CULTURE SANG & OR

Nicolas

En piste !

Après une fin de saison agitée en coulisses, le Racing en mode Will Still entre en piste avec huit matchs de préparation. Cinq rencontres sont prévues afin de monter en puissance progressivement, avant les affiches de prestige contre le champion d’Allemagne, Leverkusen, et le Leicester de l’inoxydable Jamie Vardy. Tour d’horizon des adversaires. Deux clubs issus de la Jupiler Pro League sont d’abord au programme de cette préparation estivale. Ce samedi 6 juillet c’est une opposition face à Courtrai qui ouvrira le bal. Le Koninklijke Voetbalclub Kortrijk sort d’une saison 2023-2024 particulièrement éprouvante. Lors de la saison régulière, le club a fini à l’avant-dernière place du championnat, avec simplement 22 buts inscrits, soit la plus mauvaise attaque du championnat. Le salut est venu d’un sauvetage miraculeux dans les play-offs de relégations après une victoire rocambolesque contre le Lommel SK, en inscrivant contre toute attente quatre buts lors de la prolongation. Nous vous faisons grâce d’une explication exhaustive du système de relégation et promotion chez nos voisins, illisible. À noter que Courtrai a vu passer dans son effectif des figures connues de notre Ligue 1 comme Terem Moffi et Youcef Attal, mais également un ancien de la maison sang et or, Steven Joseph-Monrose. La seconde opposition face à un club du pays natal de notre nouvel entraîneur sera la rencontre face à l’OH Louvain. C’est un avant-goût du match contre Leicester qui s’annonce. En effet, dans ce football de la multipropriété, le Oud-Heverlee Louvain a pour propriétaire depuis 2016 le groupe Thaïlandais King Power. L’ancien Den Dreef Stadion s’appelle désormais le King Power Stadium. Le club entraîné par Oscar Garcia a fini à une honorable douzième place, juste au dessus de ligne de flottaison des barrages de relégation. Entre ces deux rencontres franco-flamandes, c’est le Red Star, promu en Ligue 2 après son titre de champion de National, qui va se présenter face au Racing le 12 juillet, à Billy-Montigny. À l’instar des Sang et Or, les Audoniens ont vécu une fin de saison agitée en coulisses. Tout d’abord leur médiatique entraîneur Habib Beye n’a pas prolongé son aventure au stade Bauer à la fin de son contrat le 30 juin. C’est Grégory Poirier, auteur d’une brillante saison avec le FC Martigues, auréolé lui aussi d’une montée en Ligue 2, qui a pris les rennes du club de Saint-Ouen. L’autre incertitude provient du fond 777 Partners qui détient le club. Celui-ci est visé par 16 plaintes pour fraudes et impayés outre-Atlantique. Le Standard de Liège, autre club dans son giron, est proche de la liquidation. Dans la très politisée tribune Rino Della Negra, les actions de protestation contre l’actionnaire sont permanentes. Néanmoins, c’est un club avec des certitudes sur le terrain et sur le banc de touche qui va se présenter et offrir une belle opposition. Enfin la montée en régime se terminera par une double confrontation contre le FC Utrecht, qui viendra ponctuer une semaine de stage. Acteur bien connu de l’Eredivisie, le club est pratiquement le jumeau comptable du Racing Club de Lens lors de la dernière saison. Les deux clubs ont fini tous deux à la 7e place du championnat, avec 51 points pour les Sang et Or et 50 pour la ville de naissance de Marco Van Basten. Un adversaire d’un calibre semblable à celui Racing va donc permettre d’aborder la dernière ligne droite de cette préparation. La première page du chapitre Will Still va donc s’écrire. Dans un horizon du football français incertain avec des droits TV toujours en attente, et un mercato quelque peu bloqué tant que l’Euro se joue encore, cette préparation visera à créer des liens humains et des automatismes. L’effectif lensois va encore connaître des mouvements, la direction sportive elle-même ne sachant pas encore tout à fait à quoi ressembleront les onze alignés contre le Bayer et Leicester. Mais retrouver le Racing, en ces temps troublés, c’est déjà une bouffée d’oxygène.

