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Sylvain Lemoine, dit Sylvano : « Moi j’ai besoin d’être au stade trois heures avant. »

Nouveau speaker de Bollaert-Delelis, en duo avec Karine Mayeur, Sylvain Lemoine dit « Sylvano » était l’invité de l’émission Culture Sang et Or épisode 17, le lundi 18 janvier. Supporter du Racing depuis 1986 et ancien capo de la Marek, il nous a notamment expliqué comment il gère cette saison particulière. Thomas D : Tu es donc avec Karine le duo speaker du Stade Bollaert. Avant de parler de toi en tant que supporter Sang et Or, est-ce que tu peux nous expliquer ce que c’est concrètement d’être speaker ? Sylvain L : Je suis tout frais dans la profession, je suis un rookie. Je pense qu’on doit être le trait d’union entre le public et la pelouse. Ca part de là. Ce n’est pas uniquement venir au stade à 20h, et puis crier les noms des joueurs. Il y a un boulot en amont. On doit se rendre au stade trois heures avant, se rencarder avec Karine et faire l’avant-match, si il y a des hommages à faire, des speachs à faire, découvrir le conducteur du match. Karine c’est ma collaboratrice, elle met en place le conducteur dans la semaine. On se retrouve avant le match et on a un conducteur minuté à tenir seconde par seconde à partir du moment où on prend le micro, jusqu’au moment où les gens quittent le stade. TD : Alors Sylvano, je vais peut-être te donner un scoop, tu sais que il y avait plusieurs personnes en concurrence pour devenir speaker, et en finale, bah j’y étais. Je me suis dis « ah j’espère qu’il ne va pas être bon, et qu’on va venir me chercher ». Mais en fait le problème Sylvain, c’est que tu es bon. Sylvain L : Merci, mais du coup félicitations à toi pour avoir été en finale ! Samuel D : J’ai connu Sylvano quand il était capo, c’était un truc de fou. Il avait une capacité pour emmener la Marek c’était impressionant. J’avais quatorze ans, j’étais fasciné par Sylvano, l’énergie qu’il mettait pour arranguer la foule, pour faire chauffer toute la Marek, tout le stade, c’était vraiment incroyable. Sauf ton respect Thomas, je trouve que le club a fait un bon choix avec Sylvain. Moi je n’attends qu’une chose, c’est d’avoir 38,000 personnes à Bollaert pour le voir à l’oeuvre aussi. Thomas D : J’espère qu’il aura une gastro pour que je puisse le faire au moins une fois. Grégory L : Je le connais bien Sylvain, pour avoir fait quelques matchs à Bollaert. C’est quand même un choix fort. Sylvain est supporter de Lens depuis 1986. Il connaît les murs ! Il est capable d’emmener que ce soit en Marek, mais aussi dans les parcages à l’extérieur, il connait les gens presque visuellement, ça veut dire qu’il a ce contact direct, les gens savent qu’il est là parce qu’il est supporter de Lens. Il y a ce lien fort. Et surtout, les soirs de matchs, quand on aura la chance de vivre des matchs dits normaux, il aura les reflexes, les codes. Il a fait des tifos. Il aura un avantage sur tous les speakers de France. Il faut de la compétence partout pour que ça réussisse dans un club. C’est le créneau de la nouvelle direction. Je suis persuadé qu’ils vont trouver leur rythme de croisière et qu’avec Karine, ils vont s’éclater. Thomas D : C’est quoi ton meilleur souvenir de capo ? Et ton plus grand rêve en tant que speaker ? Sylvain L : D’un point de vue personnel, j’ai trouvé ça vraiment bien. Et après, il y a le côté collectif, que j’ai toujours tenu à mettre en avant. Il y a forcément le match de Bordeaux (quart de finale de CDF, ), la façon dont le match a été amené. Je ne « montais » plus à cette époque-là [« monter » dans le jardon veut dire prendre le rôle de capo, monter sur le perchoir], je suis arrivé au stade, j’ai cru comprendre que je devais monter, je n’avais pas trop le choix. Je n’avais pas prévu de monter sur ce match. Il y a ce match là, en plus l’ambiance était exceptionnel. Par rapport à ce match, je n’ai pas l’impression d’être un vecteur très important du match. L’idéal c’est que l’ambiance n’ait pas besoin d’un capo. L’idéal d’un point de vue technique, c’est moins le capo a de travail, mieux c’est ! Je pense que c’est la même chose pour le rôle de speaker. Même si ce sont deux choses différentes. Le speaker c’est un autre rôle. Ce n’est pas à lui de mettre le feu. Ça c’est le rôle du capo. C’est d’ailleurs ce qui me faisait peur, ne pas réussir à bien distinguer mon rôle de suite. Je n’ai pas pu m’entrainer beaucoup. Mais je me suis senti bien plus à l’aise contre Bordeaux (ndlr : de cette saison, en tant que speaker), j’ai trouvé des mots plus justes, j’avais une meilleure répartie, une meilleure approche du match, de l’avant-match. […autres souvenirs en tant que capo] Les matchs de Coupe d’UEFA. La grosse épopée, c’est encore quelque chose de très très spécial. Après, il y a le match contre le Milan AC, parce que j’ai grandi avec le Milan AC de Gulit, Van Basten, de les voir venir à Bollaert et leur mettre la fessée, je me souviens avoir pleuré le soir même, sur la grille j’étais en larmes. Ce sont des très très grosses émotions. Et sinon je penserais au jubilé de Roger Boli. C’est une grosse histoire, pour diverses raisons. C’est un match important dans mon histoire personnelle. Dans l’histoire des tribunes de Lens. Grégory L : Il faut rappeler que c’est au cours de ce match, en mai 2001, que pour la première fois, les ultras, et notamment les Red Tigers, se sont regroupés au centre de la Marek, avec le reste du kop. Alors qu’avant cela, il y avait des tensions latentes. Ça a été le début de quelque chose. Après le collectif Tony Marek est arrivé. Il y a eu une union des

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« Mustapha, Mustapha, hey, hey » : comment le transfuge de l’OGC Nice a métamorphosé le RC Lens.

