CULTURE SANG & OR

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André Delelis : visionnaire passionné ?

Positionnés à une inespérée 5ème place au moment d’aborder le dernier tiers du championnat, le Racing peut se permettre de rêver d’Europe, maintenant que l’objectif maintien est acquis. Pourtant, difficile de s’imaginer Lens européen il y a tout juste un an. Difficile également de nous imaginer prendre part à un débat sur les performances européennes des clubs français tant les joutes européennes nous paraissaient éloignées dans le passé (et dans le futur). Car ce problème refait régulièrement surface et on cherche, à chaque fois, “La” solution. La répartition des droits télés visant à nouveau à privilégier les « gros » n’était pas non plus à l’ordre du jour l’an dernier. Le passage à une ligue 1 à 18 voire 16, évoqué aujourd’hui par Vincent Labrune et soutenu par Canal + (ou le contraire) et la FFF, était par contre bien un sujet de conversation, à un moment où le club commençait à végéter en ligue 2 sans apercevoir le bout du tunnel menant à la ligue 1. Les conditions pour accéder en ligue 1 et a fortiori pour s’y maintenir tendant à se rétrécir, nous penchions nécessairement pour une solution qui permettrait aux « petits » clubs d’accéder à l’échelon supérieur de façon abordable. Revenons un instant sur un édito qui trouve aujourd’hui une résonance particulière au regard du contexte. « Appartenant jadis à la commission chargée par le gouvernement de proposer une réforme du football français, il m’est arrivé de batailler ferme, avec le concours de M. Guy Roux, contre la limitation à 18 clubs de la division nationale. Minoritaires, nous avons dû nous incliner devant ceux qui voulaient alléger la saison pour mieux préparer l’équipe de France et les clubs qualifiés en compétition européenne. Nous avons maintenant 18 clubs, c’est-à-dire moins de recettes et quatre rétrogradés : combien d’entre eux iront rejoindre Reims et Sète tombés dans l’oubli ou Sochaux, Nîmes et Saint-Etienne, autant d’équipes au passé glorieux qui luttent pour survivre ? En guise d’ « allègement », on a ajouté des matchs supplémentaires avec la Coupe de la Ligue et l’Intertoto ! Pour la saison qui s’ouvre, quinze clubs échapperont à la descente contre 16 la saison dernière. A peine ces erreurs accomplies, voici que l’on parle d’un championnat européen dans lequel s’affronteraient toute l’année les meilleures équipes des Nations composant l’Europe. Un rapide calcul laisse penser que la France n’y serait représentée que par une ou deux équipes maximum. On voit bien que Paris préfère rencontrer Barcelone ou Manchester que Rennes ou Châteauroux. Ainsi le championnat national, déjà privé d’une soixantaine de ses meilleurs joueurs partis à l’étranger, verrait ses recettes diminuer en l’absence de Monaco ou du PSG. Les recettes de télévision qui permettent aujourd’hui la survie de nombreux clubs de d1 fileraient vers l’Europe. Par ailleurs, il ne manquerait pas de dirigeants ambitieux conduisant leurs clubs à la faillite pour figurer parmi cette nouvelle élite. Ajoutez à cela la disparition prévue des subventions publiques en l’an 2000 et vous verrez que l’avenir du spectacle le plus populaire encore aujourd’hui est bien sombre. A moins que les dirigeants du football français ne se ressaisissent à temps… » Mettant le doigt sur certaines dérives liées au phénomène d’élitisation du football professionnel, ce discours met en avant la notion d’un sport « populaire » et n’est pas sans rappeler les dérives dont on parle en 2021. La présence des diffuseurs a par ailleurs pris de l’ampleur et ceux-ci prennent désormais place à part entière dans les prises de décisions. Pourtant, ce discours date de septembre 1997 et a été écrit par Monsieur André Delelis, alors maire d’une ville qui s’apprête à devenir championne de France, elle-même future championne du monde. Les quatre années qui suivent se joueront également à 18. Une recherche rapide permet de constater que les effets ne sont pas si bénéfiques : le spectacle n’est pas forcément meilleur et les performances européennes des clubs français ne sont pas plus élevées que lorsque le championnat reprendra à 20 équipes (à partir de 2002). Monsieur Delelis avait affiché sa préférence : couper le gâteau en 20 plutôt qu’en 18 en se disant que de toute façon ce gâteau serait nécessairement plus gros à 20 clubs. L’amour du football populaire et d’une représentativité plus étendue sur le territoire national semblaient avoir ses faveurs par rapport à une réduction du nombre de clubs (qui se résumerait probablement aux grandes agglomérations). Il était également visionnaire et mettait en garde sur un point précis : le passage à 18 n’est-il finalement pas qu’une façon de se préparer à un « super championnat européen » en allégeant le calendrier et en donnant plus aux « gros » ? Entre l’intérêt général et la dominance d’une élite, Monsieur Delelis avait choisi. Ecrit par Mathieu Fardel

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Pascal Boulogne dit Boubou : «Il y a vraiment une très bonne ambiance dans le groupe, ce que je n’ai pas forcément connu avec les groupes précédents. »

