Dans l’épisode précédent, nous sommes revenus sur les départs du mercato qui auraient pu nous inquiéter, et l’épisode de la blessure de Jonathan Gradit. Voyons à présent quels sont les autres défis que le RC Lens a dû relever la saison passée.
Une attaque amoindrie ?
Avec les départs d’Arnaud Kalimuendo et d’Ignatius Ganago, et une nouvelle blessure du talentueux mais malchanceux Wesley Saïd début septembre (qui l’empêchera de réintégrer le groupe jusqu’au mois d’octobre), on aurait pu craindre que l’attaque lensoise perdre de sa superbe.
De plus, le recrutement de l’attaquant polonais Adam Buksa acté en juin a été terni par une mauvaise nouvelle : le lendemain même de l’officialisation de son départ du New England Revolution, le joueur se blesse avec sa sélection contre la Belgique.
Fracture d’un os de la cheville. Indisponibilité de huit semaines environ. C’est finalement trois mois plus tard que le joueur fera ses débuts en Ligue 1.
Une première saison en France qui se révèlera compliquée pour le colosse d’un mètre quatre-vingt-onze. Après quatre apparitions en septembre et octobre, une opération du pied réalisée fin novembre le tient à nouveau éloigné des terrains. Il faut attendre le 22 avril pour le voir réapparaître lors d’un match, à la 91e minute contre Monaco.
Pourtant, au final, Lens a inscrit 68 buts cette saison, un total que le club n’avait plus atteint depuis 1977 ! Et s’il y en a un qui n’y est pas pour rien, c’est bien le jeune attaquant Belge Loïs Openda, recruté le 6 juillet 2022 alors qu’il était prêté au Vitesse Arnhem par le Club Bruges. Du haut de ses vingt-deux ans, l’attaquant envoie le ballon au fond des filets à vingt-et-une reprises cette saison, avec un pénalty seulement. Il rattrape d’abord le record de 20 buts de Roger Boli le 27 mai face à Ajaccio, et lui rend hommage en faisant l’avion dans un stade Bollaert en ébullition. Puis il le dépasse à la 78e minute du tout dernier match de la saison à l’Abbé-Deschamps.
Cette année-là, il devient aussi le joueur ayant inscrit le triplé le plus rapide de l’histoire de la Ligue 1, en 4 minutes et 30 secondes seulement ! Le jeune attaquant fait ainsi logiquement partie du onze type de la saison de Ligue 1 dévoilé lors des trophées UNFP, tout comme ses camarades Seko Fofana, Kevin Danso et Brice Samba. La colonne vertébrale de l’effectif.
En effet, si la saison de Loïs Openda fut brillante, c’est aussi tout un collectif qui a permis d’amener le Racing sur le podium en fin de saison. L’un des atouts de l’équipe lensoise depuis ce retour en Ligue 1 est que sa réussite offensive ne dépend pas que d’un seul élément. Et cela s’est prouvé cette saison encore. Ainsi, on a pu compter sur le redoutable Seko Fofana, auteur de 7 buts et 5 passes décisives cette saison – qui aurait pu être plus prolifique encore s’il n’avait pas heurté autant de poteaux et de transversales adverses.
Malgré une longue période de disette face aux cages, Florian Sotoca a lui aussi été efficace, avec 7 buts et 9 passes décisives. Si certains ont pu déplorer qu’il ne marque pas davantage, d’autres comme Franck Haise ont vu en lui un potentiel bien particulier à exploiter. Le Narbonnais est en effet bien plus qu’un simple joueur, c’est un véritable couteau suisse.
Son poste de prédilection est ailier droit. Mais le coach lensois l’a également fait débuter deux rencontres en duo avec Loïs Openda (Ajaccio-Lens et Marseille-Lens), quatre en avant-centre, et plus étonnamment, trois en piston droit (Rennes-Lens, Lens-Strasbourg et Lens-Ajaccio).
Nul besoin d’être un observateur particulièrement averti pour comprendre ceci : ce qu’il apporte au groupe, c’est bien plus qu’une poignée de buts. C’est son énergie inépuisable, ce sont ses efforts défensifs, c’est sa capacité à se sacrifier au profit du collectif.
Florian Sotoca, c’est la pierre à aiguiser du RC Lens, qui rend les joueurs autour de lui plus tranchants. Et c’est ce qui fait que sa présence est ô combien précieuse sur le terrain, qu’il soit au beau milieu de l’attaque ou dans le couloir droit.
