CULTURE SANG & OR

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Lewandowski, prénom Michel ou Mieczyslaus

Lewandowski, nom familier pour les amateurs de football, celui du buteur du FC Barcelone, Robert, qui aurait même pu rejoindre le Racing Club de Lens en 2007. Mais deux autres Lewandowski ont contribué à l’histoire du club artésien. Michel, de 1938 à 1945, et Jean, de 1949 à 1953, ont tous deux laissé leur empreinte à Lens. Plongeons-nous dans l’histoire du premier, un demi-centre rugueux. Michel Lewandowski voit le jour en Allemagne le 28 mai 1914 à Waltrop, dans le royaume de Prusse, aujourd’hui dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Fils de Nicolas Lewandowski, mineur, et de Victoria Polacka, il grandit au sein d’une famille ouvrière immigrée. À l’âge de sept ans, il s’installe en France avec ses parents et son frère aîné, Boleslas. Très jeune, Michel se passionne pour le football. Il débute à 14 ans dans le club de Pogon-Marles, une association polonaise de Marles-les-Mines. Après avoir essayé différents postes, il trouve sa place dans le rôle crucial de demi-centre, c’est-à-dire comme milieu de terrain axial. Il est repéré très rapidement par des clubs plus huppés, et rejoint le Stade béthunois dès 1935. Durant cette période, il vit avec son frère au 50 rue Sadi-Carnot à Béthune, et travaille comme magasinier pour Gaston Deloraine, le président du club. Une ascension fulgurante C’est au Stade béthunois que Michel Lewandowski va véritablement s’affirmer pendant plusieurs saisons, jusqu’à graver son nom dans l’histoire du club un beau jour de 1938, lors de la finale du championnat de France amateur. L’adversaire, le club de Scionzier (Haute-Savoie), finaliste malheureux de l’édition précédente, est déterminé à prendre sa revanche. Le match débute dans un relatif anonymat, avec des gradins quasi vides, mais peu à peu, le stade de Colombes se remplit, atteignant 40.000 spectateurs, attirés par le choc international France-Angleterre prévu juste après. Béthune mène d’un but à la mi-temps et enfonce le clou en début de seconde période, à 2-0. Mais Scionzier réduit l’écart à dix minutes du terme, à 2-1. Ces dernières minutes semblent interminables, sauf que Béthune peut compter sur Lewandowski et Mackowiak, deux colosses au physique de boxeur, pour verrouiller la défense. Finalement, Béthune conserve son avantage et décroche le titre de champion de France amateur. Le monde professionnel En 1938 toujours, la carrière de Michel Lewandowski prend un tournant décisif. Grâce à sa capacité à imposer sa domination physique et à se faire respecter sur le terrain, le RC Lens lui propose un contrat professionnel. Le club vient de réussir à se maintenir en première division et cherche désormais à renforcer son effectif pour viser plus haut que le simple maintien. Plusieurs départs sont enregistrés, comme ceux de Grauby et Daumin (US Boulogne), Laczny et Staho (RC Roubaix), Strohs (RC Calais), tandis que Camille Salas prend sa retraite sportive. Côté arrivées, le club accueille des recrues de choix, notamment le défenseur Jean Mathieu en provenance du FC Nancy, l’ailier gauche Marcel Ourdouillié de Dunkerque pour 70.000 francs, le gardien Armenak Erevanian de l’Olympique de Marseille, ainsi que la grande surprise du mercato, Georges Beaucourt, arrière international et capitaine de l’Olympique lillois, pour un montant record de 150.000 francs. C’est dans ce contexte que Michel Lewandowski rejoint les Sang et Or, accompagné de son coéquipier Louis Dugauguez. Malgré un changement d’entraîneur en début de saison, Lens réalise une excellente campagne, terminant à une prometteuse 7e place. Tout juste naturalisé Français, Michel Lewandowski aborde sa deuxième saison avec une équipe quasi inchangée. Cependant, à l’ouverture du championnat 1939-1940, un événement bouleverse tout : l’invasion de la Pologne par l’Allemagne marque le début de la Seconde Guerre mondiale. Presque tous les joueurs lensois sont mobilisés pour rejoindre l’armée. Il n’est plus question de football. Le football pendant la guerre La défaite militaire du printemps 1940 et l’occupation nazie plongent la France dans une situation sportive inédite, avec trois championnats distincts : ceux de la zone interdite, de la zone occupée et de la zone libre. Quelques anciens joueurs réintègrent le RC Lens, dont parmi eux Michel Lewandowski. Toutefois, dans le contexte troublé de la guerre, la victoire dans le championnat de la zone interdite des Lensois en 1941 reste anecdotique. Le 25 janvier 1940, Michel Lewandowski a épousé Lucia Anna Schwuntkowski à Waziers, et le couple s’est installé à