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La vie c’est pas Football Manager

On aurait pu penser que la trêve imposée par la sortie prématurée du Racing en Coupe de France nous offrirait un peu de repos. Que nenni. Les débats se poursuivent autour d’un mercato jugé pas assez actif au regard d’ambitions souvent fantasmées.

Commençons par ces dernières. L’ambition du RC Lens pour cette saison 2023-24 a été annoncée à de si nombreuses reprises. À l’aube de l’exercice en cours, le club artésien affichait un budget de 115 M€, gonflé par la qualification directe en Ligue des Champions. Faut-il encore rappeler que la valeur communiquée d’un budget ne présage en rien de l’issue d’une saison de football ? Il semblerait que oui.

La métrique qui amène le plus d’indices sur les forces en présence serait plutôt la masse salariale. Sur ce critère, le RC Lens se classerait 8e de Ligue 1. « Il s’agit de rester le meilleur outsider possible », clamait d’ailleurs Arnaud Pouille. De plus, l’ensemble de la direction s’accordait à vouloir représenter dignement les couleurs lensoises à travers l’Europe, ce qui a été fait. Alors, pourquoi s’inventer des objectifs irréalistes sans arrêt ? La passion ne peut être la sempiternelle excuse. Les plus enflammés qui rêvent d’une Ligue des champions chaque saison feraient peut-être mieux de profiter de la saison hivernale pour aller faire un plongeon dans les rivières fraîches qui essaiment la région.

Un retour à la vitesse grand V

Il en va de même concernant les affirmations sur le mercato. Le RC Lens avait rapidement identifié sa priorité : un piston gauche. Il fallait en effet pallier l’absence prolongée de Deiver Machado, celle tout aussi incertaine de Massadio Haïdara, et le manque de certitudes apportées par un Faitout Maouassa aux abonnés absents avant sa double titularisation de début 2024.

Jhoanner Chávez est arrivé début janvier, comblant ce manque identifié critique. Mais ce ne serait pas assez. Il manque un milieu de terrain, mais aussi un joueur offensif. Et pourquoi pas un défenseur et un gardien remplaçant ? Tout cela en oubliant qu’un joueur dans une mauvaise passe est tout à fait susceptible de rebondir au cours d’une saison. L’élémentaire complètera qu’un transfert ne se concrétise qu’avec un accord tripartite club, club et joueur. Nous ne sommes pas dans un monde virtuel où les cartes Sorare ou FUT se vendent entre deux cafés. Et recruter avant de vendre – cet hiver comme cet été – reviendrait à remettre en cause un des principes fondamentaux du RC Lens et de Franck Haise : la constitution d’un groupe restreint dans lequel chaque joueur se sentirait concerné tout au long de la saison. 

Nul n’est prophète en son pays. Pas même la direction du RC Lens, qui fait pourtant globalement ses preuves en termes de compétence de gestion depuis plus de quatre ans. Si l’effectif du Racing, comme celui de 99,99% des clubs, est tout à fait perfectible, il est bon de rappeler qu’il n’y a aucune urgence, et que le RC Lens est actuellement dans les temps de passage qu’il a lui-même savamment définis. L’immédiateté du monde virtuel n’a pas d’équivalent dans celui dans lequel nous vivons tous. Et si le RC Lens a retrouvé son statut d’antan à vitesse grand V, rappelant parfois une partie de Football Manager, il semblerait que ce ne soit encore pas assez.

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