CULTURE SANG & OR

Guillaume Warmuz : « Vous les Sang et Or, vous aimez quand ça attaque ! »

Invité de l’épisode 16 de l’émission Culture Sang et Or, Guillaume Warmuz a brossé l’actualité du Racing club de Lens. Lyon, Strasbourg, Nantes, la défense à trois et les prestations de Jean-Louis Leca sont passés au crible.

G.Warmuz, lors de la finale de la coupe de ligue en 1999. (crédit photo rclens.fr)

– Guillaume Warmuz, après une défaite à Lyon (3-2) en dépit d’un gros match, le RC Lens a enchainé avec un revers contre Strasbourg (0-2) à Bollaert au terme d’une prestation mitigée. Peut-on parler de décompression en recevant un « petit » après une belle performance chez un ténor ?
« Quand tu joues un grand match, tu as beau te remettre dans de bonnes conditions mentales en recevant une équipe de moindre calibre, sur le moment, il existe effectivement une forme de décompression. C’est souvent inconscient mais il est difficile de se remettre au même niveau d’exigence. Ceci dit, n’oublions pas que Lens est un promu et, après sa bonne première partie de saison, a aussi le droit à l’erreur. Et n’oublions pas que si Strasbourg a connu un trou sur les premiers mois de compétition, cette équipe reste sur deux précédents exercices d’un très bon niveau. Dans ces conditions, si l’on regarde le classement actuel, cette défaite apparait comme un couac pour le RCL. Mais au regard du constat des dernières saisons, Strasbourg disposaient des qualités pour un tel résultat. »

– Cette équipe de Lens, parfois emportée par ses valeurs offensives, ne devrait-elle pas parfois tenter être plus pragmatique et moins portée vers l’avant afin d’éviter des erreurs défensives qui ont été manifestes contre Lyon et Strasbourg ?
« A mon époque, nous nous trouvions dans un football plus tactique et réducteur d’espaces. Aujourd’hui, on se trouve dans une période de football « guardiolesque » où l’offensive est devenue une norme. Cela s’est un peu généralisé partout même en Italie pourtant connue pour son Calcio très verrouillé des années ’90. Lens est d’ailleurs l’exemple de ce football d’attaque actuel. D’ailleurs, désormais, l’équipe qui ne joue pas vers l’avant est quasi-considérée comme une « moins-que-rien ». Pour ma part, je pense qu’il faut trouver un équilibre entre ces années restrictives avec les passes en retrait au gardien et maintenant avec cet enthousiasme opposé actuel. Pour schématiser un seul défenseur et tout le monde devant. Car n’oublions pas que dans un match, il y a des tournants, des événements qui se cachent souvent dans des détails. Et à force de vouloir se porter vers l’avant, de conserver, redoubler, jouer au sol… on gère peut-être un peu moins les phases de moins bien où il faut savoir être restrictif, se replacer. Nous touchons avec ce débat la notion d’équilibre entre un vrai foot spectaculaire et l’efficacité de Strasbourg. Mais pour ma part, chacun sait que je suis plus une personne pragmatique qu’offensive. Et si j’étais coach, je demanderais à jouer au football mais sans oublier des fondamentaux. »

« Jouer à trois derrière, c’est un vrai ADN »


– Mais dans un club comme Lens avec cette culture du jeu vers l’avant, n’a-t-on pas tendance sur le terrain à être emporté par ces attentes ?
« C’est exactement ça ! A mon époque au RC Lens, notre équipe s’est construite progressivement et restrictivement. Et d’un coup, Daniel Leclercq a ouvert la boite de l’attaque. Contrairement à aujourd’hui, il était l’un des rares à prôner cela à cette période. Mais, nous avions alors cet avantage d’avoir déjà des complicités sur le terrain, une structure défensive et une culture d’équipe. Ca nous a permis de trouver cet équilibre qui est plus délicat à appréhender aujourd’hui. Mais il est clair qu’il est compliqué de jouer un football restrictif quand on porte le maillot du RC Lens. Vous les Sang et Or, vous aimez quand ça attaque ! »

Ici avec G. Martel. (crédit photo rclens.fr)