Lens, au 41 chemin de Loos. Son acte de mariage révèle qu’il exerce la profession de peintre et que ses parents, Nicolas et Victoria, sont retournés en Pologne, à Krotoszyn, une ville située à 88 km au sud-est de Poznań. Lors de la saison 1941-1942, pas de changements notables. Mais pour la suivante, la circulation entre les zones interdite et occupée est désormais possible, et le championnat professionnel est rétabli. Cependant, lors de la saison 1943-1944, le ministre des Sports de Vichy, Joseph Pascot, décide de suspendre à nouveau ce championnat pro. Les équipes sont alors réorganisées par régions, et Michel Lewandowski intègre la nouvelle formation baptisée Lens-Artois, composée presque exclusivement de joueurs lensois. Elle remporte le titre de champion de France, bien que la compétition n’ait pu être menée à son terme. Cette même année, Lewandowski se fait remarquer lors de la demi-finale de la Coupe de France entre l’équipe de l’Artois et celle de la Champagne, jouée le 2 avril 1944 au stade Henri-Jooris de Lille. À la dernière minute, on apprend que Michel Lewandowski ne pourra pas participer à la rencontre, une absence qui suscite des interrogations. Officiellement, Lewandowski déclare une blessure contractée six semaines plus tôt lors du match Artois-Provence. Bien qu’il ait continué à jouer en se soignant, il se blesse à nouveau à l’entraînement juste avant la demi-finale. N’étant pas à 100 %, il déclare : Le match est trop important pour que je prenne le risque de devoir quitter le terrain après quelques minutes. Cependant, une autre version circule : après sa blessure, Michel Lewandowski fut indisponible pendant 15 jours et ne reçut que la moitié de son salaire, conformément au règlement professionnel. Insatisfait, il aurait réclamé l’intégralité de sa rémunération, mais face au refus du club, il aurait menacé de

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Gabriel Grauby, le talent Tunisien

De ses débuts en Tunisie à son arrivée sur la Côte d’Opale, le parcours de Gabriel Grauby est celui d’un athlète dont le talent a franchi les frontières. Cependant, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, sa carrière et sa vie prennent un tournant inattendu. Entre ses réussites sur le terrain et les épreuves personnelles, plongez dans le récit fascinant de ce sportif hors du commun. Premiers Pas à Paris Gabriel Louis Grauby, né le 14 juin 1911 à Tunis (Tunisie), est le fils de Germain Antonin Grauby et de Rosine Marie Pédri, tous deux domiciliés à Tunis. En Tunisie, on le retrouve dans les effectifs du club d’Hammam-Lif, situé dans la ville côtière de la banlieue sud de Tunis. Il est également convoqué à plusieurs reprises avec l’équipe amateur de Tunisie, où il aura l’opportunité d’affronter l’équipe de France B. Son aventure en France débute à Paris, au Club Français, qui évolue alors en deuxième division. Il y retrouve deux compatriotes tunisiens, Edmond Zerbib et Maurice Lévy, ainsi qu’un certain Anton Marek. Malheureusement pour Gabriel, cette expérience parisienne sera de très courte durée, le club étant contraint de se retirer de la compétition dès décembre 1934 en raison de difficultés financières. La Commission du Statut du joueur professionnel autorise alors les joueurs professionnels à signer ailleurs. Parmi eux figurent René Godard (gardien), Anton Marek et Raoul De Veigy (arrières), Marcel Daumin et Edmond Zerbib (demis), Georges Ouvray, Maurice Lévy, Josef Hanke et Walter Presch (avants). Mais quel avenir pour les joueurs amateurs tels que Devicq, Gabriel Grauby, Georges Haas ou encore Costa ? C’est le Nord C’est finalement l’Olympique Lillois qui vient faire son marché dans ce qu’il reste du Club Français en rapatriant Gabriel Grauby, Walter Presch et Devicq. Gabriel signe donc son premier contrat professionnel dans le Nord de la France, marquant ainsi le début de sa carrière au plus haut niveau du football français. Après une saison 1935-36 couronnée par une place de vice-champion de France, Gabriel Grauby se marie le 15 juin 1936 à Lille avec Fernande Zulma Debeuf — tous deux domiciliés au 78 rue Turgot. Il rejoint ensuite le RC Lens qui évolue alors en deuxième division, et laisse derrière lui un excellent souvenir, tant pour ses performances que pour son engagement. De Sang et d’or Au RC Lens, il retrouve ses anciens coéquipiers du Club Français, Anton Marek et Marcel Daumin (en provenance du Red Star). Gabriel rejoint une équipe qui a peu changé et connu d’excellents résultats au cours des deux saisons précédentes. Malgré une saison compliquée, les Lensois parviennent à réaliser une superbe phase retour, permettant au