« Mustapha, Mustapha, hey, hey, Mustapha, Mustapha »…  Au tout début des années 90, bien avant le célèbre « Tous ensemble », le kop de Félix-Bollaert, très clairsemé à cette époque (7 597 spectateurs de moyenne sur la saison en D2), sautait à l’unisson pour acclamer sa nouvelle vedette du milieu de terrain, Mustapha El Hadaoui. En quelques semaines, le meneur de jeu marocain, transfuge de l’OGC Nice à l’automne 90, avait été unanimement adopté par le public Sang et Or. Il faut dire que le natif de Casablanca avait véritablement métamorphosé le onze lensois dès son arrivée en Artois en septembre 1990. Le Racing, qui entame alors sa seconde saison en 2ème division et ambitionne le haut du classement, sous les ordres d’Arnaud Dos Santos, touche le fond : 16ème de D2 après dix journées (5 défaites, trois nuls et deux victoires). Si bien qu’au retour d’une défaite à Tours, le jeune président Gervais Martel veut démissionner. Il en fait part durant le voyage à ses acolytes André Dubocage et Serge Doré. Lesquels tentent de le dissuader en trouvant un argument quelque peu farfelu : « A partir d’aujourd’hui, on ne perd plus ». Suffisant pour convaincre le néo-président, qui a déjà subi une relégation, de ne pas jeter immédiatement l’éponge. Mieux encore, ça le regonfle à bloc ! Gervais Martel fait imprimer un calicot sur lequel il fait inscrire :  « A partir du 22 septembre 1990, Lens ne perd plus ». Il accroche la banderole dans le vestiaire de ses joueurs. Mais comment ne plus perdre alors que l’équipe est en pleine déroute ? « Il faut un numéro 10 dans cette équipe », s’accordent à dire Arnaud Dos Santos, Jean-Luc Lamarche et Gervais Martel. Ce dernier scrute les effectifs des clubs de D1 pour tenter de dénicher une perle rare au milieu de terrain. Lens sonde le FC Nantes pour faire venir l’international belge Franckie Vercauteren. Trop cher. Finalement, le Racing opte pour l’élégant milieu offensif niçois, Mustapha El Hadaoui, peu utilisé par son coach Jean Fernandez. L’international marocain (55 sélections entre 82 et 94) arrive au Racing auréolé d’une réputation de grand technicien. Le natif de Casablanca et star du Raja a d’abord évolué au FC Lausanne en 1985 « pour s’acclimater, faire ses armes et se faire connaître dans un championnat moins difficile que celui de la France », expliquait-il à Sang et Or Magazine en 1993. Puis, jouissant de la double nationalité franco-marocaine (son père ayant servi dans l’armée française), il rejoint l’ASSE et son mythique maillot vert (87-88) avant d’endosser le Rouge et Noir des Aiglons de Nice (88-90), laissant de bons souvenirs aux supporters de ces deux clubs. Le 29 septembre 1990, « Mous » enfile pour la première fois la tunique Sang et Or contre Saint-Quentin à Bollaert devant 5 900 spectateurs (2-2). Dans la foulée, le Racing s’impose à Bourges (0-2), étrille Guingamp à Bollaert (6-2), va chercher un nul (0-0) à Rouen avant une autre étincelante victoire 4 à 0 contre le Red Star… « Mous » ne déçoit pas et va même régaler le public de Bollaert avec son alternance de jeu court et de jeu long millimétrés, sa percussion balle au pied, sa vitesse d’exécution. Le jeu lensois s’en trouve métamorphosé. La jeunesse dorée « made in RC Lens » (Wallemme, Sikora, Magnier, Laigle, Maufroy, Toffart, Saussé, Hochart…) prend confiance au contact du maestro marocain, bien aidé dans sa tâche par les plus expérimentés Gillot, Boli ou Slater. Le bilan des Lensois avec « Mous » à la baguette est éloquent : 12 victoires, 11 nuls et une seule défaite à Guingamp en 24 rencontres. Le Marocain marque huit buts et distille nombre de passes décisives, notamment à l’intenable Roger Boli (14 buts dont 3 en barrages). Si bien que les Sang et Or accomplissent une fantastique « remontada » au classement pour terminer 2e du groupe B (derrière Le Havre et devant Laval) et ainsi obtenir leur ticket pour les barrages d’accession à la D1. En plus d’éclabousser les rencontres de son talent, El Hadaoui a redonné l’envie au peuple lensois de reprendre le chemin de Félix-Bollaert (près de 10 000 spectateurs contre Reims, près de 25 000 pour la réception du leader Havrais, loin des 4 500 spectateurs de Lens-Niort en début de saison, la pire affluence dans le stade de 50 000 places à l’époque). Bollaert chante « Mustapha, Mustapha, hey, hey » et se prend à rêver… Le fils de Mustapha El Hadaoui, avec lequel le joueur a pris l’habitude de venir saluer le kop à la fin des matchs, est même adopté par les supporters lensois. Le petit bout de chou marocain a un surnom « Moussaillon » et a le droit à la même chanson que son papa. Place aux barrages. Lens élimine d’abord le voisin de l’USVA au 1er tour à Bollaert, puis se qualifie en aller-retour contre l’ogre strasbourgeois (70 buts!) du groupe A et son redoutable buteur Didier Monczuk (23 buts). Avant de tomber contre le Téfécé de Michaël Debève en finale aller-retour. Mais les Girondins de Bordeaux, secoués par « l’affaire Claude Bez », leur président, sont relégués administrativement en D2 en raison de leur déficit budgétaire. Gervais Martel, qui avait posé des réserves avant le match contre Toulouse et qui était bien décidé à aller devant les tribunaux, obtient le repêchage du Racing en Première division. Et Mustapha El Hadaoui accomplira deux saisons de plus en D1 avec le RC Lens avant de rejoindre le SCO Angers.  Dans le livre « Gervais Martel, fier d’être Lensois », paru en 2005, le président emblématique du Racing déclarait : « Celui-là (ndlr, Mustapha El Hadaoui), c’était un grand seigneur, d’une élégance rare, il nous a transformé l’équipe. » Et même au-délà, le club. De retour en D1, Lens ira chercher une qualification européenne en 1995 puis obtenir le titre de champion de France en 1998…          Ecrit par Yannick Lefrère / Vintage RC Lens