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Les bienfaits d’un temps calme

Supporters lensois, pourquoi cet air si sérieux ? Il faut mettre un petit sourire sur ce visage. Reconnaissons que la santé mentale des Sang et Or a été mise à rude épreuve pendant plusieurs semaines. Et face à l’hystérie qui semble s’être emparée du pays tout entier, le retour à une certaine forme de temps calme, voire d’harmonie dans les couloirs de la Gaillette, même désertés, n’est pas pour nous déplaire. Photo RC Lens Le temps calme a ses vertus. Replongeons un instant en enfance, du temps de l’école maternelle. Nous sommes dans la salle d’éveil après le déjeuner (enfin, le dîner, comme on dit souvent chez nous) pour le temps de la sieste. Confortablement installés dans un petit matelas à même le sol, serrant contre nous notre doudou, peut-être une écharpe sang et or. Plus tard, lorsqu’on arrive dans la cour des grands, c’est directement sur notre pupitre d’écolier que nous somnolons quelques minutes la tête blottie entre nos mains. Certaines entreprises nous offrent, une fois devenus adultes, la petite sieste réparatrice, voire proposent des ateliers sophrologie. L’arrière-cuisine des Sang et Or, en ce printemps 2024, n’a pas particulièrement été embaumée par des effluves d’encens ou une ambiance feng shui. Le départ de Franck Haise pour les sunlights de la French Riviera a été suivie de celui d’Arnaud Pouille, l’enfant du pays. À cela s’est ajoutée l’arrivée de Pierre Dréossi, très fraîchement accueilli par les amoureux du club, et combinée à un serrage de ceinture financier du fait, entre autres, de la brillante réussite de Vincent Labrune dans le dossier des droits télé. Avec la météo ambiante, il ne faisait pas bon se promener au bord de la Souchez en écoutant le grand Jacques chanter : « Avec un ciel si bas qu’un canal s’est pendu ». C’était beaucoup, voire trop pour les nerfs du peuple sang et or, qui a pu le faire comprendre avec moult banderoles de contestation et lors d’échanges trahissant son inquiétude. Néanmoins, une éclaircie est apparue au milieu de la grisaille qui semblait s’être durablement installée dans le ciel d’Artois. L’arrivée de Will Still, jeune entraîneur offensif, nous a redonné le sourire. Au terme de cet enchaînement à vitesse grand V, c’est désormais une certaine forme d’accalmie qui semble revenue. On reprend le temps d’écouter notre respiration, de souffler. Bien aidé, il est vrai par l’actualité politique qui éclipse les aléas d’un club de football. Après l’incertitude, vient désormais le temps du ressourcement, l’occasion de renouer avec un équilibre, qui sera suivie du temps des projets. Effectif, schémas de jeu, recrues : un travail au temps long qui demande de l’apaisement et de la sérénité avant les retrouvailles avec le bruit et la fureur de la compétition. Celui du retour à Bollaert-Delelis que nous attendons tous, dès l’amical contre Leverkusen début août. Au diable les huiles essentielles, l’harmonie des notes du sitar et les saveurs d’un thé aux fleurs de Bach ! Rendez-nous l’odeur des frites, la mélodie d’un « Si tu ne chantes pas, alors reste chez toi ! » , et le goût du houblon sur la langue. Une nouvelle fois pour paraphraser Brel : « Ma mère arrête tes prières, ton Jacques retourne en enfer ! Le Racing est revenu ! »

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Football et mémoire de la mine: tour d’horizon européen

