Sur le plan sportif, le RC Lens explose les compteurs. Dans le quantitatif et le qualitatif, la scorecard Sang et Or frise avec la note de 20 sur 20. Les adeptes de la célèbre franchise Football Manager peinent même à distinguer le réel qu’ils constatent chaque weekend du virtuel qu’ils simulent depuis leur ordinateur. L’ascension est fulgurante. Le missile est lancé, et aujourd’hui, rien ne semble être en mesure de le freiner. D’effet de surprise, les hommes de Franck Haise sont aujourd’hui l’un des produits d’appels les plus clinquants du football français. Le fait qu’Amazon Prime choisisse pour son match de vendredi un RC Lens – Troyes, qui aurait été considéré comme une opposition anonyme il y a encore quelques semaines, est un autre signal du changement de dimension du RC Lens.
“L’équipe la plus forte derrière les intouchables du joujou qatari”
De Winamax à RMC, en passant par Téléfoot, l’ensemble des médias sont aujourd’hui alignés sur le fait que le RC Lens est le collectif le plus huilé de France, et peut-être l’équipe la plus forte derrière les intouchables du joujou qatari. Même si ces grands médias ont mis beaucoup de temps à s’emparer du sujet, trop attirés par le clinquant des supposées “grosses écuries” du football hexagonal, ils sont aujourd’hui dithyrambiques. Dans de nombreuses rédactions nationales, on ne regarde que le chiffre de l’audimat, et malheureusement, cette tête trop souvent baissée empêche d’identifier les nouveaux courants de pensées footballistiques que certains influenceurs, notamment sur Twitter, avaient su repérer très rapidement.
Formation Football Club fut l’un des premiers « nouveaux médias » à se pencher sur ce RC Lens.
L’arrivée de Benjamin Parrot, recruté au Stade de Reims en fin de saison dernière pour chapeauter le marketing et la communication du RC Lens, va dans ce sens. Accroître significativement la visibilité du RC Lens, pour la monétiser. C’est ça le marketing dans le football. On peut présumer que les grands médias de ce pays se seraient emparés, à un moment, du sujet RC Lens. Un promu qui finit 7e et qui démarre sa seconde saison de manière encore plus performante, cela ne peut rester éternellement en dehors des radars. Parce qu’autrement, les retardataires auraient fini par passer pour des… vrais retardataires. Mais le travail de Benjamin Parrot porte ses fruits, le budget communication a permis au club de rafraîchir sa façon de présenter ses recrues, mais aussi de mettre en avant ses partenaires. Et le RC Lens est aujourd’hui mis en avant par les grandes émissions de radio françaises, et parfois même par la presse européenne.
Certains s’inquiètent légitimement de cette soudaine mise en lumière, et des effets négatifs qu’elle pourrait avoir sur le rendement sur le rectangle. Or, il semblerait bien que le sportif ne soit, pour le moment, aucunement affecté par cette reconnaissance nationale qui se déverse chaque weekend sur les pensionnaires de la Gaillette. Au contraire, on a l’impression que ces louanges renforcent la confiance au sein du club. A l’image d’un Jonathan Clauss, extraordinaire depuis son arrivée au RC Lens, et qui se montre encore plus décisif depuis l’apparition du hashtag promouvant sa sélection en Equipe de France. Novembre 2021, le RC Lens est sur le podium de la L1, les voyants sportifs sont au vert, et tous les scénarios de projections sont rendus possibles par cette pérennisation qui semble assurée au moins à court terme. Et maintenant, que faire ?
“Les attentes, aussi bien au sein du Stade Bollaert, et peut-être encore plus dans les médias, vont aller en s’accroissant”
Le plus dur n’est pas d’atteindre les sommets, mais d’y rester. Le RC Lens est entré dans la seconde phase du projet, dans une nouvelle dimension, et va commencer à devoir assumer ce nouveau statut naissant. Pas forcément sur cet exercice, tant la dynamique semble lancée. Mais sur le moyen terme. Le projet des dirigeants, emmené par Joseph Oughourlian, n’allait pas s’autoréaliser en quelques mois. Et forcément que les dynamiques espérées, projetées, vont à terme rencontrer les exigeantes forces de la continuité. La croissance fulgurante et la qualité du football proposé par le RC Lens ne doit pas faire oublier à tout un chacun que le football est un équilibre extrêmement fragile. Et que les attentes, aussi bien au sein du Stade Bollaert, et peut-être encore plus dans les médias, vont aller en s’accroissant.
La projection à moyen terme semble toutefois assez simple à lire. Et au moins aussi difficile à mettre en place. Le RC Lens, dont le budget prévisionnel se situe encore dans le troisième tiers de Ligue 1, se doit de se développer, à tous les niveaux. Cela passera par des plus-values du même acabit que celle réalisée avec la vente de Loïc Badé, et ce sur plusieurs saisons. Ces opérations auront besoin d’une nécessaire continuité dans les performances sportives. Rome ne s’est pas construite en un jour, cela sera valable pour le RC Lens également.
Pour des raisons financières et de progression, les joueurs « à fort potentiel » (Fofana, Doucouré, Medina, Danso) ont naturellement pour destinée d’aller jouer dans un club plus huppé, et cela ne doit pas être vécu comme une insulte. Les joueurs « de club » (Haïdara, Gradit, Kakuta, Sotoca, Clauss ?) eux, sont et seront les garants de la continuité sur le terrain mais surtout en dehors, pour permettre, avec les premiers cités, aux jeunes du centre de formation (Pereira da Costa, Boura, Varane, Camara au pluriel, Baldé, Louveau) de grandir. Ce n’est pas une formule mathématique, mais presque.
Le RC Lens dispose du potentiel nécessaire pour revenir durablement dans le deuxième chapeau du football français, ce groupement de clubs dans lequel on retrouve, en fonction des conjonctures, Saint-Etienne, Nantes, Montpellier, Rennes, Lille ou Nice. Sans le déclarer publiquement, c’est cette concurrence que le club a en ligne de mire depuis de nombreux mois. Le RC Lens est redevenu attractif, et attire désormais de nombreux joueurs à fort potentiel, français ou étrangers. Si les capacités financières actuelles rendent certains dossiers complexes, voire quasi impossibles à réaliser, les dirigeants savent qu’ils peuvent compter sur la ferveur autour du club pour finir de convaincre certains joueurs. Un atout que peu de clubs de ce Chapeau 2 peuvent se targuer d’avoir.
On parle, on parle, mais tous ces éléments ont déjà été savamment intégrés dans le plan de route de Florent Ghisolfi.
Ecrit par Antoine