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Feint d’artifices

Les téléspectateurs de Lens Strasbourg l’auront sûrement remarqué : le commentateur a cru durant quelques dizaines de secondes que des supporters s’étaient réunis autour du stade avec des tambours. On pouvait bien évidemment être dubitatifs étant donné l’existence du couvre-feu, mais surtout parce que la température extérieure devait approcher les 0° et que le brouillard ne permettait pas de voir à 10 mètres. Alors on peut être passionné mais il y a des limites ! En fait, le commentateur venait de se faire berner par l’ambiance artificielle sortant tout droit des haut-parleurs du stade Bollaert-Delelis « Ces initiatives mettent en avant l’adaptation du football à une nouvelle réalité : on fait semblant. » Depuis l’apparition de la Covid en France et surtout depuis la reprise du championnat de France, on s’aperçoit que le football n’échappe pas aux innovations virtuelles qu’a entraînées la pandémie. On a pu voir par exemple à Saint-Étienne une billetterie virtuelle qui a permis aux supporters de remplir le stade de France, mais surtout d’aider la recherche contre la Covid-19. Une démarche semblable a eu lieu en Angleterre lors d’un match de Cup où les supporters de l’équipe de Tottenham ont acheté 25 000 places virtuelles afin d’aider financièrement le club de huitième division qu’ils affrontaient. Ces initiatives mettent en avant l’adaptation du football à une nouvelle réalité : on fait semblant. Dans certains stades, on a mis des portraits de supporters sur les sièges et certaines entreprises ont même proposé la mise en place d’une foule fictive. Mais l’exemple le plus parlant est sans doute la mise en place d’ambiances artificielles dans beaucoup de stades. En tant que spectateur, supporter, et même téléspectateur, on peut se questionner sur son intérêt. Les avis sont d’ailleurs assez partagés sur cette ambiance. A Lille déjà, lors du derby, les décibels de la sono étaient anormalement élevés et les commentaires télé étaient quasiment couverts par le son émis dans le stade. On était à mi-chemin entre l’artificiel et le virtuel. A Lyon, on a ajouté les bandes-son adaptées aux actions. Les fausses réactions du public étaient dignes des jeux-vidéos des années 2000 et avaient un temps de latence d’une ou deux secondes avec l’action. Le Racing s’y est mis également : la Lensoise à l’entrée des joueurs et l’ambiance durant le match. Pourquoi ? Pour qui ? Cette ambiance permet-elle aux joueurs de se sentir mieux ?  On peut en douter. Permet-elle aux téléspectateurs de vivre plus intensément leur expérience télévisuelle ? Peut-être. Permet-elle aux diffuseurs de rendre plus attrayant un sport devenu beaucoup plus fade avec les tribunes vides ? Sûrement. Car oui, les matchs de foot sont parfois longs et ennuyeux à la télé quand ils sont dénués d’ambiance et de ferveur. «  On cache la misère des bruits […] qui rappellent de manière sinistre les matchs amicaux d’avant saison. » La multiplication des diffusions couplée à la désertification des tribunes rendent parfois le foot maussade, d’autant que la qualité du football proposé ne permet pas toujours de le rendre divertissant (ce qui, par chance, n’est pas souvent le cas du RC Lens cette saison). Alors on cache la misère des bruits de coups de pieds dans le cuir ou des hurlements des joueurs lors des contacts qui rappellent de manière sinistre les matchs amicaux d’avant saison. Si on admet d’un côté que l’ambiance du stade fait partie intégrante d’un spectacle global, on se permet d’un autre côté de la remplacer, lui ôtant ainsi sa réalité. N’est-il pas mieux de laisser de l’authenticité à cette situation exceptionnelle, sous peine de devoir se contenter à l’avenir de ces artifices ? On remplace difficilement un public, même par son propre doublage. Ça lui enlève son importance et le rapport du football à la vérité. Et il n’est pas dit que la fin de la pandémie entraînera une fin d’artifices. Car entre simuler la présence du public à Bollaert-Delelis, et amener Bollaert-Delelis chez les supporters, il n’y a qu’un pas que les progrès numériques apprécieraient de franchir. Ecrit par Mathieu Fardel

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Dans le ciel de Nantes

Avec une série de deux défaites consécutives, le RCL se rend chez une équipe qui ne sait plus gagner : Nantes. Les canaris ont perdu des plumes depuis le match nul obtenu à Bollaert-Delelis (1-1) en novembre ainsi que leur entraîneur, remplacé par Raymond Domenech. L’ex sélectionneur des bleus a, dès sa prise en main, opté pour la simplicité : pas d’idées révolutionnaires, ni de grands principes. Le pragmatisme et la souplesse suffiront à son bonheur et à celui de ses hommes. Le 4-4-2, ou le choix du minimalisme Pour ce faire, il opte depuis deux rencontres pour un 4-4-2 à plat, qui est le système facile par excellence : facile à mettre en place et donc facile à intégrer.  Cette animation laisse ainsi peu d’espaces entre les lignes et se module très librement selon le profil de l’adversaire. « Un des objectifs, c’est de garder la même manière de jouer et de fonctionner mais il y a un adversaire en face. Il faut trouver cet équilibre quand on subit » admet Domenech. En à peine quelques jours, l’ex consultant télé a ainsi répondu à l’éternelle question qui taraude bon nombre d’entraîneurs de la planète pour gagner un match : dois-je imposer les principes de jeu de mon équipe à l’adversaire ou dois-je au contraire répondre aux problèmes que celui-ci me pose. Nantes souhaite garder davantage le ballon La formule a pour l’instant permis à Nantes de glaner deux points, ce qui n’est pas peu dans la situation que connaît le club aujourd’hui. Lors du dernier match disputé à la Beaujoire, les champions de France 2001 ont même affiché une possession de balle inférieure à 30%. « Maintenant, il faut retrouver de la confiance, avoir plus de sérénité et garder un peu plus le ballon parce qu’on a des joueurs capables de construire. On a mis la première pierre. Maintenant il faut continuer à améliorer le jeu […] » constatait Raymond après coup. « Lens, pour un promu, c’est une vraie belle performance. C’est une équipe solide. Leur envie d’aller de l’avant et de bousculer l’adversaire fait qu’on n’est jamais à l’abri avec eux. Ils sont capables de renverser n’importe qui. » À quoi s’attendre, dès lors, face au RCL ? Domenech prévient : « Lens, pour un promu, c’est une vraie belle performance. C’est une équipe solide. Leur envie d’aller de l’avant et de bousculer l’adversaire fait qu’on n’est jamais à l’abri avec eux. Ils sont capables de renverser n’importe qui. » Le discours reste prudent et la stratégie presque dévoilée : attendre les Sang et Or pour mieux les contrer. Une méthode qui a fait ses preuves face aux hommes de Haise. Ce dernier, lucide, loin de s’en inquiéter, a cherché à être proactif dans les corrections à apporter. « C’est aussi mon travail de refaire le point sur certains aspects comme on l’a fait cette semaine. Sans doute que je n’avais pas été assez exigent et clair. À moi de remettre l’accent et de trouver d’autres choses dans l’animation pour être encore un peu plus solides. » La défaite, ou le liant d’un groupe En tout cas, Lens n’est pas crispé par ses deux revers consécutifs et n’entend pas tout remettre en cause. Haise, qui avait, l’an dernier, lors de sa prise de poste, rappelé que la défaite devait être « un ciment et non une faille », a écarté tout début de crise de confiance. « J’espère bien qu’après 2 défaites consécutives, la confiance n’est pas trop ébranlée par rapport à tout ce qui a été réalisé depuis le début de la saison ! Je n’aime pas perdre de matches, eux non plus, mais dans une saison, on en perdra d’autres consécutivement. Il ne faut pas oublier ce dont on est capable mais remettre une exigence de chaque instant. Concrètement, dans le jeu, il s’agira pour les lensois de savoir concrétiser leurs phases de possession en retrouvant cette efficacité dans le dernier et l’avant-dernier geste notamment. Il faudra aussi que l’équipe soit au point techniquement pour se sortir des espaces restreints que laisseront les nantais entre les lignes de leur bloc parfaitement équilibré. Ode au résultat nul Enfin, il faut que les artésiens apprennent à ne pas perdre lorsqu’ils sentent qu’ils ne peuvent pas gagner. Selon le vœu du coach. « Il faut continuer à prendre des points, parfois 3, parfois aussi savoir faire un nul comme j’aurais aimé que cela soit le cas contre Strasbourg. »  Trois ingrédients parmi d’autres qui composent la recette du succès retrouvé. Un succès qui reste quoiqu’il arrive à construire selon Haise. « Il faut s’en donner les moyens en étant hyper vigilant avec plus de communication dans l’animation défensive. Ça empêchera certaines situations de se créer. On doit s’améliorer de ce côté. » En 1964, Barbara chantait « Le ciel de Nantes, rend mon cœur chagrin ». Les lensois ne craignent pas vraiment la tristesse. C’est d’ailleurs comme ça qu’on goûte bien souvent à la joie. Ecrit par Rinus | Lens absolu

