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Lens, c’était mieux avant ?

Tribune Tony Marek | Stade Bollaert en 1995

La nostalgie est en chacun de nous, à différents degrés, et procure des émotions variées. Elle peut être satisfaisante, apaisante ou frustrante. On la perçoit en fonction des facteurs qu’on intègre dans la comparaison et il n’est pas rare d’être dans les extrêmes, notamment chez les supporters.

En tribune, les maillots, les entraineurs, le schéma de jeu et bien évidemment l’ambiance en Marek ont la faveur des supporters.

On va s’attarder sur le dernier sujet, en se posant différentes questions, sans y répondre.

  • Sommes-nous socialement différents ?
  • L’apparition des téléphones mobiles est-elle une coïncidence ?
  • Le jeu était-il plus enclin à faire vibrer les foules ?
  • Sommes-nous de moins fervents supporters ?
  • L’ultra surveillance des tribunes est-elle un frein ?
  • Les résultats étaient-ils bien meilleurs ?
  • Apprécions-nous le foot autrement ?
  • L’animation des tribunes est-elle moins bonne ?


Ces questions sont orientées, en donnant raison à cette fameuse « J’ai la mélancolie de la Marek des années 80/90. Bordel, c’était quelque chose ! ». Il doit bien y avoir certaines vérités mais, par exemple, à l’inverse, quelle aurait été l’ambiance si la téléphonie mobile avait explosé en tribune dans ces années ? Bien difficile d’y répondre.



Les supporters d’aujourd’hui peuvent se targuer d’avoir de superbes tifos, par exemple, contrairement à ceux de l’époque qui, eux, peuvent mettre en avant le fait d’avoir une Marek pleine de couleurs. Un exemple de comparaison parmi d’autres. Comme il y en a pour tant de sujets divers.

Es-tu nostalgique de la Marek des années 90 et pourquoi ? La question a été posée à quelques supporters, de toutes tribunes et de différentes générations. Voici leurs réponses :

Pascal alias « Craby » | 1er match en 83 et abonné en Marek depuis 88
« Difficile d’avoir un avis tranché. Je pense qu’il faut arrêter avec les idées reçues et le « c’était mieux avant ». Dans les années 80 et début des années 90, hormis à quelques occasions comme les réceptions du voisin lillois, du PSG, de l’OM ou des Verts ou pour quelques matchs de Coupe de France ou de Coupe d’Europe, BOLLAERT faisait rarement le plein. Aujourd’hui, BOLLAERT c’est 26.000 spectateurs de moyenne en Ligue 2 quand j’ai connu des matchs à moins de 5000 personnes en D1. De cette époque, on pourra bien évidemment regretter les tribunes debout.

Il est évident que la tribune Secondes de 8000 têtes proposait une puissance vocale et inspirait le respect. Pas de groupe ultra, juste deux groupes de supporters officiels : « ALLEZ LENS » et le « SUPPORTER CLUB LENSOIS », pas de capo, juste « Bertrand » un trompettiste hors pair qui ne se voulait pas le chef d’orchestre de la Tribune mais un simple acteur. Simplement là pour lancer les chants, qui s’effaçait et qui les relançait quand ceux-ci faiblissaient, il ne venait pas donner un récital mais venait simplement apporter une pierre à l’édifice. C’était aussi quelqu’un qui savait également improviser des chants en fonction de ce qui se passait sur le terrain. Je prendrai l’exemple d’un LENS-BASTIA où LENS mène 4-0 à la mi-temps en juillet 85. Ce jour-là, le fameux Bertrand lance un chambreur « Méditerranée » de Tino Rossi, aussitôt repris et entonné par tout le Stade BOLLAERT, score final 6-0. C’est une spontanéité que je regrette aujourd’hui. A cette époque, les chants pouvaient partir de n’importe qui, de n’importe quel côté de la tribune. Ces chants se propageaient alors comme une trainée de poudre, la proximité, la promiscuité aidant à cela. On retrouve cette spontanéité dans les parcages à l’extérieur aujourd’hui, pour les mêmes raisons je pense.

