CULTURE SANG & OR

Elisabeth

Les femmes et le football [2/3]

Après avoir raconté comme le ballon rond a attiré des joueuses en Grande-Bretagne à partir de la fin du XIXe siècle, Culture Sang et Or se penche sur le développement du football féminin en France, jusqu’en 1945. Les débuts Le football féminin est né, comme son homologue masculin, en Angleterre. De l’autre côté de la Manche, il faut attendre les années 1910 pour qu’il fasse son apparition, d’abord en région parisienne. Un club omnisport de la capitale, le Fémina Sport, va ouvrir la voie en ajoutant le football à la liste des disciplines pratiquées en son sein. C’est le stade Élisabeth, dans le sud de Paris, qui en devient le siège. Le premier match de football féminin en France a lieu le 30 septembre 1917, opposant deux équipes de ce club. Son score de 2-0 est inscrit dans une brève du quotidien sportif L’Auto. Alice Milliat, sportive de haut niveau et présidente du Fémina Sport à partir de 1915, devient l’une des pionnières du développement du sport féminin, au moment où les hommes sont sur le front. « La France est un pays de préjugés où persiste le désir de tenir toujours les femmes en tutelle », déclare-t-elle à l’époque. En 1919, elle prend la tête de la Fédération des sociétés féminines sportives de France (FSFSF), renommée par la suite en Fédération féminine sportive de France (FFSF). Au sortir de la Première Guerre mondiale, les équipes féminines se multiplient. Un championnat parisien créé en 1919 s’étend deux ans ans plus tard à toute la France, avec dix-huit clubs engagés. L’année 1920 voit se dérouler les premières rencontres internationales féminines. Les Bleues se lancent dans une tournée caritative en Angleterre, à Preston, Stockport, Manchester et Londres. Ce sont ensuite les Anglaises qui effectueront le déplacement en France. Envolée avortée Mais d’après Laurence Prudhomme-Poncet, historienne, « cette période des années 1920 est suivie d’une période de régression. […] C’est à partir des premières rencontres franco-anglaises que les résistances vont se faire sentir et les critiques se développer. » Les propos tenus par le cycliste Henri Desgranges en 1925 illustrent bien le genre de commentaires que l’on pouvait entendre à l’époque : « Que les jeunes filles fassent du sport entre elles, dans un terrain rigoureusement clos, inaccessible au public : oui, d’accord. Mais qu’elles se donnent en spectacle à certains jours de fête où sera convié le public, qu’elles osent même courir après un ballon dans une prairie qui n’est pas entourée de murs épais, voilà qui est inacceptable. » À ce moment-là, rappelons-nous que les joueuses anglaises ont déjà été bannies des stades par la Football Association depuis quatre ans. La tendance, pour les joueuses, n’est donc pas à l’optimisme. Le contexte politique des années 1930 n’aide pas la cause des femmes, et c’est bien là un euphémisme. Alors que le football masculin progresse en se professionnalisant – déjà –, les subventions accordées à la FFSF diminuent, puis disparaissent. Deux salles, deux ambiances. La FFSF se voit contrainte de cesser de soutenir le football féminin en 1933. Le championnat féminin disparaît en 1937, après avoir vu le nombre de ses clubs diminuer drastiquement. C’est le régime de Vichy qui portera le coup fatal le 27 mars 1941 en interdisant aux femmes la pratique de plusieurs sports, dont le football. Selon ces messieurs, l’activité sportive détournerait les femmes de leur vie familiale, en particulier du rôle de mère qui leur est intimé, qu’elles aient déjà enfanté ou non. Pire, elle encouragerait le lesbianisme. À compter de ce jour, les femmes n’ont plus le droit d’accéder aux terrains des clubs affiliés aux instances officielles. Les tentatives de justifications médicales et morales fleurissent. Les critiques les plus viles pleuvent contre celles qui s’obstinent à vouloir pratiquer leur discipline. Car certaines sportives en France et dans d’autres pays d’Europe font de la résistance, y compris en organisant des matchs clandestins, alors que tout est fait pour décrédibiliser et anéantir le football féminin. Les efforts de ces rebelles, bien que vitaux, restent un souffle tout juste suffisant pour ne pas voir s’éteindre les dernières braises de ce qui était encore, au lendemain de la Grande Guerre, un feu de joie. Dans un tel contexte, comment espérer un renouveau ? C’est ce que nous verrons dans la dernière partie, avec, bien sûr, un focus sur les féminines du RC Lens. À suivre… [La partie 1/3 de cette série est à lire ici]

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Les femmes et le football [1/3]