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Guillaume Warmuz : « 1998 ? C’était fantastique, extraordinaire, exceptionnel ! »

Invité de l’émission Culture Sang et Or lundi dernier, Guillaume Warmuz a répondu aux questions des nos internautes. Voici quelques-uns de ses réponses. Question d’Aurélien Siekiera Secci : Pourquoi cette reconversion auprès des Bénédictins ?C’est l’histoire de ma vie. C’est un chemin de vie, de baptisé, d’après-carrière… Il s’agit d’un concours de circonstances qui fait qu’aujourd’hui, je me suis engagé dans ma vie intime et personnelle à aider les gens plus faibles ou en fin de vie. Mon épouse souhaitait cela aussi. Par hasard, l’aumônerie cherchait quelqu’un et, de fil en aiguille, je me suis retrouvé dans cette formation. Ca m’a plu et je me suis lancé. Cela correspond aussi à ma personne. Ce choix s’est fait naturellement en m’appuyant sur ma construction intérieure, sur les bases d’une famille catholique où j’allais régulièrement à la messe. Et cela s’est su car aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, on ne peut plus rien cacher. Mais ça ne correspond pas à une reconversion. C’est plus une conviction. Question de Pierre Delroisse/Facebook : Quand tu es arrivé à Lens en provenance de Louhans-Cuiseaux, avais-tu imaginé pouvoir jouer dans la cour des grands avec le Racing ?Très sincèrement, je voulais être professionnel. Comme tout le monde. C’est tombé sur moi et j’ai réussi. Je crois que ce dont je suis le plus fier et de ne pas avoir perdu le moindre instant en m’égarant ou autre. Ce métier est fantastique. Ca m’a coûté à Lens deux genoux (sourire). Puis je suis revenu et nous avons été champions. J’espérais comme beaucoup de gamins… Il faut le talent, la réussite mais il y a aussi le travail, l’ambition et la compétence. Mais cette aventure à Lens a largement dépassé tout ce que j’espérais. « 1996-1997, l’horreur totale, une double souffrance » Question de Simince/Twitter : Comment as-tu vécu ta convalescence en 1996-1997 en assistant d’abord impuissant à un début de saison tonitruant puis à un exercice cauchemardesque ?C’était l’horreur totale. Je n’avais jamais été blessé jusque-là. Le fait de me retrouver sur une civière, que les gars jouaient à ma place, c’était terrible. Voir quelqu’un d’autre à ton poste fait partie du jeu mais que le club que tu défends et aime se retrouve à la ramasse… Que ça ne marche pas… C’était une double souffrance. D’abord physique car il y avait une incertitude que je puisse revenir, puis de voir les copains qui ne s’en sortaient pas. Ca, c’était vraiment un des pires moments de ma carrière à Lens, tout comme mon départ après cette défaite à Porto. Question de Grégory :Justement, comment as-tu vécu ce départ du RCL à cette période avec Charles Itandje qui poussait fort derrière ?C’est assez compliqué. Simplement, on ne claque pas la porte du RC Lens sans des raisons profondes. Sans entrer dans les détails, Charles est un mec adorable. Il était là pour faire son boulot et mettre la pression. Mais je suis parti parce que, à un moment donné, j’estimais que je faisais partie d’un système gagnant qui s’appelait le RC Lens mais qui se trouvait en phase de déconstruction via le projet proposé. Donc, soit on rentre dans le rang… ou pas. Pendant dix ans, j’ai réalisé de bonnes performances à Lens mais là, je commençais à dérailler. Or, un club continue toujours à avancer et, toi, tu ne peux pas tout supporter tout seul. Tout simplement, mentalement et physiquement, je n’étais pas disposé à disputer ces grands matches contre Porto, Marseille, le Bayern… et j’ai commis des erreurs. Je me suis trouvé dans des conflits qui étaient complètement disproportionnés par rapport à tout ça. Et comme je ne me reconnaissais plus dans un certain nombre de choses, j’ai préféré partir. Mais Lens reste Lens ! « L’équipe de France ? Je n’ai pas de regret » Question de Sylvano/Twitter : Quel est ton rapport avec l’équipe de France et l’as-tu eue à un moment dans un coin de ta tête ?Ah oui, oui, oui ! Carrément. Si vous vous souvenez, le premier match d’Aimé Jacquet sur le banc j’étais en A’ avec Fabien Barthez et c’est moi qui joue. Malheureusement, derrière, je me blesse. Avec Lionel Létizi, nous faisions partie des cinq gardiens. A la fin, le coach a choisi de sélectionner Lionel Charbonnier pour la Coupe du Monde 1998 derrière Fabien Barthez et Bernard Lama. J’ai regardé cette compétition chez moi, dans ma maison, à Avion. Mais j’aurais préféré être au Stade de France avec les copains. Mais je n’ai pas de regret. Car qu’aurais-je pu faire de plus cette-là en étant champion avec Lens et au regard de mes prestations ? C’est juste le choix d’Aimé Jacquet qui ne peut être que le bon puisqu’avec ces trois gardiens, il a soulevé le plus beau des trophées. Donc aucun regret et je suis même fier d’avoir participé à cette génération d’égal à égal avec laquelle nous avons été sur le toit de la France avec le RC Lens et sur le toit du monde avec l’équipe de France. Ce qui montre bien que nous avons aussi apporté notre pierre à l’édifice. Question d’Amaury : Aurais-tu troqué ton titre de champion de France avec Lens pour disputer la Coupe du Monde ?Oh, c’est une question piège… (sourire) Non, du tout ! Quand je me souviens tout ce que l’on a vécu. Sincèrement, 1998, un titre, à Lens… ! C’est quand même extraordinaire. Et je souhaite vraiment au club de renouer avec de tels moments. C’était fantastique, extraordinaire, exceptionnel ! C’est quelque chose qu’on ne peut pas exprimer et qui est inexplicable. Imaginez : être champion à Lens, ce club avec cette histoire et qui n’avait encore rien gagné pour devenir le ténor de France… Il faut qu’il le redevienne ! Pour revoir cette émission > iciRetrouvez l’ensemble de nos podcasts > ici Retranscription | L’équipe Culture Sang et Or