club d’accéder à la Division nationale pour la première fois de son histoire. La saison suivante, l’effectif est profondément modifié afin de permettre aux Lensois de constituer une équipe capable de rivaliser avec ce qui se fait de mieux en France. L’objectif est atteint, mais Gabriel n’aura malheureusement que peu de temps de jeu. C’est donc tout naturellement qu’il cherche un nouveau challenge pour la saison 1938-39. Avis de tempête Après les Flandres et le bassin minier, Gabriel Grauby se dirige vers la Côte d’Opale en rejoignant l’Union Sportive Boulonnaise, qui évolue en deuxième division. Il n’est pas seul dans cette nouvelle aventure, puisque son camarade de toujours Marcel Daumin le suit une fois encore. La saison est plutôt moyenne sur le plan sportif, les Boulonnais terminant à une timide 10e place. En juin 1939, comme beaucoup d’autres clubs, Boulogne se trouve dans une situation financière délicate. Malgré les diverses aides de la ville, le déficit atteint 200 000 francs. Il devient donc nécessaire de vendre les meilleurs joueurs dont font partie Harold Newell, meilleur buteur de deuxième division, le demi-centre nord-africain Abdelkader Amar, le demi-aile Gabriel Grauby, l’ailier gauche Georges Merveille et le gardien Guido Pretto. Gabriel, qui souhaite quitter la région maritime au plus vite, n’a reçu aucune lettre recommandée du club l’informant du renouvellement de son contrat pour la saison suivante, comme l’exige le règlement. Par conséquent, il est en droit de se considérer comme étant sur la liste des transferts libres et a l’intention de négocier directement avec les clubs intéressés : le Red Star, Saint-Étienne et Colmar. La Commission du Statut du Joueur Professionnel a décidé de prélever sur le cautionnement de l’US Boulonnaise la somme de 1 750 francs, réclamée par le joueur et à lui verser pour solde de tout compte au 31 août 1939. Le 1er septembre 1939, la guerre est déclarée, marquant le début d’une période de troubles. À partir de ce jour, nous perdons la trace de Gabriel Grauby. A-t-il été naturalisé ? A-t-il été enrôlé par l’armée Française ? Les réponses à ces questions restent obscures. Tout ce que nous avons à disposition est un avis de décès publié par sa femme dans le journal Le Grand Écho du Nord le 11 avril 1942, annonçant qu’il serait mort pour la France, chez lui à Tunis, le 28 mars 1942. Cette fin tragique clôt le chapitre d’un homme dont la carrière sportive a marqué une région avant de se perdre dans l’obscurité du temps. Sources :

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Albert Guéant, l’histoire d’une nuit éternelle

Dans l’histoire du football lensois, certains noms résonnent avec une profondeur particulière. Albert Guéant en est un parfait exemple. Il se distingue par un parcours exceptionnel qui mêle drame personnel et engagement sportif. Son engagement indéfectible et son rôle déterminant dans la création du Supporters’ Club Lensois font de lui une figure emblématique du club. Découvrons ensemble l’histoire poignante de cet homme dont la passion pour le football a transcendé les épreuves. Albert Beloni Alfred Guéant est né le 10 juin 1895 à Chantilly. Il est le fils de Camille Guéant, garde-frein au chemin de fer, et de Célina Couviaux. Albert est l’avant-dernier d’une fratrie de quatre enfants : deux sœurs, Maria et Camille, ainsi qu’un frère, Marcel. Malheureusement, sa mère décède soudainement à l’âge de 38 ans, alors qu’Albert n’a que 6 ans. Après ce drame, son père, Camille, se remarie le 30 octobre 1901 avec Aurélie Tabary à Guémappe, dans le Pas-de-Calais. Ensemble, ils font l’acquisition d’un hôtel-restaurant à Lens, situé rue Thiers (aujourd’hui rue Jean Letienne). Cet établissement s’appelait auparavant le café-restaurant du Chemin de Fer du Nord. Après seulement quatre ans d’existence, le RC Lens, qui dispose de moyens limités, perd de nombreux joueurs partis rejoindre des clubs voisins tels qu’Arras, Béthune ou encore Douai. À cela, s’ajoutent les départs de ceux contraints d’effectuer leurs trois années de service militaire, laissant le club en pénurie de joueurs. Face à cette situation d’urgence, Raymond Couvreur prend les choses en main et devient le premier recruteur du RC Lens. Un soir, il se rend sur la Place Verte, lieu emblématique où tout avait commencé quelques années plus tôt, pour y rencontrer de jeunes footballeurs en herbe. C’est ainsi qu’il parvient à convaincre Séverin Leleu, Léon Hébert, les frères Coviaux et un certain Albert Guéant de rejoindre les rangs du club. Albert Guéant, alors employé à la mairie de Lens, participe à la campagne contre l’Allemagne à partir de