Pascal Boulogne dit « Boubou » était l’invité de l’épisode 24 de l’émission Culture Sang et Or. Intendant du Racing Club de Lens, il nous parle de son rôle, de ses rituels et nous dévoile quelques anecdotes ! Rappelons tout d’abord que boubou a une longue histoire avec le club car il était stadier. Il a fait notamment des matchs européens. C’est quoi ton meilleur souvenir en coupe d’Europe ? Je n’ai pas fait beaucoup de déplacements européens mais un match m’a marqué. On a reçu le Lech Poznan et ses supporters. J’étais à la barrière Delacourt et quand ils sont arrivés tous ensemble torse nu et crâne rasé, waouh j’étais impressionné. Pascal tu es donc intendant au RC Lens. En quoi ça consiste ? On s’occupe de la gestion de tout ce qui est matériel. Aussi bien pour les joueurs (match et entraînement) ainsi que pour la préparation des déplacements. On est avec eux tout le temps et on s’arrange pour qu’ils soient dans les meilleures conditions possibles pour travailler. On s’occupe de leurs vêtements et ils s’occupent de leurs chaussures, ce qui me paraît normal. Nous sommes trois en tout. Nous nous occupons également de la réservation des hôtels, des transports… On gère aussi la gestion des maillots pour les matchs en respectant le cahier des charges de la LFP. On doit toujours faire attention par rapport aux couleurs, aux diffuseurs… Vous verrez par exemple pour le match contre Angers, nous aurons une tenue un peu différente car les couleurs d’Angers sont communes avec certaines couleurs du Racing. Nous aurons donc un short blanc avec le maillot sang et or. Est-ce que tu as également un rôle de confident auprès des joueurs ? On discute souvent mais cela se fait automatiquement et au hasard des rencontres dans une journée. On ne parle pas plus avec l’un qu’avec l’autre. Après moi je suis capable de parler à un chien avec un chapeau (rires). On apprend à se connaître. Quel est le plus grand moment que tu aies connu au Racing ? J’ai été impressionné quand on est rentré de Bastia (CA Bastia) en 2014. Je transporte les malles dans l’aéroport et quand les portes s’ouvrent j’aperçois l’aéroport rempli. Il y avait une telle ferveur ! D’ailleurs pour l’anecdote, beaucoup de personnes de la sécurité qui étaient à Lille pour le rugby ont dû être rapatriées à l’aéroport. Quel est le joueur le plus superstitieux ? Jonathan Gradit est pas mal. Par exemple quand il gagne avec un truc, il lui faut pour le match d’après. Quels sont les joueurs avec qui tu t’entends le mieux ? Je discute pas mal avec Steven Fortes mais cette année je dirais que c’est un peu avec tout le monde. Il n’y a aucun joueur avec qui on ne discute pas. Il y a vraiment une très bonne ambiance dans le groupe, ce que je n’ai pas forcément connu avec les groupes précédents. Pour quel pari serais-tu capable de te raser la barbe (maintien, coupe d’Europe…) ? Si on bat Liverpool en finale de Champions League je me rase la barbe (rires). Est-ce qu’une victoire cette saison a davantage été fêtée que les autres ? Non pas spécialement, toutes les victoires sont bien fêtées. Après, personnellement, la victoire à Marseille est celle qui me marque le plus parce que gagner à Marseille c’est vraiment quelque chose. Battre Paris à Bollaert-Delelis c’était bien aussi. L’ambiance était belle. Boubou, en tant qu’intendant, tu as aussi une relation particulière avec les arbitres de touche. Tu n’as pas une petite anecdote sur une relation tendue avec un arbitre de touche récemment ? Ah oui, ce n’est pas trop grave mais à ce moment-là je prépare le panneau des remplacements puis je le donne à l’arbitre de touche et il a dû appuyer sans faire exprès, ce qui a changé le numéro. Quand il l’a levé je me suis aperçu que le numéro n’était pas le bon, j’ai donc insisté plusieurs fois mais il n’a jamais voulu m’écouter. Alors j’ai abandonné (rires). Et d’ailleurs j’en profite pendant qu’on parle des arbitres de touche pour dire que l’arbitre de touche du match contre Dijon n’avait pas une bonne préparation physique (rires) ! Pascal, c’est quoi ta journée type quand on joue à domicile ? En général le matin on va finir de préparer le vestiaire qu’on a commencé la veille. Ensuite je rejoins le groupe au restaurant afin de vérifier si chacun a pu obtenir le menu qu’il avait demandé. Ensuite on va au stade et on fignole les petits détails. Est-ce que tu as une dernière petite anecdote qui caractérise ton travail ? Une fois à Brest, la LFP avait accepté une couleur de maillot pour Nicolas Douchez. On  rencontre les arbitres avant le match et on présente les équipements. Et là, l’arbitre me dit : « non, le maillot de gardien ne correspond pas, les couleurs sont trop proches de celle de Brest. » On a eu un maillot de Brest et on a même dû bricoler un numéro avec du Strap. Ce sont des petits trucs qui peuvent arriver à l’extérieur et il faut rebondir rapidement. Pour revoir cette émission > iciRetrouvez l’ensemble de nos podcasts > ici Retranscription | L’équipe Culture Sang et Or

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Capitani, cadres en nord

Parallèlement à la réduction des salaires au sein du club (évoquée dans l’article « Nous sommes Lens »), Massadio Haïdara, Jean-Louis Leca et Yannick Cahuzac ont prolongé leur contrat avec le racing alors que ceux-ci expiraient en juin prochain. L’annonce de ces prolongations n’est pas un hasard. En effet, il s’agit de trois joueurs « cadres » de l’effectif. Qu’est-ce qui caractérise un joueur cadre ? On a l’habitude de mettre en valeur leur comportement dans le vestiaire ainsi que dans la vie du groupe, en plus d’un rôle souvent important sur le terrain. Bien souvent, ces joueurs possèdent des attaches régionales, un passé au club, ou encore une aura particulière auprès du public. Terre d’accueil Mais Jean-Louis Leca et Yannick Cahuzac ont autre chose. Ils possèdent un attachement à leur terre d’accueil et un devoir envers ceux qui les adoptent. En effet, si Lens est distante de la Corse de 1000 km à vol d’oiseau, c’est bien là que le Racing a trouvé deux de ses joueurs cadres, les incluant pleinement dans leur vision du renouveau lensois et la mise en abîme de la notion essentielle de collectif. Présent depuis 2018 au club, Jean-Louis Leca y a accueilli son ami de toujours Yannick Cahuzac un an plus tard. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces deux-là se sont parfaitement intégrés à la région et que celle-ci le leur rend bien. Ils se sont tellement bien adaptés au club qu’ils ont hérité des rôles de capitaine et vice-capitaine cette saison. Au mois d’août 2020, Franck Haise affirmait dans une interview qu’il comptait sur leur maturité pour en faire des repères et des garde-fous. « Je demande l’exemplarité aux joueurs comme Yannick ou Jean-Louis. Ils doivent nous aider pour savoir passer les temps faibles avec sérénité et calmer les esprits quand on a de bonnes périodes ». Ce sont des hommes de valeur. Yannick Cahuzac rappelait au micro de beIN Sports en mai 2020 que la montée en Ligue 1 était aussi celle de Philippe Montanier et de son staff, montrant ainsi sa reconnaissance envers ceux qui ont compté. Car oui ce sont des hommes de valeur, et quand on les adopte, ils nous le rendent bien. Quand Jean-Louis Leca interprète « les corons » accompagné de sa guitare sur la pelouse d’un Bollaert-Delelis vide pour présenter le maillot extérieur sur lequel sont écrites les paroles de cette chanson devenue hymne lensois, on y perçoit le symbole d’un attachement à sa terre d’origine, la Corse, et à sa terre d’adoption, le Pas-de-Calais. Voisins et amis, les deux hommes sont un repère l’un pour l’autre au sein d’une région dans laquelle ils retrouvent des valeurs chères à leur région d’origine : la Corse. Mais leur binôme est également un repère pour le groupe. Et, si leur rôle important sur le terrain l’est tout autant en dehors, on peut considérer que la réussite du groupe lensois depuis trois saisons est le résultat d’un attachement aux valeurs d’humilité et de combativité qui leur sont si chères. Et si on privilégie tant cet admirable collectif plutôt que les individualités depuis quelques saisons, ces deux-là en sont sûrement les bergers. Ecrit par Mathieu Fardel