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Guillaume Warmuz : « Vous les Sang et Or, vous aimez quand ça attaque ! »

Invité de l’épisode 16 de l’émission Culture Sang et Or, Guillaume Warmuz a brossé l’actualité du Racing club de Lens. Lyon, Strasbourg, Nantes, la défense à trois et les prestations de Jean-Louis Leca sont passés au crible. – Guillaume Warmuz, après une défaite à Lyon (3-2) en dépit d’un gros match, le RC Lens a enchainé avec un revers contre Strasbourg (0-2) à Bollaert au terme d’une prestation mitigée. Peut-on parler de décompression en recevant un « petit » après une belle performance chez un ténor ?« Quand tu joues un grand match, tu as beau te remettre dans de bonnes conditions mentales en recevant une équipe de moindre calibre, sur le moment, il existe effectivement une forme de décompression. C’est souvent inconscient mais il est difficile de se remettre au même niveau d’exigence. Ceci dit, n’oublions pas que Lens est un promu et, après sa bonne première partie de saison, a aussi le droit à l’erreur. Et n’oublions pas que si Strasbourg a connu un trou sur les premiers mois de compétition, cette équipe reste sur deux précédents exercices d’un très bon niveau. Dans ces conditions, si l’on regarde le classement actuel, cette défaite apparait comme un couac pour le RCL. Mais au regard du constat des dernières saisons, Strasbourg disposaient des qualités pour un tel résultat. » – Cette équipe de Lens, parfois emportée par ses valeurs offensives, ne devrait-elle pas parfois tenter être plus pragmatique et moins portée vers l’avant afin d’éviter des erreurs défensives qui ont été manifestes contre Lyon et Strasbourg ?« A mon époque, nous nous trouvions dans un football plus tactique et réducteur d’espaces. Aujourd’hui, on se trouve dans une période de football « guardiolesque » où l’offensive est devenue une norme. Cela s’est un peu généralisé partout même en Italie pourtant connue pour son Calcio très verrouillé des années ’90. Lens est d’ailleurs l’exemple de ce football d’attaque actuel. D’ailleurs, désormais, l’équipe qui ne joue pas vers l’avant est quasi-considérée comme une « moins-que-rien ». Pour ma part, je pense qu’il faut trouver un équilibre entre ces années restrictives avec les passes en retrait au gardien et maintenant avec cet enthousiasme opposé actuel. Pour schématiser un seul défenseur et tout le monde devant. Car n’oublions pas que dans un match, il y a des tournants, des événements qui se cachent souvent dans des détails. Et à force de vouloir se porter vers l’avant, de conserver, redoubler, jouer au sol… on gère peut-être un peu moins les phases de moins bien où il faut savoir être restrictif, se replacer. Nous touchons avec ce débat la notion d’équilibre entre un vrai foot spectaculaire et l’efficacité de Strasbourg. Mais pour ma part, chacun sait que je suis plus une personne pragmatique qu’offensive. Et si j’étais coach, je demanderais à jouer au football mais sans oublier des fondamentaux. » « Jouer à trois derrière, c’est un vrai ADN » – Mais dans un club comme Lens avec cette culture du jeu vers l’avant, n’a-t-on pas tendance sur le terrain à être emporté par ces attentes ?« C’est exactement ça ! A mon époque au RC Lens, notre équipe s’est construite progressivement et restrictivement. Et d’un coup, Daniel Leclercq a ouvert la boite de l’attaque. Contrairement à aujourd’hui, il était l’un des rares à prôner cela à cette période. Mais, nous avions alors cet avantage d’avoir déjà des complicités sur le terrain, une structure défensive et une culture d’équipe. Ca nous a permis de trouver cet équilibre qui est plus délicat à appréhender aujourd’hui. Mais il est clair qu’il est compliqué de jouer un football restrictif quand on porte le maillot du RC Lens. Vous les Sang et Or, vous aimez quand ça attaque ! » En tant que gardien, comment jugez-vous ce système défensif à trois ?« Avec les anciens, Jean-Guy Wallemme, Eric Sikora et les autres, nous avions de grands débats sur la défense à trois quand nous jouions ensemble. Et, nous étions globalement contre. Bien entendu, Si Daniel Leclercq avait décidé de nous faire évoluer à trois derrière, nous l’aurions fait (sourire). La difficulté d’un tel système est son approche tactique. Ca reste très compliqué à appréhender. Dans un aspect purement offensif, tu gagnes forcément un joueur. Mais défensivement, beaucoup préfèrent jouer à quatre derrière car cela semble plus pragmatique. En effet, à trois en défense, qui plus est avec de jeunes éléments comme dans ce Lens actuel, vous soulevez la complexité de la complexité. Jouer à trois derrière, c’est un vrai ADN avec beaucoup de joueurs qui coulissent, de mouvements… Il y a beaucoup cette question de repères. Personnellement, moi en tant que gardien, les fois où nous avons joué avec trois défenseurs seulement, je manquais de repère avec ton latéral droit qui est là car il vient compenser. Puis il disparait… Il faut se mettre à réfléchir. Ce n’est vraiment pas la même mayonnaise. Il y a une réelle gymnastique à se mettre en tête. »   « Jean-Louis Leca semble malheureux plutôt qu’autre chose » – En parlant de défense, Jean-Louis Leca est un peu chahuté sur ses dernières performances. Qu’en pensez-vous ?« A Lyon, sur le premier but, il ne peut rien. Sur le deuxième, il prend la décision de boxer le ballon. Il est malheureux parce que ça atterrit sur son pote alors qu’on peut considérer qu’il n’y a pas danger immédiat même si ça se passe dans le 5,5 mètres. Peut-être y avait-il une autre solution et on peut alors se poser la question de sa responsabilité. Sur le troisième but, c’est confus. Ceci dit, il met la jambe et je pense qu’il y avait contact, donc pénalty. » – Est-ce légitime d’entendre certains commentaires demander son remplacement ?« Beaucoup de paramètres entrent en jeu pour changer un gardien, les performances, le projet, l’équipe… Et un moment, il faut tirer un bilan non pas sur un ou deux matches mais sur la globalité d’une saison. Je ne connais pas l’état d’esprit au club sur les gardiens mais, pour pouvoir bien fonctionner, il faut trancher et que ce soit clair dans el vestiaire. De mon point de vue de gardien, chacun aime son club et a envie de

