être une pipe. Des joueurs comme Giroud ou Valbuena, Lees-Melou, Jonathan Gradit, Florian Sotoca ou Adrien Thomasson ont explosé tardivement. Tout le monde n’a pas un chemin linéaire et c’est aussi ce qui fait la richesse du football. Il faut être assez prudent avec les jeunes joueurs ». Récemment par exemple, Anis Hadj-Moussa, 22 ans, est réapparu dans les radars. Le jeune Franco-Algérien, formé au RC Lens qui ne l’a pas conservé, a intégré la sélection des Fennecs, dirigée par Vladimir Petkovic, grâce à de prestations de haute volée en Eredivisie avec son club du Vitesse Arnhem. Simon Banza, qui a mené l’attaque Sang et Or lors de la remontée en Ligue 1, est actuellement deuxième meilleur buteur du championnat portugais avec 19 unités en 20 matchs. Des cracks passés au travers des filets du RC Lens ? Ou tout simplement des joueurs qui ont eu besoin de temps ainsi que d’un contexte différent pour prendre leur envol ? C’est certainement l’angoissante projection que se font les supporters lensois qui réclament la titularisation d’Ayanda Sishuba depuis des mois. Photo So Foot Adrien tempère : « Comme pour tout, l’analyse ne doit qu’être multifactorielle. Il faut prendre en compte les statuts, l’intégration dans un groupe, l’acceptation par le vestiaire, l’expérience, la stabilité émotionnelle du jeune joueur au moment où il est lancé, son accompagnement par le coach, l’entourage. Le danger, c’est le fait de vouloir trop vite mettre des jeunes joueurs en avant. Il faut savoir respecter la pyramide des âges qui est très importante dans l’équilibre d’un vestiaire. Tu peux voir Strasbourg avec BlueCo qui a vendu tous les joueurs de plus de 23 ans. Et le remplacement de Matz Sels par un jeune gardien très inexpérimenté ». Le contre-exemple du RC Strasbourg pourrait-il, si on suit la logique d’Adrien Mathieu, provoquer une méfiance face aux effectifs trop jeunes ? Les supporters alsaciens feront-ils entendre leur ras-le-bol de voir un onze uniquement composé de jeunes, sortis de la couveuse par un propriétaire n’ayant que la notion de trading en tête, et a fortiori obtenir le retour de cadres souvent désignés comme valeurs sûres ? Beaucoup de supporters sont capables d’accorder de la patience à de jeunes joueurs, en songeant à leur potentiel et à l’indispensable temps de maturation. Mais qu’est-ce qui peut expliquer que les plus doués soient mis sur un piédestal ? Certains, parfois, sont érigés comme la solution miracle aux défaillances du collectif, plombé dans l’esprit des supporters par des individualités plus âgées, des joueurs qu’on estime coupables de vivre dans le confort d’une place de titulaire. « Il y a du bon et du moins bon dans le jeunisme. Mais ce que l’on peut noter également, c’est que dans ce football moderne, il y a une perte d’identité de plus en plus marquée, et la tendance va en s’accélérant. Les