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Être radical dans la nuance

Le football est devenu un produit de consommation de masse, même si ce dernier traverse actuellement une crise existentielle majeure. Hormis dans quelques pays, le football est le sport roi. Sa consommation évolue. Les nouvelles générations le font avec leur smartphone à la main. Free propose de voir des actions en “presque direct”. Évolution, involution, là n’est pas le débat. C’est simplement une contextualisation. Avec l’avènement des réseaux sociaux, la démocratisation des jeux de simulation, des paris sportifs et autres fantasy leagues, tout le monde est à peu près devenu un entraîneur, un président, un directeur sportif, mais rares sont ceux qui ont eu la chance de côtoyer le football de haut niveau de près. L’analyse “café des sports” est visible de tous, et les algorithmes des réseaux sociaux font que les buzz prennent souvent, que dis-je, tout le temps, le pas sur les analyses pondérées. C’est drôle parfois, lourdingue souvent. Le seul point sur lequel je fais preuve de radicalisme, c’est sur la nécessité absolue de nuances. Dès que l’on veut parler sérieusement de football. Car ce sport ne s’analyse pas en 280 caractères. Jamais un fait footballistique ne s’est expliqué par le prisme d’un seul et même facteur. Tu en vois 3 ou 4 ? Il y en a en fait peut-être 10. A la fin de chaque rencontre, les Top/Flop pullulent sur les réseaux sociaux. On remet une pièce dans la machine. Pourquoi pas, puisque tout le monde le fait depuis des années. Dirigeants, journalistes, chroniqueurs, et aujourd’hui Twittos. Pourtant, je pense qu’il faut toujours essayer de se construire un avis sur des tendances de fond, et surtout de se poser des questions plutôt que d’affirmer quoique ce soit. Prenons le cas Fortes, qui est passé de soldat, à tocard, à bonhomme, et ce en l’espace de 24 mois. Le football est un peu tombé dans son propre piège. On analyse tout à court-terme, et on ne sait plus projeter des performances sur la durée. Le joueur de football doit être opérationnel dans la seconde où il revêt le maillot de son employeur. C’est pour cela qu’on le paye, et qu’on a déboursé des millions pour racheter son contrat de travail, diront certains. Mais ce n’est pas cela, le football. Le cycle est un long fleuve tranquille Personnellement, je suis partisan des dynamiques plutôt que de l’observation de performances ponctuelles. Je préfère les boussoles aux thermomètres. Les tendances aux évènements. Où va le joueur, le collectif, le club ? Parfois, il faut effectivement se retenir de lâcher une affirmation, et même si on a tous envie de partager notre sentiment, guidés que nous sommes par cette passion du ballon rond. Sur une période de 3 semaines, l’objectivité ne peut exister. Pour affirmer quelque chose, il faut attendre. Dans le football, ça peut être un an, voire plus ? Qui se rappelle du démarrage d’Antoine Sibierski sous le maillot du RC Lens ? Voire même de celui de Tony Vairelles ? Les carrières ne sont pas linéaires, au contraire. Les cycles kondratiev, le fait que le point bas du moment soit plus haut que le point bas précédent. La progression en gros. Quand tu apprends à conduire ou à parler allemand (pour les plus courageux), tu passes par un cycle de progression, puis de stagnation, avant de repartir de plus belle. La dimension physique ou athlétique est également à prendre en compte. Certains avancent même que “le football est en train de mourir”, laissant place à un sport d’athlètes. La vision de jeu de Franck Haise et de son staff est assurément basée sur une performance aérobique de très haut niveau. Début janvier, le RC Lens était battu à domicile par Nice et Strasbourg. Le manque de fraîcheur était évident, pourtant les joueurs n’ont pas souhaité l’évoquer. Sincérité, humilité, ou communication ? Nul n’a la réponse. Mais est-ce qu’il serait complètement fou d’émettre l’hypothèse que le RC Lens était effectivement bien dans une période de creux ? Qu’un travail foncier avait pu être réalisé pour être en phase ascendante quelques semaines plus tard ? En prévision d’une fin de saison qui ouvre le champ de tous les possibles ? La puissance dégagée face à Marseille (deux fois), Nantes et Reims semble valider l’idée que le pic de forme, élément clef dans l’analyse de la saison d’un effectif, n’était pas programmé pour être atteint en janvier. Et qu’on est actuellement en train de s’en approcher. L’analyse ne peut jamais vraiment être standardisée. C’est-à-dire qu’à mes yeux, il est absolument impossible de comparer des situations sans prendre en compte les mille et un facteurs qui les différencient. Au mieux c’est une vulgarisation simpliste, mais souvent on tombe dans le hors-sujet total. Chaque argument peut être contré, sans qu’aucun des débatteurs ne puisse affirmer, au moment où il est pris dans la joute verbale, qu’il a raison. Car même les protagonistes de ce sport vivent dans l’incertitude. La tactique c’est comme un iceberg L’analyse tactique d’une rencontre de football est un exercice délicat. Surtout de l’extérieur, et quand on est impliqué émotionnellement. Le livre “Comment regarder un match de foot ?” donne des clefs. Il est indispensable de prendre en compte des éléments invisibles comme les consignes du coach. La tactique, c’est comme un iceberg. On ne voit vraiment qu’une infime partie du travail réalisé par un groupe. Si je te pose la question suivante : « quelle est la différence entre le 3-4-3 de Montanier et le 3-4-1-2 de Haise, que me répondras-tu ? Que la question est hors-sujet, car le schéma tactique n’est rien sans l’animation des onze bonhommes sur le terrain. On croit savoir lire un dispositif tactique, mais en fait pas du tout. Le dispositif que vous lisez sur l’Équipe ou la Voix du Nord avant une rencontre n’est qu’une projection de ce qui se passe en phase défensive, ou passive. On le voit bien, à la récupération du ballon, on peut voir un Fortes remonter au milieu pour faciliter la relance au sol, un Kakuta descendre derrière Fofana et Doucouré pour se sortir d’un marquage individuel, un Médina

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Eric Chelle : «Daniel était comme un papa pour moi et je suis content que le club et les anciens lui aient rendu cet hommage. »

