CULTURE SANG & OR

Thèse, anti-thèse, Franck Haise

Il semblait cousu de fil blanc que ce n’était qu’une question de temps. Mais nous n’en étions pas certains. Étage par étage, la fusée artésienne s’est mise en action. D’abord défensivement, puis dans sa maîtrise du milieu. Jusqu’à sa pointe haute. Elye Wahi, dernier module de la mission spatiale lensoise, a été décisif lors des trois dernières sorties en L1.

Photo RC Lens

Il est difficile d’expliquer des dynamiques de forme, et dans un sens, on préfèrera toujours émettre des hypothèses en ouvrant le débat plutôt que balancer de grandes affirmations empreintes d’émotions. Nous ne sommes que des observateurs, passionnés certes, mais complètement amateurs. L’excellent article publié dans La Voix du Nord au sujet de la progression de David Pereira Da Costa doit nous pousser à encore plus d’humilité lorsqu’il s’agit d’analyser la progression d’un joueur.

Dans ce cas bien précis, on apprend que la blessure à l’épaule, que tout kinésithérapeute considère comme hyper handicapante pour la pratique du sport de haut niveau, aura permis au Franco-Portugais de passer du temps en salle, seul, à ruminer les raisons de sa stagnation et trouver les leviers adéquats pour passer ce cap tant attendu. Qui l’aurait imaginé ? 

En fait, la seule radicalité doit s’appliquer à la nuance. Nous sommes tous des peintres, au sens propre comme au figuré, et le pantone doit être notre principal outil dès lors que l’on parle de football. Nous sommes aussi des philosophes – de main courante. Pour chaque thèse apportée, il s’agirait de trouver son antithèse. Affirmons qu’il est impossible d’affirmer. Cela rend l’exercice infiniment plus intéressant que de hurler avec les loups quand les résultats deviennent moins bons.

De plus, lire le déroulé d’un match de football et analyser une saison dans son entièreté sont deux démarches bien différentes. Et c’est bel et bien ce qui est en train de se passer avec le RC Lens depuis quelques semaines. Dans les récentes défaites, à Freiburg et contre Monaco, il était difficile, voire impossible, de tirer un quelconque positivisme, tant les frustrations l’emportaient sur une analyse froide et objective. C’est pourtant un Franck Haise en totale décontraction qui s’est présenté en conférence de presse d’avant-match vendredi.

RC Lens mature, OL yaourt nature

La machine RC Lens, bien qu’orpheline de deux de ses moteurs principaux et handicapée par un terrible début de saison, semblait condamnée, de l’aveu même de son coach, à un exercice 2023-24 des plus compliqués. Le département engineering a su trouver les bons réglages au cœur de la tempête et devant la répétition des matchs, bonus Ligue des champions. Et c’est un Racing serein et confiant, à l’image de son coach, qui a récité une agréable partition de son répertoire footballistique en clôture de la 24e journée. Ce matin, on a le sentiment que l’équipe est en train de retrouver sa vitesse de croisière, fort de son homogénéité et riche d’une expérience européenne toute fraîche, mais sûrement déjà impactante. Un RC Lens mature face à un OL yaourt nature, pour citer Walid Acherchour. Et un succès qui permet de se projeter encore un peu plus haut. Le bilan affiché par les Sang et Or depuis la sixième journée, deuxième de Ligue 1 derrière le PSG, parle de lui-même. 

Aujourd’hui, lundi 4 mars 2024, le RC Lens se réveille avec une victoire claire et nette face à l’OL, au Groupama Stadium. Six points sur six face à ce rival – qui, encore aujourd’hui, hante notre salle des trophées ? Ce n’était plus arrivé depuis la saison 1997-98. Les Rhodaniens, qui ont récemment fait tomber l’OM, le LOSC ou encore l’OGC Nice, se sont pris ce qui s’apparente à une leçon de football pendant une grande partie de la rencontre. Le match n’a pas été parfait, et le poteau de Mangala aurait pu inverser les dynamiques. Ou pas. Parce que là encore, il est impossible de l’affirmer ou l’infirmer.

Mais à travers le prisme de cette nuance que l’on s’impose dans la projection à court terme, il s’agira aussi de souligner la surprenante faiblesse de l’adversité, qui s’est parfois comportée comme une petite équipe de seconde division face à un ogre impitoyable, en étant complètement replié dans ses trente mètres. Là aussi, ne nous laissons pas éblouir par ce score large et sans appel obtenu face à une équipe qui n’a pas mis les ingrédients que mettront certainement nos prochains adversaires venus du Finistère. Sans avoir besoin de rappeler que ce sont ces mêmes Brestois qui nous avaient retournés le 13 août 2023, en ouverture du championnat.

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