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Failles sismiques

Les sols ont tremblé samedi soir en Artois. Et les hommes sont tombés. La déception est à peine diluée dans les médiocres résultats de la concurrence. Le RC Lens a manqué une vraie occasion de breaker. Au-delà du résultat, c’est la manière de saborder soi-même qui frustre. Photo Icon Sport Au RC Lens, on gagne ensemble et on perd ensemble. Et certainement que les premiers à regretter le match de samedi soir, ce sont eux, les joueurs. Ceux qui n’ont pas répondu présent. On pense bien évidemment à Facundo Medina, impeccable depuis le début de la saison, et qui s’est soudainement liquéfié ce samedi soir. On pense aussi à Papy Mendy, passeur presque décisif au profit de son ancien club en début de seconde période. Et enfin, on ne peut oublier la prise de lutte gréco-romaine de Kodir Khusanov dans la surface de réparation, qui permet à l’adversaire du soir, sans génie aucun, de breaker à 3-0.  Le derby dans 10 jours Le score aurait symboliquement dû être de -3 à 0, tant les hommes de Franck Haise ont réussi à se saborder tout seul, à intervalle régulier et avec une certaine homogénéité dans la forme. Failles sismiques. Les stats sont effrayantes : trois grossières erreurs individuelles amenant trois frappes cadrées générant autant de buts. Une déception en rien atténuée par le chef-d’œuvre d’Elye Wahi à l’approche de la 80e minute, qui a eu le mérite de réveiller de minces espoirs, raccrochés aux souvenirs des remontadas vertes de la décennie 2000. Le RC Lens a encore manqué le coche face à cet adversaire qu’on aurait pourtant aimé pousser vers le fond. Un rival relancé comptablement, et il ne nous reste qu’à espérer que cela s’arrêtera là.  Les matchs nuls de Monaco, de Brest et Lille, ainsi que la défaite de l’erratique patient marseillais, ont pour effet un compactage encore plus prononcé de la partie haut du classement. Finalement, le RC Lens peut se dire que dans son malheur, il aurait pu perdre plus gros. Mais la dynamique est stoppée net, comme c’est souvent le cas avec le jeu des séries. Pour autant, il s’agit de garder la raison. Perdre ainsi embête, mais peut également servir d’électrochoc. Avant cette défaite, les Sang et Or présentaient le deuxième bilan de L1 sur la séquence J6-J25. Aux joueurs de se nourrir de cette frustration, alors que Franck Haise devrait récupérer les forces vives de son côté gauche, pour aller reprendre les points donnés samedi soir. Ce sera à Lille, dans une dizaine de jours.

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Nouvelle École

Ce club t’attrape par le col, nouvelle école. Des jeunes talents, nouvelle école. Ils s’passent la balle et goal, nouvelle école. Alors que les hommes de Franck Haise avaient fini l’année 2023 sur les rotules, un vent de fraîcheur semble depuis balayer certaines incertitudes. L’effectif regorge de jeunes talents. Et se projeter devient même sacrément kiffant.  Photo Icon Sport Les connaisseurs auront la ref. Nouvelle École, grand classique du rap français que beaucoup de jeunes darons de la génération 1990 ont écouté en boucle sur leur Discman. À l’époque, l’amour du bon son nous faisait prendre la voiture ou le train jusqu’à la FNAC du coin. Nouvelle École colle parfaitement à cette transition douce qu’opère le RC Lens depuis quelques mois, mine de rien. Une transition illustrée par l’émergence d’un Neil El Aynaoui sorti d’à peu près nul part, qui a tout du joueur du futur qui se conjugue au présent. Et il est loin d’être le seul garçon à nous promettre des lendemains heureux. La prochaine colonne vertébrale du club artésien est d’ailleurs peut-être déjà dans les murs de la Gaillette. Nouveau cycle ? Car Neil n’est pas le seul à avoir un destin d’astronaute. À ses côtés, Andy Diouf a déjà montré de quoi il était capable. De manière trop sporadique pour prétendre à une place de titulaire indiscutable comme l’ancien Nancéien, qui semble déjà presque indéboulonnable. David Pereira Da Costa, hyper décisif depuis qu’il a musclé ses épaules, semble être le parfait partenaire pour faire briller Elye Wahi, recrue la plus chère de l’histoire d’un Racing ayant changé de dimension l’été dernier, et dont les prestations montent en puissance à mesure que son entente avec le natif d’Almada se parfait. Sur le poste de piston, Jhoanner Chávez brille par une neutralité en tout point remarquable, si l’on considère sa fraîche arrivée dans l’effectif de Franck Haise. Il est à parier que lui aussi devrait monter en puissance et devenir un joueur référencé en vue de la saison prochaine. Derrière, le mutant ouzbek Abdukodir Khusanov, venu tout droit de Biélorussie à l’été 2023, offre une assurance que l’on a rarement vue dans les travées de Bollaert-Delelis à tel âge. Dans l’ombre, Ayanda Sishuba attend son heure. L’avènement progressif de ces joueurs talentueux, parfaitement accompagnés par les vieux briscards en nombre tout aussi conséquent – Sotoca, Samba, Gradit, Aguilar, Haidara, Mendy –, est aussi le marqueur du lancement d’un nouveau cycle savamment dilué sur deux intersaisons. Nouveau cycle également initié par le départ du « joueur fanion » Seko Fofana, en attendant les adieux probables d’autres cadres hautement symboliques de ce RC Lens renaissant. Frédéric Hébert et son collaborateur Romain Peyrusqué planchent sur les contours de l’effectif pour la saison à venir, et le duo – également talentueux – pourra s’appuyer sur l’existant afin de pérenniser cette « structure de jeu ADN » qui colle si bien au club et à sa région. D’un point de vue plus cynique, tous ces jeunes talents – dont les contrats sont aussi longs que les dents – ont une autre vertu : offrir au RC Lens un portefeuille d’actifs que l’on pourrait comparer à une assurance vie. Vivre le moment présent ? Toujours. On n’oublie pas que dans le football, tout va très vite. Mais tout de même, ce RC Lens nous offre d’heureuses projections qu’il est difficile d’ignorer, considérant que les étoiles de la Ligue des Champions sont de nouveau à portée de main.