Ce lundi 1er juillet 2024, la Ligue féminine de football professionnel (LFFP) a enfin vu le jour. Reconnaissance extrêmement tardive, et pas de géant dans le football féminin français, d’autant qu’il reste encore un long chemin à parcourir. Culture Sang et Or revient sur cette histoire aussi passionnante que sujette à controverses, clichés et polémiques : celle des femmes et du football. Premier volet sur les pionnières britanniques. Les origines Le football féminin, à l’instar de nombreux sports collectifs, trouve ses racines en Angleterre. Malgré une mentalité très conservatrice, la fièvre du ballon rond qui s’est emparée du pays finit aussi par toucher les femmes. Le premier match officiel entre deux équipes féminines est organisé le 9 mai 1881 à Édimbourg. Il oppose des Écossaises à des Anglaises, sans qu’aucun club n’ait encore été créé. À cette époque, le Sheffield FC, premier club de football masculin, existait déjà depuis vingt-quatre ans, et la Fédération anglaise de football (FA) depuis dix-huit ans. Voici ce que raconte le Glasgow Herald, journal local, à propos de la rencontre : « Les jeunes femmes, qui devaient avoir entre dix-huit et vingt-quatre ans, étaient élégamment vêtues. Les Écossaises portaient des maillots bleus, des culottes [ndlt : des pantalons larges et courts de l’époque] blanches, des collants rouges, une ceinture rouge, des bottes à talon et un capuchon bleu et blanc. Leurs sœurs anglaises avaient des maillots bleus et blancs, des collants et une ceinture bleue, des bottes à talon et un capuchon blanc et rouge. » L’impulsion est donnée. Si l’initiative est bien accueillie ce jour-là, ce n’est malheureusement pas le cas lors de la rencontre suivante des joueuses écossaises à Glasgow, le 16 mai 1881. Voici ce que nous en dit le Nottinghamshire Guardian : « Ce qui sera probablement la première et la dernière démonstration d’un match de football féminin à Glasgow s’est déroulé lundi soir, à Shawfield. […] Le piètre entraînement des équipes ne présageait pas d’une excellente compétence de jeu, et si l’étalage de leurs tactiques footballistiques était désolant, ce n’était rien de plus que ce à quoi certains avaient dû s’attendre, et guère pire que les premiers efforts de nos clubs les plus illustres. » Le jugement est quelque peu cassant, mais, soulignons-le, le rédacteur observe que les prestations des footballeurs masculins n’étaient pas si différentes que cela à leurs débuts. Homme ou femme, quand on débute dans un sport, la qualité laisse à désirer. Merci Captain Obvious, diront certains. Un peu plus loin dans l’article, après avoir passé quelques commentaires vestimentaires visiblement indispensables, nous apprenons que les hommes chargés de jouer les arbitres étaient « encore plus ignorants des rudiments les plus élémentaires des règles » que les joueuses. Et qu’un violent envahissement de terrain est survenu à la 55e minute : les spectateurs – majoritairement des hommes – ont laissé éclater un irrépressible besoin de s’en prendre physiquement à elles. Ce n’est que grâce à l’aide de la police que ces dernières ont réussi à s’enfuir. Richard Holt, historien du sport, résume parfaitement la crainte des messieurs de l’époque : « Comment les hommes pouvaient-ils être des hommes si les femmes prenaient possession des activités mêmes à travers lesquelles la masculinité était définie ? » âge d’or et déclin forcé Malgré des heurts qui nous rappellent que la société victorienne est encore loin d’être tolérante, la pratique se développe aux quatre coins du Royaume-Uni, avec un engouement croissant. Mais elle est également perçue comme un acte politique. On compte parmi les pionnières du football féminin de nombreuses féministes revendiquées, autant issues de la classe moyenne que de l’aristocratie. Bien sûr, toutes les joueuses ne se reconnaissent pas comme telles, mais en ces temps-là, le simple fait de poser le pied sur le cuir revêt une dimension militante. En parlant de pied, il faudra tout de même attendre 1895, soit quatorze ans de pratique, pour que les joueuses puissent enfin porter des chaussures de sport adaptées. Cette même année, le premier club de football féminin voit le jour : le British Ladies Football Club, présidé par Lady Florence Dixie, une aristocrate correspondante de guerre et militante féministe. Ce club prendra notamment part à des confrontations face à des équipes masculines et s’illustrera par des victoires. L’anxiété monte chez certains hommes : le risque de voir leur supériorité remise en question dans la société n’est jamais pris à la légère. Le football féminin connaît son âge d’or en Angleterre au début du XXe siècle. Mais comme le laissaient présager les préoccupations égoïstes des hommes, son succès sera aussi éclatant qu’éphémère. Le 5 décembre 1921, alors que l’on dénombrait 150 équipes féminines en Angleterre et que leurs matchs pouvaient attirer jusqu’à plusieurs dizaines de milliers de spectateurs, un coup de tonnerre éclate : l’association britannique de football, la FA, décide de bannir les femmes des terrains. Cette décision est prise au prétexte que « le football est inapproprié pour les femmes. » En vérité, les hommes de la fédération ne supportaient plus cette concurrence. L’interdiction perdurera pendant pas moins de cinquante ans, et ses effets se font ressentir aujourd’hui encore, comme en témoigne l’auteur et journaliste sportif Simon Kuper dans les colonnes du Spectator en 2022 : « Le moment qui a précédé la chute du football féminin peut être daté avec précision. Lors du Boxing Day de l’année 1920, le Dick, Kerr Ladies FC a battu le club de St Helen 4-0 dans un Goodison Park à guichets fermés, sous les yeux de 53.000 spectateurs ayant acheté leur ticket. C’en fut trop pour les hommes de la Football Association. Hystériques à la vue de ces femmes courant comme bon leur semblait, et effrayés par la concurrence du football féminin, ils le bannirent un an plus tard. “Le football est un sport tout à fait inapproprié pour les femmes”, décrètera la règle. À partir de ce jour, la FA a interdit aux clubs masculins de laisser les femmes utiliser leurs terrains. Les joueuses en furent réduites à utiliser des pulls en guise de poteaux de buts dans des parcs. Dans les années qui suivirent, un bon nombre des associations de football les plus éminentes

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L’union fait la force

En s’imposant 2-0 face à Lorient, bête blessée qui n’aura finalement pas piégé les Sang et Or, le RC Lens a engrangé une victoire qui fait du bien au classement comme dans les têtes, et qui apaise l’ambiance quelque peu tendue de ces derniers temps. Tout le monde serait bien inspiré de maintenir cette communion jusqu’à la dernière minute de la saison. Lucidité Le premier ingrédient notable de la semaine dernière, c’est la lucidité. D’abord dans les mentalités. Franck Haise en témoigne lors de la conférence de presse tenue la veille du match : « On est bien conscients qu’il nous manque de l’efficacité offensive, défensive, ou une certaine justesse. » Jonathan Gradit reconnaît lui aussi que l’équipe a « manqué de certaines choses lors de certains matchs » et que tout n’a pas été parfait. Le lendemain, les Artésiens ont su montrer sur le terrain que cette lucidité n’était pas feinte. Après avoir beaucoup tenté, en vain, ils ont su profiter d’un moment de flottement de la défense des Merlus. Le but d’Elye Wahi inscrit à la 57e minute a été salutaire, sans doute autant pour le club que pour le joueur après les critiques virulentes qu’il a dû essuyer. Il se trouve que ce onzième but avec le Racing est aussi son quarantième en Ligue 1. Seuls Karim Benzema et Kylian Mbappé se sont montrés plus précoces que lui. Pour le célébrer, le jeune attaquant a brandi son maillot comme un étendard : il va falloir compter sur lui jusqu’au bout, quoi qu’en disent les mécontents. Un geste qui rappelle celui de Loïs Openda la saison passée, lui aussi décisif après un moment de doute. Cette lucidité s’est également vue chez ses camarades. Comme pour faire écho au superbe démarrage de l’année 2024, David Pereira Da Costa imite son acolyte une vingtaine de minutes plus tard, lui qui n’avait plus marqué depuis février. Notons également la belle inspiration de Nampalys Mendy et d’Adrien Thomasson, deux joueurs souffrant souvent – comme la plupart de l’effectif – d’un certain manque d’éclat cette saison, mais auteurs d’une passe décisive chacun lors de ce match. Communion S’il est un autre ingrédient dont les Sang et Or sont censés avoir le secret, c’est cette communion entre les joueurs et les supporters. En conférence de presse, Jonathan Gradit a su en souligner l’importance : « Je me rappelle du match contre Arsenal à domicile. Avec des supporters différents, nous n’aurions peut-être pas remporté ce match. » Sur la question de l’exigence de ces mêmes supporters, tout du moins une partie d’entre eux, il déclare : « Oui, il y a des réactions peut‑être disproportionnées par moment, mais […] on a besoin d’eux pour décrocher quelque chose de fantastique. » Nous retiendrons surtout de sa prise de parole cette dernière phrase, qui résume tout : « Il faut arriver à tous tirer dans le même sens. » Tirer dans le même sens, et initier une réciprocité dans cette volonté d’être unis, c’est ce que les joueurs ont eu l’intelligence de faire ce vendredi. À Bollaert-Delelis, les hommes de Franck Haise n’ont cette fois pas rechigné à célébrer leur victoire avec les supporters. Si cette célébration arrive un peu tard dans la saison, voyons tout de même le verre à moitié plein : elle a fait du bien au moral. Sur le terrain comme en tribunes. Ces ingrédients-ci seront-ils suffisants pour une fin du championnat réussie ? Le RC Lens doit encore affronter Rennes et Montpellier avant de clore une saison plus que mouvementée. On ne pourra hélas plus compter sur Neil El Aynaoui, ni sur Kevin Danso, dont le centième match sous les couleurs Sang et Or pourrait bien avoir été le dernier. Espérons que les joueurs restants et l’ensemble du staff lensois sauront s’inspirer de cette rencontre de vendredi, où tous ont mis du cœur à l’ouvrage, à l’entame du sprint final.