septembre 1916. Après avoir servi dans le 73e régiment d’infanterie et le 20e escadron du train, il est rapidement réformé en raison de « troubles diffus de la cornée » et d’une « scléro-choroïdite postérieure ». Il perd alors l’usage de son œil gauche, puis du droit quelques années plus tard, lorsque la maladie progresse. Une nuit éternelle commence alors pour lui. Malgré sa cécité, Albert ne renonce pas au football. Il devient un fervent supporter du RC Lens. En 1928, quelques sportifs et passionnés du club, dont Philippe Vanooteghem et Maurice Carton, se réunissent au café situé en face du monument aux morts, ainsi qu’au café Lefebvre, boulevard Basly. C’est ainsi que fut désigné le premier comité provisoire du Supporters’ Club Lensois, avec Albert Guéant comme vice-président. Ce groupe ne se contente pas d’encourager l’équipe, il contribue également au financement de plusieurs équipes de jeunes, notamment dans les catégories minimes et sous-minimes. Albert Guéant ne manque plus aucun match. La légende raconte même qu’il est le premier abonné du Racing. Mais comment fait-il pour suivre les rencontres ? Bien qu’il soit privé de la vue, il suit les rencontres grâce à une acuité auditive remarquable. Je ne vous dirais pas que rien ne m’échappe des rencontres, mais croyez-moi, les bruits, les cris, les rumeurs m’en révèlent assez pour me rendre à la joie du jeu. Albert possède une montre à gousset dont les aiguilles ne sont pas protégées, ce qui lui permet de chronométrer la partie. En se basant sur la fréquence des dégagements et des longs coups de pied, il peut déterminer si le jeu privilégie les passes courtes. Oh ! Que Lens joue mal aujourd’hui ! Ça joue en l’air tout le temps… Le vice-président du club, M. Lerat, témoigne de l’engagement et du savoir-faire d’Albert Guéant : Malgré sa cécité, il suit tous les matchs et reconnaît les joueurs à leurs dégagements. De supporter à recruteur, il n’y a qu’un pas. Albert, avec un enthousiasme débordant, fait une telle promotion de Césember, l’avant-centre nordiste, qu’il parvient à influencer les dirigeants lensois. Sous la pression de ses arguments passionnés, le club finit par lui donner raison et cède à son insistance. Extraordinaire, n’est-ce pas ? Oui, mais pas autant qu’il n’y paraît. Des clubs dirigés par des aveugles, ce n’est pas si rare… Albert Guéant épouse Angélique Vanderaerde le 16 mai 1942 à Lens et décède le 23 mars 1974. Ancien capitaine de l’équipe lensoise, il est reconnu pour sa fidélité exceptionnelle au club. Son rôle crucial dans la création du Supporters’ Club Lensois, ainsi que sa capacité remarquable à suivre les matchs grâce à son sens aigu de l’écoute fait de lui une figure incontournable et attachante du football lensois. Football, qui verse l’oubli à ce malheureux et lui apporte le réconfort, tu as décidément plus de vertus encore qu’on ne t’en reconnaît. Victor Denis, reporter pour le Miroir des sports Sources :

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La famille Douterlungne

Pour connaître l’identité d’un club, il faut d’abord appréhender son histoire. Pour le RC Lens, il faut remonter à la toute fin du XIXe siècle. Douterlungne, un nom de famille sans doute peu connu du grand public, occupe pourtant une place capitale dans l’histoire du club. Cette famille de pionniers a joué un rôle essentiel dans la fondation et le développement de ce qui allait devenir notre Racing. À travers cette famille, c’est tout un pan de l’histoire sportive lensoise qui se dévoile. À une époque où le football est encore inconnu du grand public, quelques jeunes étudiants commencent à s’y intéresser. Rapidement, un championnat universitaire voit le jour, regroupant différents établissements scolaires. C’est ainsi que des clubs représentant leurs villes commencent à apparaître. Du côté de Lens, des jeunes prennent l’habitude de se réunir les week-ends et pendant les vacances scolaires sur la place Verte, aujourd’hui place de la République, pour jouer au football. Après leurs matchs, tous ces jeunes se retrouvent au café Douterlungne, situé boulevard des Écoles. C’est dans ce café que tout va se jouer : le propriétaire Henri Douterlungne et son ami, Jules Van den Weghe, tous deux ressortissants belges, vont avoir l’idée de créer le premier club lensois. Henri Joseph Douterlungne, originaire de Mouscron, et sa femme, Pauline Sophie Joseph Hollemaert, font partie des nombreux Belges venus s’installer dans le Nord de la France à la fin du XIXe. Menuisier de profession, Henri s’établit dans la région lilloise, entre Tourcoing, Wattrelos, Lille et Mouvaux. Le couple n’est pas épargné par le fléau de la