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Thèse, anti-thèse, Franck Haise

Il semblait cousu de fil blanc que ce n’était qu’une question de temps. Mais nous n’en étions pas certains. Étage par étage, la fusée artésienne s’est mise en action. D’abord défensivement, puis dans sa maîtrise du milieu. Jusqu’à sa pointe haute. Elye Wahi, dernier module de la mission spatiale lensoise, a été décisif lors des trois dernières sorties en L1. Photo RC Lens Il est difficile d’expliquer des dynamiques de forme, et dans un sens, on préfèrera toujours émettre des hypothèses en ouvrant le débat plutôt que balancer de grandes affirmations empreintes d’émotions. Nous ne sommes que des observateurs, passionnés certes, mais complètement amateurs. L’excellent article publié dans La Voix du Nord au sujet de la progression de David Pereira Da Costa doit nous pousser à encore plus d’humilité lorsqu’il s’agit d’analyser la progression d’un joueur. Dans ce cas bien précis, on apprend que la blessure à l’épaule, que tout kinésithérapeute considère comme hyper handicapante pour la pratique du sport de haut niveau, aura permis au Franco-Portugais de passer du temps en salle, seul, à ruminer les raisons de sa stagnation et trouver les leviers adéquats pour passer ce cap tant attendu. Qui l’aurait imaginé ?  En fait, la seule radicalité doit s’appliquer à la nuance. Nous sommes tous des peintres, au sens propre comme au figuré, et le pantone doit être notre principal outil dès lors que l’on parle de football. Nous sommes aussi des philosophes – de main courante. Pour chaque thèse apportée, il s’agirait de trouver son antithèse. Affirmons qu’il est impossible d’affirmer. Cela rend l’exercice infiniment plus intéressant que de hurler avec les loups quand les résultats deviennent moins bons. De plus, lire le déroulé d’un match de football et analyser une saison dans son entièreté sont deux démarches bien différentes. Et c’est bel et bien ce qui est en train de se passer avec le RC Lens depuis quelques semaines. Dans les récentes défaites, à Freiburg et contre Monaco, il était difficile, voire impossible, de tirer un quelconque positivisme, tant les frustrations l’emportaient sur une analyse froide et objective. C’est pourtant un Franck Haise en totale décontraction qui s’est présenté en conférence de presse d’avant-match vendredi. RC Lens mature, OL yaourt nature La machine RC Lens, bien qu’orpheline de deux de ses moteurs principaux et handicapée par un terrible début de saison, semblait condamnée, de l’aveu même de son coach, à un exercice 2023-24 des plus compliqués. Le département engineering a su trouver les bons réglages au cœur de la tempête et devant la répétition des matchs, bonus Ligue des champions. Et c’est un Racing serein et confiant, à l’image de son coach, qui a récité une agréable partition de son répertoire footballistique en clôture de la 24e journée. Ce matin, on a le sentiment que l’équipe est en train de retrouver sa vitesse de croisière, fort de son homogénéité et riche d’une expérience européenne toute fraîche, mais sûrement déjà impactante. Un RC Lens mature face à un OL yaourt nature, pour citer Walid Acherchour. Et un succès qui permet de se projeter encore un peu plus haut. Le bilan affiché par les Sang et Or depuis la sixième journée, deuxième de Ligue 1 derrière le PSG, parle de lui-même.  Aujourd’hui, lundi 4 mars 2024, le RC Lens se réveille avec une victoire claire et nette face à l’OL, au Groupama Stadium. Six points sur six face à ce rival – qui, encore aujourd’hui, hante notre salle des trophées ? Ce n’était plus arrivé depuis la saison 1997-98. Les Rhodaniens, qui ont récemment fait tomber l’OM, le LOSC ou encore l’OGC Nice, se sont pris ce qui s’apparente à une leçon de football pendant une grande partie de la rencontre. Le match n’a pas été parfait, et le poteau de Mangala aurait pu inverser les dynamiques. Ou pas. Parce que là encore, il est impossible de l’affirmer ou l’infirmer. Mais à travers le prisme de cette nuance que l’on s’impose dans la projection à court terme, il s’agira aussi de souligner la surprenante faiblesse de l’adversité, qui s’est parfois comportée comme une petite équipe de seconde division face à un ogre impitoyable, en étant complètement replié dans ses trente mètres. Là aussi, ne nous laissons pas éblouir par ce score large et sans appel obtenu face à une équipe qui n’a pas mis les ingrédients que mettront certainement nos prochains adversaires venus du Finistère. Sans avoir besoin de rappeler que ce sont ces mêmes Brestois qui nous avaient retournés le 13 août 2023, en ouverture du championnat.