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Trophée des Champions : Le 30 juillet 98, les retrouvailles avec nos héros

Certains y verront l’une des rares conséquences positives de la crise sanitaire. Le Trophée des Champions, expatrié depuis 2009 loin de l’Hexagone (Canada, Etats-Unis, Maroc, Chine, Tunisie, Gabon…) revient cette année au pays. D’autres estimeront que c’est une occasion manquée de faire la promotion du football français à l’étranger dans une période où la Ligue 1 n’a jamais été aussi fragilisée. Malgré la pandémie et le calendrier chargé, la rencontre va quand même se jouer. Cinq mois après la reprise du championnat, en milieu de semaine, en plein rebond de la pandémie et dans un stade vide. Elle va opposer ce mercredi le PSG qatari, qui a encore tout raflé l’an dernier, à une équipe de l’OM qui n’a de « championne » que le fait d’avoir terminé 2ème du championnat de France. Mais voilà, c’est donc le stade Félix-Bollaert de Lens qui a été choisi pour accueillir ce « classico ». Le dernier Trophée des Champions à s’être déroulé sur le territoire national avait eu lieu au stade Chaban-Delmas de Bordeaux en 2008. Pour les supporters lensois, cette édition 2021 sur leurs terres n’a que très peu d’intérêt. Cette épreuve ravivera pour certains le souvenir du mois de juillet 1998. Le jeudi 30 juillet exactement. A peine remis des émotions du titre de Champion de France obtenu le 9 mai et du sacre mondial des Bleus du 12 juillet, une poignée d’inconditionnels du Racing – une centaine – s’étaient rendus au Stade la Vallée du Cher à Tours. Là où se sont déroulées les retrouvailles avec le druide et les héros du stade de l’Abbé-Deschamps où les Sang et Or avaient obtenu le premier titre national de l’histoire du club. A Tours, le RC Lens champion de France avait rencontré le… PSG version Canal+ et présidé par Charles Biétry qui venait de succéder à Michel Denisot. Les Parisiens avaient remporté les deux coupes nationales dont la fameuse Coupe de France contre les Sang et Or (2-1) le 2 mai 1998 au Stade de France. Il s’agissait donc là aussi de retrouvailles au coeur de l’été entre les deux équipes. Lesquelles n’avaient plus vraiment le même visage. Exit Ziani, Drobnjak et Wallemme, par exemple, à Lens. Dalmat, Nouma et Nyarko disputaient leur premier match officiel sous leurs nouvelles couleurs et le nouveau sponsor Ola. Coté parisien, Alain Giresse avait aligné la star nigériane Okocha, sensation du Mondial 98, ainsi que l’ancien duo nantais Ouédec-Loko. Résultat : une défaite 1 à 0 (Lachuer, 54e) devant 12 766 spectateurs à la Vallée du Cher. Ecrit par Yann Lefrère (Vintage RCLens)

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A la rencontre du Millonarios FC, l’autre club de Joseph Oughourlian

Sur Culture Sang et Or, nous avons aussi pour ambition de te faire voyager. La Covid nous empêche de monter dans un avion ? On s’occupe de ton passeport. Embarquement prévu aujourd’hui à Charles de Gaulle, Terminal 2, direction la Colombie, pour partir à la découverte du Millonarios FC, l’autre club de Joseph Oughourlian. Le Géant Bleu Le Millonarios FC est le club mythique de Bogota. Beaucoup en ont entendu parlé, mais peu le connaissent vraiment. Dans le contexte sud-américain, un club populaire de football dépasse largement les paramètres que l’on peut connaître ici, en Europe. Los Millonarios, ce sont véritablement un mastodonte du football colombien (1.7 millions de followers sur Twitter), un des clubs phares d’un pays où le ballon rond a longtemps servi d’exutoire à une population prise dans l’étau de la guerre civile. Deuxième club le plus titré du pays avec l’America de Cali (15 titres nationaux chacun) derrière le grand rival de Medellin, l’Atletico Nacional (16 titres et 2.7 millions de followers), le club de Bogota peut s’enorgueillir d’avoir accueilli en son sein une des légendes du football mondial en la personne d’Alfredo di Stefano. L’Argentin, qui a également joué pour les sélections espagnole… et colombienne, est considéré par tous comme l’un des plus grands joueurs de l’histoire du football mondial. C’est en 1949 que Alfredo Di Stefano déposa ses valises à Bogota. « le football est l’unique solution pour contrôler et calmer la population après le meurtre de Gaitan » La Colombie, une histoire politique Retour en arrière. L’histoire du football a de cela de magnifique qu’elle s’imbrique de manière quasi permanente avec l’histoire des Hommes. Bogota, 9 Avril 1948. L’avocat Jorge Eliécer Gaitan, leader du Parti Liberal et ferme opposant à la violence politique qui règne dans le pays, est abattu à la sortie de son hôtel alors qu’il était sur le point de rencontrer un autre avocat nourri d’ambition… un certain Fidel Castro Cet énième épisode de violence, qui nourrit alors quotidiennement la vie locale, obligea le gouvernement à prendre des mesures radicales. Le problème central était de trouver une solution afin de contenir le mécontentement d’une population, victime collatérale et exaspérée de cette instabilité. Suite à cet assassinat, la ville de Bogota fut proie à de terribles émeutes, aujourd’hui appelées Bogotazo. L’historien du football colombien, Guillermo Ruiz Bonilla, déclarait à cette période que « le football est l’unique solution pour contrôler et calmer la population après le meurtre de Gaitan ». Ils ont trouvé l’El Dorado Ainsi furent posées les bases de l’El Dorado, qui allait devenir le championnat domestique le plus attractif du continent sud-américain. Car la situation colombienne coïncide avec une crise majeure qui secoue le football colombien. Une crise avec des retentissements bien moins importants, certes. La Ligue Colombienne de football, en conflit avec sa fédération, et par ricochet la FIFA, fut mise au ban du football international. Les clubs colombiens ainsi que Los Cafeteros (la sélection nationale), se retrouvèrent par extension bannis de toutes compétitions internationales. Cette distanciation entre le football colombien et la FIFA allait laisser la place à un vide juridique, qui allait notamment permettre aux clubs colombiens de ne plus avoir à payer des indemnités de transferts, opération encadrée par cette même FIFA. …l’argentin fut accueilli par près de 5,000 supporters à son arrivée à l’aéroport de Bogota. Chaleur ! Car au même moment, le football argentin est lui aussi en proie à une crise sociale majeure.. Les joueurs des clubs de Buenos Aires, Rosario ou Cordoba réclament, à partir de 1948, à ce que leurs droits et salaires soient augmentés. On est en pleine période péroniste  – du nom du mythique président argentin Juan Peron. Les joueurs argentins, au fur et à mesure de leur combat social, prennent connaissance de la situation exceptionnelle du football colombien, qui leur permettrait d’obtenir les salaires réclamés depuis de si nombreuses semaines. En 1949, c’est Alfonso Senior, Président du Millonarios FC, qui dégaine le premier. C’est ainsi qu’il convainc Adolfo Pederneda, qui joue dans l’autre club Millonarios du continent, River Plate, de rejoindre Bogota. La signature de Pederneda fut annoncée le 8 Juin 1949, et l’argentin fut accueilli par près de 5,000 supporters à son arrivée à l’aéroport de Bogota. Chaleur ! Le club communiqua par la suite que les recettes générées lors de la présentation de la star argentine furent cinq fois plus importantes que celles réalisées par le club sur une saison sportive complète. Le succès est retentissant. On assiste, à partir de 1949, à la naissance d’un véritable pont aérien entre l’Argentine, l’Europe et la Colombie, dans la mesure où tous les clubs colombiens finirent par suivre le modèle d’Alfonso Senior. La période du Ballet Azul C’est dans ce contexte que Alfredo Di Stefano s’engagea aux Millonarios en 1949. Convoité par le Torino, Di Stefano, star majeure de River Plate, est contacté discrètement par son ancien coéquipier Pederneda. Senior valide le volet financier de l’affaire, et l’homme de Barracas s’envola dans la plus grande discrétion pour Bogota, en compagnie de son coéquipier Nestor Rossi. Los Millonarios, forts d’une équipe composée de joueurs d’exceptions provenant d’Argentine, mais également d’Angleterre, vont dominer le championnat colombien et l’équipe d’alors recevra le surnom de el Ballet Azul, correspondant à son jeu chatoyant fait de passes et de dribbles. Les Millonarios de Di Stefano remporteront les championnats 1949, 1951, 1952 et 1953. Les accords de Lima, signées en 1951 et appliqués à partir de 1954, sifflèrent néanmoins la fin de l’El Dorado. Les joueurs furent alors contraints de retourner dans leurs anciens clubs si le montant de leur transfert n’était pas régularisé par les clubs colombiens. Di Stefano, dont le talent et la notoriété dépassaient largement le continent sud-américain, choisit de rejoindre le Real Madrid, et s’en alla marquer de son empreinte l’histoire du football espagnol et mondial. Ecrit par Antoine (@l2F_bm)