mortalité infantile : seuls cinq de leurs onze enfants atteignent l’âge adulte. Le plus jeune, Carlos, est né le 22 mai 1888 à Mouvaux. La famille Douterlungne déménage ensuite à Lens, où elle devient propriétaire d’un café qui deviendra bientôt le premier siège social du Racing Club Lensois. En 1903, Henri Douterlungne et Jules Van den Weghe, qui ont créé le Club Cyclo-Pédestre Lensois trois ans plus tôt, décident d’y adjoindre une section football afin de regrouper tous ces jeunes joueurs de la place Verte. En 1906, la section devient indépendante, donnant ainsi naissance au Racing Club Lensois. Jules Van den Weghe devient président et Henri Douterlungne président-adjoint, tandis que Carlos occupe le poste de trésorier. Carlos fait également partie de la toute première équipe, dans le rôle du gardien de but. Le club, désormais installé sur la pâture Mercier, adopte les couleurs vert et noir, en référence à la place Verte et au charbon. Les statuts du club, rédigés par Justin Guilbert, le fils du juge de paix de Lens, sont déposés en sous-préfecture de Béthune le 18 octobre 1907, date officielle de la création du club. L’équipe peut ainsi disputer le championnat de promotion du district de l’Artois. Le soldat Douterlungne En 1909, Carlos s’engage dans l’armée et se forme au métier d’ajusteur. Quatre mois après son retour à Lens en 1912, et après trois années de service, il est confronté au décès de son père, Henri. Le 5 avril 1913 à Lens, Carlos épouse Marie Dilly, également fille de menuisier. Leur fils Victor Henri naît le 18 juillet de la même année à Billy-Montigny. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Carlos est mobilisé dès les premiers jours et intègre son régiment d’artillerie. Blessé à plusieurs reprises, il souffre de problèmes respiratoires dus aux gaz, d’une fracture du tibia et d’une épaule brisée. Décoré de la croix de guerre étoile de bronze, il ne peut plus rejouer au football. Libéré en 1919, il rejoint sa femme et son fils, rapatriés à Paris en 1917. Le 24 janvier 1920, leur fille Raymonde Marcelle Désirée naît à Paris, au 11 rue de Tanger, dans le 19e arrondissement. Après un retour dans la région, Carlos et Marie se séparent en 1928. À partir de cette date, la vie de Carlos devient très instable. Il finit par s’installer définitivement à Paris en 1936, rue de l’Hôtel-Colbert dans le quartier de la Sorbonne, avec sa nouvelle compagne Adolphine Canone. Il décède le 9 février 1961 à Paris et est inhumé au cimetière de Thiais, dans le Val-de-Marne. La famille Douterlungne a posé les bases d’un club qui, des décennies plus tard, fait vibrer des dizaines de milliers de supporters. Son héritage, profondément enraciné dans l’histoire du RC Lens, rappelle l’importance de se souvenir de ceux qui ont façonné notre présent. Sources :

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René Gouillard, Un Regard sur l’Histoire

René Gouillard, reconnaissable entre tous grâce à ses fameuses lunettes, a marqué l’histoire du RC Lens par sa fidélité et sa polyvalence. Propulsé dans le monde professionnel par un heureux hasard, il a su saisir sa chance lorsque la plupart des joueurs lensois sont partis à la guerre. Remplaçant admirablement l’expérimenté Raymond François, il s’est distingué comme un joueur exemplaire et un homme dévoué à son équipe. Né le 22 octobre 1921 à Avion, dans la cité du Mont Gré, René Marcel Jules Eugène Gouillard grandit dans une famille modeste. Son père, Marcel Émile Énée Henri Gouillard, travaille au chemin de fer, tandis que sa mère, Léontine Marie Richard, est couturière. Très rapidement, la petite famille déménage à Lille. C’est là que René commence sa carrière footballistique, au club de l’Iris Club Lambersart, où il joue jusqu’à seize ans en tant que centre-avant. Les Premières Années Avec l’arrivée du professionnalisme, l’Iris Club Lambersart, disposant de moyens limités, s’oriente vers la formation. Les résultats ne se font pas attendre, et le club joue les premiers rôles dans chaque catégorie de jeunes. L’équipe des minimes devient championne du Nord et remporte la coupe du Nord. Parmi ces jeunes évoluant sous les ordres de Gaston Dubreucq, on retrouve notamment Albert Dubreucq, Jean Baratte et bien entendu René Gouillard. Ce dernier retrouvera d’ailleurs son ancien partenaire Jean Baratte quelques années plus tard lors de la finale de la coupe de France de 1948. Un concours de circonstance En 1939, le père de René Gouillard est nommé sous-chef de gare à Lens, un événement déterminant qui lance sa carrière. Durant l’intersaison 1939, les dirigeants lensois, satisfaits des derniers résultats, décident