CULTURE SANG & OR

Spierings : « Peut-être plus indispensable que Van den Boomen »

Le premier renfort officiellement présenté, Stijn Spierings, est une recrue surprise. Le Néerlandais, formé à l’AZ Alkmaar, et qui était libre de tout contrat, a décidé de dire oui au RC Lens. Acteur majeur de la remontée du Toulouse FC, dans l’ombre de Branco Van den Boomen,  il était fortement pressenti au PSV. Le voici Sang et Or, perpétuant la tradition des anciens « Pitchounes » à la Gaillette. 

(Photo NH Nieuws)

D’où vient-il ? D’Alkmaar, ville de l’AZ, pour Alkmaar Zaanstreek, parce qu’à la différence de LOSC Lille, AZ Alkmaar, ça ne se dit pas. Ville de football, mais aussi de musique. Peu le savent mais Alkmaar héberge elle aussi un musée consacré aux Beatles, célébrant le fait que la première guitare de John Lennon ait été fabriquée dans la capitale de Hollande-Septentrionale. Alkmaar c’est aussi le fromage, l’edam et le gouda, vendus sur le plus important et plus ancien marché aux fromages des Pays-Bas, situé place Waagplein, et qui se déroule tous les vendredis entre avril et septembre. Ce qui vaut à l’AZ les surnoms de Kaaskoppen (Têtes de Fromage) ou de Kaasboeren (producteurs de fromages). Voici pour la ville où Stijn Spierings vit le jour, le 12 mars 1996. 

Un parcours cabossé qui plaît tant au RC Lens

Le néo-Lensois intègre le centre de formation en 2013. Après avoir franchi les étapes une à une au sein du club, il voit s’entrouvrir les portes de l’équipe première de l’AZ. Momentanément seulement. Deux petites apparitions et puis s’en va. Stijn est prêté au Sparta Rotterdam, deuxième club de la seconde ville des Pays-Bas, réputé pour son académie. Après une promotion en Eredivisie, le Sparta rechute. Lors du match décisif des barrages contre Dordrecht, Spierings envoie un missile dans ses propres filets pour un des « autogoals » les plus spectaculaires de l’année. Le Sparta Rotterdam est rétrogradé et Stijn fait le tour du monde. 

La relégation est souvent synonyme de changement de coach, et au Sparta, Spierings n’a pas les faveurs de Henk Fraser. L’hiver suivant, pour retrouver du temps de jeu, il s’engage avec un autre club de deuxième division, le RKC Waalwijk, où il deviendra un élément incontournable. Et c’est grâce à un but de Spierings que son équipe s’impose face aux Go Ahead Eagles en playoff, assurant ainsi leur retour en Eredivisie.  Belle revanche sur le sort.

Six mois plus tard, le natif d’Alkmaar surprend son monde en rejoignant la Bulgarie et le Levski Sofia. Nous sommes le 13 janvier 2020, et Spierings s’engage pour trois ans. L’histoire tourne vite au vinaigre : le Batave se voit relégué sur le banc de touche et joue finalement très peu (18 matchs). Il n’empêche, le Data FC pense à lui. Le 5 octobre 2020, le Toulouse FC officialise sa venue, à quelques heures de la fermeture du mercato.

De l’anonyme au top joueur

Jean-Baptiste, du site LesViolets, nous présente ce milieu longiligne que personne en France ne connaissait. 

« Stijn est arrivé à Toulouse dans le parfait anonymat en octobre 2020, dans la mesure où le mercato avait été prolongé jusqu’au 5 octobre (ndlr : pour cause de Covid). Pour son premier match, il inscrit un but à Ajaccio sur penalty. Au TFC, il a toujours joué numéro 6, dans un 3-5-2 ou un 4-3-3. Dans ses précédents clubs, il a évolué en 8 ou 10. On ne l’a jamais vu dans un rôle de défenseur central. Parfois en 6, il redescendait très bas pour donner des solutions sur les sorties de ballon. C’est un top joueur et on est vraiment très triste de le voir partir ».

Peut-on le qualifier de cadre de l’équipe de Philippe Montanier ?

« Oui oui oui, trois fois oui, cinq fois oui, dix fois oui (rires). Il n’a quasiment jamais été blessé. Je n’ai même pas souvenir d’une micro-blessure au TFC. Il a joué pratiquement tous les matchs. C’est un véritable athlète de haut niveau, et toujours là pour aider ses coéquipiers. Il mérite d’aller un peu plus haut que Toulouse même si cela me fait du mal de le reconnaître. Les seuls matchs qu’il a loupés, il me semble que c’était pour accumulation de cartons jaunes (ndlr : 3 cartons jaunes en 10 matchs équivalent à une suspension automatique). Avec Van den Boomen, Dupé et Dejaeghere, il fait partie des joueurs à avoir activement contribué à notre épopée, du retour en L1 à la victoire en Coupe de France »

Et sa mentalité, collera-t-elle au RC Lens ? 

« Son état d’esprit est excellent. On n’a jamais rien entendu de négatif à son sujet. Il a 27 ans, entre dans la force de l’âge, et connaît bien le football européen. Il a un gros caractère, et peut parfois gueuler dans le vestiaire. Après, est-ce que c’est un capitaine en puissance ? Je ne pense pas non plus ».

« Travailleur de l’ombre »

Lens n’était que son deuxième choix, après Eindhoven… Mais il a préféré rejoindre Deiver Machado. 

« Alors oui il était tout proche de s’engager avec le PSV. Mais il y a eu un changement d’entraîneur et cela a créé du flou. Lens a dû sentir qu’il y avait une opportunité à saisir et ils l’ont très bien fait ».

Quel souvenir laisse-t-il à Toulouse, et que peut-on attendre de lui ?

« Je vous invite à regarder les vidéos du club, notamment celle sur le dernier match à domicile contre Auxerre. Tout le Stadium lui rend hommage et le remercie pour tout ce qu’il a fait au TFC pendant trois ans. Il a participé à la remontée, au maintien et à la victoire en Coupe de France. Dans l’histoire on retiendra plus Van den Boomen, mais je le répète, pour certains, Spierings était peut-être encore plus indispensable. Le grand public placera peut-être Van den Boomen parmi les 10 meilleurs joueurs de l’histoire du TFC, on ne se posera peut-être pas cette question pour Spierings, parce que c’est un travailleur de l’ombre. Il a quand même pas mal marqué avec le TFC. Il a une superbe frappe de loin, et je suis certain qu’il est capable de progresser dans ce domaine. En tout cas, vous allez vous régaler avec ce joueur, c’est une bonne pioche ! »

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