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Lens – Strasbourg 91 : « A Bollaert, ça va être l’enfer »

Retour sur le mythique RC Lens- RC Strasbourg de 1991. Pour beaucoup de supporters lensois, un Lens-Strasbourg ravive le souvenir de ce fameux match retour des demi-finales des barrages d’accession en D1, en mai 1991. Après avoir éliminé le voisin valenciennois, club ami à l’époque, puis avoir été chercher un bon nul 1-1 à la Meinau (but de l’inévitable Roger Boli suivi de l’égalisation de José Cobos), le Racing « Sang et Or » d’Arnaud Dos Santos recevait l’autre Racing, « Ciel et Blanc » de Léonard Specht. Les Alsaciens partaient favoris de cette double confrontation. Ils n’avaient quasiment pas quitté le trio de tête du groupe A (2è) avec Nîmes et VA. Surtout, ils avaient, et de très loin, la meilleure attaque des deux poules, avec 70 buts marqués dont 23 par le redoutable Didier Monczuk et 18 par le futur international Franck Leboeuf. Les frères Cobos, l’international tchèque Ivan Hasek, vedette de la D2, le Dunkerquois « Jeff » Péron, futur Sang et Or… Le RCS, c’était du costaud. En face, la jeune garde lensoise (Sikora, Wallemme, Laigle, Magnier, Saussé, Maufroy), bien moins expérimentée mais pleine de fougue. Encadrée par des coéquipiers qui avaient déjà de la bouteille (Gillot et El Haddaoui notamment). Bien mal partis dans le groupe B dominé par Le Havre (seulement 4 victoires, 5 défaites et 8 nuls à la trêve), les Artésiens avaient accroché les barrages (2è) au prix d’une incroyable remontée au classement en seconde partie de championnat, après l’arrivée du maestro marocain Mustapha El Haddaoui. L’ex-coach emblématique du Racing des 80’s, Gérard Houiller, était bluffé : « C’est ça Lens ! » Ce 24 mai 1991, une effervescence incroyable régnait dans la ville de Lens. C’était un vendredi soir, le début du week-end, le temps était estival. Le nul obtenu six jours auparavant au match aller en Alsace (avec un train spécial affrété pour les fans Sang et Or) avait gonflé à bloc le peuple Sang et Or. « A Bollaert, ça va être l’enfer », avait prédit le jeune défenseur Cyrille Magnier dans les vestiaires de La Meinau. Les supporters lensois se mettaient à rêver d’un retour parmi l’élite après quatre années de disette entre les bas-fonds de la D1 puis les deux saisons en D2. Ils étaient 45 000, guichets fermés, à avoir pris d’assaut les travées de Félix-Bollaert. Certains étaient grimpés sur les projecteurs du stade. Plus d’une heure avant le coup d’envoi, la tribune « Seconde » du kop de Bollaert était pleine à craquer. Une marée Sang et Or criait, chantait, sautait… L’ex-coach emblématique du Racing des 80’s, Gérard Houiller, était bluffé : « C’est ça Lens ! », disait-il alors à son ami Jean-Pierre Carenso, directeur du Tour de France, qui découvrait l’antre du football nordiste. Sur Canal+, le duo Gilardi-Doucet s’époumonait. La rencontre au sommet pouvait commencer. Au match aller, quand je suis rentré sur la pelouse pour m’échauffer, le public de la Meinau m’avait réservé un accueil super dégueulasse Le Racing, de Lens, marchait (au propre comme au figuré) sur son adversaire alsacien (voir les premières minutes de la rencontre en vidéo > ici | Crédits vidéo : VentDuNord62). A la 13e minute, sur un pressing haut et une récupération d’Anicet Saussé, symbolique du « fighting spirit » lensois de ce match, le latéral gauche centrait sur Roger Boli. La coqueluche de Bollaert trompait le portier strasbourgeois Sansone et faisait l’avion sur la pelouse pour aller grimper sur les grilles d’un Bollaert en fusion. Lens menait, le RCL allait terrasser le RCS (3-1). « J’ai eu beaucoup de chance et de plaisir à jouer cet incroyable match, a écrit Roger Boli sur Vintage RC Lens en souvenir de cette rencontre. Au match aller, quand je suis rentré sur la pelouse pour m’échauffer, le public de la Meinau m’avait réservé un accueil super dégueulasse. Mais j’avais compris qu’il me redoutait. Alors j’ai tout donné pour mon équipe. Au retour, nous avions fait exploser les Strasbourgeois qui, au départ, avaient plus de qualités que nous. Mais nous, on avait la grinta lensoise. » Ecrit par Yannick Lefrère / Vintage RC Lens