« Les Corons » à la reprise, la cloche marquant la descente de la cage au moment de l’entrée des joueurs, les maillots de Sainte-Barbe, des lampes de mineurs remises en fin de saison… Depuis plusieurs années, le Racing Club de Lens multiplie les clins d’œil à son passé minier. Et il n’est pas le seul à cultiver ce souvenir des liens entre extraction du charbon et football. Le Racing Club de Lens est loin d’être le seul club de football européen qui peut se targuer d’une culture houillère et ouvrière. Dans la région, le VAFC (A comme Anzin à l’origine, ville où siégeait ce qui fut longtemps la plus grande compagnie minière française) est aussi marqué par cet héritage. À l’étranger, le bassin belge, du Borinage jusqu’à la Campine, la Ruhr en Allemagne ou le Limbourg aux Pays-Bas ont conservé les traces d’industries charbonnières aujourd’hui fermées. Le football y joue toujours un rôle central dans l’affirmation de la fierté de son territoire. Culture Sang et Or s’est rendu dans différentes régions minières, en France mais aussi aux Pays-Bas et en Allemagne à la rencontre des liens encore existant entre la mine et le football. Des supporters et des salariés ont accepté de témoigner sur les traces de la mine qui imprègnent les travées des stades et sur la façon dont leurs clubs respectifs perpétuent cet héritage. Comme l’indique Sebastian Pantförder, responsable du pôle tradition et des relations avec les supporters, « Schalke 04 a été fondé en 1904 par des enfants de la classe ouvrière. Ceux-ci travaillaient à la mine Consol et l’usine de poêles de Küppersbusch » dans la ville de Gelsenkirchen, dont Schalke est un quartier industriel. Le président emblématique du club, Fritz « Papa » Unkel, est employé par la mine de Consol. Celle-ci met à disposition du club des terrains et offrent une aide à la construction du stade Kampfbahn Glückauf . Le « Glückauf », qui veut dire « Bonne chance » (sous-entendu : de trouver du minerai, ou de remonter sans encombres à la fin de son poste), est la devise des mineurs de fond allemands et lorrains. Comme le précise Sebastian, « tout au long de son histoire Schalke a entretenu des relations étroites avec les mineurs de fond ». En 1997, alors que l’exploitation du charbon est en déclin, le club organise un match de bienfaisance contre Bochum, autre ville houillère. Les fonds sont destinés aux familles de mineurs confrontées aux fermetures. En avril 2000, les 3.000 mineurs du Zeche Hugo à Gelsenkirchen sont invités par le club après la fin de leur charbonnage. Ce geste sera réédité en 2015 lors de la fermeture du puits Auguste Victoria à Marl. Le club occupe depuis 2001 l’utramoderne Veltins-Arena, bâtie à côté du vieux Parkstadion, mais « l’âme minière est toujours présente », soutient Sebastian. Les salons VIP portent les noms des différentes mines de Gelsenkirchen: Alma, Dahlbusch, Hibernia, Hugo, Nordstern, Westerholt. Le tunnel qui mène les joueurs sur le terrain représente une galerie de mine. De même que « Les Corons » résonnent à Bollaert, à Gelsenkirchen, c’est le « Steigerlied » (« Chant du porion » en français) qui est repris à pleins poumons avant chaque match. Il est donc logique de croiser de nombreux anciens mineurs dans les tribunes de la Veltins-Arena. Ainsi, depuis quatre générations les Herzmanatus sont mineurs de père en fils. Pendant 25 ans, Klaus était lui-même mineur de fond au Zeche Hugo avant d’intégrer le comité d’entreprise. Ce supporter de Schalke 04 depuis cinquante ans fait partie des nombreux mineurs abonnés. Passionné par son métier et par le football, il gère deux musées, l’un consacré à sa passion pour Schalke 04, qui affiche une importante collection de maillots portés par d’anciennes gloires du club et de la Manschaft, et l’autre sur le site du Zeche Hugo. « Grâce à ce musée, nous avons pu sauver le chevalement de la destruction. Nous accueillons régulièrement des joueurs de l’effectif professionnel. La mine et Schalke ne font qu’un ! » « Je suis ami avec d’anciens mineurs français, belges et hollandais. Je souhaite que cette solidarité entre les habitants de régions minières perdure et je suis très heureux de voir les nouvelles générations qui perpétuent cet héritage », affirme-t-il. D’ailleurs Klaus suit régulièrement les résultats du RC Lens. Il émet un souhait, « venir à Lens le temps d’un match et accueillir des Lensois à Gelsenkirchen ». Pour faire vivre cette solidarité déjà présente en 1906, lorsque douze sauveteurs allemands sont venus depuis la Ruhr porter secours à leurs camarades après la catastrophe des mines de Courrières. D’après Sebastian, le responsable du pole tradition au sein du club, « des relations et un accueil informel et individuel de supporters de territoires communs peuvent être envisagés sans s’engager formellement ». Actuellement en difficulté sportivement, en deuxième division de la Bundesliga, Schalke 04 avait l’habitude d’offrir aux délégations de ses adversaires européens une lampe de mineur. Une habitude qu’a adoptée le RC Lens pour son retour sur la scène continentale, et de quoi peut-être espérer des relations amicales entre les deux clubs et les deux publics. Klaus ajoute : « Je souhaite pouvoir afficher un maillot de Lens dans mon musée et je remercie le club et tous les supporters de faire vivre la mémoire minière au présent ». Dans des Pays-Bas où règnent sans partage trois grands clubs, l’Ajax, Feyenoord et le PSV, le territoire du Limbourg est méconnu. Appelée en néerlandais « Mijnstreek », la région des mines a été comme le Nord-Pas-de-Calais profondément marquée par l’exploitation charbonnière. Un demi-siècle après l’arrêt de l’activité, de nombreux vestiges subsistent notamment à Heerlen. Le club de Roda JC, dans la ville de Kerkrade, fut et reste le club des mineurs à l’instar du Racing Club de Lens. Dans les années 1950, on a même compté jusqu’à dix ouvriers des mines parmi les titulaires de l’équipe. Quand le Racing Club de Lens attire des supporters de toute la région, bien au-delà du bassin minier, le Roda JC affiche lui un supportérisme très local et donc fortement enraciné dans son passé industriel. Cette spécificité du public tient à la concentration géographique de l’activité du charbon dans un