Eric Chelle était l’invité de l’épisode 23 de l’émission Culture Sang et Or. L’ancien capitaine du RCL parle de son actualité, de Raphaël Varane et bien évidemment de Daniel Leclercq. Ancien capitaine du Racing Club de Lens, Eric Chelle que deviens-tu ? Après ma carrière de footballeur, que j’ai arrêté en 2014, je suis devenu entraineur. Je me forme pour devenir entraîneur, et cette année je passe le BEPF pour entrainer en Ligue 1, Ligue 2 ou partout dans le monde. Et là tu es du côté de Martigues où ça ne se passe pas trop mal cette saison… J’entame ma 4ème saison à Martigues. Deux premières années compliquées puisqu’on a été rétrogradés administrativement. Il a fallu reconstruire un groupe à base de jeunes. Cette année on commence bien, car j’ai fait revenir des anciens joueurs formés au club et avec les jeunes, ce n’est pas trop mal. Et il y a un point commun avec Lens à Martigues… Les « Sang et Or » ! Qu’est-ce que ça faisait de porter le brassard au RC Lens ? Tu as toujours dit que c’était un honneur. Oui, j’ai toujours dit que c’était un honneur. Je ne me suis jamais considéré comme un grand capitaine du Racing. J’ai fait une bonne carrière, j’en suis fier, mais je suis un joueur moyen de L1. J’ai joué à Valenciennes où c’était extraordinaire, mais Lens c’était stratosphérique. D’autant que tu as d’abord joué en CFA et il a fallu gravir les échelons par division. Oui, j’ai commencé le foot à 15 ans avec ma première licence à cet âge avant d’arrêter pour le basket et pour finir par revenir dans le football car mon voisin, qui était coach de l’équipe 3 qui évoluait en District, m’avait donné une paire de crampons pour que je vienne jouer avec eux. J’ai donc joué pendant 1 an où je me suis régalé, car on était tous des copains et après une bonne saison on m’a mis en réserve. Ensuite, je me suis vite retrouvé en Ligue 2 et comme il n’y avait plus personne au club, ils ont fait jouer les jeunes. Mon premier match se déroulait à Nîmes et j’ai débuté avec le brassard de capitaine à 20 ans. Le club a ensuite coulé et je suis arrivé à Valenciennes après quelques jours d’essais. Au début, je ne voulais pas revenir et je l’avais dit à Daniel Leclercq, car il faisait trop froid dans le Nord ! Enfin, je suis arrivé à Lens où j’ai pu découvrir les infrastructures d’un très grand club. J’ai eu la chance de jouer et d’être capitaine dans ce grand club. On peut tout m’enlever, mais on ne pourra pas m’enlever le fait d’avoir porté le brassard de ce grand club et que je suis dans l’histoire du Racing Club de Lens. J’aurais aimé que l’histoire se termine d’une meilleure manière, parce-que la dernière année a été compliquée, mais je n’en garde que de très bons souvenirs. Je quitte le Racing, car il y a un phénomène à mon poste. Là où j’en veux à Laszlo Boloni c’est que même si je ne joue pas j’aurais pu aider le club à se maintenir. Petite anecdote, en janvier, quand Laszlo arrive au club, je suis remplaçant à l’entrainement, c’est-à-dire que pendant que les autres s’entrainent, moi je suis avec Fred Mankowski et on se fait des passes. Ensuite il y a un stage à Séville, et pendant une semaine je suis en doublette avec Fred Mankowski à faire des passes. On revient du stage, car on a un match de Coupe de France à Paris et en sortant de l’aéroport Laszlo Boloni vient me voir et me dit « Eric tu n’es pas dans le groupe pour aller jouer demain à Paris, donc quand on atterrit que souhaites-tu faire ? Tu veux venir avec nous ou rentrer chez toi ? ». Je lui ai dit que je préférais rentrer chez moi, car il y a des choses que je ne comprends pas. Quelques temps plus tard, il revient me voir et me dit qu’il compte sur moi, car j’étais en contact avec un autre club de Ligue 1. Lui ne souhaite pas me voir partir et j’ai ensuite un échange avec Gervais Martel qui me dit : « Non tu ne partiras pas, le coach compte sur toi, il me l’a dit, donc tu ne partiras pas ». A la suite de ça, je reste avec tout ce que cela comporte avec l’envie d’apporter quelque chose. Je savais que je n’allais pas jouer tous les matchs, car j’avais 34 ans et il qu’il y a un jeune de 18 ans qui est un phénomène mondial que tout le monde regarde. On sait qu’un jour, quand on a 34 ans, il y a un jeune qui va arriver et prendre notre place. On le sait, ça fait partie du football. Mais j’en veux à Laszlo, car je n’étais pas considéré après m’avoir dit que l’on comptait sur moi. Un jour, j’arrive dans le bureau du coach et je lui ai dit que je ne reviendrais plus dans son vestiaire, que désormais je m’entrainerai et jouerai avec la réserve. A l’époque, l’entraineur est Olivier Bijotat. Je me suis régalé. Il y avait une belle équipe de petits jeunes et c’est à partir de là que j’ai décidé de devenir entraineur. Toi qui as vu débuter Raphael Varane, que penses-tu aujourd’hui de Loic Badé qui est beaucoup comparé à Varane ? C’est dur pour lui d’être comparé à Raphael, même si c’est un beau joueur, car Raphael à 16 ans il était déjà… Vous ne l’avez pas vu quand il est arrivé, lors du premier match que je le vois jouer en réserve il met un but du milieu de terrain face à Dunkerque en amical. Badé c’est fort, mais je préfère qu’il se concentre sur sa carrière. Je lui souhaite d’avoir une carrière à la Raphael Varane et il va très certainement s’en approcher, mais faut qu’il se focalise sur son jeu. Mais Raphael c’est pour moi

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Aruna Dindane : «Quand je donne ma parole, je la respecte.»

