Encore peu connu du grand public, Frédéric Hébert vient d’être nommé coordinateur sportif du RC Lens. Zoom sur ce jeune dirigeant du football français, qui épouse parfaitement l’ambition et la philosophie voulues par le board du club Sang et Or.
Photo Le Parisien
Il fait partie de la nouvelle génération des dirigeants français. « Peut-être que le RC Lens a déniché une pépite », avance même Arnaud Detout, journaliste au Parisien. Frédéric Hébert est un ancien joueur amateur qui n’a connu que les divisions inférieures, de la N1 à la N3, jouant pas moins de 300 matchs aux quatre coins de la région parisienne. Son CV est éloquent. Poissy, Villemomble, Paris FC et enfin Fleury 91. « Il a fait une grande partie de sa carrière au poste d’attaquant. Sur la fin, son entraîneur lui a demandé de se reconvertir latéral pour le besoin du collectif. Avec succès. C’était un joueur polyvalent, qui faisait passer le collectif avant tout », poursuit Arnaud Detout.
À l’instar d’un Franck Haise, le joueur de football Frédéric Hébert fait très vite prévaloir son goût pour les polytechniques. Ses premiers pas dans le management sportif se font au Paris FC, où il dirige l’École de Football dès 2007. C’est naturellement qu’il évolue, prenant par la suite les rênes de la préformation, puis des équipes jeunes U17 et U19, en parallèle de sa carrière de joueur semi-professionnel. Arnaud Detout nous partage une anecdote :
« En 2015-16, avec son club de Fleury 91, Frédéric Hébert réalise un joli parcours en Coupe de France. Les Essonniens avaient éliminé Brest et en seizième de finale, ils tirent Avranches. J’étais parti avec eux et dans le car, il montrait beaucoup de curiosité à l’égard de mon métier. Il me posait beaucoup de questions sur le journalisme. On le sentait très intéressé, curieux sur toutes les facettes du monde du football. »
D’un Paris à l’autre
En 2017, le Francilien quitte le PFC pour rejoindre la cellule de recrutement du Dijon FCO. Il y restera une saison, scrutant dans les moindres recoins la très riche région parisienne. À la suite de quoi il décide de rejoindre le Paris Saint-Germain, acceptant d’occuper le rôle de coordinateur du département scouting. Arnaud Detout détaille : « au PSG, il couvrait notamment la France, la Belgique et la Suisse, des U17 jusqu’aux pro. Il a emmagasiné une grande expérience et surtout, il s’est fait énormément de contacts. » Hébert y côtoie des grands noms, tels que Antero Henrique et Leonardo. Il explique en janvier 2020 dans Le Parisien être arrivé au PSG afin d’y remettre de l’ordre et organiser le département scouting, mettre en place « des processus de travail très clairs reposant sur des bases de données. »
Le nouveau coordinateur sportif du RC Lens quitte le Paris Saint-Germain en 2020, pour retrouver le Paris FC qui affiche des ambitions, comme le montre l’inauguration du centre d’entraînement Groupe ADP. Hébert y remplace Pierre Dréossi avec l’objectif de poursuivre l’ancrage du PFC dans le bassin parisien, notamment dans le scouting. « Je pense bien connaître le bassin parisien et m’être créé un réseau au fil des années », complète Frédéric Hébert dans Le Parisien. « OK, j’ai un passé de joueur amateur et je n’ai jamais été pro. Mais en toute humilité, il n’y a rien d’impressionnant pour moi d’être directeur sportif d’un club de L2 à 35 ans. » L’ambition de l’homme est palpable. « Je ne me pose pas la question de la crédibilité ou de la légitimité. Ta légitimité, tu la gagnes au fil du temps. Je ne sais pas ce que les joueurs pensent de moi mais ça ne me perturbe pas. Et même avec ceux que je connais bien, je saurai mettre la distance nécessaire. » Et Frédéric Hébert montre qu’il est aussi capable de réaliser des coups, comme Julien Le Cardinal ou encore Morgan Guilavogui, bien connus au Racing Club de Lens.
Convoité par le FC Nantes cet été
En Artois, la dernière intersaison a soulevé quelques interrogations. Beaucoup l’ont jugée moins maîtrisée que les précédentes. Est-ce que Grégory Thil, dont les qualités de scout ne sont absolument pas à remettre en cause, était le profil idoine pour gérer le mercato du RC Lens durant cette intersaison charnière ? L’Équipe a récemment apporté des éléments de réponse en expliquant que c’est Arnaud Pouille qui avait repris la main sur le recrutement dans le courant du mois d’août, secondé par son adjoint du service juridique. Il devenait légitime de se demander s’il y avait un DS dans l’avion. Joseph Oughourlian semble avoir définitivement confirmé cette hypothèse au micro de France Bleu Nord ce dimanche 8 octobre : « On n’est pas arrivé suffisamment tôt avec l’effectif cette saison. Ce n’est pas la responsabilité d’une personne. On n’a pas pu donner à Franck l’effectif qu’on aurait voulu avoir. On a peut-être sous-estimé l’impact du départ de Loïs Openda. »
Libre depuis son départ du Paris FC cet été, Frédéric Hébert vient donc renforcer une organisation qui s’est avérée donc incomplète depuis le départ de Florent Ghisolfi à l’OGC Nice il y a presqu’un an jour pour jour. Suite à cette perte inattendue, les dirigeants lensois avaient dû innover, ou improviser, c’est selon. Les prérogatives de Franck Haise et de Grégory Thil, ainsi que celles d’Arnaud Pouille, également plus impliqué dans les tâches opérationnelles, avaient été élargies afin d’absorber l’onde de choc provoqué par le départ du natif d’Aubagne.
Au RC Lens, celui qui était également convoité par le FC Nantes aura pour mission de remettre de l’ordre au sein de la cellule de recrutement, toutes équipes confondues. Et ce afin que cette dernière retrouve ce niveau d’excellence qui lui avait permis de prendre la concurrence de vitesse sur quasiment tous ses dossiers prioritaires de l’époque. La proximité avec le bassin parisien fait de La Gaillette une formidable destination pour les jeunes talents franciliens. Frédéric Hébert, dont le réseau ne se limite pas qu’à l’Île-de-France, va pouvoir plancher sur les prochaines fenêtres mercato – le temps presse, la saison prochaine se prépare dès maintenant –, et démontrer à la France du football que lui aussi a un grand avenir.
