Nous avons tous déjà ressenti cette sensation. Cette oppression dans la poitrine, le ventre tordu par des crampes, les mains moites, une transpiration plus importante malgré la fraîcheur matinale...
Cet état se manifeste pendant l’attente qui précède un moment important. Cela peut-être avant un rendez-vous amoureux. On s’apprête du mieux que l’on peut, on répète nos meilleures phrases d’accroche devant le miroir de la salle de bain et on adopte la meilleure démarche comme la classe d’Aldo Maccione. Ou bien avant un entretien d’embauche pour ce poste tant convoité. On a sorti de notre placard le costume multifonctions qui sert aussi bien pour les mariages que pour les enterrements. On met à jour notre C.V. en appuyant sur notre maîtrise sans faille d’Excel et notre anglais lu, écrit et parlé avec un TOEIC du feu de Dieu !
Pour les Lensois, et aussi (il faut l’admettre) pour les supporters d’un club voisin à 35 km plus au nord, cet état de stress précède le derby. Pendant une semaine, les Sang et Or vont imaginer Florian Sotoca conjurant le sort en prenant Lucas Chevalier à contrepied. Alors que les Lillois rêvent de voir Zhegrova enrhumer Facundo Médina et loger sa frappe en lucarne.
D’autres seront plus vindicatifs, montant sur le terril Sainte Henriette pour afficher une banderole en terre voisine ou en remplaçant la direction Lille par Lens sur les panneaux de l’A1. Au fond, ce qui se cache derrière ces chambrages et ces provocations sur les réseaux, c’est le fait que nous attendons des deux côtés ces retrouvailles du derby. Nos vies de supporters seraient sans doute plus fades sans ces moments d’attente et d’appréhension.
Car oui, les relations historiques entre Lens et Lille sont intimement liées. Après tout, on a tendance à oublier qu’Edouard Bollaert, administrateur des mines de Lens, est né à Bailleul et fut enterré à Lille. Et son fils, Félix Bollaert, qui a voulu la construction de notre stade, a vu le jour à Lille, conservant un hôtel particulier Boulevard de la Liberté dans cette même ville.
Vendredi 29 mars à 21h, cette bulle de stress va exploser dans l’enceinte du stade Pierre Mauroy. Vers 23h, nous serons soit euphoriques, soit abattus. Le lundi, on se chambrera gentiment à la machine à café entre collègues. Puis nous attendrons fébrilement le calendrier de la saison prochaine pour cocher les deux dates du derby.
Allez Lens !