Aruna Dindane était l’invité de l’épisode 21 de l’émission Culture Sang et Or. Ancien attaquant du RCL, Aruna c’est pour rappel 132 matchs au RC Lens, 39 buts. Aruna, quel est ton meilleur souvenir de Lens ? Mon meilleur souvenir, ça va rester la finale de coupe de la ligue, même si on a perdu, ça reste le niveau le plus haut auquel on est arrivés donc ça restera mon meilleur souvenir. Que deviens-tu aujourd’hui ?En ce moment je suis en formation à Limoges dans le domaine de l’économie du sport. Parallèlement je m’occupe d’une association de football en Côte d’Ivoire.  Tu es dans le domaine du recrutement ? Tu observes les pépites ? Non, je travaille plus pour la défense des footballeurs ivoiriens. On connaît la situation des footballeurs en Afrique qui n’est pas évidente. Tous les joueurs là-bas n’ont pas la chance de pouvoir venir en Europe. On essaye donc de les aider et de les accompagner pour qu’ils puissent vivre de façon décente. Quel est le joueur qui t’a le plus inspiré dans ta carrière ? Sur toute ma carrière, je ne vais même pas parler d’un attaquant, et je vais parler de Lens. Le joueur qui m’a le plus marqué, impressionné c’est Hilton. Le fait de le voir encore jouer aujourd’hui est impressionnant. Je ne savais pas qu’il allait jouer jusqu’à cet âge-là. C’est vraiment un joueur atypique, très intelligent. Il avait un très bon timing et arrivait à prendre tous les ballons. Je me souviens de l’avoir vu jouer contre Jan Koller qui mesurait plus de 2 m. Il lui prenait tous les ballons de la tête. Jan Koller je le connais bien aussi pour avoir joué avec lui à Anderlecht. Il avait aussi un bon timing mais moi j’étais là sur le terrain et je voyais Hilton prendre le ballon ! Hilton mesure 1,78 m ! Il avait en plus une bonne relance. Vraiment il m’a impressionné comme défenseur. Comment as-tu vécu la transition entre la saison 2006-2007 et la saison 2007-2008 (début des années difficiles) ? Ça a été aussi difficile pour moi. Les deux premières saisons se sont bien passées et la troisième… ça va commencer à moins bien se passer. La quatrième saison je me blesse donc ça a été assez difficile. C’est dommage car nous avions vraiment du potentiel pour arriver derrière Lyon qui, à l’époque, était le PSG d’aujourd’hui. Est-ce que le match à Troyes perdu 3-0 est le match qui a marqué le début de la fin à Lens ? Oui tout à fait. Nous étions à un point de la ligue des champions et nous avions largement la place pour remporter ce match. Si on rejoue ce match dix fois on le gagne neuf fois. Et nous l’avons perdu. La descente de Lens a commencé là-bas et c’est vraiment dommage car nous avions vraiment tout pour y arriver. Parlons de l’époque Guy Roux. Y a-t-il des choses qui t’ont étonné avec lui ? Moi ce qui m’a marqué, c’est qu’on n’avait pas le droit de manger la salade avant le plat de résistance (rires). Plus sérieusement il n’est pas resté longtemps donc il ne faut pas non plus lui attribuer tous les échecs du club. On avait largement la possibilité de se maintenir et on ne l’a pas fait. Quand en 2008 le club est descendu en ligue 2, beaucoup de gens ont cru que tu allais partir et finalement tu es resté. Pourquoi ce choix ? Il est vrai que j’ai toujours pris des décisions à contre-courant. Je suis resté à Lens pour me soigner et espérer rejoindre rapidement le terrain. Je suis fidèle. Parlons de ce transfert à Marseille qui ne s’est pas fait. Tu étais à Anderlecht et tu as finalement choisi Lens comme destination en France. Peux-tu nous parler de ce choix ? Je suis assez effacé et timide dans la vie mais j’ai beaucoup de valeurs. Quand je donne ma parole, je la respecte. J’avais donné ma parole à Gervais qui s’était déplacé jusqu’à chez moi en Belgique. Ça a fait la différence. Et je ne regrette pas d’être venu à Lens. Si je répète les propos de Grégoire Margotton « Pas pour Dindane, pas pour Dindannnnneee, exceptionnel ! » est-ce que ça t’évoque quelque chose ? Lens-Saint Etienne, 2007-2008. Nous étions menés à la mi-temps et nous avions tous été touchés dans notre amour-propre. Il fallait donc réagir en deuxième mi-temps. On a réussi à le faire, c’était vraiment magnifique. On ne pouvait pas accepter que quelqu’un nous fasse ça à Bollaert et donc il fallait réagir. Quel est ton plus beau but à Lens ? J’ai mis quelques buts importants mais j’avoue que c’est celui marqué contre Nancy. Pourquoi ? Parce que c’est mon premier but en championnat Lens a affronté Marseille cette semaine. Aruna tu as fait pas mal de matchs contre Marseille, est-ce que c’était un rendez-vous spécial d’affronter cette équipe ? C’était toujours un match différent quand on jouait contre Marseille. Quand tu es joueur et que tu rencontres Marseille tu as toujours envie de les battre. Ça a toujours été un match spécial. En ce qui concerne le match nul contre Marseille, je suis assez satisfait il ne faut pas oublier d’où l’on vient. Un point c’est toujours bon à prendre. Que penses-tu du début de saison de Florian Sotoca ? Il faut qu’il continue parce que le plus important pour un attaquant c’est la combativité et il l’a. Après, le reste, l’efficacité, ça viendra. Un jour un grand monsieur m’a dit : « Pour un attaquant le plus important ce n’est pas de marquer. Le plus important c’est de se créer des occasions.» Un avis sur Seko Fofana, ton compatriote ivoirien ? Est-ce que tu connais bien ce joueur ? Malheureusement non car je ne suis pas souvent ici. Mais je sais néanmoins que c’est un joueur d’avenir et qu’il a bien fait de venir à Lens. Il fera de bonnes choses. Il va encore progresser et pourquoi pas s’installer en sélection ivoirienne. Pour revoir cette émission > iciRetrouvez l’ensemble de nos podcasts > ici Retranscription | L’équipe Culture Sang et Or

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Sarah M’Barek : «On va tout faire pour répondre à l’attente du club, parce qu’on nous donne des moyens. C’est ce que j’explique aux joueuses. »