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Grain de sable dans la machine

L’impression laissée par le match de vendredi à tous les supporters lensois est terrible. Les défaites font partie du sport, et les faux pas peuvent arriver. Mais c’est surtout l’attitude des joueurs ces derniers temps qui a du mal à passer. Après l’Espoir Que vaut ce RC Lens millésime 2024 ? En juger avec ce seul Metz-Lens serait cruel. L’année avait commencé sous de bons auspices en Ligue 1, avec, hormis la défaite contre le Paris Saint-Germain, trois victoires d’affilée qui nous ont bien vite fait oublier notre élimination précoce en Coupe de France. Surtout, un grand motif de réjouissance est apparu : la résurrection de David Pereira Da Costa, buteur lors de ces trois victoires en championnat, bien accompagné par un Elye Wahi qui semble enfin avoir trouvé comment passer la vitesse supérieure. Le mois de février s’est achevé plus péniblement avec un passage express en tour préliminaire de Ligue Europa qui nous a laissé un goût amer, un match nul contre Reims et une défaite contre Monaco. Trop de jaune et de rouge sur le calendrier des résultats, plus assez de vert. On a cru que la machine artésienne repartait de bon pied avec six points pris contre rien moins qu’un Olympique Lyonnais en pleine résurgence, et un Stade brestois qui a depuis longtemps pris le large en haut du classement. D’autant plus qu’Elye Wahi et David Pereira Da Costa s’illustraient encore. Si tout n’était bien sûr pas parfait, les rouages semblaient suffisamment bien huilés pour assurer à la locomotive Sang et Or une progression comptable amplement satisfaisante. LE Grain de sable Mais la joie aura été de courte durée. Contre Nice, Lens a décidé de se saborder tout seul en offrant une large victoire aux hommes en rouge et noir, sous le regard d’un Bollaert médusé. Le but d’Elye Wahi à la 76e minute n’aura pas suffi à rattraper les erreurs lensoises. Dans le derby, nos joueurs n’y étaient pas non plus. Une seule équipe avait envie de gagner, et ce n’était pas Lens. Encore une fois, le but d’Elye Wahi à la 78e ne fait pas basculer la rencontre. Les supporters lensois comptaient sur un enchaînement de trois matchs contre des adversaires coincés en bas de tableau pour se relancer : Le Havre, Metz et Clermont. C’est simple, ajoutez à ces noms celui de Lorient et vous avez les quatre clubs les plus bas dans le classement. Alors, l’objectif était clair : prendre les 9 points sans tergiverser avant les deux rencontres cruciales à Marseille et à Rennes. « J’adore quand un plan se déroule sans accroc », se gargarise Hannibal Smith dans L’Agence tous risques. Nous espérions tous pouvoir déjà lâcher cette réplique à l’issue de ce week-end, mais nos joueurs en ont décidé autrement : match nul contre Le Havre, et défaite contre Metz. Soit les mêmes résultats qu’à l’aller. Le RC Lens que l’on voit sur le terrain n’est ni inspiré ni inspirant, et pire encore, il ne semble pas vouloir se donner les moyens d’inverser la tendance. Les changements pour le moins radicaux de Franck Haise au stade Saint-Symphorien n’y auront rien fait. Le mental n’est plus là. Et la question qui nous taraude tous est : pourquoi ? La lumière se serait-elle éteinte lorsque le rideau de la scène européenne s’est refermé sur nous ? Y avait-il tant que cela de nos joueurs qui surperformaient la saison passée, ou bien sont-ils plutôt nombreux à sous-performer cette saison ? Ont-ils déjà la tête ailleurs ? Quelque chose s’est-il cassé dans le vestiaire ? Pourtant, malgré un début de saison dramatique, le Racing a réussi à se hisser à la 6e place du classement. Bien des clubs aimeraient se trouver à cette même place ! L’Europe est encore un objectif réaliste. Et le board artésien, malgré les émois en interne, répond toujours présent : il vient de prolonger l’un de nos joueurs phares, Facundo Medina, première pierre officiellement posée sur le chantier de la saison prochaine. Alors pourquoi baisser les bras ainsi ? Avec un tel contenu ces derniers temps, le souffle chaud de nos concurrents directs se rapproche dangereusement. Il est grand temps de poser le doigt sur ce grain de sable et de le balayer en vitesse, avant que la machine ne s’enraye irrémédiablement. Au charbon !