d’améliorer l’équipe sans y apporter trop de modifications. Cependant, un changement de coach est opéré : József Eisenhoffer repart pour Marseille tandis que Jack Galbraith fait son grand retour. C’est dans ce contexte que René Gouillard signe au RC Lens en tant qu’amateur. Quelques jours après sa signature, un nouvel événement, tragique celui-ci, vient accélérer sa carrière. Nous sommes en septembre 1939 et l’Allemagne vient d’envahir la Pologne. La France entre en guerre ! Arménak Erévanian, Anton Marek, Jean Mathieu, Georges Beaucourt, Michel Levandowski, Raymond François, Marcel Ourdouillé, Marian Calinski, Siklo, Paul Mouton, Stanis, Louis Dugauguez, Henri Bonnel et Albert François sont tous appelés par leurs régiments respectifs. Le club n’a alors pas d’autre choix que de faire confiance aux jeunes pour essayer de monter une équipe. Trop jeune pour partir à la guerre, René Gouillard saisit sa chance et profite des absences de nombreux joueurs appelés sous les drapeaux pour s’imposer au sein de l’équipe. La polyvalence René Gouillard fait ses débuts au RC Lens en reculant d’un cran, dans la position du demi-centre. Il finit même par devenir arrière droit/gauche, puis occuper le centre. Il ne lui reste plus qu’à jouer au poste de gardien de but. C’est chose faite en 1944, dans le championnat fédéral avec l’équipe de Lens-Artois contre la Lorraine, suite à la blessure du gardien Charles Créteur en fin de première mi-temps. Le journaliste Lucien Gamblin le décrit ainsi : « Rapide, décidé (malgré ses lunettes), René Gouillard frappe la balle, comme tous ses coéquipiers, avec puissance et sûreté. Il anticipe fort bien l’action ou le geste de l’adversaire. Il joue sobrement, directement et sans rechercher l’exploit. Ce qu’il veut, c’est que son équipe remporte la victoire, et il faut lui reconnaître qu’il s’emploie à fond pour cela. Encadré comme il l’est, sérieux, ambitieux, Gouillard doit s’élever au plan supérieur des footballeurs de notre pays, et ce demi-centre de vingt-deux ans a beaucoup de chances de s’imposer. » Lucien Gamblin Après le RC Lens Marié à Lens le 27 septembre 1941 avec Marcelle Andrea Mismacque, René Gouillard a tout connu avec le RC Lens. Vainqueur du championnat de la zone interdite, il remporte également le championnat avec l’équipe fédérale Lens-Artois. Relégué en deuxième division en 1947, il atteint malgré tout la finale de la coupe de France en 1948. Après son départ en 1950, il ne reste que Marceau Stricanne, son ancien coéquipier de l’équipe fédérale Lens-Artois, comme joueur portant des lunettes dans l’élite du football français. Il sera très vite rejoint par le Hollandais Joop Stoffelen, un ancien de l’Ajax d’Amsterdam qui débarque au RC Paris. Recruté par Amiens lors de l’intersaison 1950, alors qu’il allait avoir vingt-neuf ans, René Gouillard participe à la préparation et aux matchs d’avant-saison de l’équipe professionnelle. Le 27 août 1950, il dispute le premier match du championnat de deuxième division, perdu contre Rouen. Ce jour-là, il retrouve le poste de ses débuts, centre-avant. Ce sera son premier et dernier match avec Amiens, puisqu’il quitte aussitôt le club pour une raison inconnue et rejoint le club de l’ASSB Oignies. La carrière de René Gouillard est marquée par la fidélité et la polyvalence. De ses débuts à Lambersart jusqu’à ses années glorieuses au RC Lens, Gouillard a toujours fait preuve d’un engagement exemplaire. Il est décédé le 22 février 1972 à Liévin. Sources :

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Hédoire aux mains d’argent

Le 14 juin 1979, le RC Lens vit sa nuit la plus longue lors d’un match de barrage contre le Paris FC. C’est ce soir-là devant 33 896 supporters que Francis Hédoire, portier du RC Lens, va choisir pour rentrer dans la légende. Il permet ainsi aux Lensois d’accéder une nouvelle fois à l’élite du football français. Dix mois auparavant, le club, qui flirtait avec l’Europe, se retrouve à la 18e place du classement, synonyme de relégation. Accompagné par Troyes et Rouen, le Racing se prépare à affronter le rugueux championnat de deuxième division. Malgré son statut de favori du groupe B, aux côtés de Rennes et Rouen, la remontée s’annonce difficile en raison des départs marquants de Didier Six à Marseille, de Farès Bousdira à Nice, de Jean-Marie Élie à Saint-Étienne et de Jean-Pierre Tempet à Nantes puis à Laval. Un autre changement majeur s’opère : Arnold Sowinski, entraîneur du RC lens depuis neuf saisons, se met en retrait, cédant ainsi sa place à un autre ancien du club, Roger Lemerre. L’ancien mentor du Red Star devient le seul maître à bord. Ex-défenseur du Racing et