Maintenant, en 1997, l’instauration des places assises a fait énormément de mal à notre tribune et il a fallu se battre pour sauvegarder ce qui pouvait l’être, il faut se souvenir que pour LENS-AUXERRE, premier match à BOLLAERT en configuration assise en 97, les trois quarts de la Tribune sont assis et on compte un stadier pour 100 personnes. Le danger était réel que l’on flingue la tribune. Le CRAB est né ce jour là. Dès lors cela a été un combat pour convaincre, pour fédérer les groupes de la MAREK au sein du CTM, pour obtenir le « Placement libre » auprès de Sergé DORE alors DG du club , pour arriver enfin en septembre 2018, avec un très gros travail de lobbying des TIGERS (et de Pierre REVILLON en particulier) et de l’ANS et l’arrivée d’une nouvelle équipe dirigeante, le soutien des politiques pour revenir avec une tribune debout. Un combat de près de 20 ans.

Aujourd’hui chacun a trouvé sa place en tribune et les différents groupes œuvrent ensemble pour l’ambiance. Je pense que l’augmentation de la jauge devrait nous permettre de franchir un cap et nous permettre de retrouver la spontanéité qui nous manque aujourd’hui, que la tribune ne compte pas un, pas deux, pas cinq mais 6 ou 7000 capos. Je pourrai alors mourir en paix. »


Damien O | Premier match en tribune en 1997, abonné en Delacourt
« Non. Et d’après mes souvenirs, il y avait le Kop et les Tigers qui étaient deux groupes différents et chacun chantait son truc séparément, ce qui je pense ne rendait pas service à l’ambiance générale dans le stade. 

Aujourd’hui l’ensemble de la tribune MAREK suit un seul et même chant, ce qui incite aussi les autres tribunes à chanter. 
»

Le kop, à la fin des années 80

Kara, président des Devils Lens | Premier match au stade en 1996
« Pour ma part, je ne suis pas nostalgique des tribunes dans les années 90. Bon après je suis de la génération où je me suis vraiment investi dans le stade dans les années 2000 mais j’allais quand même à Bollaert dans les années 90. Je trouve qu’avant les chants n’étaient pas constants dans le stade, beaucoup de blancs entre deux, un peu une ambiance à l’anglaise.

Autre souci, tu pouvais avoir deux chants dans la même tribune, le supp »r’Lens à l’époque n’acceptait pas la nouvelle génération, par exemple la scission entre les Red Tigers et eux. Je trouve l’ambiance bien meilleure actuellement, la mise en place de capos, avoir une tribune coordonnée, avoir un chant commun et durant tout le match sans interruption ça a vraiment plus de gueule. De nos jours, je trouve également les chants plus variés. Ce qui est dommage par contre c’est l’abandon de certains chants populaires qui refont leur apparition quelques fois.

Par contre un des points que j’envie des années 90, c’est la coloration de la Marek, on avait vraiment une tribune rouge et jaune ! Maintenant les codes vestimentaires de la tribune ont changé (beaucoup de vêtements sombres) et l’on affiche moins nos couleurs. Il y avait aussi moins de répression, plus de liberté pour les fumigènes par exemple, pas d’IDS.
»


Michel | VentDuNord62
« Je suis nostalgique de la marek tout court ! Je viens d’avoir 50 ans. J’ai vu mon premier match à la fin des années 70. J’ai toujours été régulièrement au match depuis le début des années 80, mais je suis abonné depuis 89 et la descente en ligue 2. J’ai toujours été en marek sauf depuis 4 ans, car je voulais emmener mon fils avec moi. Mon match référence est le Lens vs Strasbourg (vidéo disponible > ici) des barrages de 91. Je n’ai jamais connu une ambiance pareille ! Dans le journal but, ils avaient dit à l’époque qu’il n’y avait jamais eu une ambiance comme celle ci en France, même à Marseille en coupe d’Europe… Mais récemment contre Bordeaux ou Dijon c’était bien aussi. Donc pas forcément le sentiment que c’est moins bien qu’avant. »


Ces réponses montrent que la perception peut être bien différente, et qu’il est parfois simple de se contenter d’un : « C’était mieux avant ».

Les tribunes évoluent, la passion reste, qu’importe les générations. C’est bien là l’essentiel.


Ecrit par Mathieu (@Galette)

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