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European Hangover

Gueule de bois à l’européenne : c’est cruel, le football. On espère, on vibre, on exulte, on attend, on serre les dents, on prie, et parfois, le destin nous assène un coup de poignard dans le dos. Inspirons un grand coup et prenons un peu de recul. La fin de notre belle aventure européenne fait mal, mais on a connu pire. Tellement pire. Dernier espoir européen Le jeudi 15 février, vingt-quatre équipes pouvaient encore théoriquement prétendre à la victoire finale en Ligue Europa : les seize équipes des barrages de la phase à élimination directe, et les huit vainqueurs de la phase de groupes, qui attendaient patiemment de rentrer à nouveau dans la danse. Parmi ces vingt-quatre, il y avait du beau monde : l’AC Milan, Liverpool, l’Atalanta Bergame, West Ham, l’AS Rome, sans oublier un Bayer Leverkusen en tête du championnat allemand cette saison. Et il y avait le RC Lens. De ces barrages, la moitié des clubs allait voir son parcours s’arrêter brutalement. Ce sont les lois du sport, les lois du football, et elles s’appliquent à tous. « Car à la fin, il n’en restera qu’un », comme dirait l’autre. Et parmi ces clubs encore en lice se trouvait le SC Fribourg. Notre adversaire. Le lion à occire pour espérer entrer dans l’arène des huitièmes de finale. Certains parlaient d’un « tirage clément ». Mais n’y a pas d’adversaire facile quand on est le petit poucet dans une compétition que l’on n’a plus connue depuis presque deux décennies, peu importe la dynamique en championnat de l’une et l’autre équipe. Le match aller nous a rappelé la rudesse d’une confrontation européenne. Les Allemands savent y faire, et ce ne devait être une surprise pour personne. Le score vierge pouvait être frustrant, tout comme le contenu du match, mais ne pas avoir encaissé de but était déjà une bonne chose. Dernière danse Frank Haise et ses hommes ont semble-t-il su tirer des leçons de cette première confrontation, car c’est avec de bien plus belles intentions que le Racing a démarré le match retour en terres fribourgeoises. Le petit prince de la Gaillette, David Pereira Da Costa, nous a fait lever de nos sièges en ouvrant le score à la 28e minute. Puis Elye Wahi, en doublant la mise juste avant la mi-temps, nous a laissé croire que nous venions d’enfoncer un second clou dans le cercueil des joueurs allemands. Ces dernières saisons, Lens en a connu, des retours de vestiaire difficiles. Et malheureusement, ce match n’a pas fait exception. Fribourg, un peu plus frais grâce à deux changements effectués dès le début de la seconde période, a mis le pied sur le ballon face à des Lensois qui ont vu leur assurance leur glisser entre les doigts. Bientôt, elle sembla loin, cette maîtrise affichée en première partie. La tension s’est accentuée juste avant un coup-franc allemand. Przemysław Frankowski et Florian Sotoca ont tous les deux écopé d’un carton jaune. Nous n’étions plus concentrés. Ritsu Doan a tiré. Roland Sallai a marqué. Après cela, la difficulté du match s’est encore intensifiée pour les Lensois, aux prises avec une bête allemande blessée qui refusait de mourir. Six minutes après avoir subi cette réduction de l’écart, Frank Haise a procédé aux premiers changements : Ruben Aguilar et Morgan Guilavogui sont rentrés, sifflant la fin de match pour Frankowski et Wahi. Un peu plus tard, ce fut au tour de Jhoanner Chávez et David Pereira Da Costa de céder leur place à Massadio Haïdara et Angelo Fulgini. Hélas, on ne peut pas dire que cette fraîcheur ait fait se lever un véritable vent de révolte du côté des Lensois, qui ne parviendront pas à asséner le coup fatal. Deux minutes avant la fin du temps additionnel, alors que tous les supporters regardaient le chronomètre en retenant leur souffle, le coup du sort s’abat : Fribourg égalise et arrache les prolongations. Nos hôtes prennent le large à la 98e minute. Lens ne reviendra pas au score. Nouvelle expérience européenne On retiendra quelques occasions lensoises ratées qui auraient pu changer le cours de l’histoire si elles avaient bien voulu finir au fond des filets, mais également plusieurs arrêts salvateurs de Brice Samba. Le scénario est cruel, presque sadique. C’est le football de haut niveau. Dans ce contexte, il est bon de se rappeler ces mots célèbres : « Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends. » Ce soir-là, le RC Lens a eu de quoi avoir des regrets. Mais il a appris.   Ces dernières années, le club a évolué à vitesse grand V. Une progression impressionnante que notre ambition toujours plus folle nous pousse parfois à minimiser, à coups de « oui, c’est bien joli tout ça, mais maintenant, il faut viser plus haut ! » Bien sûr qu’il faut toujours viser plus haut. C’est le moteur même du sport. Mais attention aux vertiges des hautes altitudes : là-haut, l’oxygène se fait plus rare, et il faut s’acclimater intelligemment. Nombreux sont ceux qui peuvent se brûler les ailes en voulant atteindre le soleil trop vite, sans réfléchir, sans apprendre de leurs erreurs. Des erreurs, le Racing en a commis. Il a aussi pâti du manque d’expérience de ce groupe à un tel niveau. Mais qui pouvait sincèrement penser que nous ne ferions aucun faux pas ? Que nous roulerions sur tout le monde avec l’assurance insolente des plus grands monstres du football ? Des clubs avec une expérience internationale bien plus fournie que la nôtre en commettent chaque saison, des erreurs ! Alors nous, petit poucet de la scène européenne, grande surprise de la saison 2022-23 en championnat, qualifiés en Ligue des champions après être remontés en Ligue 1 trois ans auparavant, nous n’en ferions pas ? Nous aurions la prétention de nous croire plus forts, plus malins, plus talentueux ? Non. Tomber face au SC Fribourg, qui joue sa troisième Ligue Europa en sept saisons, fait partie de l’apprentissage normal. Désormais, il va nous falloir encaisser rapidement cette déception et nous remettre la tête à l’endroit. Car cette saison, s’il se donne les moyens de ses ambitions, le Racing peut aller chercher à nouveau