artisan de la remontée de 1973, il dispose d’un atout précieux : il connaît bien la maison Sang et Or. Après un départ timide, les Lensois voient la surprenante équipe de Brest leur passer devant au classement. Peu à peu, ils découvrent le jeu heurté et engagé qui symbolise ce championnat. À mi-parcours, les Lensois se retrouvent à cinq points des Brestois. Mais la machine lensoise semble enrayée et ne parvient pas à combler son retard. En février 1979, après vingt-deux journées, les Brestois disposent de dix points d’avance. Roger Lemerre est menacé, il faut faire vite. Le déclic se produit grâce à la coupe de France. Et c’est le club de Laval, pensionnaire de première division – où l’on retrouve un certain Jean-Pierre Tempet –, qui va en faire les frais. Le 10 février 1979, au stade Grimonprez-Jooris, par l’intermédiaire de Joachim Marx, Yannick Bourloton et Robert Sab, Lens se qualifie pour les seizièmes de finale et espère lancer sa saison. « Je suis d’abord, et je tiens à le dire malgré les apparences, profondément heureux pour les joueurs. Je pense en plus que cette victoire va les relancer en championnat. Mais je ne sais pas si je serai là pour voir cela. » Roger Lemerre Malgré une fin de saison plutôt bonne, les Lensois ne parviennent pas à rattraper les Brestois, mais accrochent la deuxième place du groupe B. Le Racing se lance alors dans la bataille des barrages. Premier obstacle en vue, l’Olympique Avignonnais, deuxième du groupe A. Au parc des sports d’Avignon, les hommes de Roger Lemerre livrent une contre-performance totale, plaçant le RC Lens dans une position très délicate (défaite 2-0). Cependant, lors du match retour, les Sang et Or renversent la situation devant 15 000 spectateurs. Robert Llorens (1-0, 15e) et Robert Sab (2-0, 79e) permettent à Lens d’égaliser et d’arracher la prolongation. C’est alors que Joachim Marx s’offre un doublé synonyme de qualification (victoire 4-1, 113e). En première division, le Paris FC termine à une bien triste 19e place. Battu à la différence de buts par Valenciennes, le Paris FC est relégué directement à l’étage inférieur. Cependant, le FC Gueugnon, vainqueur du groupe A de la deuxième division, refuse le statut professionnel. Le club Parisien est ainsi repêché pour disputer les barrages et se voit offrir une dernière chance de sauver sa place. C’est ainsi que le RC Lens s’apprête à disputer une double confrontation face au Paris FC. À la clé, un ticket d’entrée dans l’élite du football Français. Grâce à son entre-jeu composé de Georges Eo, Jean-Noël Huck, Bernard Lech (ex-Lensois) et Bernard Guignedoux, le Paris FC pratique un football de qualité qui lui vaut le respect des puristes. Cependant, son attaque se révèle inefficace. Jean-François Beltramini, meilleur buteur Parisien, est trop souvent isolé. Une autre difficulté pour le Paris FC est la désertion de son public. Comme annoncée, la double confrontation donne lieu à deux rencontres très serrées. Au Parc des Princes, le match aller se déroule devant 4 000 spectateurs, dont 3 000 Lensois. Personne ne trouve le chemin des filets (0-0). Le même scénario se présente au match retour à Bollaert, où les 33 896 spectateurs doivent patienter jusqu’au bout de la nuit pour connaître le vainqueur. C’est le moment de la séance des tirs au but. Tout Bollaert retient son souffle. Sur la première frappe du Parisien Guignedoux, le portier lensois Francis Hédoire part du bon côté. Lorsque Beltramini s’avance à son tour, Hédoire anticipe et réitère sa performance. « J’étais sûr qu’il tenterait de m’entraîner de l’autre côté. Je ne me suis pas laissé piéger. » Francis Hédoire À ce moment-là, rien n’est encore joué, mais la pression devient trop forte pour les Parisiens. Le pauvre Humberto Rafael Bravo manque le cadre. Le RC Lens, lui, ne tremble pas. Michel Joly conclue magnifiquement cette séance des tirs au but et renvoie le Racing dans l’élite du football français. « J’ai effectué les bons choix en plongeant chaque fois du bon côté. À droite, puis sur la gauche, et j’ai remporté mes deux premiers duels. À partir de là, les choses ont commencé à se compliquer singulièrement pour nos adversaires. Le troisième penalty leur fut fatal. » Francis Hédoire Commentaires Audio de Jean Crinon (document RTF) Ce match contre le Paris FC restera gravé dans les mémoires des supporters lensois comme une nuit de gloire et de tension extrême. Grâce à la détermination des joueurs et à la performance héroïque de Francis Hédoire, le RC Lens retrouve sa place en première division, marquant le début d’une nouvelle ère sous la direction d’Arnold Sowinski qui fait son grand retour. Roger Lemerre quant à lui fait ses valises et part vers de nouvelles destinées avec le sentiment du devoir accompli. Sources :