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Romain Peyrusqué, ne lui parlez pas d’âge

Il n’y a pas que sur les terrains que les acteurs du football sont de plus en plus jeunes. À tout juste 27 ans, Romain Peyrusqué est déjà un membre important de la direction sportive du RC Lens. Partons à la découverte du « gars sûr » de Frédéric Hébert. Photo LinkedIn Une vie, un destin. Quand les trains passent, il faut savoir monter à bord. Une allégorie aussi simpliste que pertinente lorsqu’il s’agit de parler de la fulgurante évolution de Romain Peyrusqué. À seulement 27 ans, le Palois pourrait en témoigner directement.  « J’ai d’abord joué au rugby jusqu’à l’âge de 13 ans, mais j’ai eu un cancer et j’ai dû arrêter. Je devais me rediriger vers un sport avec moins de contacts pour éviter les problèmes de santé. J’ai donc choisi le football. En trois ans, j’ai atteint un bon niveau, jusqu’à jouer en catégories de jeune à Mont de Marsan », explique-t-il à Sud Ouest. Ce fan de l’ovalie se découvre une passion pour le football lorsque, travaillant pour un groupe de distribution de produits culturels, il met la main sur Le Cas Mourinho, biographie du Special One écrite par Thibaud Leplat. « Je suis rentré à la maison, et je ne l’ai pas lâché de la nuit. J’ai décidé que je serai entraîneur. » Dans Le Parisien, il confie que « Sacchi, Sarri ou Jardim, qui sont des références sans avoir effectué une grande carrière de joueur, ont eu des parcours inspirants. » Jeune diplômé et projet de rachat du FC Rouen Mais comment ce jeune homme originaire d’une famille du sud-ouest plus habituée à fréquenter les stades de rugby que les enceintes de football a-t-il pu atterrir si jeune dans un club de football professionnel ? La réponse tient en un nom : Mickael Bouilly, que le Béarnais a connu sur les bancs du STAPS de Rouen. L’entraîneur des gardiens de but, historique du Paris FC – nonobstant une parenthèse internationale en compagnie de Vahid Halilhodzic à la tête de la sélection algérienne, puis brièvement du club turc de Trabzonspor –, offre alors à Romain Peyrusqué l’opportunité de venir collaborer au club francilien. En 2017, ce dernier accepte le rôle d’assistant proposé par son ancien collègue universitaire et intègre le staff de Fabien Mercadal, avant de passer adjoint chargé de l’analyse vidéo de Mecha Bazdarevic la saison suivante. À 21 ans, il devient le plus jeune adjoint de France, mais aussi le plus jeune entraîneur européen titulaire de la Licence A UEFA, qui lui permet d’entraîner des clubs de deuxième division européenne. « Je l’ai obtenue à 20 ans. Mais je ne fais pas tout ça pour battre des records. Je suis passionné par tous les aspects du coaching, et le management » commente-t-il dans le Parisien. Une passion dévorante, qui occupe une très grande partie de son quotidien. « Je regarde plein de matchs, je réalise des montages, j’adore déceler le projet de jeu des équipes. Sur mon temps libre, je lis beaucoup de livres en anglais ou en espagnol sur le coaching. J’économise de l’argent pour partir dès que je le peux en formation à l’étranger. » Et Mecha Bazdarevic de conclure : « Il a trouvé sa place parmi nous grâce à son travail et ses compétences, on sent qu’il a envie d’apprendre. On est là pour l’accompagner, c’est un gamin qui ira loin. » Des compétences techniques qui semblent accompagnées d’un certain goût pour l’entreprenariat. Alors adjoint de René Girard au Paris FC, le Béarnais se positionne pour racheter le FC Rouen, club formateur de Franck Haise et alors pensionnaire de N2. Lors de la saison 2022-23, Romain Peyrusqué s’éloigne du vestiaire après une saison passée dans le staff de Thierry Laurey pour prendre le poste de directeur du recrutement, rapportant directement à Frédéric Hébert. Désormais, le jeune duo Hébert-Peyrusqué collabore à La Gaillette, avec pour objectifs de combler le vide laissé par le départ d’un autre dirigeant jeune et ambitieux, et de continuer à grandir dans ce cadre stable mais exigeant que lui offre le RC Lens.