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Le rideau sur l’écran est tombé

« C’était la dernière séance et le rideau sur l’écran est tombé. » La saison du Racing Club de Lens s’est achevée hier sur la pelouse de Bollaert-Delelis. Les Sang et Or ont été à l’image de la partition générale de cette année. Brillants et dominateurs en première période, les jambes flageolantes en seconde. L’essentiel est néanmoins conservé avec une nouvelle qualification européenne. Il régnait une atmosphère particulière au coup de sifflet final dans les travées de Bollaert-Delelis. Un mélange paradoxal de déception et de satisfaction. Une envie de communion avec son équipe, mêlée d’une certaine retenue, comme deux êtres refusant le premier pas. La Fédération Française de la Loose avait cru bon de nous rappeler la fameuse 96ème et le coup de poignard amiénois. C’est encore une 96ème minute qui nous poignarde avec le pénalty d’Alexandre Lacazette à Décines qui nous prive d’Europa Ligue. Ce poignard n’est cependant pas une lame si tranchante, plutôt un léger canif. En effet, ce n’est pas tant la victoire lyonnaise qui nous crucifie que l’incompréhensible baisse de régime et les défaillances individuelles des cadres. Comme une copie de la partition en Forêt Noire. Heureusement, les matchs de championnat ne se terminent pas par des prolongations. On dit souvent que pour comprendre le présent et préparer l’avenir, il faut connaître son passé. Alors replongeons-nous dans la saison post-titre de 1998. Après l’euphorie d’une performance historique, le Racing doit composer avec le départ de son meilleur buteur Anto Drobjnak, comme cette saison avec Loïs Openda. Au milieu de terrain, nous sommes orphelin de notre leader technique Stéphane Ziani. Cette saison, on regrette l’absence de Seko Fofana. Les clés du jeu sont confiés à un jeune espoir venu de Châteauroux, Stéphane Dalmat, qui aura du mal à porter sur ses épaules le poids de la responsabilité et du montant de son transfert. Cela nous fait évidemment penser à la saison d’Andy Diouf et d’Elye Wahi. Malgré tout, les Sang et Or réussiront l’exploit de Wembley. L’Europe aura les yeux écarquillés devant les 8 000 supporters lensois plus bruyants que 70 000 anglais. Lens a redécouvert l’Europe après des décennies de pain noir, faisant chavirer Bollaert et les parcages européens dans une atmosphère incandescente. En 1999, le Racing a fini sixième, la frappe croisée de Daniel Moreira au Stade de France nous offrant le ticket européen. Cette année, la septième place nous permet de goûter à nouveau aux saveurs continentales. La vie est faite de plaisirs simples. Dans notre région encore plus qu’ailleurs. Bollaert, par ses plaisirs minuscules et le bonheur de notre routine au stade, est l’un de ces plaisirs. Aujourd’hui commence notre période de manque. Ces quelques mois sans la frite que l’on mange assis sur les gradins et l’embrassade que l’on donne à notre voisin inconnu lors d’un but. L’important dans cette intersaison sera de retrouver de la sérénité en coulisses, et surtout, de faire l’éloge de la simplicité. Avec quatre directeurs sportifs en trois ans, des rumeurs incessantes, des discours ambigus sous la forme de « je dois me poser et réfléchir », le club et les supporters naviguent dans un certain déséquilibre. L’être humain aime être équilibré, notre oreille interne veille constamment à nous maintenir debout et droit. Le Racing doit ménager son oreille interne et retrouver cette unité entre la direction, le secteur sportif et les supporters. Bonne trêve à tous et à toutes, et vive le Racing Club de Lens.

