CULTURE SANG & OR

Le grand défi

Alors qu’on a régulièrement parlé du pain noir et rassis servi pendant plus de dix ans, le RC Lens attaquera la saison prochaine avec un formidable défi : se pérenniser dans le haut du classement de la L1 avec sa casquette d’européen. Sans oublier la très rebelle Coupe de France.

Crédits : Eurosport

Partons d’un postulat. Ce que l’on a vécu la saison passée ne sera peut-être plus jamais vu. 17 victoires en 19 matchs à Bollaert, un sentiment de toute puissance. C’était grisant. Plus globalement, la progression du RC Lens frise l’insolence. Franck Haise et son staff ont rendu le football alchimique. Érigé en exemple du football français, et sanctionné positivement lors des derniers Trophées UNFP, le club artésien a-t-il vécu un âge d’or lors de la saison 2022/23 ? Les paliers auront été franchis un à un, dans une relative discrétion. Franck Haise a géré son projet avec brio, tel un major de promo. Ce troisième acte, mirifique, enchanteur, a tutoyé la perfection, dans la lancée des deux saisons précédentes. Car oui, à l’aune de la saison dernière, le mot maintien avait déjà presque disparu du champ lexical Sang et Or. Sans pour autant qu’on se perde à rêver d’une place de dauphin. Tu sais, celui aux dents acérées. Alors que la Conference League nous accompagnait déjà dans nos songes, les hommes de Franck Haise se sont décidés à placer le curseur plus haut. Beaucoup plus haut.

RC Référence

La qualité du travail effectué au RC Lens est unanimement reconnue à travers l’Europe. Référence. Les cadres sont naturellement ciblés, et la concurrence s’adapte. L’effet de surprise ne sera plus, et ce à tous les niveaux. Le besoin de renouveau se fera ressentir. Les médias nationaux, qui ne s’attendaient pas à ce que le RC Lens batte l’OM dans la course à la seconde place, auront leur focale braquée sur la pelouse de Bollaert et les hommes de Franck Haise, orphelins de leur capitaine et de leur meilleur buteur. Ira-t-on jusqu’à dire que tout le monde prophétise un RC Lens en grande difficulté la saison prochaine ? La Ligue des Champions va consommer énormément d’énergie, physiquement et psychologiquement. Le choix des hommes sur le terrain, notamment pour les rencontres européennes, créera des frustrations. Il faudra puiser au plus profond de soi pour enchaîner les compétitions domestique et européenne.

Des grandes arènes d’Europe aux stades parfois champêtres de L1. Sans oublier la très rebelle Coupe de France.

Le club, qui a vécu une saison exceptionnelle, enchaînant les soirs de gala, ne compte pas sortir du sentier de l’humilité qu’il a fait sien. Après avoir subi le syndrome d’Icare dans le milieu des années 2000, l’entité se blinde d’une quelconque enflammade. Rester ce que nous sommes. Garder l’insouciance qui caractérise si bien le Racing, et dans laquelle il excelle tant. Un grand chef cuisinier tend à mettre en avant le goût, le goût et encore le goût. Au RC Lens, il s’agit d’envoyer du jeu, du jeu et encore du jeu. Les résultats en seront toujours la conséquence. Dans la courbe de développement d’un club – surtout quand elle est à ce point fulgurante – une crise de croissance est prévisible, pour ne pas dire plus que probable. Y assistera-t-on pour autant ?

Contexte

Il est un facteur central qui doit absolument être pris en compte dès lors qu’on analyse le football : le sacro-saint contexte. L’alignement en interne entre ambitions sportives et croissance économique trouvait écho auprès du public. La fête a jusque là été totale, dans un climat unique de sérénité et d’allégresse. La peur du mauvais résultat, indicateur bien évidemment propre à chacun, a toutefois été réduite à la quasi inexistence, et ce dès les premières journées de chaque saison. Toutes les rencontres se vivaient dans la joie, l’optimisme. Le dépassement des attentes a rendu le cocktail enivrant, maintenant dans nos veines un niveau d’euphorie constant et addictif. Ce cycle de trois saisons avait tout de merveilleux, et le grand défi sera de prolonger cette fantastique dynamique en pérennisant le RC Lens dans le haut du classement, avec cette fois le facteur Europe dans l’équation. Y parvenir serait une nouvelle preuve manifeste de progression.

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