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Ruben Aguilar, le chien enragé de Der Zak’

Ruben Aguilar s’est engagé pour trois ans avec le RC Lens. Le Franco-Espagnol, qui reste sur une fin de séjour mitigée sur le Rocher, tentera de se relancer dans un club qui avait grandement besoin d’expérience à ce poste. 

Crédit : France 3 Régions

C’est un nouvel international qui débarque au RC Lens ! Ruben Aguilar et sa sélection, honorée un 11 novembre 2020 contre la Finlande, viennent renforcer un secteur déficitaire en nombre, orphelin de Julien Le Cardinal, parti densifier les fortifications brestoises. L’ancien Montpelliérain aura la tâche de suppléer Przemysław Frankowski au poste de piston droit, poussant la concurrence, amenant une vraie densité, et un profil assez similaire à celui du Polonais.

Ruben Aguilar, de mère française et de père espagnol, voit le jour à Grenoble il y a trente ans. Il démarre sa formation au GF38, pour la terminer dans le Forez, à Saint-Étienne. C’est sur ces terres qu’il lance sa carrière professionnelle, avant de rejoindre l’AJ Auxerre, où il évoluera trois saisons. En Bourgogne, le latéral droit prend son envol, et attire les regards, dont ceux du Montpellier Hérault Sporting Club. 

« Son arrivée à Montpellier s’est faite rapidement. Le MHSC l’avait récupéré libre d’Auxerre » , nous précise Jean-Philippe, observateur assidu du club de La Paillade via son compte MHSC Database. « Il n’était pas venu pour être titulaire tout de suite, mais vu ses performances et le changement de système de Der Zakarian à l’époque, passant au 3-5-2, il a été mis dans les meilleures dispositions et a vite conquis le cœur des Pailladins ». Ce recrutement est une réussite éclatante, avec un latéral qui se hisse à un très haut niveau, « rarement vu à Montpellier » , complète Jean-Philippe. Il contribue notamment à la 6e place du club héraultais en 2019, et devient la coqueluche du public. 

Celui qui ne lâche rien

« Ses points forts sont sa mentalité et son endurance, il ne lâche rien, c’est un chien enragé comme Michel Der Zakarian les aime » . Pas étonnant que Laurent Nicollin ait fait le forcing ces dernières semaines pour le rapatrier d’urgence depuis Monaco, en vain. « Son sens de l’anticipation permettait de récupérer le ballon et de créer rapidement des situations dangereuses ». Ses axes de progression ? « Probablement au niveau de ses centres, où, sans être mauvais, on sentait une vraie marge de progression ».

Après deux saisons réussies dans l’Hérault, l’appel du large toque à la fenêtre. Monaco, qui a frisé avec la zone rouge la saison précédente, cherche à relancer sa dynamique sportive. « Son départ est à la fois logique et illogique », affirme Jean-Philippe. « Logique parce qu’on savait qu’un joueur comme lui devait, à un moment donné, franchir un cap. Mais partir pour Monaco, qui n’était pas européen, fut quand même surprenant ». Ruben Aguilar rejoint son pote Benjamin Lecomte, qui avait signé son contrat avec le club de la Principauté quelques semaines plus tôt.

Nous sommes donc à l’été 2019. À l’ASM, les mines sont moroses. La saison précédente, le club s’est battu pour ne pas descendre, terminant à une 17e place indigne de son statut. Sur le banc, Jardim fait flop, tout comme le désormais nouveau sélectionneur des Espoirs tricolores, Thierry Henry. « Ruben Aguilar arrive au cours d’un mercato qui se veut ambitieux pour renouveler un effectif qui a frôlé l’accident industriel », nous explique Rémi, ancien rédacteur chez Planète ASM. Lors de cette intersaison, les dirigeants monégasques cherchent des joueurs fiables pour se relancer en Ligue 1. « Ruben Aguilar vient remplacer Djibril Sidibé sur l’aile droite de la défense », continue Rémi. « Son arrivée est bien perçue par la majorité des supporters dans mon souvenir, c’est une valeur sûre de L1 à son poste, qui sort d’une solide saison à Montpellier ».

Ses débuts sont cauchemardesques pourtant. Monaco encaisse onze buts lors des trois premières journées, et Ruben Aguilar se fait expulser à deux reprises. Son statut de titulaire est fortement remis en cause dans un Monaco qui peine à trouver son système, et qui change de coach. « On le sent plus à l’aise quand l’équipe joue à trois centraux et qu’il n’a pas besoin de trop s’occuper de ce qui se passe dans son dos. Mais globalement, il signe un première saison décevante, qui s’arrêtera en mars avec la pandémie, dans un Monaco encore malade » , conclut Rémi. 

Crédits : Eurosport

La seconde saison est plus aboutie. « Sous la houlette de Kovac et de son 4-4-2 modulable, souvent dans un rôle de latéral piston, parfois même de milieu droit, il profite d’une saison de bien meilleure facture pour honorer une première sélection en Bleu. Il se retrouve là après plusieurs forfaits, et participe à la fin de saison en boulet de canon qui permet à l’équipe de finir sur le podium et de se mêler à la lutte pour le titre jusqu’au bout », complète Rémi. Sans être incontestable, Ruben Aguilar se montre irréprochable dans l’investissement et l’état d’esprit, faisant alors face à la concurrence Djibril Sidibé, de retour sur le Rocher.

La troisième saison est certainement la plus aboutie (2021-2022), dans la lancée du précédent exercice. Bien que le joueur restera associé à l’improbable CSC de la 115e minute du barrage retour contre le Shakhtar Donetsk, il démontre de solides ressources psychologiques pour regagner sa place de titulaire. Et s’impose dans le onze de Philippe Clement, qui viendra échouer aux portes de la Ligue des Champions à Bollaert, dans une soirée mémorable.

La saison dernière, le Franco-Espagnol est peu à peu sorti des plans de son coach, faisant les frais de la montée en puissance du jeune Brésilien Vanderson. Ruben Aguilar, qui a terminé deux fois sur le podium avec l’ASM, arrive au RC Lens avec une grinta, une expérience et une VMA qui devraient être tout à fait compatibles avec la structure de jeu de Franck Haise. Et le Grenoblois retrouvera une colonie montpelliéraine qui s’étoffe un peu plus.

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