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Sifflez en travaillant

Sifflez en travaillant,Et le balai paraît léger si vous pouvez siffler,Frotter en fredonnant,Le temps va vite quand la musique vous aide à travailler… Cet adage de Blanche Neige et les sept nains n’a pas eu la même saveur au moment du remplacement d’Elye Wahi samedi soir à Bollaert-Delelis. Cependant, il convient de prendre du recul face à cet évènement. Depuis samedi, les « Bollaert a changé » fusent. Les sifflets sont inhérents à la vie d’un stade de football. Bollaert a déjà sifflé ses joueurs après une victoire lors d’une saison où le Racing jouera le titre. Mais cet épiphénomène est surtout symptomatique d’une tension à tous les étages depuis un mois. Tension sur le terrain, matérialisée par une crise de résultats contre des adversaires pourtant à notre portée – rien de surprenant à voir des jambes qui flageolent lors du dernier geste quand le doute est dans les esprits ; tension dans les coulisses quand la direction sportive semble naviguer à vue depuis le drame Ghisolfi ; et enfin, tension chez les supporters. Ces derniers ont l’impression de ne plus reconnaître leur équipe et reprochent aux joueurs une certaine forme de nonchalance, voire de mépris. Une accumulation de frustrations qui aboutit à des sifflets malgré les trois points. Le meilleur remède pour retrouver la confiance ? Le goût de la victoire. C’est chose faite contre Clermont. Certes, pas de la plus belle des manières, mais l’essentiel est là. Ce succès acquis dans le doute permet au Racing d’avoir les cartes en mains dans ce sprint final. Comme dans la vie, le football est fait d’apprentissages et de leçons qui nous font grandir. Quand on est enfant, on apprend à faire du vélo, on tombe, on se relève, et nos blessures finissent par cicatriser. On apprend aussi à siffler. Au début, on se frustre en n’entendant pas le son attendu. Alors, on réessaie, on se concentre en répétant les conseils de notre père pour bien placer ses lèvres. Puis vient la délivrance, ce bruit strident et aigu. Hasard du calendrier, les Sang et Or se déplacent au temple du sifflet lors de la prochaine rencontre. Chaque supporter lensois espère entendre une bronca tomber des tribunes du Vélodrome : le signe d’une victoire artésienne en terre phocéenne avant un retour dans le Pas-de-Calais le cœur léger. Un retour en sifflotant.

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C’est grave docteur?

