« On est là, on est là ! » L’utilisation du mythique chant lensois pourrait conclure le PowerPoint de Laurent Platini, directeur commercial du RC Lens, quand ce dernier présente les chiffres à Arnaud Pouille et Joseph Oughourlian. C’est une véritable vague qui s’écrase avec fracas sur les robustes parois du Stade Félix-Bollaert. A date, plus de 28 000 fidèles se sont procurés le précieux sésame qui permettra d’assister aux 19 rencontres du RC Lens à domicile. Un chiffre qui donne le vertige, et qui devrait encore augmenter, pour bientôt atteindre la barre des 30 000 ? De quoi remémorer aux anciens les temps glorieux d’un RC Lens qui, déjà au début du second millénaire, avait connu un tel engouement.
Mais est-ce vraiment surprenant ? Revenu des abîmes, le RC Lens a su consolider sa base de supporters pendant la “décennie noire” et, fort d’un sportif et d’une communication de hautes voltiges, capitaliser plus qu’efficacement sur une remontée que peu osaient imaginer. Nous étions autour de 15 000 abonnées en L2. Le retour en L1, le maintien dans l’élite ainsi que l’ambition de continuité affichée par les dirigeants semblent aujourd’hui ressusciter l’irrésistible pouvoir d’attraction de ce fabuleux club populaire aux deux lignes de palmarès. La saison dernière, le club comptait 20 000 abonnés, jouant 11 rencontres à domicile en configuration “guichets fermés”. Fort d’un taux de remplissage tutoyant les 95% (3ème performance de L1), les dirigeants se sont alors lancés dans un projet d’optimisation de la capacité de Bollaert-Delelis. Parce qu’aujourd’hui, c’est presque 75% de l’enceinte lensoise qui est abonnée.
Et cette volonté d’augmenter à terme la capacité de la Marek, ainsi que passer les Delacourt et Trannin 0 en configuration debout, a forcément eu un effet catalytique sur une campagne de réabonnement qui évoluait déjà en terrain fertile. La volonté des dirigeants est autant d’augmenter la capacité nette du Temple artésien sans toucher aux murs que d’accroître l’attractivité des tribunes Delacourt et Trannin. Comme pour mieux distribuer les points chauds de Bollaert et répondre à une vraie demande d’alternative à une Marek forcément difficile d’accès. Pour des soirées encore plus belles et des ambiances toujours plus chaudes. Le RC Lens, de par son statut, se doit d’être innovant dans sa façon de recruter, de travailler, de jouer, et de considérer le football. A l’heure où les géants de ce monde ne jurent que par le football élitiste, le RC Lens répond à une demande grandissante de football populaire. Pour mieux ancrer son identité.
Effets pervers ?
Mais cette vague Sang et Or pourrait aussi avoir des effets pervers. Par la conjugaison de deux aspects. Un peuple sevré de beau jeu, et dont l’appétit vient en mangeant, qui retrouve très rapidement un statut qu’il pensait avoir perdu à jamais. Et une nouvelle génération qui, pendant que le RC Lens errait comme une âme en peine sur les terrains de Ligue 2, a grandi au contact de ce même football d’élite, joué par des mutants qui ont profondément transformé les standards de performance du sport roi. La ferveur proactive et son état de transe laisseront-ils place à l’attente hâtive et l’exigence démesurée du public Sang et Or ? Les médias ont tendance à affirmer qu’en plus d’être chaud, le peuple de Bollaert serait un public de connaisseurs. Il aura bientôt l’occasion de répondre à cette belle réputation. « Pour l’amour du maillot, dans le malheur ou la gloire nous on est là ! »
Ecrit par Antoine