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Émoi en Artois

L’hiver dernier, le RC Lens avait prolongé un bon nombre de joueurs clés et accueilli dans ses rangs Adrien Thomasson et Angelo Fulgini, deux renforts qui se sont révélés très intéressants pour la deuxième moitié de saison 2022-23. Cette année, c’est finalement sur un mercato hivernal très calme que les portes se sont refermées. Cela n’a pour autant pas empêché la neige du mois de janvier d’apporter son lot de rumeurs et d’interrogations. Bilan comptable Une seule arrivée en tout début de mercato est à noter, celle du piston gauche Jhoanner Chávez, qui a déjà eu l’occasion de se montrer contre le PSG et Toulouse et laissé une très belle première impression. De l’autre côté de la balance, plusieurs départs ont été enregistrés : Faitout Maouassa est reparti à Bruges pour être prêté dans la foulée à Grenade. Wuilker Faríñez, que le club a libéré de son contrat six mois avant son terme, est retourné librement au Caracas FC. Sa blessure au genou survenue en juin 2022 l’aura privé d’un destin de portier numéro un chez les Sang et Or. Et enfin, le jeune Óscar Cortés a été prêté avec option d’achat chez les Glasgow Rangers. Un bilan qui n’annonce donc pas un souffle de renouveau sur les terres artésiennes. Pourtant, il aurait pu en être autrement, car un autre joueur nettement plus important dans le vestiaire lensois avait été pressenti sur le départ. Le « cas Haïdara »… Massadio Haïdara, dont c’est déjà la sixième saison au Racing, a fait l’objet d’un intérêt poussé du FC Nantes pendant les dix derniers jours du mercato pour permettre le départ de leur arrière gauche Quentin Merlin à l’OM. Le club à l’hermine avait d’ailleurs obtenu l’accord du joueur malien, sous contrat avec le RC Lens jusqu’en juin 2025. Il a été question d’un transfert entre 1,5 et 2 millions d’euros, à condition de lui trouver un remplaçant. Ce qui n’a pas été le cas. Se queda, comme on dit. Hormis cette incertitude qui a tout de même perduré pendant plusieurs jours, un autre détail a remué les eaux très calmes de ce mercato : la réaction de Franck Haise sur son potentiel départ. « Je n’ai jamais souhaité que Massadio parte », a-t-il assuré en conférence d’avant match contre Toulouse. Avant d’ajouter : « La direction sait aussi très bien ce que j’en pense. Je suis là pour avoir le meilleur groupe possible, pour faire la meilleure fin de saison possible. Ce n’est pas pour autant que l’entraîneur est toujours écouté. […] On a beaucoup de communication entre nous, mais on n’est pas toujours obligés d’être d’accord. » Et un cas Franck Haise ? Cinq jours plus tard, un communiqué du club a annoncé que le technicien normand quitte le poste de manager général pour se recentrer « sur la fonction de Manager de l’équipe professionnelle. » Y aurait-il de l’eau dans le gaz entre Franck Haise et le reste du board lensois ? C’est ce que beaucoup ont redouté, et cela peut se comprendre, car les signaux de ces derniers jours n’étaient pas des plus glorieux. Heureusement, Franck Haise a clarifié la situation dès le lendemain. Cette décision a été le fruit d’une réflexion personnelle entamée dès la fin de l’année 2023 : « Je souhaitais préserver mon énergie pour la recentrer sur mon cœur de métier, celui que j’aime le plus, c’est d’être au contact de mes joueurs, de mon staff, et d’être entraîneur », a-t-il expliqué. C’est donc bien l’entraîneur lensois qui a fait part de son choix à Arnaud Pouille et Joseph Oughourlian, et non l’inverse. Ces derniers ont par ailleurs fait preuve de beaucoup d’écoute et de compréhension. Frank Haise pourra donc prendre du recul et se concentrer sur l’essentiel. Un choix qui ne peut qu’être bénéfique au club et qui souligne, comme si c’était encore nécessaire, l’intelligence du coach là où d’autres se seraient sans doute obstinés jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Et pour ceux qui auraient encore des doutes sur son état d’esprit, ces mots devraient les rassurer : « Il n’y a pas cinquante solutions, soit j’arrête d’entraîner, soit j’arrête d’être manager général. Et comme j’aime trop mon métier d’entraîneur et que je veux le faire encore pendant plusieurs années, j’ai pris l’autre décision. » On peut se féliciter que l’entraîneur des Sang et Or ait su prendre la hauteur nécessaire au moment opportun. En parlant de hauteur, justement, voilà encore un signe qu’il est toujours en pleine forme : son exil forcé en tribunes l’a amené à constater que la vue y était bien meilleure qu’au bord de la pelouse. Au point même qu’il envisage la possibilité de rester en tribune pendant les premières périodes !   Ainsi donc, il y aura eu plus de peur que de mal cet hiver. L’un des joueurs clés du vestiaire que l’on pensait voir partir reste, et notre entraîneur qui semblait montrer des signes de fatigue ou de contrariété a apporté des éléments rassurants. Bien sûr, le football étant ce qu’il est, impossible de prédire quel sera l’avenir de l’un comme de l’autre une fois la saison terminée. Alors concentrons-nous sur le présent. Ce mercato hivernal désormais clos, le restant de la saison semble avoir pour maître mot la stabilité. La recette est différente de celle de l’hiver précédent. L’avenir nous dira si elle est aussi judicieuse – le match de ce week-end étant déjà de bonne augure.  

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Lens et la Coupe anglo-franco-écossaise