Buts offerts contre Nice, défaite sans contestation dans le derby, nul plus que décevant contre Le Havre. Depuis trois journées, le Racing enchaîne les prestations laborieuses voire inquiétantes. À cela s’ajoutent les discours tantôt mesurés, tantôt fatalistes de Franck Haise, et des psychodrames dans la cellule de recrutement. Alors est-ce grave docteur ? Le coup d’arrêt, c’est un classique dans une saison. Hormis le Paris Saint-Germain, tous les clubs de notre championnat subissent des aléas, avec des moments euphoriques et des passes difficiles. Après un début de saison catastrophique puis une remontée fantastique au classement, nos Sang et Or traversent une zone de turbulences. Plus que l’absence de résultats, ce sont les lacunes dans le fonds de jeu qui interpellent. Les joueurs paraissent souvent empruntés et à la recherche d’un second souffle, sans compter les défaillances individuelles des habituels leaders de l’équipe. On aurait pu croire que la fin de l’aventure européenne et le retour au cycle habituel du championnat national allait redonner du jus. Mais c’est le contraire qui semble se produire. Le scénario cruel de l’élimination à Fribourg a peut-être eu des conséquences plus profondes, avec une certaine forme d’érosion mentale. Toutes proportions gardées et pour faire un parallèle avec un autre sport, on retrouve des similitudes avec le XV de France. Flamboyants et dominateurs avant la défaite face aux Springboks en Coupe du monde, brisés et à la recherche d’une nouvelle flamme dans le Tournoi. Tout le travail de Franck Haise et du staff technique est alors primordial : faire passer le cap aux joueurs. Tâche encore plus difficile car eux aussi naviguent dans un certain brouillard, avec beaucoup d’incertitudes pour savoir comment et par qui sera préparée la saison 2024-2025. Dans notre morosité actuelle, nous avons néanmoins un motif de satisfaction et d’espoir. Si les quatre premiers ont creusé l’écart, la médiocrité de nos autres concurrents pour l’Europe nous permet de conserver cette 6e place. Le soufflé marseillais est retombé aussi vite qu’il a gonflé. Le Stade rennais est toujours aussi inconstant malgré un effectif intrinsèquement supérieur au nôtre. L’OGC Nice ne peut pas compter chaque semaine sur des cadeaux de son adversaire. C’est peut-être l’Olympique lyonnais qui est le plus à craindre, galvanisé par sa qualification pour la finale de la Coupe de France. Néanmoins, le Racing ne pourra plus longtemps compter sur le surplace de ses rivaux. S’il est actuellement à sa place, il doit faire valoir dans ce sprint final son vécu de club européen pour aller chercher des points face à des adversaires à sa portée. Cela avant le déplacement au Vélodrome, fin avril, qui marquera sûrement un tournant. Fin de cycle ? Franck Haise restera, restera pas? Nouvelle direction sportive ? Nouvel actionnaire ? Beaucoup de ces questions trouveront des réponses à la fin de la saison. Mais l’important aujourd’hui est de terminer fort dans cette Ligue 1. Et quelle plus belle ordonnance que de fêter un but rageur à l’extérieur devant un parcage en feu ? Quel meilleur remède qu’une victoire fêtée dans un Bollaert-Delelis plein comme un œuf ? Nos joueurs sont venus à Lens pour cela. Guérir avec la fièvre sang et or.

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L’insoutenable attente

Nous avons tous déjà ressenti cette sensation. Cette oppression dans la poitrine, le ventre tordu par des crampes, les mains moites, une transpiration plus importante malgré la fraîcheur matinale… Cet état se manifeste pendant l’attente qui précède un moment important. Cela peut-être avant un rendez-vous amoureux. On s’apprête du mieux que l’on peut, on répète nos meilleures phrases d’accroche devant le miroir de la salle de bain et on adopte la meilleure démarche comme la classe d’Aldo Maccione. Ou bien avant un entretien d’embauche pour ce poste tant convoité. On a sorti de notre placard le costume multifonctions qui sert aussi bien pour les mariages que pour les enterrements. On met à jour notre C.V. en appuyant sur notre maîtrise sans faille d’Excel et notre anglais lu, écrit et parlé avec un TOEIC du feu de Dieu ! Pour les Lensois, et aussi (il faut l’admettre) pour les supporters d’un club voisin à 35 km plus au nord, cet état de stress précède le derby. Pendant une semaine, les Sang et Or vont imaginer Florian Sotoca conjurant le sort en prenant Lucas Chevalier à contrepied. Alors que les Lillois rêvent de voir Zhegrova enrhumer Facundo Médina et loger sa frappe en lucarne. D’autres seront plus vindicatifs, montant sur le terril Sainte Henriette pour afficher une banderole en terre voisine ou en remplaçant la direction Lille par Lens sur les panneaux de l’A1. Au fond, ce qui se cache derrière ces chambrages et ces provocations sur les réseaux, c’est le fait que nous attendons des deux côtés ces retrouvailles du derby. Nos vies de supporters seraient sans doute plus fades sans ces moments d’attente et d’appréhension. Car oui, les relations historiques entre Lens et Lille sont intimement liées. Après tout, on a tendance à oublier qu’Edouard Bollaert, administrateur des mines de Lens, est né à Bailleul et fut enterré à Lille. Et son fils, Félix Bollaert, qui a voulu la construction de notre stade, a vu le jour à Lille, conservant un hôtel particulier Boulevard de la Liberté dans cette même ville. Vendredi 29 mars à 21h, cette bulle de stress va exploser dans l’enceinte du stade Pierre Mauroy. Vers 23h, nous serons soit euphoriques, soit abattus. Le lundi, on se chambrera gentiment à la machine à café entre collègues. Puis nous attendrons fébrilement le calendrier de la saison prochaine pour cocher les deux dates du derby. Allez Lens !

