CULTURE SANG & OR

Repris de justesse

Le RC Lens stagne et, dans le même temps, voit une partie de la concurrence enchaîner les victoires. Depuis début janvier, les victoires se font rares, si on excepte les trois qualifications en Coupe de France. Le bilan est mitigé, sans être catastrophique. En fait, l’analyse des récents matchs demande une indispensable prise de recul. Les médias, qui ont trop vite placé les Sang et Or comme candidat potentiel au titre, interrogent les raisons de cette méforme qui semble durer. A l’éventuel coup de pompe physique, le coach artésien a répondu par les faits ; depuis quelques matchs, ses hommes battent tour à tour les records de courses à haute intensité. Le dernier en date ? Lors du match de dimanche soir, en terres rhodaniennes. Mais de courir plus vite et plus fort, le RC Lens court surtout derrière le score, situation inédite dans sa saison. Repris de justesse.

(Crédits : rclens.fr)

Alors qu’ils avaient pris l’habitude d’imposer un rapport de force incontestable, souvent sanctionné positivement par une ouverture du score plus ou moins précoce, Seko et ses hommes sont, depuis le déplacement à Strasbourg, confrontés à une situation inédite ; celle d’encaisser l’ouverture du score ou d’être mené. Un handicap qui est certainement à la fois la cause et la conséquence de la mauvaise série en cours. L’optimiste observera toutefois que les Sang et Or continue d’apporter les ingrédients, pas tous certes, mais on ne peut contester qu’à deux reprises, ils auront croisé le fer pour revenir au score. Oui mais, de par son ancienne position de dauphin presqu’invincible, et un statut qui a complètement changé, cela ne suffit plus.

Au-delà d’un calendrier très peu favorable (5 matchs en 14 jours, dont 4 loin de sa base), les Racingmen pouvaient difficilement prétendre à poursuivre leur phénoménale dynamique ad vitam aeternam. Jusque-là relativement préservé par les blessures et le manque de réalisme, le vestiaire a été tour à tour impacté par la subluxation à l’épaule de David Pereira Da Costa, puis par la grave blessure au genou d’Alexis Claude Maurice. Ces événements, fâcheux à titre individuel mais aussi collectif, ont provoqué le recrutement d’Angelo Fulgini, joueur à la technique soyeuse mais qui n’en reste pas moins un nouvel élément à intégrer dans le vestiaire. Au même titre qu’Adrien Thomasson, débarqué quelques jours avant. C’est toute une dynamique collective à recréer, et cela ne peut être exclu d’une analyse qui se veut équilibrée. 

A l’instar de Seko Fofana, qui de par son statut cristallise les critiques, certaines individualités qui faisaient la grande force du collectif lensois semblent également à la recherche d’un second souffle. Situation qui n’a, en soit, rien d’anormal. Peut-on notamment expliquer le passage à vide de David Pereira Da Costa par le prisme de sa blessure ? Par la négociation complexe de sa prolongation de contrat ? Quoi qu’il arrive, le jeune franco-portugais peine à peser sur les rencontres cette saison, alors que de nombreux observateurs attendaient son explosion. Loïs Openda, qui démarre souvent les rencontres sur le banc, est dans une période d’inefficacité, et forcément que l’on est en droit d’attendre beaucoup plus d’un joueur au statut international.

En face, l’adversité s’est adaptée. Au-delà du fait de calquer son schéma sur celui du RC Lens, les adversaires rencontrés ces dernières semaines ont quasi tous calqué leur schéma sur le 3-4-3 lensois. Ce que Franck Haise et son staff ont mis en place ces deux dernières saisons fait désormais office de référence dans un football français qui monte en puissance. Une tête de Ligue 1 qui carbure comme rarement, en attestent les ratios de points par match des clubs composant le “Big Four” de cette Ligue 1 version 2023/2023. La première partie de saison lensoise était tellement exceptionnelle qu’elle a relégué au second plan les temps de passage records du Stade Rennais et de l’Olympique de Marseille. La victoire contre le PSG, piégeuse à tous les niveaux, ainsi que l’intériorisation d’un statut qui n’est certainement pas encore le nôtre, pourrait aussi peser dans les têtes. Tout comme les séries de prolongations, qui peuvent aussi apporter un certain confort démobilisant. Les causes sont quoiqu’il arrive aussi multiples que les équilibres sont toujours fragiles, et ce même dans ce RC Lens.

C’est pour cela qu’il fallait profiter de tous les instants lors de la première partie de saison, et qu’en retour il ne faut pas tout jeter alors que la peur du syndrome « plafond de verre » semble s’installer dans les têtes. Car cette mauvaise passe est plutôt venue toquer à notre porte quand on l’attendait. Les réactions de l’entraîneur Haise mais aussi des joueurs semblent attester d’une grande lucidité. Repris par son manque de justesse technique depuis quelques semaines, le RC Lens a toutefois identifié les axes de travail. Le match à Lyon, dans la continuité des derniers match, était loin d’être une mauvaise prestation. Un OL qui, même malade, reste un gros morceau de notre championnat. Comme l’a dit Franck Haise, “on passe de l’excellence au très bon”. Le RC Lens retrouve sa petite marge de manœuvre dans une L1 ultra compétitive. Face à des concurrents qui, actuellement en pleine bourre mais toujours relativement bien tenus à distance, pourraient également connaître une période de creux dans cette deuxième partie de saison.

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