Au cœur de l’histoire du football lensois se cachent des figures oubliées, pionniers dont les exploits ont été emportés par le flot du temps. Dans les années 1920, à une époque où le football commence à s’organiser et où les stades se transforment en lieux de passion, Constant Lallaine est l’un des joueurs qui font grandir le RC Lens. Enquête sur son parcours.
Généalogie
Le début de notre enquête commence dans les registres d’état civil. Ces registres révèlent rapidement l’existence d’un certain Constant Lallaine, né le 27 février 1902 à Villers-au-Bois, un village à environ vingt kilomètres de Lens. Sur cet acte, on y apprend également l’identité de ses parents, Henri Lallaine, tailleur de grès (probablement dans les carrières de Verdrel non loin de Villers-au-Bois), et Louisa Béatrix Joseph Lambert.
Constant Lallaine perd son père très jeune, à l’âge de cinq ans, le 6 avril 1907. Mais heureusement pour lui, il est très bien entouré. Il grandit aux côtés de ses deux frères, Jean (né en 1899) et Henri (1905), ainsi que de ses deux sœurs, Germaine (1895) et Jeanne (1896). De plus, il a également deux demi-sœurs, Adrienne (1909) et Julienne (1914).
Notre enquête nous conduit ensuite aux Archives du monde du travail où se trouve le dossier de mineur de son frère aîné, Jean Lallaine, domicilié à Liévin dans la Cité hollandaise. Jean est enrôlé à dix-neuf ans, le 15 avril 1918, dans le 8e régiment de zouaves puis le 106e régiment d’infanterie. Né en 1899, il est le seul de la fratrie à avoir combattu lors de la Première Guerre mondiale, à la fin du conflit.
Un petit bon avant dans les registres nous emmène le 24 avril 1926 sur le parvis de la mairie de Lens, où Constant Lallaine épouse une Lensoise, Marthe Noëlle Marie Parsy. Il exerce à ce moment-là le métier de monteur en fer et réside à Hersin-Coupigny. Il est également intéressant de noter que ses beaux-parents, Oscar Parsy et Marie Thérage, sont propriétaires d’un café. Leur union a été célébrée par le maire de Lens en personne, Émile Basly. Après leur mariage, Constant et Marthe accueillent trois enfants, Marthe en 1926, Constant en 1929 et Paulette en 1937.
Et le foot dans tout ça ?
Lors de la saison 1925-1926, le Racing Club de Lens se renforce avec les arrivées d’Irénée Leroy et du Néerlandais Van Hoeve (dont le prénom s’est perdu). En terminant premier de la poule d’accession juste devant Montdidier, le Racing remporte son premier titre, champion de Promotion du district Artois. Le Racing Club de Lens accède donc pour la première fois à la Division Honneur. En fin de saison, le 20 juin 1926, une grande réunion entre dirigeants et joueurs célèbre ce succès. À cette occasion est joué un match opposant les joueurs mariés et célibataires. C’est la première fois que Constant Lallaine fait son apparition, au sein de l’équipe des mariés. Il intègre deux ans plus tard, lors de la saison 1928-1929, l’équipe première qui finit champion de Promotion.
En 1932, le football français va connaître un grand bouleversement, avec la reconnaissance du professionnalisme par le conseil national de la FFFA. Ce nouveau championnat suit le règlement du championnat anglais, soit 20 clubs autorisés avec des matchs en aller-retour. Après deux années de tâtonnements, une seconde division apparaît en 1934. Cette fois-ci, le RC Lens prend le bon wagon et intègre ce championnat de D2. Le RC Lens devient donc officiellement un club professionnel. Après six saisons pleines avec le RC Lens, de 1928 à 1934, Constant Lallaine ne passe malheureusement pas le cap du professionnalisme et n’a pas la chance de jouer dans la toute nouvelle enceinte, le stade Félix-Bollaert, livré pour le début de la saison 1934. Le club se renforce à tous les postes afin de se donner une chance de briller dans cette nouvelle compétition. Les premiers joueurs professionnels font leur entrée, avec l’arrivée de Guildo Rizzo, Camille Salas, Jenos Walter, Tony Marek et autres, venant ainsi remplacer Constant Lallaine et nombre de ses coéquipiers amateurs.
Constant Lallaine, décédé le 3 janvier 1981 à l’âge de 78 ans à Arras, fait partie des nombreuses figures oubliées du RC Lens. Son histoire témoigne de l’importance de ces pionniers, souvent négligés, mais pourtant indispensables à l’histoire d’un club. Le Racing Club de Lens lui doit beaucoup, tout comme à d’autres joueurs qui ont œuvré pour façonner ce qu’il est aujourd’hui.
Sources :
- Archives du Pas-de-Calais
- 50 ans de football dans le Pas-de-Calais par Olivier Chovaux
- Archives nationales du monde du travail
- Plaquette souvenir du cinquantenaire du Racing Club de Lens
- Geneanet