Le mardi 3 mai dernier, le RC Lens a tweeté. Quoi de plus normal, tant la communication du club s’est intensifiée depuis de nombreux mois. Aussi bien d’un point de vue quantitatif que qualitatif, on assiste à une montée en puissance qui suit les pas de ses équipes de football. Les budgets communications ont été revus à la hausse, et l’image du Racing s’en est vue affectée positivement. Récemment, le club a passé les 300,000 abonnées sur Twitter. Discrètement, sans faire de vagues, le RCL avance. Sportivement, et extra-sportivement donc. Mais ce fameux tweet du 3 mai 2022, posté à 17h51, sonnait un petit peu différemment.
En fait, il est venu titiller un vieux fantasme. Et si le RC Lens se rêvait en club omnisports ? Dans une région aussi sportive que sont les Hauts-de-France, où les clubs de football, handball, basketball, volleyball et peut-être un jour de rugby, se côtoient régulièrement dans les premières divisions de leurs disciplines respectives. On pense naturellement aux clubs de Dunkerque, du Portel et de Gravelines, au légendaire Valenciennes-Orchies qui, avant de disparaître en 2008, dominait le basket féminin européen (2 victoires en Euroligue, avec 1 finale perdue). Sans évoquer les disciplines individuelles comme le cyclisme, liste non-exhaustive.
Une situation qui, d’un point de vue diversification des entités sportives, pourrait s’avérer être une réelle opportunité de croissance pour un RC Lens en pleine ébullition. On a déjà évoqué l’attachement des pas-de-calaisiens et nordistes au sport. Ce projet n’en serait pas moins dénué de barrières, tant la vitalité du sport régional s’est construite sur ses locomotives, lesquelles ont bâti, depuis de nombreuses décennies, des structures et identités fortes. Identités souvent soutenues, à l’image du RC Lens, par un public attaché à ses couleurs et dont la ferveur est à chaque fois reconnue au niveau national.
le RC Lens dans son territoire
Faire du RC Lens un club omnisports pourrait être une idée aussi séduisante que risquée. Se poserait la question des infrastructures, l’inclusion dans une galaxie Sang et Or qui pourrait mener à une centralisation au détriment de bastions locaux, et pourrait mener à une forme de rejet. Et une diversification des activités ne provoquerait-elle pas à terme une forme de déconcentration sur ce qui représente et représentera certainement toujours le moteur exclusif de la bonne santé de l’institution RC Lens ; l’équipe professionnelle masculine de football ? La chute du RC Lens à la fin des années 2000 n’a-t-elle pas été provoquée par une “folie des grandeurs” dont le moteur s’est emballé pour finalement imploser ?
Oui mais. Le développement de l’omnisports serait aussi un formidable levier afin d’asseoir encore un peu plus l’institution dans son territoire. Joseph Oughourlian n’a-t-il pas récemment parlé du RC Lens comme étant un club inclusif (Cœur et Or, Canal+) ? Et qui ne rêverait pas de voir transposé au RC Lens ce qui se fait dans les grands clubs populaires des péninsules ibérique, balkanique ou encore d’Europe de l’Est ; une section basket managée par Nando De Colo, une formation de handball portée par la ferveur du peuple Sang et Or, ou de futsal qui permettrait au RC Lens de repérer le futur Wissam Ben Yedder ?
La section Féminine, première pierre ?
Et si les premiers pas d’un élargissement interdisciplinaire du RC Lens prenaient ses pas dans la dynamique de l’équipe RC Lens Féminines, projet qui a pris vie il y a plus de dix ans. Gervais Martel, président historique du RC Lens, et avant-gardiste sur bien des sujets (La Gaillette, Onzéo), avait très vite affiché sa volonté de créer une section féminine au RC Lens, à l’instar de ses compères Jean-Michel Aulas et du regretté Loulou Nicollin. Martel s’était impliqué directement dans le Rugby Club d’Arras, affichant une réelle volonté de s’y investir et d’y réussir. Avait-il identifié un potentiel pluridisciplinaire pour le Racing ?
La création de la section féminine du RC Lens s’est réellement concrétisée à l’été 2019, sous l’impulsion de Joseph Oughourlian. Le Arras FCF s’est d’abord rapproché de l’institution RC Lens, venant s’entraîner à la Gaillette et jouant le derby face aux rivales lilloises dans l’enceinte de Bollaert-Delelis. C’est en juin 2020 que le transfert de droits sportifs est officialisé. Joseph Oughourlian, qui semble vouloir racheter l’enceinte lensoise à des fins de consolidations financières, pourrait-il également se laisser tenter par une aventure omnisports en Sang et Or ?