On pourrait croire à un titre d’une parodie de Harry Potter, mais il n’en est rien. La mémoire collective a retenu que les débuts européens du Racing Club de Lens ont eu lieu en 1975 à Dublin, match sur lequel nous sommes revenus ici. Certains préfèrent parler de l’International Football Cup, disputée par les Lensois à l’été 1964. En réalité, on peut remonter encore plus loin. La Coupe Connaissez-vous la Coupe anglo-franco-écossaise de football ? Il s’agit d’un tournoi certes amical, mais d’une compétition tout de même. Si cette coupe est aujourd’hui largement oubliée, c’est parce qu’elle n’a pas eu le temps de marquer les esprits : elle n’a connu que deux éditions. Elle fait son apparition en 1960, à l’initiative de la Fédération française de Football, soit à une époque où le football européen est en plein essor. Il y avait en réalité deux coupes distinctes : la Coupe franco-anglaise et la Coupe franco-écossaise. Les clubs anglais et écossais ne s’affrontaient pas entre eux. Le format était assez inhabituel : il n’y avait pas de progression vers une finale. Le pays qui remportait le plus de confrontations, dans des duels aller-retour entre une équipe française et une équipe britannique, était déclaré vainqueur. Et les participants étaient les clubs les mieux classés de leur championnat national sans avoir réussi à se qualifier pour une Coupe d’Europe. Écosse, 1960-61 Parmi eux, le Clyde FC, un club écossais fondé à Glasgow en 1878. Il tire son nom de la Clyde, un fleuve d’Écosse. En 1960, il joue au Shawfield Stadium, dont il est le club résident depuis 1898. Ce stade a une histoire assez particulière : en plus des matchs de football, des courses de lévriers y sont également disputées, depuis 1932. Le succès auprès du public est d’ailleurs tel que la société organisatrice de ces courses rachète le stade au Clyde FC au bout de trois ans. Les footballeurs continueront tout de même d’y jouer jusqu’en 1986. En 1957, le Clyde FC remporte le championnat de la Scottish Football League First Division – le nom du deuxième niveau du championnat d’Écosse à cette époque – et accède donc à la première division, la Scottish Division One. En 1959-60, les Glaswégiens finissent sixièmes au classement et sont donc invités à participer à la Coupe anglo-franco-écossaise, comme un certain Racing Club de Lens. Côté artésien, lors de la saison 1960-61, on est dans les dernières années des maillots sans sponsor. Les joueurs du RC Lens peuvent donc arborer fièrement un large blason du club au milieu de la poitrine. Parmi les joueurs de cet effectif entraîné par Jules Bigot, on peut citer Arnold Sowinski, Bernard Placzek, Stanislas et Maryan Wisniewski, Georges Lech, ou encore Ahmed Oudjani. À l’été 1960, les Sang et Or sortent d’une saison où ils ont eux aussi terminé à la sixième place du classement de l’ancêtre de la Ligue 1, appelé à cette époque Division nationale. Ils sont donc appelés pour représenter la France contre l’Écosse, en compagnie de Sedan, Toulouse et Valenciennes. La saison n’a pas encore commencé lors du premier match contre le Clyde FC, le 7 août. Ce sont les Lensois qui accueillent les Écossais à Bollaert. Tout comme pour le RC Lens, il s’agit du premier match européen du Clyde FC. Ces derniers se montrent, hélas pour nos joueurs, très inspirés, et ouvrent le score cinq minutes avant la mi-temps grâce à Archie Robertson. John McLaughlin double la mise et plombe les Sang et Or deux minutes plus tard. En deuxième période, Lens se montre vaillant, mais ne parvient pas à concrétiser. Une frappe de l’international français Michel Stievenard heurte la barre transversale. La défense, fatiguée, laisse finalement John McLaughlin inscrire un coup du chapeau. Le RC Lens s’incline lourdement sur le score de 0-4. Cela ne les empêche pas de faire preuve de courtoisie avec leurs invités. Un briquet en forme de lampe de mineur est offert à chaque joueur écossais, ainsi qu’un autre en plus grand format pour être exposé dans la salle de réunion de Shawfield. Le match retour se joue le 27 septembre au Shawfield Stadium. Le RC Lens a alors derrière lui au total trois défaites, trois victoires et un nul obtenu contre le Stade français quelques jours plus tôt. Le froid est mordant ce soir-là, et seuls 7 000 spectateurs ont été assez braves pour assister à la rencontre. Lens ouvre le score après huit minutes de jeu, mais Clyde égalise peu de temps après grâce à un but de George Herd sur corner. McLaughlin, ce diable d’Écossais, permet à son équipe de prendre l’avantage sur une erreur défensive juste avant la mi-temps. Le score ne bougera plus. Le Clyde FC peut donc se targuer de son invincibilité en Europe, puisqu’il s’agit de l’unique participation à une compétition continentale de son histoire. Et il risque de ne pas y regoûter de si tôt, évoluant de nos jours en quatrième division, la Scottish League Two. Les aventures lensoises, elles, ne font que commencer. Pays de Galles, 1961-62 Un an plus tard, on retrouve à nouveau les Sang et Or lors de la deuxième et dernière édition de cette Coupe Anglo-franco-écossaise. Lens a fini la saison précédente à la dixième place du classement et est appelé à représenter la France contre l’Angleterre cette fois, avec Bordeaux, Nancy et Béziers. Avant le match aller, les Lensois affichent un bilan plutôt satisfaisant de onze victoires, deux nuls et six défaites, malgré quatre revers à la suite lors d’un mois d’octobre catastrophique. Leur adversaire est désigné. Ce sera Cardiff City. « Mais Cardiff ne se trouve pas en Angleterre ! », diront probablement les plus attentifs d’entre vous. En effet. Bien qu’étant un club du Pays de Galles, Cardiff City participe aux compétitions anglaises, tout comme son grand rival, le Swansea City AFC. Le club a été fondé en 1899 pour un curieux motif : garder les joueurs du Riverside Cricket Club en forme durant l’hiver. Il est d’ailleurs initialement connu sous le nom de Riverside AFC, puis rebaptisé Riverside Albion et enfin Cardiff City Football

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Ode à la joie

La première moitié de la saison 2023-24 touche à sa fin. Lens a terminé son année à Bollaert par une victoire contre Reims. Plus qu’une journée et un déplacement à Nice avant que le classement de la Ligue 1 ne se fige pendant quelques semaines, comme prisonnier du givre. L’Europe nous attend encore, au sortir de cette hibernation, avec une nouvelle compétition qui nous tend désormais les bras. Nous attendions tous cette « finale européenne » mardi dernier à Bollaert. Une dernière confrontation qui s’annonçait délicate face au FC Séville, tenant du titre de la Ligue Europa, et sept fois vainqueur de cette compétition dans son histoire. Nos guerriers ont su trouver le courage et l’inspiration pour terminer leur parcours en beauté, en battant les Espagnols 2-1 dans un match très disputé, qui restera assurément dans les mémoires. C’est sur cette dernière danse que le peuple sang et or a tiré sa révérence en Ligue des champions, pour le moment du moins. Mais un rideau de scène peut en cacher un autre. Et en Artois, les étoiles européennes flottent toujours dans le ciel bleu hivernal. Grâce à cette troisième place du groupe B, nos joueurs retrouvent la C3. Une première depuis la saison 2007-08, dont nous étions sortis avant même d’atteindre la phase de groupes. Pour les barrages de la phase à élimination directe à venir, en sachant que nous ne pouvons pas affronter un autre club français, cinq adversaires potentiels nous attendent : le SC Fribourg, le Sparta Prague, le Sporting Portugal, l’AS Rome et le Qarabağ FK. Sans surprise, l’éventualité d’affronter le club azerbaïdjanais a fait fleurir quelques blagues sur les réseaux sociaux, que ce soit pour évoquer des retrouvailles hautes en couleur avec l’ancien attaquant lensois Abdellah Zoubir, ou les fameux 14 millions d’euros d’Hafiz Mammadov. Mais le jeu des statistiques en décidera peut-être autrement. En effet, il est plus probable que le RC Lens affronte le Sporting ou l’AS Rome, à raison d’une chance sur quatre pour le premier et une sur cinq pour le second. Par chance, le suspense ne nous torturera pas bien longtemps. Le tirage au sort a lieu aujourd’hui même, à 13h.

