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Hissez haut, RC Lens

Franchir la crise telle cette embarcation qui brave les hautes vagues en pleine mer. Le RC Lens a su tenir la barre, alors que les vents soufflaient de plus en plus fort. Solidaires, les matelots semblent aujourd’hui sortir des tempétueuses latitudes, passant au large du triangle des Bermudes footballistique que d’autres n’ont su éviter. 

Hissez haut, RC Lens

Alors que l’équipage vient à peine de larguer les amarres et de passer Ouessant, l’horizon se veut déjà menaçant. Le ciel est aussi lourd que sombre, les vagues atteignent déjà la dizaine de mètres, et pour ne rien faciliter, on apprend que la coque a pris un éclat à sa sortie de la rade de Brest. Fichue manœuvre. L’erreur est humaine, mais celle-ci aurait pu être évitée. Les premières vagues sont d’autant plus violentes qu’une fissure fragilise déjà l’imperméabilité globale du vaisseau. Les trous béants dans la coque, observés lors de l’escale estivale, ont été insuffisamment colmatés, laissant l’eau affluer dans le navire de manière bien trop abondante. C’est tout l’équilibre de la structure qui vacille, elle qui semblait insubmersible les mois précédents. Pour ne rien arranger, la prise au vent est insuffisante, ce qui rend la situation encore plus problématique. 

« Bordel, pourquoi n’avons-nous pas mieux inspecté les fondations de ce foutu rafiot ? » s’exclame la capitainerie dans une poussée de colère à peine dissimulée. Mais la priorité est toute autre. Pas le temps de perdre de l’énergie dans ce combat avec l’océan. Alors que la tempête monte en intensité, la capitainerie se décide à agir. Froidement. L’équipage, armé de sang froid, se met en ordre de bataille. La panique n’a pas sa place.

À quai, certains observateurs s’amusent à prophétiser le malheureux destin de l’expédition. Les « je l’avais dit » pullulent telles des algues toxiques. À bord, il s’agit de stopper la montée de l’eau. C’est vital ! Le collectif se relaie à tour de rôle pour colmater les brèches. La houle met la chaloupe à rude épreuve, mais à force de courage et de détermination, d’efforts collectifs et d’intelligence, l’eau saline est finalement contenue, et l’équipage s’affaire afin d’évacuer les milliers de litres qui viennent alourdir le navire. 

C’est au plus fort de la tempête que la marche se remet véritablement en avant. Les vagues, plus ou moins hautes, mais toutes aussi scélérates, se succèdent et sont transpercées une à une. C’est fort de cette dynamique que l’on croyait perdue que la houle est finalement domptée, la proue sortant du brouillard et laissant enfin transparaître sa fière allure. La traversée est loin d’être actée, mais ce premier tronçon de voyage, que l’on savait à risque, a finalement été franchi sans trop d’encombres.

Si les vents soufflent encore par intermittence et demandent à l’ensemble de l’équipage de garder sa concentration intacte, la sérénité semble être revenue. D’autres embarcations, qui semblent encore embourbés dans les écumes à l’arrière, sont en grand danger. Pour le RC Lens, on annonce une semaine de répit, qu’il va falloir mettre à profit pour recharger les batteries et terminer les travaux de rafistolage. Car les signes ne trompent pas. Dans le ciel, les quelques cumulus qui peuplent le ciel se déplacent à grande vitesse, annonçant une nouvelle tempête. En pleine mer, les vents ne sont jamais calmes bien longtemps. 

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