CULTURE SANG & OR

Gervais Martel : « La fête nationale c’est lui qui me l’a dit et l’erreur d’IBAN il nous l’a faite trois fois… Il y a des choses que j’aurais pu faire contrôler avant. »

Gervais Martel était l’invité de l’épisode 28 de l’émission Culture Sang et Or. Le président emblématique du Racing nous parle de l’association qu’il co-préside, du RCL d’aujourd’hui et de ses années à la tête du club lors d’une longue interview !

©LaVoixduNord

Depuis quelques matchs Franck Haise innove avec un milieu à 3 composé de Fofana, Cahuzac et Doucouré. Aimez-vous et souhaitez-vous revoir ce milieu de terrain à l’avenir ?
« Je pense que c’est bien de jouer ainsi à l’extérieur, mais à domicile on ne peut pas se passer de Florian Sotoca, car il est essentiel pour l’équipe malgré son déchet. Florian Sotoca a en plus besoin de jouer avec un attaquant à ses côtés.

Sur la Chaîne l’Equipe il était évoqué le sujet Jean-Louis Leca, en disant qu’il était un gardien sous-côté et qu’un club ne peut se retrouver 5ème de son championnat sans un bon gardien. Qu’en pensez-vous ?
« Il est un très bon gardien car il l’a prouvé sur certains matchs avec des arrêts sur sa ligne de but. C’est un très bon gardien. »

Pensez-vous que dans les couloirs de Marseille ou Rennes, on craint ce RC Lens concernant la lutte pour l’Europe ?
« Je pense que Rennes va continuer son petit bonhomme de chemin avec Bruno Genesio et je les vois revenir. On a certes un gros calendrier à la fin, mais ça peut aussi totalement nous libérer et nous pourrions réaliser des exploits. Après on oublie vite une équipe pas très loin derrière, c’est Montpellier. Je les vois plus venir nous titiller que l’Olympique de Marseille. Ensuite, on va recevoir Lorient à Lens et vous verrez que ce n’est pas facile, car ils vont jouer leur peau. Pour finir, nous avons un joker avec 3 points d’avance et ce n’est pas neutre. »

Quelle est, pour vous, la plus belle victoire du RC Lens en Ligue des Champions ? A Wembley contre Arsenal ou à Bollaert contre le Milan AC ?
« Le premier j’étais très déçu, car j’ai fait des pieds et des mains pour Tony Vairelles. Je suis allé à l’UEFA pour que sa sanction soit annulée, car il n’avait rien fait. Ils m’ont reçu pour dire de me recevoir et rien n’a été annulé. Je l’ai encore dit à Arsène Wenger récemment, il aurait pu m’accompagner et leur dire qu’il n’y avait rien et il m’a répondu : « C’est le foot ». Ils n’ont vraiment pas été corrects. Dans les 4 minutes après la fin du match, des gens sont venus me voir en disant : « Tu fais la gueule ? », ce à quoi j’ai répondu que Tony ne serait pas là au match retour… On a tout eu sur ce match, puisque Fred Déhu a été expulsé au bout de 5-6 min et on aurait peut-être dû jouer le nul. Ça reste vraiment un souvenir amer. »

Quelle est la plus mauvaise erreur de recrutement entre Nenad Grozdic et Gregory Vignal ?
« Sans aucune hésitation, Nenad Grozdic, car c’est une brillante idée de Courbis où on a fait rire toute l’Europe. Le seul bon match qu’il a fait c’est contre nous quand on a joué le Vitesse Arnhem. J’ai dû le refiler dans un pays Balkan qui n’existe plus, tellement il était nul. Il était gentil au demeurant, mais une vraie catastrophe. »

