CULTURE SANG & OR

L’histoire de la formation lensoise | Partie 2/4

Deuxième Partie : les années Trannin – le premier âge d’or de la formation lensoise


Durant la décennie 1950, le RC Lens flirte avec la gloire. Finissant à deux reprises à la deuxième place du championnat de première division (1957, 1958), l’effectif Sang et Or est emmené par de nombreux joueurs issus de la formation. Le directeur sportif de l’époque, Henri Trannin, est la pierre angulaire de cette période faste. Subitement décédé en 1974, il donnera son nom à la tribune “ouest” du Stade Bollaert à partir de 1976. Henri Trannin peut véritablement être considéré comme l’un des pères fondateurs de la formation lensoise, même si ce dernier n’hésite pas à recruter des joueurs étrangers dès 1952, quand signent les brésiliens Severo et Martins.

Henri Trannin

La période que nous allons couvrir dans cette deuxième partie peut être vue comme la première époque dorée de l’histoire du football Sang et Or. Et les performances sportives ont été rendues possibles grâce à un vivier extrêmement riche de joueurs issus du bassin minier. L’un des plus emblématiques, et dont nous souhaitons une nouvelle fois saluer la mémoire, est le gardien de but Arnold Sowinski. Originaire de Liévin, il prend la suite de Duffuler et joue 126 matchs pour le club. Outre ses deux places de vice-champion de France, le portier remporte la Coupe Drago en 1959, considérée comme l’ancêtre de la Coupe de la Ligue. Il entraînera par la suite le RC Lens à trois reprises, remportant notamment le championnat de deuxième division en 1973, perdant la finale de la Coupe de France 1975 contre l’ASSE (avec le fameux retourné acrobatique de Jean-Michel Larqué) et finissant une nouvelle fois vice-champion de France en 1977.

Théodore Szkudlapski, dit Théo, est considéré comme l’un des meilleurs techniciens jouant en France à cette période. Originaire d’Avion, ce fils de mineur, qui descendit lui-même au fond jusqu’à ses quinze ans, rejoint le RC Lens en 1953 et s’impose très rapidement par sa grande technicité, qui compense sa relative lenteur. Théo rejoint ensuite le Stade Rennais et connaîtra la gloire à l’AS Monaco, remportant deux titres de champion de France en formant le “carré magique” avec Henri Biancheri et Michel Hidalgo. Boudé par le sélectionneur national de l’époque, il ne compte que deux sélections en Equipe de France, alors que beaucoup espéraient à l’époque le voir évoluer aux côtés de Raymond Kopa.

En défense, sévit l’éternel Bernard Placzek. Natif de Libercourt, il débute au RC Lens en 1957 à l’âge de 21 ans, et joua 473 matchs pour le RC Lens. Seul Eric Sikora le dépassera près d’un demi-siècle plus tard. Aux côtés de Bernard Placzek évolue un autre grand nom du football français, Robert Budzynski. Natif de Calonne-Ricouart, comme un certain Maryan Wisniewski, il évolue au Racing entre 1958 et 1963, jouant 134 matchs, avant de partir pour le FC Nantes, où il jouera jusqu’en 1969, connaissant 11 capes en Bleus, toutes honorées lors de son époque “Canari”. Il deviendra un dirigeant majeur de l’histoire de La Maison Jaune.

Bernard Placzek et sa légendaire moustache

Le joueur offensif majeur de cette décennie 1950 est lui aussi d’origine polonaise. Il s’agit de Maryan Wisniewski, natif de Calonne-Ricouart et qui brillera sur l’aile droite de l’attaque lensoise pendant près de dix saisons. Il remporte la Coupe Gambardella avec les jeunes du RC Lens contre l’ASSE en 1958. Wisniewski aura marqué 105 buts en 304 matchs et comptera 33 sélections en équipe de France, pour 12 buts. Toutes ses sélections se sont jouées alors qu’il évoluait au RC Lens. Avec l’Équipe de France, Wisniewski remporte la médaille de bronze lors de la Coupe du Monde 1958, jouée en Suède. Lors de cette Coupe du Monde, il emmène l’attaque des Bleus en compagnie de Raymond Kopa, originaire de Noeux-les-Mines et considéré comme le plus grand acte manqué de l’histoire de la formation lensoise, et Just Fontaine. Deuxième meilleur buteur de l’histoire du club, il est encore aujourd’hui considéré comme un des plus grands joueurs de l’histoire du RC Lens.

Maryan Wisniewski, la classe ultime

En attaque, c’est Michel Stievenard, lui aussi natif du bassin minier (Waziers), qui sévit. Il débute sous les couleurs du RC Lens à l’âge de 17 ans, et disputera 172 matchs entre 1954 et 1961, pour 43 buts inscrits. Stievenard connaîtra lui aussi les joies de la sélection, avec ses 2 sélections honorées pendant l’Euro 1960. Il rejoint le Angers SCO en 1961. Jean Deloffre arrive au RC Lens d’Abbeville en 1958. Il est âgé de 19 ans. Le milieu de terrain dispute 158 matchs (58 buts) avec les Sang et Or et, surtout, connaîtra lui aussi la joie d’avoir été sélectionné en Equipe de France. En 1963, un autre Abbevillois en la personne de Daniel Hédé rejoint le RC Lens pour y jouer 201 matchs.