En tant que gardien, comment jugez-vous ce système défensif à trois ?
« Avec les anciens, Jean-Guy Wallemme, Eric Sikora et les autres, nous avions de grands débats sur la défense à trois quand nous jouions ensemble. Et, nous étions globalement contre. Bien entendu, Si Daniel Leclercq avait décidé de nous faire évoluer à trois derrière, nous l’aurions fait (sourire). La difficulté d’un tel système est son approche tactique. Ca reste très compliqué à appréhender. Dans un aspect purement offensif, tu gagnes forcément un joueur. Mais défensivement, beaucoup préfèrent jouer à quatre derrière car cela semble plus pragmatique. En effet, à trois en défense, qui plus est avec de jeunes éléments comme dans ce Lens actuel, vous soulevez la complexité de la complexité. Jouer à trois derrière, c’est un vrai ADN avec beaucoup de joueurs qui coulissent, de mouvements… Il y a beaucoup cette question de repères. Personnellement, moi en tant que gardien, les fois où nous avons joué avec trois défenseurs seulement, je manquais de repère avec ton latéral droit qui est là car il vient compenser. Puis il disparait… Il faut se mettre à réfléchir. Ce n’est vraiment pas la même mayonnaise. Il y a une réelle gymnastique à se mettre en tête. »  

« Jean-Louis Leca semble malheureux plutôt qu’autre chose »


– En parlant de défense, Jean-Louis Leca est un peu chahuté sur ses dernières performances. Qu’en pensez-vous ?
« A Lyon, sur le premier but, il ne peut rien. Sur le deuxième, il prend la décision de boxer le ballon. Il est malheureux parce que ça atterrit sur son pote alors qu’on peut considérer qu’il n’y a pas danger immédiat même si ça se passe dans le 5,5 mètres. Peut-être y avait-il une autre solution et on peut alors se poser la question de sa responsabilité. Sur le troisième but, c’est confus. Ceci dit, il met la jambe et je pense qu’il y avait contact, donc pénalty. »

– Est-ce légitime d’entendre certains commentaires demander son remplacement ?
« Beaucoup de paramètres entrent en jeu pour changer un gardien, les performances, le projet, l’équipe… Et un moment, il faut tirer un bilan non pas sur un ou deux matches mais sur la globalité d’une saison. Je ne connais pas l’état d’esprit au club sur les gardiens mais, pour pouvoir bien fonctionner, il faut trancher et que ce soit clair dans el vestiaire. De mon point de vue de gardien, chacun aime son club et a envie de tout donner. N’oublions pas que nous voyons cela de l’extérieur. Là, même s’il n’est pas forcément décisif, je pense qu’il semble malheureux plutôt qu’autre chose. »

Effectif du Racing Club de Lens saison 93/94 (crédit photo rclens.fr)

« Je n’imagine pas Domenech faire du Guardiola »


– Après deux défaites, en tant que meneur d’hommes et capitaine, quel discours tiendriez-vous dans le vestiaire à quelques minutes du match de ce week-end contre Nantes, un mal classé ?
« Clairement qu’il faut se remettre en question ! Il faut ré-engranger. Mais chacun sait que ce ne sera pas simple avec une nouvelle force qui arrive dans le camp d’en face. Aussi, quelle sera l’influence de Raymond Domenech sur les Canaris ? A priori ce n’est pas trop mal sur ses deux premiers matches sur le banc nantais. Il ne faudra cependant pas s’attendre à de grandes envolées lyriques. Dans mon idée, Lens va s’appuyer sur ses principes et son caractère mais je vois un match à la Strasbourg. Je n’imagine pas Domenech faire du Guardiola. »

– Vous aviez souvent l’habitude de gagner à Nantes avec le Racing…
« C’est vrai. Mais je me souviens surtout du 3-0 que nous avons subi en 1994-1995 quand Nantes est devenu champion. Le stade était plein et nous avons pris un vent. Mais, en dehors du résultat, il n’y avait pas de tristesse d’avoir perdu. J’avais plutôt apprécié tellement le jeu était beau. A chaque but que l’on encaissait, c’était imparable. Coco Suaudeau incarnait une perfection de jeu. »


Pour revoir cette émission > ici
Retrouvez l’ensemble de nos podcasts > ici

Retranscription | L’équipe Culture Sang et Or

Vous souhaitez partager l'article ?
Retour en haut