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Respect Club de Lens

Il est 6h en ce froid samedi matin du 10 mars 1906. 1664 mineurs et galibots sont à l’ouvrage à 350 mètres sous terre dans les fosses 2, 3 et 4 des mines de Courrières à Sallaumines, Méricourt et Billy-Montigny. Parmi eux, 1099 ne reverront jamais la lumière du jour, emportés par le grisou, le feu et la mort. Il est 20h40 en ce frais samedi soir du 9 mars 2024. Les rires des enfants se mêlent aux discussions entre amis. L’odeur des frites enveloppe l’air, les premiers chants résonnent dans les travées de Bollaert. Quand tout à coup, le silence se fait. Des visages en noir et blanc apparaissent, des anonymes aujourd’hui disparus, vêtus de tenues blanches, la tête recouverte par une barrette en cuir bouilli. Un bref instant, l’émotion étreint les 38 000 âmes qui peuplent ce temple du football. Puis chacun reprend le cours de sa vie, se replongeant dans cette douce parenthèse qu’est Bollaert. Cet endroit où le temps est suspendu et où les soucis s’effacent. Il est 21h32 quand Ruben Aguilar entame un sprint ravageur vers le kop. Le poing serré en communion avec ses fidèles parmi les fidèles. Un Grenoblois passé par Auxerre et Monaco, qui, revêtu du maillot Sang et Or, joue avec une clavicule cassée et communie comme aurait pu le faire un gars du cru. Un symbole de ce qu’est devenu le Racing Club de Lens sous Franck Haise : souvent brillant, parfois bousculé, mais toujours généreux. À l’image du bassin minier. Il est 9h20 en ce dimanche 10 mars 2024. Un frêle crachin fait frissonner les hommes et les femmes venus dans cette nécropole de Méricourt. Sous leurs pieds, les restes d’hommes sacrifiés reposent, ceux-là mêmes qui sont apparus à Bollaert-Delelis. Parmi la litanie des officiels, passionnés et associations venus déposer une gerbe, un nom se dégage et émerge : le Racing Club de Lens. Au milieu des mélanges de fleurs blanches et aux teintes claires, le rouge et le jaune des fleurs Sang et Or attire le regard. Ainsi que deux mots : Racines et Héritage. Ce week-end du 9 et 10 mars 2024, ce sont bien plus que 3 points qui ont été remportés. Ce sont aussi le respect éternel et les larmes d’un simple supporter pour ce qui est bien plus qu’un club de football.

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Un anniversaire et deux gueules de bois