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« Il faut développer l’accompagnement psychologique »

Si l’on insiste pour mettre en contexte les performances des footballeurs, une dimension est trop souvent négligée parmi les facteurs expliquant les performances collectives et individuelles : la psychologie. Lydie Huyghe, psychologue clinicienne à l’Institut Neurosport de Liévin, nous éclaire sur quelques outils qu’elle emploie. Photo Huffington Post « Il est nul ! « Une chèvre ! » « Erreur de casting… Faut le vendre ! ». Toutes ces expressions sont monnaie courante dans le supportérisme, et s’entendent régulièrement dans un stade de football. Mais l’expression violente de la frustration du supporter a un impact sur la psychologie du joueur ciblé. Depuis les tribunes, on se rend rarement compte du niveau de pression que subissent les joueurs de football de haut niveau. « Ils ne font pas du sport comme vous et moi. Ils exercent une discipline sportive. Toute la vie d’un sportif de haut niveau est régentée par la performance. Il faut bien dormir, il faut bien manger. Il faut s’interdire ceci, cela. Tout cela met une pression qui vient s’ajouter à celle que se met le sportif lui-même, et qui s’ajoute à celles mises par le club, l’entourage, les supporters, sans parler des réseaux sociaux qui sont venus s’ajouter au mille-feuilles », nous explique Lydie Huyghe. La parole commence à se libérer. Il n’y a qu’à se rappeler des déclarations de Jonathan Clauss, qui avouait sur le site de SoFoot qu’il s’interdisait de pleurer à une époque. Se l’autoriser enfin, « ça m’a fait un bien fou », reconnaissait-il. Plus récemment, c’est Thierry Henry qui a accepté de dévoiler une réalité cachée derrière son accumulation de titres. « J’ai longtemps menti, parce que la société n’était pas prête à entendre ce que j’avais à dire. J’ai été en dépression pendant ma carrière, et je n’ai rien fait pour en sortir. » L’émission de la chaîne Youtube The Diary of a CEO, diffusée le 8 janvier, a été largement commentée à sa sortie. Faisant l’effet d’une bombe, elle pourrait servir à nourrir le mouvement de libéralisation de la parole. « Il y a beaucoup plus de dépressions que l’on ne l’imagine », poursuit Lydie. « Je vois beaucoup de jeunes sportifs qui viennent me voir. C’est un milieu par essence impitoyable. Si vous ne faites plus l’affaire, ou quelqu’un de meilleur arrive à votre place, tout s’arrête du jour au lendemain. Sur l’accompagnement de la performance, la France est plutôt bien structurée avec de nombreux centres. Mais à mes yeux, il faut encore développer l’accompagnement psychologique. » Travail sur le long terme Le RC Lens est connu pour ses méthodologies de travail innovantes. Dans la préparation physique, tactique mais aussi mentale. Depuis quelques saisons déjà, des cours de yoga sont proposés aux joueurs ainsi qu’à l’ensemble du staff. « C’est génial ce que fait le RC Lens à ce niveau. Intégrer des séances de yoga aux entraînements sans que ce soit une obligation. C’est Anne Lejot, qui est aussi professeure à l’université des sports de Liévin, qui a mis cela en place. C’est un outil qui permet d’apporter quelque chose d’autre aux joueurs qui en ont besoin. » La fin de la phrase