CULTURE SANG & OR

Sous le soleil, un coup de gueule

Ce dimanche matin, au réveil, le bonheur du match nul arraché des mains des parisiens est mêlé d’un sentiment assez désagréable. D’un côté, une attente sportive une nouvelle fois surpassée par un RC Lens d’exception dans sa tenue de gala. De l’autre, un profond dégoût. Dans le football, comme cela peut l’être dans le cinéma, la reconnaissance des pairs et du public comptent presque autant qu’un titre. La frustration fut palpable, au point de finalement choisir d’extérioriser cet agacement au regard de la couverture médiatique dont jouissent certains clubs par rapport à d’autres, dans des déséquilibres plus ou moins prononcés. Quitte à paraître naïf. Ouais, pas content. 

Kevin Danso, sévèrement expulsé, aura parfaitement tenu son rôle (Crédit : But !)

On commence par le doux réveil du dimanche matin. Comme souvent, la communauté lensoise ouvre les journaux. Geste d’autant plus facile après une victoire ou une prestation cinq étoiles des Sang et Or. Habitués que nous sommes à ne lire que des articles parcellaires sur le RC Lens, à n’entendre que des lieux communs sur les grandes ondes, les médias nationaux ne sont que trop rarement précis dans leur analyse du RC Lens, quand ils ne sont pas complètement à la rue. Se contentant de mièvres descriptions sur la “chaude ambiance de Bollaert”, nourrie “par un jeu offensif” et “agréable à voir”, même quand le RC Lens était dans une passe difficile. L’analyse générique. On a même récemment entendu sur la grande émission radio couvrant le football français que Leca avait été reconfirmé titulaire au détriment de Fariñez. Mort de rire.

« Le RC Lens dégage autant de fraîcheur que son adversaire du soir de puanteur »

Ce réveil dominical, donc. L’Équipe a rédigé un dossier de six pages sur le match PSG-RC Lens, ne consacrant qu’un vulgaire encadré au RC Lens, paraphrasant Franck Haise alors que son équipe venait de remonter un PSG qui jouait le match de son sacre étoilé, à 10 contre 11. Rien que ça. Un paragraphe digne d’un match de N1 pour un des grands clubs populaires de ce pays, qui, faut-il le rappeler, est toujours en course pour l’Europe. Un véritable manque de respect. Le RC Lens, ce club qui dégage autant de fraîcheur que son adversaire du soir de puanteur. Et ce n’est pas une prise de position subjective ; samedi soir, une grande partie du Parc des Princes a décidé d’aller fêter son dixième sacre en dehors de son enceinte. Camouflet capital d’un club qui se détache irrémédiablement de sa base.

Ce RC Lens est formidable. Et gagnerait à être plus exposé. Oui, il a été mis en lumière quand il était second de L1, au début de l’hiver dernier. C’était si soudain et intense qu’on aurait presque cru que cela faisait partie d’un plan de comm’. Oui, cela lui a peut-être coûté des points, tant il est délicat de résister aux sirènes des louanges. Mais c’est aussi comme cela qu’un club progresse, se structure et grandit, par l’adversité sur le terrain mais aussi l’exposition médiatique. Ce RC Lens mérite d’être cité parmi les exemples du football français, à l’instar du RC Strasbourg, et pas seulement quand l’actualité n’offre rien de croustillant aux grands médias. Comme introduit, la reconnaissance.

Au lieu de tartiner sur les projections estivales du grand pathétique, les grands médias pourraient se pencher un peu plus sur ce qui a amené un grand financier à s’investir autant dans un club populaire alors à la dérive, embarquant avec lui un grand avocat sportif, un ancien haut dirigeant du rugby français, un jeune directeur sportif bourré d’audace et de talent, et un entraîneur de génie sans expérience du haut niveau. Pour la réussite que l’on connait. Un club, un modèle, un ancrage territorial, de l’énergie positive, tout ce qui manque à un football français qui se cherche un narratif dans l’ombre de son pathétique géant. Non, ces grands médias préfèreront toujours parler des gros qui vendent, majorant la défaite de ces derniers au détriment de la victoire des petits. Une ligne éditoriale à visée commerciale, plutôt qu’un reportage journalistique au sens noble du terme. Bonjour tristesse. 

Écrit par Antoine

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