Patrice Bergues était l’invité de l’épisode 29 de l’émission Culture Sang et Or. L’ancien entraineur du RCL parle de ses souvenirs sous les couleurs du Racing et d’un certain Wilson Oruma.
Patrice, comment voyez-vous la fin de saison du Racing ?
Tout d’abord il faut déjà être très content de ce que produit l’équipe depuis le début de la saison. L’idéal serait d’avoir une constance dans les résultats jusqu’à la fin de la saison et continuer à produire du beau jeu. Si on continue à être bon au niveau de la qualité de jeu, les résultats viendront d’eux-mêmes. Il faut surtout garder cet état d’esprit et cette volonté de faire du jeu. La saison, dans tous les cas, sera extraordinaire.
Vous avez réussi à ramener Lens en coupe d’Europe. Comment avez-vous vécu ce retour ?
Bien sûr, quand vous atteignez votre objectif, vous êtes très heureux mais vous êtes surtout content que ça se finisse car les efforts ont été intenses. Il y avait une fierté après ce match à Caen parce que, finalement, c’était une façon de rattraper notre défaite à domicile en demi-finale de la coupe de France face à Montpellier. On a pu effacer ça dans le cœur des supporters et on en était fiers.
Vous avez gravi plusieurs échelons au club. Avec principalement le rôle d’entraîneur à partir de 92. Comment avez-vous vécu cette période ?
Tout d’abord la passation de pouvoir avec Arnaud Dos Santos a été un crève-cœur. J’avais demandé à Gervais, deux ans auparavant, de ne jamais me proposer le poste d’entraîneur, pour ne pas remplacer Arnaud. Sur le coup Gervais avait rigolé en affirmant qu’il ne me demanderait jamais d’entraîner l’équipe première. J’étais très heureux d’être au centre de formation et je n’imaginais pas entraîner l’équipe première. On venait de gagner la coupe Gambardella, ça suffisait à mon bonheur. Je suis donc arrivé à la tête de l’équipe première et je suis tombé sur des joueurs extraordinaires d’un point de vue mental. C’était encore l’époque où il y avait une bande de potes. Ils avaient ramé ensemble. J’ai aussi profité du travail d’Arnaud. Après, c’est la règle : un entraîneur succède toujours à un autre puis se fait remplacer.
Est-ce que la défaite contre le Slavia Prague en coupe d’Europe reste l’un de vos plus mauvais souvenirs ?
Pas vraiment. C’était la reprise avec la coupe d’Europe, on était contents d’y être. On s’aperçoit qu’à ce niveau c’est l’expérience qui nous manquait. On avait fait 0-0 à l’aller et on pensait que ça suffirait pour le retour.
Patrice, vous connaissez Franck Haise ?
Je l’ai connu alors que j’entraînais les cadets. Nous avions fait un match à Rouen et j’avais repéré ce jeune numéro 10. C’est un nom qui m’est resté. Et quand je l’ai vu arriver au centre de formation puis en équipe pro, je me suis dit tiens, il y a des similitudes. Tout semble aller dans le bon sens avec lui.
Vous pourriez revenir à Lens ?
Non. Je suis à la retraite, je ne vais pas faire du Guy Roux. Il y a un temps pour tout et le football a tellement évolué… Ce n’est plus le même métier. Aujourd’hui, je serais dépassé. Aujourd’hui je n’ai pas de leçon à donner ni de vérité à distribuer.
Quel est le joueur qui d’après vous avez le plus de talent ?
Je vais peut-être vous surprendre mais je vais vous dire Wilson Oruma. C’était un joueur exceptionnel. L’un de mes plus grands regrets, c’est que ce joueur n’ait pas pu plus s’exprimer sous mes ordres. Il est arrivé tandis que Fred Meyrieu jouait numéro 10 donc c’était difficile pour lui de se faire une place. Je pense que si je lui avais donné un peu plus de temps de jeu, ça aurait été un joueur fabuleux. Il avait été champion du monde cadet et il était le meilleur de cette équipe. Jean-Luc Lamarche ne s’était pas trompé en allant le recruter.
Est-ce que, quand vous étiez directeur sportif entre 2001 et 2005, vous sentiez les prémices des années de galère que le racing allait connaître? Y avait-il des signes avant-coureurs ?
Il y a bien évidemment des choses que je ne peux pas dire. J’ai dit certaines choses à certaines personnes en 2005. Mais effectivement, des signes avant-coureurs, il y en avait. On m’a fait revenir dans un rôle qui n’était pas le mien. Ce n’était pas le bon costume. J’ai un peu senti les problèmes arriver et ça m’a d’ailleurs causé des ennuis.
Votre carrière a été évolutive. Qu’est-ce qui a guidé vos choix durant votre carrière ? Toujours les choix du cœur ?
Oui, quand j’ai quitté Lens pour rejoindre la fédération, je sentais qu’il fallait que je parte. Les rapports changeaient et quand ça arrive, vous savez que ça ne va plus le faire. Au même moment Gérard Houiller cherchait des partenaires pour travailler à la fédération. Puis je suis allé à Liverpool car Gérard était un ami. Quand vous travaillez avec votre meilleur pote, ce n’est même plus un travail. Ensuite, Lyon, les espoirs… Je n’ai jamais eu l’impression de travailler mais plutôt de vivre de ma passion. C’est pour ça qu’aujourd’hui, il n’est plus question que je revienne car je ne revivrai plus ces moments. Quand je regarde tout ce que j’ai fait, je me pince pour réaliser le bonheur que fût cette carrière.
Anfield ou Bollaert ?
Anfield est peut-être un petit cran au-dessus mais en France c’est Lens, et très largement. Il y a une telle passion des gens pour le foot en Angleterre… Et on retrouve ça à Lens. Il m’arrive encore d’être interpellé par des gens pour me parler du racing. C’est assez incroyable.
Un mot sur Gérard Houiller ?
Un pote adolescent que vous rencontrez au lycée, en pension, que vous retrouvez un peu plus tard, à qui vous proposez de venir encadrer des jeunes à Noeux les mines… Et puis vous connaissez la suite, c’est assez incroyable. On se retrouve côte à côte, avec Gérard, sur le banc de Liverpool, et on se rappelle les moments où on était assis au fond de la classe en terminale. C’est magnifique.
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Retranscription | L’équipe Culture Sang et Or