Par ailleurs, l’attaque lensoise a également pu profiter d’un bon nombre d’éléments adroits face au but : Wesley Saïd a su être rapidement décisif avec un temps de jeu pourtant limité en raison de ses blessures récurrentes (6 buts en 682 minutes) : blessé lors de Lens-Nice en février, il ne réapparaît qu’en avril, avant de subir une élongation musculaire de la cuisse qui le tient éloigné des terrains jusqu’à la fin du mois de mai. Alexis Claude Maurice aussi a séduit par son efficacité, avec 5 buts en 730 minutes de jeu seulement.
Les pistons Przemysław Frankowski et Deiver Machado ont également su apporter leur pierre à l’édifice avec 9 buts et 6 passes décisives à eux deux. Et enfin, la recrue hivernale Adrien Thomasson a lui aussi fait forte impression avec 6 buts et 5 passes décisives en cinq mois seulement. À Lens, tant que le collectif est soudé, le compteur de buts inscrits ne s’enraye pas !
Des absences ? Quelles absences ?
Comme évoqué dans les pertes du mercato estival, on aurait pu craindre que les départs de Jonathan Clauss et Cheick Doucouré se fassent ressentir. Mais c’était sous-estimer le flair de la cellule de recrutement lensoise.
Le 24 juin, soit plus de deux semaines avant le départ de Cheick Doucouré, Lens recrute Salis Abdul Samed, milieu de terrain du Clermont Foot. Et on ne peut que saluer ce pari, qui s’avèrera gagnant : en un temps record, le Ghanéen de vingt-deux ans s’adapte au système de jeu lensois, alors qu’il était habitué à jouer avec une défense à quatre derrière lui à Clermont. Le duo Seko Fofana – Salis Abdul Samed fonctionne à merveille, à tel point qu’on en oublie rapidement le départ de notre bien aimé Douc’. Un véritable tour de force sur lequel peu auraient misé avant l’entame de la saison ! C’est donc tout naturellement que le RC Lens a prolongé le contrat du joueur d’une année supplémentaire, jusqu’en 2028.
L’absence de Jonathan Clauss s’est peut-être fait un peu plus sentir, notamment sur la qualité des centres distribués. Avec trois buts et sept passes décisives en 2020-21, puis cinq buts et onze passes décisives la saison suivante, l’infatigable piston droit était un précieux atout pour les Sang et Or. Mais le club ne s’est pas retrouvé sans solution pour autant. Le 22 juin, plus d’un mois avant le départ du Strasbourgeois pour Marseille, le Racing recrute Jimmy Cabot. L’anticipation dans le recrutement est une vertu en Artois. Après deux belles saisons à Angers, le piston droit de vingt-huit ans signe donc à Lens jusqu’en 2026.
On le voit d’abord dans le rôle du remplaçant de Przemysław Frankowski durant les quatre premières journées, avant de figurer dans le onze de départ contre Lorient. Il réalise un match prometteur et inscrit sa première passe décisive avec le maillot lensois.
Après un passage sur le banc à la 6e journée, il est titulaire lors des quatre confrontations suivantes, avant d’être à nouveau remplaçant à la onzième journée, contre Montpellier. Il rentre à la 58e minute sur le terrain.
Mais ce jour-là, tout s’écroule pour l’ancien Angevin, qui subit une grave blessure au genou gauche sous le regard insensible de M. Ben El Hadj. Quelques jours plus tard, le résultat est sans appel : fin de saison prématurée pour Jimmy Cabot. Un coup dur pour le joueur, mais aussi pour l’ensemble de l’effectif, car il avait donné des prestations intéressantes et ne rechignait pas à fournir des efforts. Pour savoir s’il fera véritablement oublier les performances de Jonathan Clauss, il faudra cependant attendre son retour de blessure la saison prochaine.
Toutefois, le côté droit lensois ne s’est pas effondré pour autant. Cette fois-ci, Deiver Machado s’est épanoui dans le couloir gauche après une première saison compliquée. Cela a donc permis à Frank Haise de compter sur Przemysław Frankowski pour s’installer durablement dans le couloir droit. Au total, le polonais a été l’auteur de 5 buts et 3 passes décisives. Ces chiffres ne rivalisent certes pas (encore ?) avec celles de Jonathan Clauss, mais le football n’est pas qu’une histoire de statistiques, et heureusement. En effet, Frankie a tout de même réalisé une très belle saison et a démontré qu’il savait faire preuve d’intelligence et de sang-froid, aussi bien sur le plan offensif que défensif.
Et enfin, si l’on prend un peu de recul, il ne faut pas oublier l’apport conséquent de Florian Sotoca sur le côté droit : son endurance à toute épreuve et sa propension à ne jamais calculer ses efforts se sont révélés précieux. Par ailleurs, avec ses 9 passes décisives qui ont fait de lui le meilleur passeur de la saison, il n’était pas très loin d’égaler l’ancien piston lensois.
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