Invitée de l’épisode 20 de l’émission Culture Sang et Or, Sarah M’Barek, manageure et entraîneure du RCL féminin revient sur sa carrière et le projet du Racing. Sylvain Creis : Coach, manager, tu es plus qu’une coach au RC Lens pour les Féminines ? Sarah M’Barek : Oui en effet, j’ai une double fonction : j’ai une fonction de manager, et puis entraîneur de l’équipe première, avec l’objectif de structurer cette section féminine et de la faire évoluer le plus rapidement possible, et le plus sereinement possible. Sylvain Creis : On va commencer par te présenter, en dire un peu plus sur toi. Ancienne joueuse professionnelle notamment, passée par Montpellier. Tu as commencé à coacher à Montpellier, très jeune, puis tu as eu une expérience internationale avec Djibouti (ndlr : Sarah M’Barek a également entraîné l’EA Guingamp pendant cinq saisons entre Montpellier et Djibouti) et là tu arrives dans le projet RC Lens. Raconte-nous déjà ta carrière ? Sarah M’Barek : Ma carrière d’entraîneur ou de joueuse ? Sylvain Creis : De joueuse ! En plus il y a eu l’équipe de France, ce n’est pas rien (rires) ! Sarah M’Barek : J’étais en sélection de jeunes depuis mes 14 ans, j’ai fait un peu mes classes. Et puis j’ai eu ma première sélection en 1997, à 20 ans, contre la Suisse, ou l’Italie, j’ai un doute. J’ai côtoyé le très haut niveau. Je n’ai pas beaucoup joué, j’ai toujours été sélectionnée mais en terme de nombre de sélections ce n’est pas très élevé (18), mais par contre j’étais dans le groupe à chaque fois. C’est ce qui a développé mon envie d’être entraîneur, d’être sur le banc et développer cette faculté à analyser les choses. A ressentir des choses très difficiles, parce que quand on ne joue pas c’est dur. D’être capable d’en parler avec son entraîneur. J’ai développé cet esprit d’analyse en étant sur le banc. A côté de ça, j’ai eu la chance de pouvoir évoluer en première division, à la Roche sur Yon puis à Montpellier, où j’ai joué pendant six ans. Et puis j’ai eu un problème de santé. J’ai été greffé du rein en 2006. Quand on est greffé du rein, on est greffé dans la fosse iliaque, et c’est très exposé aux chocs. Donc je m’étais promis d’arrêter complètement ma carrière de joueuse si cela arrivait, et c’est arrivé, du coup j’ai mis un terme à ma carrière. Et puis j’ai enchaîné tout de suite au poste d’entraîneur, j’ai eu cette opportunité offerte par Louis Nicollin de pouvoir reprendre l’équipe première, l’équipe avec laquelle j’avais joué deux années avant. Avec des joueuses qui étaient des amies, c’était un petit peu compliqué au départ. J’ai relevé ce défi et je suis resté 6 ans à la tête de cette équipe. Sylvain Creis : Et puis des titres en tant que joueuse, et coach, ça s’est joué à rien ? Sarah M’Barek : Oui ça s’est joué à rien. Les années montpelliéraines ont été très fructueuses en termes de titres ou en termes de compétitions.  On a gagné la Coupe de France, on a joué la Ligue des Champions , on est allées jusqu’en quart de finale. On est éliminées, sans avoir perdu, par un match nul. Ca reste une très très belle expérience, et c’est ce qui m’a vraiment donné envie de poursuivre sur cette voie parce que j’ai senti que c’était fait pour moi. Sylvain Creis : Et derrière, Guingamp, Djibouti, et puis quelque chose qui te caractérise, et qui transpire dans ces projets : on te dit « bâtisseuse » ? Sarah M’Barek : C’est vrai qu’à chaque fois, ce sont des projets qui demandent de la construction, de l’investissement, du temps pour pouvoir mettre en place des choses, de la formation notamment, et puis des choses qui perdurent dans le temps. Une certaine  stabilité, et ça me caractérise. Que ce soit Montpellier, Guingamp ou même Djibouti où ça n’a duré qu’une saison, on a réussi en peu de temps à construire des choses qui, je pense, vont avoir des conséquences rapidement, car ça se passe bien avec la personne qui a pris le relai. Et Lens, qui de par ses valeurs, son histoire, m’a attirée et c’est vrai que je suis très très contente d’être ici. Ça se passe bien, même si c’est une situation et une saison particulières. On sent qu’il y a une très bonne motivation, une grande envie de faire évoluer la section féminine, et je suis très très motivée ! Sylvain Creis : Est-ce que tu peux nous présenter ce projet RC Lens Féminins ? Sarah M’Barek : L’objectif c’est de pouvoir structurer tout ce qui est catégorie de jeunes, car il y avait déjà des choses mises en place. Maintenant il faut être capable de donner l’esprit et les valeurs du RC Lens, d’inculquer aux jeunes l’esprit de compétition, la culture de la gagne, l’envie d’aller au haut niveau et de jouer avec cette équipe première. Et puis pour l’équipe première, l’objectif c’est de monter en première division. C’est dur avec cette saison un peu compliquée, mais on s’était fixés deux-trois ans, sans se fixer de date, mais le plus rapidement possible. Mais avec l’envie et l’objectif de ne pas faire la navette, vraiment de construire une équipe et un projet qui puisse durer et perdurer en première division. Amaury Demonchaux : Quand tu es arrivée Sarah, quelle est la synthèse que tu as faite ? Tu as analysé tout ce qui se passait au niveau de la formation. Est-ce que pour toi il y avait déjà une vraie belle base qu’il faut juste sublimer et apporter l’expertise professionnelle ? Ou est-ce qu’il y a beaucoup de travail et tu penses que ça va prendre beaucoup de temps ? Sarah M’Barek : Il y a une très belle base au niveau des jeunes. C’était peut-être un petit plus dans un travail de masse et de quantité. Donc c’est de ce côté-là qu’il faut écrémer et mettre en place la pyramide vers le haut niveau et l’équipe première. Mais tout ce qui a

