Peut-être qu’un jour l’air joyeux d’Hugues Aufray sera adapté à Martin Satriano, et résonnera fort dans un Bollaert-Delelis en fusion. D’ici là, contentons-nous de présenter celui qui incarnera la grinta lensoise.
Ces dernières semaines, son nom était annoncé un peu partout. Sur le Vieux-Port, le long du Guadalquivir, de la costa valenciana ou encore sur la rade de Brest. C’est finalement sur les terres artésiennes que le Montevideano a posé ses valises, afin de renforcer un secteur offensif composé par ailleurs de Wesley Saïd, Florian Sotoca, Mbala Nzola et Remy Labeau-Lascary. L’ancien espoir du Bolso, nom donné au Club Nacional de Fútbol, mastodonte du football uruguayen avec le Peñarol, connaît parfaitement la Ligue 1, pour avoir évolué deux saisons au Stade brestois. Arrivé jeune en Europe après avoir été transféré à l’Internazionale à l’âge de 18 ans, il est alors précédé d’une très flatteuse réputation, à en croire les lignes qui lui sont alors consacrées dans AS.
Le média espagnol louait en 2020 sa voracité pour marquer des buts. « Son unique objectif est de mettre le ballon dans les filets. Il a cette détermination toute uruguayenne qui se mélange parfaitement au calme avec lequel il joue dans les zones de vérité ». Techniquement pas en reste, il est décrit comme disposant d’une « grosse frappe, capable d’allumer à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de la surface ». Ses qualités de déplacement ainsi que son jeu de corps sont aussi mentionnées, le rendant redoutable dans les duels. Un profil à même de venir concurrencer Florian Sotoca dès cette saison ?
« Un top 30 Ballon d’Or »
Le quotidien sportif évoque certains échos qui proviennent de l’académie du Nacional, et là encore, tout le monde semble unanime sur son potentiel. Son éthique de travail est d’ailleurs mise en avant. « Il observe les meilleurs et essaie de s’améliorer à chaque entraînement. Ses similitudes avec Luis Suárez sont indéniables : tous deux sont issus du même centre de formation et partagent le même style de jeu. Ils ont tous les deux le but comme objectif et même un caractère similaire, incroyablement compétitif. » Seulement, quatre saisons plus tard, la carrière de Martin Satriano n’a semble-t-il pas encore véritablement décollé, ses six derniers mois tonitruants sous la tunique du Stade brestois n’ayant pas convaincu l’Inter de le conserver. Celui qui ne compte qu’une petite sélection avec la Celeste, honorée en septembre 2022 alors qu’il défend les couleurs du club italien d’Empoli, arrive au RC Lens pour définitivement prendre son envol.
Afin d’évoquer ses années brestoises, qui mieux que Yann, de nos confrères de Brest On Air ? Notre ami introduit, dithyrambique : « C’est probablement le joueur qui a fait la meilleure première impression depuis le retour en L1. Il arrive pour un premier prêt de six mois en 2021/22 et surclasse tout l’effectif brestois aux entraînements. Je me souviens avoir pensé qu’avec les bons choix de carrière, ce mec pourrait accrocher un top 50 voire 30 au ballon d’or (oui oui, à ce point). Au-delà de ses qualités devant le but, c’est son sens du jeu et sa capacité à mettre de l’intensité qui sautait aux yeux ». L’intensité, le mot est lâché. En espagnol, on appelle cela la grinta. Et c’est exactement ce qui doit caractériser le RC Lens de Will Still.
Yann nous rappelle cependant un intermède un peu difficile à Empoli, où il a été prêté au dans le cadre d’un arrangement entre les deux clubs italiens, et un retour chez les Ty Zefs où l’Uruguayen a mis du temps à concrétiser les attentes placées en lui. « Sa première partie de saison est compliquée par le manque de confiance et de préparation. Il est revenu chez nous parce qu’il le souhaitait réellement, alors que l’Inter voulait le prêter au Dinamo Zagreb. Eric Roy lui donne 90 minutes tous les deux matchs, en alternance avec Steve Mounié. Ce qui l’a un peu pénalisé, d’autant qu’il a rejoint le groupe assez tardivement dans la phase de préparation ».
Mais dans le deuxième acte, quel rôle a-t-il joué pour permettre aux Finistériens de terminer à la troisième place ? « À partir de janvier, il est exceptionnel, oui. Qu’il soit aligné dans l’axe ou à gauche, on a retrouvé le Satriano extrêmement intense, très bon techniquement, et à qui il est très difficile de prendre le ballon. Il a marqué peu mais uniquement des buts importantissimes, contre Lille et Rennes notamment. Sur nos huit derniers matchs, il est à l’origine de quasiment toutes nos actions de buts ». Qu’il échappe à Brest frustre énormément les Ty Zefs, alors que le club avait posé sur la table les six millions d’euros demandés par l’Inter, et promis un rôle de joueur majeur à son attaquant. Proposition rejetée. C’est au Racing Club de Lens que s’inscrit désormais le prometteur avenir de Martin Satriano.