CULTURE SANG & OR

(Sur)abondance

Le RC Lens a bien démarré son affaire en Ligue 1. Avec sept points en trois matchs, dont deux déplacements, les boys de Will Still se sont accrochés au peloton de tête. Et l’élimination en barrages de la C4 va indéniablement rendre léger le calendrier d’un effectif qui ne l’est pas du tout.

Car c’est un peu ça, le bémol que l’on pourrait émettre en ce 9 septembre 2024. Alors que l’intersaison renvoyait, au départ, une impression d’improvisation et de chute en vrille, le mercato dans le sens des arrivées, une fois enclenché, a proposé une lecture toute autre. Des coups qui semblent bien sentis, avec une capacité à garder les négociations secrètes jusqu’au moment de l’officialisation, des profils valorisables et qui semblent opérationnels pour la L1. L’effectif, que beaucoup imaginaient en vente sur Vinted, compte toujours des hommes forts de la saison passée. Seul Elye Wahi, intermittent du spectacle au comportement inconstant, a quitté le projet. De loin, on a vraiment le sentiment que l’effectif offre plus d’options à l’entraîneur que celui de la saison passée. Mais cette impression va de pair avec une conséquence moins désirable : la surabondance de joueurs.

Gestion complexe

À date, l’effectif du RC Lens est tout simplement pléthorique. Le poste de numéro 10, qui semble promis à Anass Zaroury, est également dans le viseur de deux joueurs qui auraient leur place dans une majorité de clubs de L1 : David Pereira Da Costa et Angelo Fulgini. Sans évoquer les options qui s’offriront à Will Still lorsque ce dernier souhaitera renforcer l’entrejeu, où la situation est en tout point semblable. On a du mal à imaginer Hamzat Ojediran, recruté 1,5 million d’euros et auteur d’une entrée époustouflante à Monaco, couper les citrons. Or, Adrien Thomasson évolue désormais un cran plus bas, ce qui renforce la concurrence à un poste auquel Neil El Aynaoui avait su se rendre indispensable la saison passée, et où Andy Diouf semble destiné à enfin déployer ses grandes ailes. Nota bene : Nampalys Mendy, toujours international sénégalais, est pensionnaire de La Gaillette à l’heure où l’on écrit ces lignes. L’émergence de Rémy Labeau-Lascary et le non-transfert de Kevin Danso vont-ils également contrarier les plans de relance de Malang Sarr et Mbala Nzola ? La concurrence s’annonce rude.

Will Still avait affiché sa volonté de partir avec un groupe de 22 à 24 joueurs. C’est tout à fait logique, puisque les effectifs surchargés sont rarement synonymes de vestiaire uni. Du point de vue du dégraissage, le mercato du RC Lens n’est pas une réussite, sans pour autant que le cas soit isolé. À Lyon, David Friio, directeur sportif depuis moins d’un an, en a d’ailleurs fait les frais : sa direction l’a mis à pied. Marseille assume tellement son « loft » que De Zerbi apporte son soutien à sa direction. « On ne peut pas espérer tout résoudre en un mercato », a-t-il dit. Maxime Lopez, joueur au CV fourni, a reconnu avoir accepté la proposition du Paris FC après avoir attendu des sollicitations qui ne sont jamais arrivées.

En Artois, la fonction de directeur sportif n’est pas (encore ?) officiellement occupée, Pierre Dréossi étant directeur général, et dès lors il est difficile d’imputer la faute à quiconque. D’autant plus que certains départs ont été annulés pour des raisons plus que suspectes. Il est fort à parier – pour ne pas dire souhaitable – que le RC Lens poursuivra ses efforts de dégraissage dans les prochains jours, voire les prochains mois. Le mercato est encore ouvert dans certains pays, et la fenêtre de mercato hivernal jouera plus que jamais son rôle de mercato d’ajustement. S’il reste, du moins, dans un secteur plongé en pleine incertitude économique, des clubs acheteurs.

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