Quelle expression avez-vous le plus utilisée lors des conférences de presse : « On va remettre l’église au milieu du village » ou « Il n’y a rien qui va mal » ?
« « Il n’y a rien qui va mal », parce-que c’est une phrase que j’aime bien étant donné que j’ai toujours relativisé, sachant que j’avais beaucoup d’ambitions pour le club et les joueurs. Il y a des choses qui portent beaucoup plus d’attention que le foot ou le sport. Quand ça va bien, il y a du monde qui se bouscule pour être dans l’appareil Kodak, mais quand ça va mal c’est là que l’on voit qui sera là pour vous. Mais le sport on y apprend à être ambitieux, bagarreur, à se remettre en cause. Après j’ai eu la chance de rentrer dans ce club fantastique. Quand on était à l’école avec Farès Bousdira, lui me disait « un jour je serai joueur du RC Lens », à moi de lui dire : « Et moi le président ». Mais dans la vie, on perd par moment des êtres chers, je pense notamment à Daniel (Leclercq) ou à Arnold (Sowinski), donc il faut savoir relativiser une faute de main de Jean-Louis Leca, car il n’y a pas mort d’homme. »

©Franck CRUSIAUX/Gamma-Rapho

Si vous deviez revenir en arrière, lequel de ces entraîneurs ne feriez-vous pas signer au RC Lens, Rolland Courbis ou Guy Roux ?
« Guy Roux, même si j’ai beaucoup de respect pour lui. »

Quel mercato choisiriez-vous entre celui de 1997 et les arrivées de Drobnjak ou Ziani ou celui de 2004 avec les Hilton, Gillet, Diarra, Cousin… ?
« Je suis obligé de choisir celui de 1997, parce que c’était les joueurs qui nous manquaient. Je suis allé les chercher moi-même et on a fait mouche. »

Si vous ne deviez avoir qu’une coupe de cheveux : la coupe mulet de Tony Vairelles ou les dreadlocks de Jimmy Adjovi-Boco ?
« La coupe mulet de Tony Vairelles, car ça revient à la mode. »

Quelle victoire la plus folle choisiriez-vous entre la victoire 5-4 en Coupe de la Ligue au Mans en 2008 et le 5-4 contre Cannes en 1997 ?
« Alors, je vais plutôt choisir la victoire contre Kaiserslautern. Sinon je dirais Cannes sans trop de doute entre les deux. Mais Kaiserslautern, c’était magnifique, l’un de mes plus beaux souvenirs en tant que président. »

L’excuse la plus difficile, l’erreur d’IBAN ou la fête nationale en Azerbaïdjan ?
« Aucune excuse, car je me suis très mal expliqué lors de ma communication. J’ai toujours essayé de dire la vérité de l’instant, car la fête nationale c’est lui qui me l’a dit et l’erreur d’IBAN il nous l’a faite trois fois… Il y a des choses que j’aurais pu faire contrôler avant. »

Si vous deviez revivre un match : le match nul à Auxerre en 1998 ou la victoire 2-1 contre le Celta Vigo en quart de finale de l’UEFA à Bollaert ?
« Trop difficile comme question, car il y en a beaucoup que j’aimerais revivre… Mais pour vous répondre, je vais dire la victoire à Auxerre, parce que ça a engendré tellement de choses derrière. Mais on a vécu tellement de beaux matchs, je pense au 5-1 contre Bastia, le 3-1 contre Lyon en match de qualification de Coupe. Après il y a eu ce match où Jean-Luc Lamarche m’a emmené à Nancy pour aller voir Tony Vairelles. »

Aujourd’hui, vous êtes président d’une association qui se nomme « La chance aux enfants » qui vient en aide aux enfants de la région issus de familles défavorisées. Et vous avez un objectif qui est d’emmener 10 000 enfants aux JO 2024, pouvez-vous nous dire où ça en est ?
« C’est une association qui existe depuis 2000, pour laquelle j’ai la co-présidence. On a emmené les enfants voir tous les sports possibles et inimaginables. Le parrain de l’association est Jean-Luc Reichmann et notre objectif est d’emmener 10 000 enfants aux JO comme vous l’avez dit. Tout ceci a déjà été vu avec le comité olympique et c’est validé. Désormais l’objectif est de trouver un adulte capable d’entourer et accompagner 8 enfants, ce qui veut dire environ 1300 bénévoles. On va commencer à travailler sur le recrutement, car il y a tous les sujets d’assurances et de responsabilité. Ensuite, je fais la même chose au Sénégal, parce-que j’aime ce pays et il a fait une partie de ma carrière avec 4 joueurs qui ont battu l’équipe de France en 2002. J’envoie 1200 m² de matériaux divers dans 2 semaines, à savoir des tables d’école, des lits d’hôpitaux… J’aime faire ça, car les enfants et les joueurs m’ont tellement servi dans l’ensemble de ma vie, que je veux leur apporter un peu de bonheur. Et la chose que vous pouvez faire c’est de venir avec nous et nous accompagner pour que l’événement puisse avoir lieu. »