Un des plus grands joueurs de l’histoire du RC Lens, que l’on peut aujourd’hui considérer comme post-formé au RC Lens, si on suit une grille de lecture moderne, est celui qui détient encore aujourd’hui le record de buts inscrits au RC Lens avec Maryan Wisniewski. Il s’agit de Ahmed Oudjani, qui inscrit au total 118 buts pour le RC Lens. Oudjani découvre le football professionnel au RC Lens en 1958, après avoir passé une saison en CFA sous les couleurs de l’US Vendôme. Avec les Sang et Or, l’international algérien (5 sélections, 1 but) remporte trois fois la Coupe Drago en 1959, 1960 et 1965, et finit meilleur buteur du championnat de France 1964 avec 30 buts. Lors de la finale de la Coupe Drago 1959, alors que Lens et Toulon sont à égalité 2 à 2, Ahmed Oudjani se fait une entorse au genou. L’algérien refuse de sortir et retourne sur le terrain, pour s’en aller marquer le troisième but qui donnera la victoire finale au RC Lens. Après le coup de sifflet final, il s’évanouira sur le brancard le sortant du terrain.

Le vivier lensois est riche. Quand Wisniewski quitte le RC Lens pour rejoindre la Sampdoria de Gênes, un autre franco-polonais émerge et reprend le flambeau. Il s’agit de Georges Lech, natif de Montigny-en-Gohelle, lancé par Elie Fruchart, entraîneur de l’époque, et qui sévira sur le front de l’attaque lensoise de 1962 à 1968 avec l’appui de Paul Courtin. Il joue son premier match à 17 ans. Georges Lech fut également sélectionné en Equipe de France, comptabilisant 35 sélections pour 7 buts, auréolé d’un capitanat. Il détenait, jusqu’au but de Edouard Camavinga en octobre 2020, le record de précocité pour un buteur en équipe de France (18 ans et 5 mois). Son frère, Bernard Lech, milieu de terrain, aura aussi marqué l’histoire du RC Lens. Il joue son premier match à 18 ans et évolue avec le maillot Sang et Or à 127 reprises (pour 33 buts).

La bande à Arnold | ©SoFoot

Richard Krawczyk (1963 – 1968), grand nom du RC Lens, dispute 144 matchs pour 21 buts, et sera lui aussi sélectionné une fois en Équipe de France. Selon les dernières mises à jour de la LFP, il est le plus jeune buteur de l’histoire de la première division française, devant Laurent Roussey.

Les frères Lech, Paul Courtin et Richard Krawczyk quittent le RC Lens en 1968, au moment où le RC Lens est relégué en seconde division, et où Les Houillères décident de se désengager du club. Le Racing descend en CFA en 1969, pour rapudement retrouver la seconde division en 1970.

André Lannoy est lancé dans le bain en 1968, et assure la succession d’Arnold Sowinski. Le calaisien joua près de 229 matchs dans les cages lensoises jusqu’en 1976, remportant le titre de champion de France de D2 en 1973, et faisant également partie de l’équipe qui perdit la fameuse finale de Coupe de France 1975 contre l’ASSE, avec Sowinski comme entraîneur. André Lannoy travaillera longtemps pour le RC Lens en tant que préparateur, et la tradition se poursuit puisque son fils, Vincent Lannoy, fait aujourd’hui partie du staff de Franck Haise.

Les années 1970 amorcent un premier tournant dans la formation du club Sang et Or. Le football se développe, et l’ancrage local est de plus en plus complété par des joueurs issus de Picardie voire d’autres régions. Le RC Lens continue de sortir un grand nombre de jeunes joueurs issus du bassin minier, mais les réseaux de recrutement travaillent désormais sur toute la partie nord du territoire hexagonal. Ahmed Oudjani, recruté à Vendôme (région Centre) en était le premier indice. En 1968, un nouveau joueur aux origines polonaises pointe le bout de son nez dans l’effectif lensois ; il s’agit de Casimir Zuraszek. Originaire de Mazingarbe, il joue au RC Lens jusqu’en 1976, comptabilisant 64 buts en 195 matchs.

Entre 1970 et 1972, un certain Jean-Luc Lamarche, futur collaborateur de Gervais Martel, participe à une dizaine de matchs avec le RC Lens. En 1972, un autre jeune issu du bassin minier, Alexandre Stassievitch, s’impose en équipe première. Celui qui aura une carrière relativement modeste (57 matchs joués au RC Lens entre 1974 et 1977), sera tout de même sélectionné et propulsé capitaine de l’Équipe de France Olympique qui prendra part aux Jeux de Montréal de 1976.

A peu près au même moment, Jean-Marie Elie (1967 –  1978) fait ses premières apparitions avec l’équipe première. Celui qui jouera 315 matchs avec Lens, pour 59 buts, est surtout l’un des premiers joueurs issus de la formation lensoise à ne pas être originaire du bassin minier. Elie rejoint l’ASSE en 1978.

Entre 1971 et 1978, un autre franco-algérien marqua l’histoire du RC Lens, il s’agit du milieu de terrain Farès Bousdira. C’est à 18 ans qu’il commence sa carrière au club. Il joue 202 matchs pour 53 buts, avant de rejoindre l’OGC Nice. Bousdira compte une sélection en équipe de France, pour un match amical en 1976 contre la Pologne, qui s’était alors joué à Bollaert. Il a fréquenté un certain Gervais Martel au lycée.

Elie et Bousdira, fers de lance du Racing

Elie et Bousdira, buteur ce jour-là, mais également Richard Krawczyk, de retour au RC Lens, ont fait partie de l’équipe qui réussit l’exploit de renverser la Lazio de Rome, en remportant le match retour 6 à 0 après prolongations.

A suivre prochainement, la partie 3…
La partie 1/4 est à retrouver > ici

Article écrit par Antoine

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