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Lens et l’Outre-Manche, une longue histoire

C’est une longue histoire que celle, depuis près d’un demi-siècle, des confrontations entre le RC Lens et les clubs des îles Britanniques. Avant la deuxième confrontation de la saison contre Arsenal, à l’Emirates Stadium de Londres, revenons sur les autres rencontres du RC Lens face aux équipes évoluant de l’autre côté de la Manche.  IRLANDE, 1975-76 L’affrontement avec le club irlandais de Home Farm lors de la saison 1975-76 est le tout premier match européen de l’histoire du Racing Club de Lens. En 1975, Home Farm joue dans le championnat d’Irlande depuis trois saisons seulement. Le plus grand exploit de ce club de Dublin est sa victoire en Coupe d’Irlande la saison précédente contre le Shelbourne FC, qui lui vaut de participer à la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe. Côté français, le grand Saint-Étienne a réalisé le doublé Coupe-championnat en 1974-75, et le RC Lens, finaliste de la Coupe de France, se retrouve donc également qualifié. Dans l’effectif, on retrouve les joueurs phares que furent Daniel Leclercq, Jean-Marie Élie, Roger Lemerre, Eugeniusz Faber et Didier Notheaux. Arnold Sowinski, ancien joueur du Racing, est désormais entraîneur. Les Sang et Or rencontrent le Home Farm FC lors des seizièmes de finale. Le match aller, le 17 septembre 1975 au Whitehall Stadium, se solde par un match nul, 1-1. Alain Hopquin, qui a ouvert le score à la 11e minute, reste dans l’Histoire comme le premier joueur lensois ayant marqué en Coupe d’Europe. Le match retour se déroule à Bollaert, le 1er octobre. Dire que les Sang et Or font forte impression serait un euphémisme. Didier Notheaux ouvre le bal à la 10e minute, suivi par Juan Mujica sur penalty dix minutes plus tard. Alfred Kayser inscrit rien moins qu’un triplé. Et enfin, Robert Llorens, qui avait remplacé le premier buteur, conclut la mise à la 80e minute. Score final : 6-0. Lens s’inclinera malheureusement au tour suivant contre les Néerlandais de l’ADO La Haye. ÉCOSSE, 1986-87 Une dizaine d’années plus tard, les Lensois ont cette fois affaire à des Écossais, avec le club de Dundee United. Il a d’abord porté le nom de Dundee Hibernian lorsqu’il a été créé en 1909 par la communauté irlandaise catholique de la ville, comme le furent le Hibernian FC à Édimbourg en 1875 et le Celtic FC à Glasgow en 1887. « Hibernian » vient tout simplement de Hibernia, nom latin de l’île d’Irlande. Les couleurs arborées à l’époque étaient donc sans surprise le vert et le blanc. Mais en 1923, le club est sauvé de la faillite par des hommes d’affaires de Dundee, et il n’est alors plus question de mentionner les origines irlandaises du club. Ses couleurs deviennent le noir et le blanc, avant de laisser place au orange et noir en 1969. Entraînés par Jim McLean depuis 1971, les Dundonians traversent au début de la saison 1986-87 leur période la plus faste. Ayant terminé troisièmes du championnat à l’issue de la saison 1985-86, ils se sont qualifiés pour les 32es de finale de la Coupe de l’UEFA. À Lens, l’équipe est alors composée de noms qui nous sont encore chers, comme Éric Sikora, Didier Sénac, Francis Gillot, Jean-Guy Wallemme ou encore Chérif Oudjani. Une cinquième place au classement de la saison 1985-86 les envoie eux aussi en 32es de finale de la Coupe UEFA. Le 17 septembre 1986 se joue le match aller, à Bollaert. Les Lensois l’emportent sur le plus petit des scores grâce à un but de Daniel Carreño à la 41e minute. Le match retour se soldera quant à lui par une défaite 2-0 à Tannadice Park, après avoir encaissé un but de Milne à la 55e minute et un autre de Coyne cinq minutes plus tard. Les Lensois sont éliminés dès leur entrée en lice. Maigre consolation : ils se sont inclinés face aux futurs finalistes de cette seizième édition, qui ne seront battus que par les Suédois de l’IFK Göteborg (2-1). ANGLETERRE, 1998-99 L’Histoire nous joue parfois de drôles de tours. Alors que depuis ses débuts européens le RC Lens a affronté à trois reprises un club anglais lors de compétitions officielles, à chaque fois, le sort semble prendre un malin plaisir à nous adjoindre le même adversaire : Arsenal. Fondé en 1886 par des ouvriers de la manufacture d’armes de Woolwich, le club londonien cristallise en France un singulier mélange de tension et d’affection, principalement à Lens pour la première, et plus largement dans l’hexagone pour la deuxième. L’effectif d’Arsenal est composé à cette époque de noms qui ont aujourd’hui encore gardé un écho particulier : Denis Bergkamp, David Seaman, Ian Wright, et bien sûr la ribambelle d’internationaux français que furent Thierry Henry, Patrick Vieira, Emmanuel Petit et Nicolas Anelka. Ce groupe est également entraîné depuis deux ans par un Français, Arsène Wenger, un relatif inconnu à son arrivée en Angleterre. Cela ne l’a pas empêché de remporter à la fois le championnat et la FA Cup en 1997-98, qualifiant ainsi son club en Ligue des champions pour la première fois de son histoire. De l’autre côté de la Manche, ce sont d’autres noms emblématiques qui résonnent : Guillaume Warmuz, Yoann Lachor, Frédéric Déhu, Valérien Ismaël, Franck Queudrue, Marc-Vivien Foé, Mickaël Debève, Vladimír Šmicer, Pascal Nouma, Tony Vairelles, Daniel Moreira et bien sûr Éric Sikora. Des joueurs qui ont permis au Racing d’entrer dans une nouvelle dimension. En effet, après un titre de champion de France pour la saison 1997-98, les hommes de Daniel Leclercq ont eux aussi décroché leur ticket pour la toute première participation du club à la Ligue des champions. Ils se retrouvent dans le groupe E avec Arsenal, le Dynamo Kiev et le Panathinaïkos. C’est d’abord Arsenal qui débarque en Artois dans les crampons du favori. Pour la première fois, l’hymne de la Ligue des champions résonne à Bollaert. À la 51e minute, Marc Overmars reprend une passe en profondeur d’Emmanuel Petit et trompe Guillaume Warmuz. Les Lensois redoublent d’efforts pour revenir au score. Une nouvelle frappe d’Overmars crée la frayeur à la 56e minute, mais elle est

