CULTURE SANG & OR

We can be heroes

Ils sont les meilleurs, Sie sind die Besten… Ce sera autant un match de Ligue des Champions que la réception d’Arsenal, club qui cristallise des rancœurs aussi éternelles que les neiges nappantes des plus hauts sommets de ce monde. Sur un air de David Bowie.

Photo Eurosport

Loin de nous la maladie du polyamour. Que les partisans des deux camps se fassent microscopiques dans les rues de Lens. Le Racing s’apprête à vivre une semaine Premium, de celles qui motivent dès les aurores du lundi, et maintiennent en éveil jusqu’aux dernières lueurs du dimanche. Un début de semaine qui fleure bon le parfum de la prestigieuse C1, compétition enchanteresse que le destin avait choisi d’éloigner de Bollaert-Delelis une double décennie durant. La voici qui revient, vêtue d’une chemisette rouge et blanche frappée d’un canon, et accompagnée d’une flopée de fans qui se verront octroyer le privilège de s’asseoir en parcage comme au salon de thé. Foutue princesse. Arsenal FC, ce club que Téléfoot et L’Équipe du Dimanche érigèrent avec une pointe de chauvinisme en modèle de beau jeu et de fair-play, mais qui comme toutes règles générales avait su sortir de son cadre lors de ce Arsenal – Lens du 25 novembre 1998 passé à la postérité. 

Arsenal avant Lille

Le nom de Lee Dixon est sur toutes les lèvres. Il hantera à jamais les esprits des supporters lensois. Le devoir de mémoire envers les plus jeunes est indispensable, surtout ceux qui ont cru bon de s’égarer dans l’épaisse forêt du mal-hêtre. C’est aussi cela, la culture football. Rappelons les faits ; le latéral droit anglais, déplumé par l’attaque lensoise lors de cette iconique victoire artésienne, réussit la performance de faire expulser Tony Vairelles avec une grotesque simulation, dans une tricherie symphoniquement collective dans laquelle Anders Frisk crut judicieux de tomber. Le football ne connaissait pas la VAR, et les hommes de Daniel Leclercq furent victimes du cruel romantisme du sport roi. L’Histoire s’arrêtera deux semaines plus tard pour un RC Lens, orphelin de son attaquant, et vaincu par le Dynamo de Kiev d’Andreï Shevchenko dans le match décisif pour la qualification en quarts de finale. La mauvaise foi persiste à dire qu’avec le feu follet à crinière, l’issue aurait été toute autre.

Vaincre Arsenal demandera aux Sang et Or une concentration maximale, un don de soi absolu, et une efficacité des plus redoutables. Et d’être dans la continuité de ce qui a été vu à la Meinau vendredi. La poudre devra être du bon côté afin de permettre à Bollaert-Delelis de retrouver sa fierté européenne. Les géants européens sont déjà tombés dans le bassin minier, et une victoire demain soir apportera à coup sûr ce fuel très énergétique nécessaire à la bonne poursuite de la semaine. Les goonies le mardi, et les canidés le dimanche. Une semaine qui peut permettre de ranger le début du championnat dans les cartons humidifiés du grenier poussiéreux des mémoires collectives. Une séquence de deux confrontations cinq étoiles que tout le monde est impatient de vivre, et qui offrira à la totalité de l’effectif la possibilité de se transformer en héros. Comptablement, en Ligue 1 comme en Champions, les trois points lanceraient parfaitement la double campagne domestico-européenne des hommes de Franck Haise. Et donneraient aux supporters lensois l’opportunité de regoûter aux effluves euphorisantes des grandes soirées de football. Un état de transe qui, il n’y a encore pas si longtemps, semblait déjà très lointain. 

Deux matchs pour l’Histoire. Allez Lens !

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