CULTURE SANG & OR

Lens – Strasbourg 91 : « A Bollaert, ça va être l’enfer »

Retour sur le mythique RC Lens- RC Strasbourg de 1991.

Pour beaucoup de supporters lensois, un Lens-Strasbourg ravive le souvenir de ce fameux match retour des demi-finales des barrages d’accession en D1, en mai 1991.

Un titre évocateur, un Roger Boli harangueur

Après avoir éliminé le voisin valenciennois, club ami à l’époque, puis avoir été chercher un bon nul 1-1 à la Meinau (but de l’inévitable Roger Boli suivi de l’égalisation de José Cobos), le Racing « Sang et Or » d’Arnaud Dos Santos recevait l’autre Racing, « Ciel et Blanc » de Léonard Specht.

Les Alsaciens partaient favoris de cette double confrontation. Ils n’avaient quasiment pas quitté le trio de tête du groupe A (2è) avec Nîmes et VA. Surtout, ils avaient, et de très loin, la meilleure attaque des deux poules, avec 70 buts marqués dont 23 par le redoutable Didier Monczuk et 18 par le futur international Franck Leboeuf. Les frères Cobos, l’international tchèque Ivan Hasek, vedette de la D2, le Dunkerquois « Jeff » Péron, futur Sang et Or… Le RCS, c’était du costaud.

En face, la jeune garde lensoise (Sikora, Wallemme, Laigle, Magnier, Saussé, Maufroy), bien moins expérimentée mais pleine de fougue. Encadrée par des coéquipiers qui avaient déjà de la bouteille (Gillot et El Haddaoui notamment). Bien mal partis dans le groupe B dominé par Le Havre (seulement 4 victoires, 5 défaites et 8 nuls à la trêve), les Artésiens avaient accroché les barrages (2è) au prix d’une incroyable remontée au classement en seconde partie de championnat, après l’arrivée du maestro marocain Mustapha El Haddaoui.

Le onze de départ du RCL

L’ex-coach emblématique du Racing des 80’s, Gérard Houiller, était bluffé : « C’est ça Lens ! »


Ce 24 mai 1991, une effervescence incroyable régnait dans la ville de Lens. C’était un vendredi soir, le début du week-end, le temps était estival. Le nul obtenu six jours auparavant au match aller en Alsace (avec un train spécial affrété pour les fans Sang et Or) avait gonflé à bloc le peuple Sang et Or. « A Bollaert, ça va être l’enfer », avait prédit le jeune défenseur Cyrille Magnier dans les vestiaires de La Meinau.

Les supporters lensois se mettaient à rêver d’un retour parmi l’élite après quatre années de disette entre les bas-fonds de la D1 puis les deux saisons en D2. Ils étaient 45 000, guichets fermés, à avoir pris d’assaut les travées de Félix-Bollaert. Certains étaient grimpés sur les projecteurs du stade. Plus d’une heure avant le coup d’envoi, la tribune « Seconde » du kop de Bollaert était pleine à craquer. Une marée Sang et Or criait, chantait, sautait… L’ex-coach emblématique du Racing des 80’s, Gérard Houiller, était bluffé : « C’est ça Lens ! », disait-il alors à son ami Jean-Pierre Carenso, directeur du Tour de France, qui découvrait l’antre du football nordiste. Sur Canal+, le duo Gilardi-Doucet s’époumonait. La rencontre au sommet pouvait commencer.

Robbie Slater, joueur du Racing de 1990 à 1994

Au match aller, quand je suis rentré sur la pelouse pour m’échauffer, le public de la Meinau m’avait réservé un accueil super dégueulasse


Le Racing, de Lens, marchait (au propre comme au figuré) sur son adversaire alsacien (voir les premières minutes de la rencontre en vidéo > ici | Crédits vidéo : VentDuNord62). A la 13e minute, sur un pressing haut et une récupération d’Anicet Saussé, symbolique du « fighting spirit » lensois de ce match, le latéral gauche centrait sur Roger Boli. La coqueluche de Bollaert trompait le portier strasbourgeois Sansone et faisait l’avion sur la pelouse pour aller grimper sur les grilles d’un Bollaert en fusion.


Lens menait, le RCL allait terrasser le RCS (3-1). « J’ai eu beaucoup de chance et de plaisir à jouer cet incroyable match, a écrit Roger Boli sur Vintage RC Lens en souvenir de cette rencontre. Au match aller, quand je suis rentré sur la pelouse pour m’échauffer, le public de la Meinau m’avait réservé un accueil super dégueulasse. Mais j’avais compris qu’il me redoutait. Alors j’ai tout donné pour mon équipe. Au retour, nous avions fait exploser les Strasbourgeois qui, au départ, avaient plus de qualités que nous. Mais nous, on avait la grinta lensoise. »

Ecrit par Yannick Lefrère / Vintage RC Lens

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