est clef. Parce que non, tout le monde n’a pas besoin de séances de yoga, voire même d’un suivi psychologique. Ces pratiques vont chercher des réponses à des problématiques intimes, et sont à individualiser. Lydie Huyghe nous présente sa spécialisation, et les bénéfices que peuvent en retirer ses patients : « Je suis psychologue clinicienne, et j’utilise beaucoup d’outils qui sont très utilisés au Canada et aux États-Unis, comme le neurofeedback ou le neurotracker ». Ces termes scientifiques, Lydie Huyghe nous les explique avec pédagogie. « Tout commence avec un entretien d’introduction avec le sportif. Parfois, la demande vient de l’entraîneur, qui connaît son joueur et la problématique, et sur laquelle il n’arrive pas à intervenir. Parfois, l’initiative vient du joueur lui-même. À partir de la problématique, on identifie les outils qu’on va utiliser. Pour être concrète, il y a l’exemple type du joueur de football très bon à l’entraînement et qui n’arrive pas à répéter ses performances en compétition. On fait ici face à l’anxiété de performance, conséquence d’une perturbation, d’une inhibition. Pour vous donner quelques notions, sachez que dans notre organisme, nous disposons de deux systèmes nerveux : le central, ou le cerveau ; et l’autonome, à savoir les nerfs. Le système autonome est, lui, divisé en deux catégories : le sympathique et le parasympathique. Le sympathique, c’est celui qu’on active, qui va permettre de réagir rapidement, de se mettre en action sur le terrain pour un joueur de football. Parfois, il arrive que le système soit un peu trop actif, sans que cela ne soit souhaité. Cette suractivité peut générer des effets connus de tous, comme les mains moites, qui peuvent aller jusqu’à la tachycardie. » Et le parasympathique, donc ? « C’est la pédale de frein. Pour les sportifs qui vont rencontrer une anxiété de performance, on va utiliser le biofeedback et passer par le système parasympathique. L’objectif est que les exercices réalisés en partenariat avec le joueur, et parfois l’entraîneur, aient des effets sur le long terme, si possible de manière pérenne. » Photo So Foot Cette pérennisation est, comme dans tout travail de fond, la clef. Le risque étant de chasser le naturel avant qu’il ne revienne au galop. « L’outil biofeedback n’a rien de magique. Si on traite le psychisme, il faut également traiter le physiologique. Ce n’est pas parce que l’on a compris que l’on a un problème que le problème se règle de lui-même. Si vous avez un comportement qui est ancré dans vos habitudes depuis plusieurs années, le changement ne peut s’opérer instantanément. Le sportif peut ressentir un soulagement momentané, mais le processus demande du temps. » Lydie Huyghe parle également de la récupération permise par le sommeil. « Quand un joueur fait une performance, il faut aussi apprendre à redescendre émotionnellement. Il est très fréquent que les sportifs de haut niveau fassent des nuits blanches après une rencontre à haute charge psychologique ». Un constat que les supporters comprendront facilement. Celui qui lit ces lignes se souviendra de la difficulté de trouver le sommeil après la retentissante victoire contre Arsenal,

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