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Certains supporters pensent que jouer une éventuelle Coupe d’Europe juste après la montée peut être dangereux pour l’équipe. Qu’en pensez-vous ?
« C’est une connerie. Quelle connerie quand j’entends ça ! Vous imaginez si on nous avait dit à Auxerre : « Attendez, on n’est pas prêts, on va attendre l’année prochaine ! ». Le football, c’est comme dans la vie, quand le train passe il faut le prendre. Bien évidemment qu’il faut aller jouer l’Europe si on le peut et Joseph Oughourlian est prêt. Il fera tout ce qu’il faut si on doit jouer l’Europe. »

Dans les années 90, il y avait une folle rumeur qui parlait d’une fusion avec le LOSC, y a t-il eu de réelles discussions ?
« Bien sûr, il y avait même un adjoint aux sports à Lille qui était venu me voir. Michel Seydoux, qui n’arrivait pas à sortir son stade, était également venu me voir en disant : « J’ai une idée, on bâtit un stade à Carvin, c’est entre Lens et Lille et on va jouer là-bas ». Ce à quoi j’ai répondu : « Je suis contre. Toi tu t’en fous, tu n’as personne dans ton stade… ». Mais aujourd’hui il y a de la place pour 2 clubs dans une même région et à 30 Km. »

Est-il vrai que Florentino Pérez a versé une somme d’argent qu’il ne devait pas pour Raphaël Varane ?
« Oui c’est vrai. Il y avait des bonus sur 3 ans liés à la Champions League pour Raphaël à condition qu’il joue. A la 4ème année, ils gagnent la Coupe et avec Didier Roudet on s’est dit qu’on allait lui écrire et, incroyable mais vrai, il nous a versé le bonus de 500 000€ alors qu’il n’était pas obligé. »

Avez-vous tout fait pour annuler la démission de Francis Gillot ?
« Oui, j’ai essayé. C’est un très mauvais souvenir, car lors de notre dernier match à Troyes, on est 2ème. Mais Marco Ramos se fait expulser au bout de 10 min et on perd 3-0. On finit 5ème. En partant Francis me dit qu’il démissionne et on a discuté jusqu’à pas d’heure. Ça a vraiment été un gros choc pour moi. »

Est-il vrai que Kylian M’Bappé avait signé un contrat avec le RC Lens ?
« M’Bappé avait signé un contrat jeune avec nous et c’est Marc Westerloppe qui l’avait recruté. Malheureusement, cette année-là on descend en seconde division et son papa m’appelle en me disant « Désolé M. Martel, j’ai beaucoup de respect pour vous et votre club, mais je ne peux pas mettre mon enfant dans un club en seconde division » et c’est pour ça qu’il est parti à Monaco. »

Était-ce impossible de conserver Gaël Kakuta au moment de son départ pour Chelsea ?
« Non ça n’était pas impossible puisque nous avions fait une proposition à Gaël dans les règles de l’art. Seulement, il y a un manager qui est intervenu dans le dossier et qui m’a demandé une somme astronomique à verser dans des conditions que l’on pourrait appeler de douteuses. Gaël part ensuite à Chelsea et là je remue ciel et terre en appelant Sepp Blatter, Michel Platini et Jérôme Valcke en leur expliquant que nous avons un problème avec la formation à Lens. Suite à cette affaire, Chelsea est interdit de recrutement pour les mercatos d’été et d’hiver puis ils nous ont versé 4 Millions d’€. »

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Retranscription | L’équipe Culture Sang et Or

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