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Chercheurs d’or

Le mercato hivernal vient de s’achever et fut finalement calme côté lensois, à l’instar de la majorité des clubs de ligue 1. Au rayon départ, notons toutefois le départ en prêt de Charles Boli au Paris FC, ainsi que les départs définitifs de Cyrille Bayala (Ajaccio) et Alexandar Radovanovic (Courtrai). Franck Haise avait annoncé très tôt que l’effectif professionnel était pléthorique et qu’il nécessiterait un allègement. C’est donc chose faite. Cependant, ces départs voulus n’ont pas été les seuls évoqués durant ce mois de janvier. En effet, le retour tant attendu du racing au plus haut niveau entraîne des effets inévitables. La mise en lumière des performances de l’équipe a entraîné la curiosité du public, des spécialistes et des recruteurs. La réalité des transferts s’impose donc aujourd’hui à un racing qui n’avait probablement pas prévu d’entrer (si vite ?) dans une logique de trading de joueurs. Mais les temps changent rapidement et, comme on l’entend de plus en plus, le football doit se réinventer. On l’a donc bien compris, les rares occasions de renflouer les caisses devront toutes être étudiées. En ce sens, les circonstances vont probablement pousser les dirigeants lensois à s’asseoir régulièrement autour d’une table pour discuter. Il y a plusieurs raisons à cela mais on peut en relever deux majeures : la dégradation soudaine du contexte sanitaire et le scénario tout aussi imprévu du faux-bond de Médiapro. Les recettes ont diminué à cause de la fermeture des stades et la situation économique est devenue dangereuse en pleine cacophonie générale sur l’attribution des droits télé. On l’a donc bien compris, les rares occasions de renflouer les caisses devront toutes être étudiées. Les bonnes performances de l’équipe ont mis en avant les prestations collectives et individuelles. Certains joueurs ont donc naturellement attiré l’œil de grands clubs européens. Et en particulier les jeunes joueurs qui sont devenus une cible prioritaire lors de ce mercato hivernal (et le seront probablement lors des prochains) car les joueurs dont le prix de transfert est trop grand, et qui plus est, possèdent des salaires souvent mirobolants, sont devenus inaccessibles, mêmes pour les clubs européens les plus riches. L’heure est donc aux paris et à la spéculation. En d’autres termes, il faut flairer les bons coups. Dans cette perspective, Loïc Badé, Facundo Médina, Cheick Doucouré ou encore Seko Fofana devraient être rapidement des cibles. Il était d’ailleurs fréquent, très tôt dans la saison, d’entendre lors de discussions passionnées dans les travées des réseaux sociaux, devenus notre Bollaert virtuel, qu’il ne fallait pas s’attendre à conserver ces joueurs 3 ou 4 ans. En ce qui concerne le board lensois et notamment le président Joseph Oughourlian, il y aura probablement un équilibre à trouver pour concilier les aspects sportifs et économiques. Nous sommes probablement condamnés, pour quelques temps, à devenir des dénicheurs de « pépites » Il s’agira de rester compétitif sur la scène de la ligue 1 tout en veillant à rester solide d’un point de vue financier. Ainsi, nous sommes probablement condamnés, pour quelques temps, à devenir des dénicheurs de « pépites », terme que les médias ont pris l’habitude d’utiliser à tout-va. Ceci sera possible grâce au travail minutieux de la cellule de recrutement. On peut d’ores et déjà dire qu’il a été l’un des facteurs de la réussite de cette première moitié de saison plus qu’honorable. Car le club est promu et se situe dans une étape de transition entre une période d’une dizaine d’années difficiles financièrement et sportivement, et un retour au plus haut niveau national. C’est tout le mal qu’on souhaite au racing afin de retrouver la scène européenne qui a tant fait vibrer notre stade. Ecrit par Mathieu Fardel

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Luc Dayan : « Ce qu’il faut savoir c’est qu’il y a eu des moments où j’ai cédé et d’autres où je n’ai pas cédé. »

Invité de l’épisode 19 de l’émission Culture Sang et Or, Luc Dayan est revenu sur son passage à la tête du Racing Club de Lens et évoque la situation actuelle du football. Thomas Deseur : A la fin de l’année 2012, le Crédit Agricole fait appel à vous pour occuper la fonction de président du Racing Club de Lens. L’idée étant de réaliser une transition, afin de maintenir le club financièrement et sportivement, pour en réaliser la revente auprès de Gervais Martel avec l’appui d’Hafiz Mammadov. Parlez-nous de ce premier jour où vous êtes arrivé à La Gaillette. Luc Dayan : J’avais demandé que l’on réunisse tout le monde dans l’amphithéâtre de La Gaillette, les salariés, les joueurs et les associations de supporters, pour se présenter et expliquer la situation. Il a fallu affronter le fait que j’ai été président du LOSC qui, je le savais, pouvait se montrer problématique. Même si nous avions joué à l’époque avec Lille à Lens, j’ai pu garder d’excellentes relations avec les dirigeants et des amis à Lens. Mais le 1er jour, je n’en menais pas large, car il s’agissait du 1er jour où Gervais (Martel) n’était plus président, je connaissais la situation financière et l’étendue de la tâche, car le stade Bollaert était dans un état désastreux. Il y avait une Banque (le Crédit Agricole), qui mettait de l’argent, qui se demandait comment faire et qui s’est posée la question s’il ne fallait pas couper. Il fallait reconnecter tout ça et ce 1er jour je suis arrivé avec Antoine Sibierski, qui adore le club de Lens, en qui j’ai une grande confiance et qui faisait le lien avec les anciens. Je me rappelle ce jour avec beaucoup d’émotion, car il n’était pas sûr que ça prenne, que le discours passe et que les gens comprennent la problématique. Thomas Deseur : Vous avez succédé à Gervais Martel, est-ce qu’il pensait que vous étiez la personne idoine pour lui succéder ? Luc Dayan : Gervais m’a dit : « Si ça n’avait pas été toi, je leur aurais mis le feu ». On se connaît avec Gervais et je pense qu’il y a eu cette rivalité à l’époque de Lille, mais je suis un personnage un peu atypique dans ce monde là et je le lui avais déjà dit à l’époque où nous étions à l’UCPF (Union des Clubs Professionnels de Football) et que nous échangions sur les relégations, il me disait « Mais non ! Lens ne descendra jamais ! ». Je suis donc un personnage atypique, mais il sait que je suis droit et que j’aime les clubs, c’est-à-dire que j’aime l’importance qu’ont les clubs dans une ville. J’aime le lien entre les différentes parties et cette complicité. J’adore le football qui fait parti de ma vie. Ce lien avec Gervais, durant cette période difficile, a probablement aidé à ce que le club n’explose. J’ai fait attention aux mots que je prononçais, car j’avais connaissance de toute la problématique financière. J’étais là pour trouver les conditions afin que le club puisse : 1) rester en vie et 2) créer les conditions pour qu’il puisse repartir avec ou sans Gervais. Ce défi m’a passionné, c’était un moment clé de l’histoire du club et c’est l’un des dossiers dont je suis le plus fier. Je me souviens de la suite des événements où il fallait aussi convaincre le Crédit Agricole, et ses sociétaires, de faire des efforts. Puis il a fallu rencontrer l’ensemble des politiques concernant la rénovation de Bollaert. Le fait d’être une personne extérieure a facilité les choses, car je n’avais pas d’intérêts avec des missions claires et déclarées. Je n’étais pas là pour m’approprier une fonction de président ni une richesse. Avec beaucoup d’engagements, c’est une mission réussie, le club a été sauvé et les travaux de Bollaert ont pu être votés, ce qui était indispensable. Thomas Deseur : Dans votre CV, vous êtes vu comme un « sauveur de clubs », mais qu’est-ce qui change entre faire cette mission à Lens et dans un autre club ? Luc Dayan : Il y a des clubs comparables dans lesquels je me suis senti bien et où je me suis senti à l’aise au moment je suis arrivé, que ce soit avec les salariés, l’environnement ou l’histoire. On peut prendre comme exemple Nantes, où j’ai été extrêmement à l’aise très vite, avec un dossier compliqué et qui a été géré dans l’urgence. C’est un endroit où je me suis fait des amis et où j’ai gardé des relations avec certains salariés. A contrario, il y a des clubs où vous avez moins cette charge émotionnelle comme par exemple Nice, qui est un club que j’ai également sauvé. Ici, le fait d’avoir été à Lille et de connaître l’histoire de Lens, les joueurs et l’environnement m’a beaucoup facilité les choses quand même. Le Nord, où j’ai vécu pas mal de temps et avec ses différences entre Valenciennes, Lille et Lens, dispose des mêmes personnalités politiques. Si je prends l’exemple de Daniel Percheron, que je n’ai pas connu quand j’étais à Lille, mais qui a entendu tout le travail effectué à l’époque, ça crée des climats de confiance. D’ailleurs, Michel Faroux (Directeur Général Adjoint du Crédit Agricole de 2008 à 2016) me l’a dit : « Si on t’a choisi, c’est pour le travail effectué à Lille ». Ça prouve que les gens avaient gardé la trace de qui avait été fait, même à la suite des décisions impopulaires que j’avais prises, mais qui ont sauvé le club. Par exemple, l’argent de la Ligue Des Champions qui avait servi à construire le centre de formation et c’est ça qui a servi de base au LOSC que l’on connaît aujourd’hui. Comme j’ai pu le dire, j’aime les clubs et ce qui me rend dingue, ce sont les présidents qui sont prêts à faire exploser les clubs en les mettant dans des situations intenables et qui quand ils explosent, descendent de 5 divisions comme ça a pu être le cas pour Bastia ou Strasbourg, c’est une catastrophe. Gregory Lallemand : Vous parliez de décisions impopulaires, mais il y

