Arrivé discrètement cet été en provenance de l’académie Afrique Football Elite (AFE), Yaya Kader Fofana a la particularité de combiner phonétiquement deux noms qui comptent au RC Lens. Le jeune milieu, 18 ans, est promis à un bel avenir et continue son apprentissage dans l’ombre et s’entraîne régulièrement avec l’effectif professionnel. Avant de connaître sa première convocation pour un match de Ligue 1 ? Qui de mieux que Drissa Niono, journaliste malien, pour répondre à nos questions. Bonus : on parle également de son pote Mamadou Thiam.
Bonjour Drissa, est-ce que vous pouvez vous présenter à notre communauté ?
Drissa Niono : je suis journaliste sportif à Bamako, j’écris également pour le site Sport News Africa, et j’interviens également régulièrement à la télévision nationale et participe aux débats concernant la football malien.
Comment se porte le football malien d’un point de vue domestique ? Pouvez-vous nous présenter quels sont les clubs les plus importants ?
Le football se porte très bien. La conquête du titre de champion est très difficile. Depuis la création du championnat malien, seulement trois formations l’ont remporté : le Stade Malien de Bamako, l’AS Djoliba et l’AS Real de Bamako. L’AS Real de Bamako est réputé pour former beaucoup de joueurs comme Yves Bissouma, Diadie Samassekou ou Cheick Doucouré, qui a d’abord été formé par JMG mais qui a ensuite grandi avec l’AS Real. En Coupe Nationale, certains clubs de région comme l’AS Sigui Kayes ou l’US Bougouni ont réussi l’exploit de remporter un trophée. Mais sinon, la grande majorité des titres sont remportés en très grande majorité par les trois grands clubs maliens cités précédemment.
« C’est un crack ! »
L’académie AFE (ndlr : Afrique Football Elite, notamment dirigée par l’ancien joueur professionnel Diomansy Kamara) commence à se faire un nom au Mali. Elle commence à sortir de nombreux jeunes joueurs à potentiel, comme El Bilal Touré, et donc Yaya Kader Fofana, qui vient de signer au RC Lens.
Déjà il y a quelques années, l’AFE a failli créer la sensation, alors qu’ils étaient en deuxième division, ils étaient à deux doigts d’éliminer l’AS Djoliba en Coupe du Mali. A cette période, ils avaient El Bilal Touré en attaquant. Ils ont connu des difficultés pour monter en Ligue 1, s’étant vu barrer la route par l’AS Korofina. La saison suivante fut la bonne, et ils ont la chance que le FC Guidars ait refusé de monter en première division. Et pour leur première saison, l’AFE a terminé 7ème. Ils ont vraiment de très bons joueurs.
Justement, Yaya Kader Fofana nous a été présenté comme un grand espoir. Pouvez-vous nous le présenter ?
C’est un crack, un joueur très très talentueux. Si je peux me permettre, son coach à l’AFE le surnommait Jay Jay Okocha parce qu’il était capable de délivrer des passes décisives à tout moment lors d’un match. Il n’a pas encore assez de gabarit. En partant du Mali, il était encore un peu frêle, mais balle au pied il est très fort. Il a donné beaucoup de fil à retordre à ses grands frères dans le championnat malien. Je me rappelle de son but, lors de la 17ème journée contre les Black Stars. Je pense qu’il a un grand avenir devant lui. Pour sa première saison en L1 malienne, il a parfaitement répondu à l’attente.
On en parle beaucoup au Mali ?
Oui. Au Mali nous avons beaucoup de milieux de terrain mais pas beaucoup de meneurs de jeu. Yaya Kader Fofana représente l’avenir de notre sélection nationale, et il sera en concurrence avec Kamory Doumbia de Reims. C’est un joueur que l’on regarde avec beaucoup de bienveillance ici à Bamako.
Le RC Lens vient de perdre son petit joyau en la personne de Cheick Doucouré, formé à JMG et passé par l’AS Real Bamako. Dans l’effectif, nous avons également Sadio Haidara. Parlez-nous de ces deux joueurs, et comment ils sont suivis au Mali.
Je peux vous affirmer que chaque weekend, leurs performances sont scrutées par nous autres journalistes mais aussi par les supporters des Aigles (ndlr : sélection malienne). Les images sont capturées et postées. Même si Massadio Haïdara est un binational, il est aussi très suivi de par ses bonnes performances en équipe nationale. Cheick c’est différent. Il a connu les équipes nationales jeunes, il est arrivé au RC Lens alors qu’il était tout petit. Même avant Cheick, il y avait Seydou Keita. Le RC Lens a beaucoup de fans ici à Bamako.
Peux-tu nous présenter Mamadou Thiam, autre grand espoir malien arrivé au RC Lens il y a un peu plus d’un an ?
Thiam vient de l’équipe rivale d’AFE, le Guidars FC. JMG a pour habitude de former des joueurs et ensuite les envoyer à Guidars, qui évoluait en deuxième division. Les rencontres entre les deux clubs étaient considérées comme des derbies, car ce sont des académies de football qui produisent du jeu, et qui voulaient montrer leur domination sur le terrain. Lors des matchs entre ces deux équipes, le stade Mamadou Konaté était toujours plein. Mamadou Thiam, on le connaît très bien, il a évolué avec Kamory Doumbia. C’est un petit gabarit, très rapide et excellent dans le jeu. De par la rivalité entre Guidars et AFE, je suis sûr que Thiam et Yaya Kader Fofana doivent se taquiner.
Est-ce que le RC Lens est suivi au Mali ?
Lens est beaucoup suivi, comme je vous l’ai dit. Parler de Lens, c’est aussi parler de Seydou. Un des premiers grands joueurs maliens avant que ne viennent Cheick Doucouré, puis Yaya Kader et Mamadou Thiam ! Je vous assure que chaque journée, les matchs du RC Lens sont vraiment scrutés.
Un grand merci à Drissa pour ses réponses, ainsi qu’aux intermédiaires qui ont permis de réaliser cette interview.