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Rayons de soleil dans le déluge

Une tempête en chassant une autre, quelques incertitudes ont plané lors de la semaine dernière sur la tenue du match à Lorient, pour la onzième journée de Ligue 1. Le football l’a emporté sur les éléments, et, malgré un temps peu clément et un nul frustrant, quelques rayons de soleil ont réussi à briller dans le ciel lourd du Morbihan. Un manque de réalisme frustrant Une pluie diluvienne. Un vent à décorner les bœufs. De rares accalmies. Voilà les conditions dans lesquelles nos guerriers lensois se sont battus sur la pelouse du Moustoir samedi, sous les encouragements d’un parcage tout aussi courageux. Franck Haise, entraîneur de l’équipe réserve du FC Lorient de 2013 à 2015, puis entraîneur adjoint de l’équipe première jusqu’à son départ pour Lens en septembre 2017, a compté sur un onze quelque peu différent de l’ordinaire. Il peut regretter son manque d’efficacité, mais pas sa vaillance. Pas de Deiver Machado dans le couloir gauche cette fois-ci, mais un Massadio Haïdara titularisé pour la troisième fois cette saison. Autre troisième démarrage de la saison, au milieu de terrain, pour la paire Andy Diouf – Nampalys Mendy, comme contre Strasbourg et Le Havre, préférée à l’habituelle association Diouf – Abdul Samed. En pointe enfin, point d’Elye Wahi. Morgan Guilavogui a connu sa deuxième titularisation sous les couleurs lensoises. Il fallait remonter à la J1 à Brest pour la première. On se félicitera que les Lensois aient fait preuve d’allant et d’ambition, et rapidement imposé leur rythme. Mais malgré une possession à leur avantage, et 14 tirs dont 7 cadrés – contre 7 tirs et seulement 2 cadrés côté lorientais –, le score est resté vierge. Il y a pourtant eu quelques frissons dans ce match, comme la puissante frappe d’Angelo Fulgini à la 26e minute, cadrée mais arrêtée d’une main ferme par Mvogo. Ou la frappe audacieuse de Facundo Medina quelques minutes plus tard, elle aussi captée par le gardien lorientais. À la 34e minute, Fulgini élimine un défenseur adverse et centre dans la surface pour Guilavogui, mais la pointure de trop qui lui avait valu un hors-jeu au stade Océane semble malheureusement avoir rétréci au lavage. Il manque le ballon de peu. En seconde période, si le RC Lens repart avec les mêmes intentions, le réalisme a continué de le fuir. Après une minute de jeu à peine, Morgan Guilavogui centre à ras-de-terre et fait courir le ballon le long du but. Hélas, Angelo Fulgini ne parvient pas à le toucher et Florian Sotoca arrive une seconde trop tard. Le comble de la malchance vient une minute plus tard, lorsqu’une frappe osée de Sotoca depuis le milieu de terrain heurte la barre transversale. Belle allégorie du match : ça ne veut pas rentrer. Nous étions pourtant à deux doigts de revivre son but à Old Trafford cet été. Les Lensois aussi ont un instant de panique à la 66e minute, lorsqu’une tête d’Eli Junior Kroupi fait trembler les filets. Le Lorientais est finalement signalé hors-jeu. Il fallait se méfier de ce joueur prometteur, déjà auteur de trois buts depuis le mois d’août. Et ce hors-jeu peu flagrant nous a forcément refait penser à celui de Guilavogui deux semaines plus tôt. La frustration d’alors a laissé la place au soulagement. Quant à savoir si c’est cela, le football que nous aimons, celui où chaque action est jugée au millimètre et où l’esprit d’une règle se perd peu à peu dans un brouillard protocolaire nébuleux, chacun se fera son propre avis. Et malgré cette frayeur, ce sont sans nul doute les Lensois qui ont le plus de raisons de se mordre les doigts. Rayons de soleil En dépit d’un 0-0 rageant, certains éléments se sont mis en valeur dans ce match. Angelo Fulgini, tout d’abord, s’est montré particulièrement créatif. Il aurait mérité de progresser au classement des passeurs, où brille Florian Sotoca. Arrivé pendant le mercato hivernal de janvier 2023, il est d’abord quelque peu resté dans l’ombre de l’autre recrue hivernale du RC Lens, Adrien Thomasson. Si les deux joueurs ne sont pas identiques, ils ont des rôles très similaires. Et alors que les débuts de l’ancien Strasbourgeois ont été remarquables la saison passée, avec 5 buts pour 20 apparitions en L1, dont 16 titularisations, Fulgini n’est lui parvenu à marquer qu’une fois en 17 matchs joués, dont 12 titularisations. Tout ne se résume pas aux statistiques, bien sûr, et l’on peut relever qu’il avait besoin d’une remise à niveau physique après une demi-saison peu active à Mayence. Cette saison, entre la Ligue 1 et la Ligue des champions, la dynamique semble s’équilibrer entre ces deux joueurs. Ils ont tous deux joué 14 matchs, et c’est sur les titularisations que la différence se fait : 8 pour Thomasson, et désormais 10 pour Fulgini. Est-ce dû à une plus grande confiance de la part de Franck Haise, ou bien à un calendrier plus chargé, qui profite en Ligue 1 à ceux qui jouaient moins la saison passée ? Sûrement un mélange des deux. Toujours est-il que l’apport et les intentions d’Angelo Fulgini dans le jeu évoluent dans le bon sens, comme l’illustrent son but à Séville et sa belle prestation ce week-end. Efforts à poursuivre. S’il est en revanche un joueur qui a prouvé depuis longtemps sa valeur, c’est Facundo Medina. Lui a réalisé un match exceptionnel à Lorient, à l’image de son début de saison flamboyant, où il est très impliqué dans le jeu offensif. Après des premières sorties compliquées et de nombreux buts encaissés, la défense lensoise a aussi su arrêter l’hémorragie, et Medina retrouver une solidité rassurante. À présent que l’essentiel est revenu, l’Argentin a du feu dans les jambes. Il se projette de plus en plus, si bien que c’est lui que l’on pourrait désormais affubler du surnom de « la Perceuse ». Ce sont les mots de Franck Haise, lors de son explication tactique de la victoire contre Arsenal, qui résument le mieux l’attitude de son défenseur : « Facundo Medina, lui, plus il est haut, plus il est content. » Une

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