CULTURE SANG & OR

RC Tout Terrain

Plus le temps passe, et moins le RC Lens surprend. Après une amère défaite dans le derby, les hommes de Franck Haise se savaient attendus. Attendus par la chambrée de Bollaert, une nouvelle fois comble, mais aussi par des observateurs, qui ont définitivement enterré le statut de surprise d’un RC Lens désormais épouvantail. Et même si la dimension spectaculaire du RC Lens s’est récemment étiolée, les Sang et Or continuent leur route, forts d’un bilan record (à égalité avec le saison 2001/2002) de 24 points en 11 journées. Poussé par un presque rythme de champion, le RC Lens est seulement devancé par le PSG que l’on sait intouchable et le FC Lorient dont la brise saline continue de souffler sur le football français. Les lensois viennent même de doubler leur prochain adversaire, l’Olympique de Marseille. 

L’éloquence de la statistique précédemment citée est même amplifiée par le commentaire légendant un article paru dans l’Equipe du jour. Selon le quotidien sportif, 37% des équipes ayant réussi à comptabiliser ce nombre de points à cette période de la saison ont fini champion. Rien que ça. Le quatuor de tête, qui totalise 102 points à eux quatre (record), imprime un rythme d’enfer à une concurrence qui peine à suivre. A une autre époque, le RC Lens commencerait à être considéré comme un potentiel outsider dans la course au titre. A cette même époque, il était commun d’affirmer que pour être champion, il fallait gagner à la maison et prendre des points à l’extérieur. 

Le retour de Montanier à Bollaert

C’est en cela qu’il ne faut jamais banaliser l’exceptionnel que représente le carton plein réalisé à domicile (6 victoires en 6 matchs). C’est même tout simplement le maximum. Bollaert ne se contente pas d’être devenu imprenable, il est aujourd’hui létal. Le RC Lens gagne, et continue de gagner. En étant sublime contre Rennes et Lorient, en manque de réussite contre Troyes ou Lyon, et même en manque d’inspiration pendant une grande partie de la rencontre contre Montpellier. Cette extraordinaire série devra se prolonger dans quinze jours, alors que Philippe Montanier fera son retour en Artois avec ses Pitchounes.

D’un point de vue global, le RC Lens ne marque plus beaucoup (plus mauvais total offensif de Ligue 1 sur les 5 derniers matchs : 3 buts), mais en contrepartie, il a enfilé son ciré et ses bottes en Gore Tex, n’encaissant qu’un but sur cette même série de matchs (sur pénalty, s’il fallait le rappeler). Les standards de jeu élevés proposés par les Sang et Or depuis plus de deux ans ont forcément accouché d’un label de beau jeu “à la Haise” que les supporters et les médias se sont logiquement approprié. Mais bien que le RC Lens soit minimaliste dans ses scores depuis début Septembre, il continue sa marche comptable en avant. Et si l’expression “faire du Lens” prenait un sens plus large, englobant à son tour les performances défensives ?

Force alternative

Le football, c’est l’histoire du temps long, celui des microcycles encastrés dans des cycles plus grands. Et ce qui peut ressembler à un temps faible dans le jeu depuis le feu d’artifice du 31 août 2022 (contre Lorient), est efficacement compensé par une grande robustesse défensive personnifiée par le colosse autrichien Kevin Danso, mélange de Adama Police Coulibaly et Arnold Terminator Schwarzie. Depuis quelques semaines, l’attaque est soutenue par sa défense, ce qui est assez inédit pour les pensionnaires de la Gaillette. C’est une autre marque des grands progrès réalisés par un groupe qui possède désormais une force alternative dès lors que le schéma de jeu préférentiel se heurte aux réalités du terrain. Ce RC Lens, dont tout le monde s’accorde à dire qu’il a pris de l’épaisseur ces derniers mois, semble paré de garde-boues pour affronter un automne chargé et qui sera mis à l’épreuve, dès samedi soir, par la turbulence de la cité phocéenne.

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