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Le choix des hommes

Le Choix des Hommes, ou tentative d’analyse d’un mercato parfaitement maîtrisé Cette semaine marque le retour du football français dans nos quotidiens d’aficionados lensois. Et beaucoup s’enflamment sur la destinée future du RC Lens. La perspective de voir le club artésien se maintenir en L1 pour son grand slash vrai retour dans l’Elite est réelle. Plus que ça, elle semble aujourd’hui presque actée. « Doucement, doucement », me susurre une douce voix dans la partie arrière de mon cervelet, encore endolorie par les fêtes de fin d’année. Oui, doucement, car il y a encore des matchs à jouer. Beaucoup de matchs à jouer. Mais comme toujours, c’est avec un froid recul que je souhaite analyser les faits. Aujourd’hui, j’ai le plaisir de me pencher, pour Culture Sang et Or, sur ce qui sera certainement la base du succès de « l’opération maintien » du RC Lens en Ligue 1 ; le choix des hommes. Trop souvent, le supporter se perd dans les analyses mercato. Été comme hiver, c’est toujours la même rengaine. Et comment pourrait-on le lui reprocher ? Aux rumeurs twittériennes, aux annonces farfelues de certains journalistes, aux fausses-pistes de certains agents, s’ajoute désormais la grande discrétion des dirigeants lensois, passés maîtres dans le subtil art du recrutement. Quand on est supporter du Racing Club de Lens en 2021, il est quasiment impossible d’avoir une information sur ce qui se trame en coulisses. Preuve que « ça bosse bien ». Rome ne s’est pas construite en criant César ! Le choix des hommes, c’est la clef de la réussite. C’en est même absolument essentiel. Dans le recrutement de toute personne, il y a plusieurs étapes. D’abord, on « scout », puis on recrute. La première phase est longue, et nécessite un investissement continu. Rome ne s’est pas construite en criant César ! La base de données de Luis Campos non plus. Le scoutisme, anglicisme utilisé à outrance dans le football moderne, consiste à définir le profil de compétences qui manquent à un collectif, et d’alimenter une base de données de joueurs (mais pas que), tout en la segmentant avec des priorités différentes. Puis, vient la plus prosaïque étape d’approche, de négociation, et quand l’accord finit par être total, de signature. Comme indiqué dans le paragraphe précédent, la phase de scoutisme concerne en grande partie les joueurs, acteurs privilégiés de ce sport qu’est le football. Mais pas que. On développera cette partie en fin d’article. Aujourd’hui, beaucoup de supporters, et même de nombreux journalistes qui suivent ce sport, ne considèrent que la partie visible d’une équipe de football. On se rappelle tous des premières analyses sur le début de saison réussi du « Racing Club ». Pour beaucoup, la destinée sportive des Sang et Or ne reposerait que sur la soyeuse patte gauche de Gaël Kakuta. A mi-saison, le bilan du RC Lens sur le recrutement est un succès total, et celui-ci ne se limite pas au simple prêt payant avec option d’achat obligatoire de l’enfant prodigue de la Gaillette. Explications. On parle souvent de tête de gondole, terme emprunté au merchandising de la grande distribution pour parler de ce qui va incarner au mieux une campagne x ou y. Dans notre cas, il s’agirait de définir qui est la tête de gondole du recrutement estival du RC Lens pour la saison 2020/2021 ? Est-ce Kakuta ? Fofana ? Ganago ? Difficile à dire, car en fait, le recrutement du RC Lens s’est vite avéré bien plus équilibré que beaucoup semblaient le dire. Comme cela a été débriefé dans l’émission CSO du 4 janvier, certains concurrents comme Lorient ne peuvent aujourd’hui se targuer d’avoir renforcé toutes les lignes de leur effectif de la même façon que l’a fait le RC Lens. Car pour obtenir une telle réussite, il faut forcément avoir effectué un formidable travail en amont. Qui nécessite lui-même une vision extrêmement claire. Il faut aussi prendre en considération le fait que le RC Lens s’est donné les moyens financiers pour attirer ces pointures. Depuis sa prise de poste, Franck Haise sait où il veut aller en termes de jeu et certainement d’objectifs sportifs (qui eux, sont fixés par sa hiérarchie). Le travail avec l’autre cheville ouvrière du succès lensois, à savoir Florent Ghisolfi, a permis à l’ensemble sportif lensois de recruter des joueurs dont le profil s’inscrivait parfaitement avec le projet de jeu que souhaitait mettre en place le coach. Tout en respectant l’équilibre financier. Les « coups » Kakuta et Fofana peuvent être classés dans la catégorie des transferts d’exceptions, tant ces joueurs pouvaient prétendre à jouer dans un club plus « huppé » de par leur qualité intrinsèque. Et il faut aussi prendre en considération le fait que le RC Lens s’est donné les moyens financiers pour attirer ces pointures. Mais parler de ces deux joueurs étant relativement facile, tant leur plus-value dans le collectif était attendue, j’aime illustrer le brillant mercato lensois avec le cas Issiaga Sylla. Critiqué avec véhémence à sa signature, le profil de Sylla a finalement contribué au fait que le collectif de Haise a su mettre en bouteille de nombreuses équipes de L1 depuis le début du championnat. La capacité du Guinéen à répéter les efforts sur les phases de « contre-pressing » était une des clefs pour comprendre son transfert. Une des clefs, car dans le football, il n’y a pas d’équation à une inconnue. Le succès du mercato réside aussi dans la capacité à conserver des éléments, et de compter sur leur progression en vue d’apporter une plus-value dite gratuite à l’effectif. Dans le cas du RC Lens, étant donné son statut de promu, il s’agissait d’identifier quels étaient les joueurs de Ligue 2 qui réussiraient à franchir le cap de la Ligue 1 afin d’être compétitifs dans l’Élite. Là encore, l’homme qui a fait débat avant d’éteindre les critiques est le quatrième joueur le plus utilisé par Franck Haise depuis le début de saison ; Florian Sotoca. Courses à répétition, déviations de la tête, jeu dos au but, Sotoca apporte une alternative au jeu Sang et Or, et aura fait une première partie de saison à un niveau que nul n’espérait. Même

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