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L’histoire « so british » du partenariat Lens et Umbro en 1996

En signant avec le RC Lens à l’été 96, l’équipementier britannique Umbro avait eu du flair. Deux ans plus tard, le club du Pas-de-Calais était sacré champion de Division 1, devant la France entière du foot, avec la marque au double losange tissée sur son célèbre maillot Sang et Or. Un gros coup marketing pour cette firme mancunienne fondée par les deux frères Humphrey en 1924 et dont le siège social en France était situé à Vitré (Ille-et-Vilaine). Umbro était déjà bien connu en Europe et même au-delà puisque la marque équipait la Seleçao en plus des Three Lions ou encore Man U, l’Ajax, l’Inter et la Lazio… Surtout, elle venait de sponsoriser l’Euro 96 organisé dans son pays. Et dès le début des 90’s, les sweats au double losange fleurissaient dans les « terraces » des stades Outre-Manche mais aussi parmi les groupuscules hooligans en Europe et notamment à Paris dans la tribune rouge du Parc des Princes, côté Boulogne. Néanmoins, à deux ans de la Coupe du Monde 98 en France, l’équipementier britannique avait besoin de se développer dans l’hexagone. Avant le Racing, il n’équipait guère que le club d’Aurillac coaché par Thierry Oleksiak en N3. Son chiffre d’affaires était en constante augmentation sur le sol français mais il fallait un développement plus massif. A travers le foot puisque Umbro ne faisait que du foot. A l’été 1996, le rapprochement entre Umbro et le RCL s’est donc fait presque naturellement. Umbro lorgnait sur le club le plus british de l’hexagone tandis que le RCL, revenu sur l’échiquier européen, rêvait d’un merchandising à la Manchester United. « On n’a pas choisi Lens par hasard, expliquait d’ailleurs le responsable d’Umbro France dans les colonnes de France Football à la reprise de la saison 96-97. Il y a ici de vrais supporters, un vrai public qui se rapproche de notre culture anglaise. Et puis on voulait comme cadre un vrai stade de foot qui ne serve qu’au foot et qui ne soit pas récupéré par une autre activité et donc un autre équipementier. Enfin, Lens était intéressé par notre capacité à vendre des produits répliquats. » Soit des maillots, shorts, chaussettes et autres tenues d’entraînement portés par les idoles des supporters. Au Racing, Serge Doré, bras droit du président Gervais Martel, avait pour mission de développer le chiffre d’affaires des produits dérivés du club. Sa référence : Manchester United et son mégastore qu’il était allé visiter plusieurs fois et dont l’essentiel des produits était estampillé Umbro. La marque britannique et Lens s’engagent alors pour cinq années. « Lens fait comme nous, avait déclaré Dominique Potel d’Umbro France à la signature, son équipe dirigeante a attendu d’avoir une base suffisamment solide avant de lancer son véritable développement. On n’a rien sans de bonnes bases. » Les fondations du « nouveau » RC Lens étaient construites par Gervais Martel et son équipe depuis sa prise de fonction en 1988. « Le savoir-faire d’Umbro et son professionnalisme sont pour nous un gros atout, commentait l’homme fort des Sang et Or, nous travaillons nos gammes afin de promouvoir l’image de Lens en dehors de la ville. Outre Umbro, qui fera connaître le Racing via ses maillots et d’autres produits, on planche, par exemple, sur une marque de jus d’orange RC Lens ou même un camembert RC Lens. Il nous faut véhiculer l’image de notre club sur les produits de tous les jours. » La « britannisation » du RC Lens était en cours avec, également, les premières salles VIP prévues au coeur du nouveau stade Bollaert version Mondial 98. Le club disposait alors d’un budget de 120 millions de francs « qu’il faut faire passer à 150 voire 200 millions dans les deux ans si on veut être performants », précisait GM. Umbro avait donc confectionné trois maillots durant l’été 96 : le rayé sang et or pour les matchs à domicile (et qui sera celui du premier et unique titre de Champion de France du club), le jaune et turquoise pour l’extérieur, et un rayé noir et blanc « façon Juve » lorsque les deux premiers ne convenaient pas. Ce dernier fut par exemple utilisé dès la 3ème journée du championnat 96-97 à Nantes (voir vidéo). Lens parcourra ensuite l’Europe, de Tel-Aviv à Vigo en passant par Kiev, Athènes ou encore Madrid, avec son maillot Sang et Or Umbro. A l’aube de la saison 2001-2002, un nouvel équipementier, Nike, succèdera à Umbro. Ecrit par Yann Lefrère (Vintage RCLens)

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