Massadio Haïdara est parti, vive Massadio Haïdara ! Arrivé au club pour se relancer après cinq saisons presque blanches à Newcastle, et alors que le Racing sort de la saison la plus périlleuse de son histoire moderne, Sadio met aujourd’hui les voiles avec le sentiment du devoir doublement accompli.
Son visage est doux et joyeux à la fois. Pourtant, sur le terrain de football, c’est bien d’un véritable guerrier que l’on parle. Massadio Haïdara a su revenir de loin, de très loin. Parti jeune à Newcastle après des débuts prometteurs sous les couleurs de l’AS Nancy Lorraine, le natif de Trappes vit une véritable traversée du désert sur les bords de la Tyne, victime de blessures à répétition. Au total, Massadio Haïdara ne participe qu’à une cinquantaine de matchs lors de ses cinq saisons passées dans le nord de l’Angleterre. Son arrivée à Lens est une réelle opportunité de relance, et c’est dans un vestiaire qui sort tout juste d’une des saisons les plus traumatisantes de l’histoire moderne du club Sang et Or qu’il débarque à l’été 2018.
Après une saison à retrouver ses sensations, durant laquelle il contribue toutefois grandement à l’épopée qui verra le RC Lens échouer aux portes de la Ligue 1, il devient un des cadres incontestés d’un vestiaire qui se cherche alors des leaders. L’été suivant, il assistera aux arrivées de Yannick Cahuzac, Florian Sotoca ou encore Jonathan Gradit. Le socle la renaissance lensoise. L’effet est immédiat, puisque la saison 2019-20 sera celle de la remontée, acquise comme chacun le sait grâce à un penalty de Florian Sotoca face à Orléans, dernier match joué avant l’interruption de la saison pour cause de pandémie.
« Sadio » et le Racing retrouvent ensemble la Ligue 1. Deux destins qui se sont embrassés de toutes leurs forces à des moments délicats de leurs histoires respectives. De cette union a jailli une période faste, initiée sous Philippe Montanier et concrétisée avec maestria par Franck Haise. Six saisons au total, ponctuées par des prestations dont on se souviendra le temps d’une vie, comme ce match extraordinaire qui vit le RC Lens marcher sur le PSG avec Haïdara positionné en piston gauche, poste qu’il occupait quand il n’était pas aligné dans l’axe gauche ou droit.
Le leader silencieux
Au fil du temps, le Franco-Malien est devenu un exemple de professionnalisme dans le vestiaire et un guide pour les plus jeunes. Il déclarait d’ailleurs que la multitude des blessures et autres coups durs endurés lui avaient permis de connaître son corps à la perfection. Sans être un gueulard sur le terrain ou dans les vestiaires, il endosse à la perfection ce rôle invisible mais pourtant indispensable dans un groupe : le leader silencieux, qui répond par les actes.
Lors de son arrivée en Artois, peu auraient parié sur une telle longévité et surtout un tel parcours, que ce soit en Ligue 1 ou en Coupe d’Europe. Lors de certains matchs au sommet, la simple apparition de son visage dans un coin de l’écran nous rappelait le chemin parcouru. Massadio Haïdara, à l’instar d’autres joueurs qui composent le vestiaire, est l’un des acteurs principaux de cette fabuleuse histoire qu’est le football en Sang et Or.
Alors qu’il manifeste son désir de rejoindre le FC Nantes l’hiver dernier et que le transfert est en passe de se concrétiser, Franck Haise s’oppose fermement à la cession de son cadre. Le joueur, qui a perdu son statut de joueur titulaire depuis plusieurs saisons déjà, aurait pu se sentir lésé devant un tel blocage. Que nenni. Sadio ravale sa frustration et passe rapidement à autre chose, assurant son rôle de leader jusqu’au bout, sans jamais faire de vagues.
Il est rare que nous écrivions des lignes sur un joueur quittant le RC Lens. Mais dans ce cas précis, il y a un petit quelque chose de différent. Une forme de mélancolie, tant Massadio était entré dans nos vies de supporters lensois, vivant avec nous ces épopées qui nous ont apporté tant de joie. Ces dernières lignes te sont dédiées :
Sadio, tu étais le joueur le plus ancien de l’effectif jusqu’à ton départ, et tu transmets désormais le flambeau à tes collègues Florian Sotoca et Jonathan Gradit.
Il était certainement l’heure de se dire au revoir. Nous te souhaiterons toujours le meilleur. Ton chemin est encore long, et tu mérites amplement de regoûter aux effluves démoniaques de la Ligue des champions la saison prochaine.
Ton passage à Lens aura été remarqué et remarquable. Au-delà du fait que tu as à la fois réussi à relancer ta carrière et le club que tu as rejoint il y a six ans, tu auras surtout accompli une des choses les plus difficiles dans ce sport incroyablement exigeant qu’est le football : faire l’unanimité.
Bon vent, vieux pirate !
Et allez Lens.