Du citrate de bétaïne et du paracétamol, voilà le kit de survie du supporter lensois après cette semaine. Nous sommes passés par toutes les émotions, l’euphorie et la joie, l’inquiétude puis la désillusion, l’incompréhension et l’espoir, et enfin le désespoir. Telle est la dure loi du football. Ce jeudi 22 février, une faille spatio-temporelle m’a replongé aux plus belles heures de mon adolescence et de ma peau acnéique. J’avais beau plisser mes yeux, j’ai cru être transporté en décembre 1999. J’ai vu la réincarnation de Joseph-Désiré Job en train de se jouer de son défenseur devant une tribune lensoise ivre de bonheur. Pourtant, la dure réalité du scénario final m’a fait comprendre que nous n’étions pas au Fritz Walter Stadion. Je me suis mis à rêver à l’épopée européenne. J’aurais aimé être en 1999. Pas de nostalgie ou de passéisme mal placé, mais le souvenir d’une époque où l’après-match se faisait le lendemain à la lecture du journal avec un café le matin. Où les critiques ou avis sur un joueur se faisait dans l’intimité d’une conversation en famille, entre amis ou entre collègues. Où le vomi d’insultes et de menaces caché derrière la lâcheté d’un pseudo restait dans le privé. Comme me l’a répété quelqu’un, « on peut critiquer un jouer mais on ne doit jamais attaquer l’homme ». Une maxime qui devrait être partagée par tous. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Il y a fort à parier que des pères de famille se cachent derrière ce type de comportement. Des insultes ont-elles déjà fait progresser leurs enfants ? Des encouragements et de la motivation ne seraient-ils pas davantage bénéfiques ? Elye Wahi en est le parfait exemple. Sifflé lors de ses sorties par une partie du public, celui-ci a été constamment soutenu par Franck Haise et plusieurs banderoles dans le kop. Le résultat est visible sous nos yeux. Buteur, passeur, investi, sa mue en tant que facteur X est en train d’opérer. Alors oui, nous aurions aimé fêter un anniversaire avec un autre scénario. Nous aurions voulu souffler les trente bougies des Tigers avec un gâteau ayant le goût sucré et réconfortant de la victoire. Néanmoins, les résultats de cette journée de championnat nous sont plutôt favorables, avec un Racing à l’affût des places européennes. Nul doute que le perfectionniste Franck Haise mettra les fondamentaux au programme des entraînements cette semaine. Après avoir regretté une attaque aphone, nous voyons l’autre côté de la pièce avec notre défense, vantée comme une des plus hermétiques du championnat, qui a pris l’eau par deux fois cette semaine. Tout est une question d’équilibre. Et pour notre club qui ne cesse de grandir par cette stabilité, cet équilibre nous permettra de rester dans les sommets. Ce lundi matin fait mal à la tête, notre bouche a le goût pâteux de la défaite. Mais la pluie vient chasser les idées noires. Cela ne reste que du football, même si pour beaucoup, le Racing vaut tellement plus.

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La fête des amoureux

Une boîte de chocolats, un bouquet de fleurs, un dîner enveloppé d’une musique romantique, tels sont les éléments incontournables d’une Saint-Valentin réussie. Pourtant dans une contrée de la Gohelle, les chocolats sont remplacés par un américain merguez sauce andalouse. La playlist « lover » par les notes du refrain des Corons. Et le bouquet de fleurs prend une teinte sang et or. L’amour est souvent parsemé de hauts et de bas. De moments de grâce où la plénitude de l’instant nous donne l’impression de marcher sur des nuages. Et de moments durs, entrecoupés de disputes, de conflits, de doutes pouvant mener à une irrémédiable rupture. Nous le savons, notre amour pour notre club est inconditionnel et aucune rupture ne viendra parsemer notre histoire. Nous avons traversé trop de moments douloureux pendant des années pour croire que ce début de saison raté allait entacher le bonheur que nous vivons depuis quatre ans. Depuis quatre ans, un Normand a accepté de passer l’anneau Sang et Or à son index. « Pour le meilleur et pour le pire », dit la formule consacrée. Il faut reconnaître que depuis le début de cette idylle avec Franck Haise, rares furent les moments où le doute nous a traversé. Pas de migraine d’un soir ni de bouderies. Tout semble fluide, naturel. Comme une évidence. Cette relation nous fait penser à ces couples de personnes âgées que l’on se plaît à croiser dans la rue. Nous les voyons bras dessus, bras dessous ou main dans la main. On sourit en les regardant, s’extasiant devant cet amour éternel dans un monde où l’éphémère est roi. C’est cela, l’exception du Racing Club de Lens. Ce retour à la fidélité, à l’union et au temps long. Pourtant, ces couples âgés font écho aux paroles de Jacques Brel : « Les vieux ne meurent pas. Ils s’endorment un jour et dorment trop longtemps. Ils se tiennent la main, ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant. » Alors oui, nous sommes traversés par cette peur de voir notre Alex Ferguson ou Jürgen Klopp local nous quitter. Mais à l’heure où certains clubs changent de blason, parlent de quitter leur stade historique, reniant des valeurs pour quelques billets supplémentaires, le nôtre est au contraire ancré, conscient de son importance sociale dans notre cher bassin minier. Avec, je l’espère, Franck Haise aux commandes pendant encore de nombreuses années. En ce lundi matin succédant à cette série de trois victoires consécutives, je souhaite une bonne Saint Valentin à tous les amoureux du Racing Club de Lens.

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