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Un Harris peut en cacher un autre

L’été 1934 marque un tournant pour le Racing Club de Lens qui entame sa première saison en tant que club professionnel dans le championnat de deuxième division. Soutenus financièrement par la Compagnie des mines de Lens, les dirigeants lensois confient les rênes de l’équipe fanion à un certain Jack Harris. Le RC Lens se livre en 1934 à un jeu nouveau pour lui, celui du recrutement de joueurs pro. Ainsi, des noms tels que Camille Salas, Gildo Rizzo, Albert Hus, Janos Walter, et bien d’autres encore font leur apparition cette année-là. Une autre tâche cruciale pour les dirigeants Lensois est de trouver un entraîneur pour guider tout ce petit monde. Plusieurs offres arrivent rapidement sur le bureau des dirigeants. Écartant la candidature de George Kimpton, un Britannique relativement méconnu, fervent adepte de la tactique du WM, et qui connaîtra le succès au RC Paris, les dirigeants préfèrent opter pour un profil plus local. Ils se tournent vers un autre Britannique, Jack Harris, qui connaît bien le football régional pour avoir évolué au Stade béthunois, aujourd’hui entraîné par un certain Jean-Guy Wallemme. Jack Harris n’aura malheureusement guère l’occasion d’exercer longtemps ses talents. Après seulement cinq séances d’entraînement, les dirigeants lensois décident de le remplacer par le Belge Robert De Veen, ancien entraîneur de L’Olympique lillois. Cette décision laisse entendre que ce coach, qui n’a connu qu’une seule expérience en tant qu’entraîneur-joueur au Stade béthunois, n’a pas su convaincre. Qui était-il ? Dès les premières recherches, un problème apparaît immédiatement. Selon plusieurs sources, ce Jack Harris serait Écossais. Né le 5 novembre 1891 à Glasgow, il aurait évolué dans des clubs prestigieux comme Burnley, Bristol, Leeds et Fulham, avant de rejoindre le Stade béthunois. Pourtant, le Jack Harris que l’on retrouve à Béthune est bel et bien un joueur anglais, et non écossais. Il semblerait qu’il ait été injustement confondu avec un homonyme. Partons donc à sa recherche pour lever le voile sur sa véritable identité. Le véritable Jack Harris Né le 11 novembre 1894 à Liverpool, dans le quartier de Kirkdale, Jack Harris est le fils de John Edward Harris et d’Elizabeth Johnson. À l’âge de 10 ans, il fait ses premiers pas sur un terrain de football avec son école, et dès 13 ans, il est sélectionné à plusieurs reprises pour représenter sa ville. En 1914, à seulement 20 ans, il rejoint les rangs de la 55e division de l’armée britannique pour combattre les Allemands en France. Il fait la rencontre, pendant le conflit, de Maria Félicie Saniez, une Française, qu’il épouse le 3 décembre 1917 à Bayenghem-lès-Éperlecques. Le 9 avril 1918, il est blessé à Festubert, à quelques kilomètres de Béthune, mais retourne dans son régiment d’infanterie dès le mois de juin. Il est fait prisonnier à Violaines trois mois avant l’armistice. Libéré à la fin de la guerre, il retourne en Angleterre, avec son épouse. Après la guerre, Jack joue pour différents clubs anglais, notamment Bury South Liverpool, New Brighton et Luton Town, au poste de demi-centre. En 1921, pour remédier au mal du pays de Mme Harris, le couple revient en France et s’installe dans la petite ville de Beuvry. Jack signe alors au Stade béthunois. Par un heureux hasard, il devient également gardien du cimetière anglais de Festubert, dans le secteur même où il avait été blessé pendant la guerre, protégeant ainsi les tombes de ses camarades tombés au combat. À cette époque, la colonie de joueurs anglais dans les championnats régionaux n’est plus très appréciée, car au-delà de leur supériorité technique, leur présence remet en cause l’esprit d’amateurisme des compétitions. Malgré une première année difficile, Jack parvient à s’imposer et devient un membre important de son équipe. Après dix longues années de fidélité au Stade béthunois, il raccroche les crampons. Il ne sait pas encore qu’il finira à Lens, le club qui monte. Well, j’ai premièrement signé pour le Stade béthunois en 1921 et il est maintenant 1931. Je dis encore : vive le Stade et vive la Ligue du Nord. Jack Harris La relève Jack Harris et Maria Saniez ont eu quatre enfants : Jack a rapidement discerné chez son seul fils, le jeune Gustave, un talent naturel pour le football, et il l’a accompagné dans sa formation. Son nouvel objectif est de voir son rejeton lui succéder dans l’équipe première de Béthune. Grâce à une formation exigeante, il a brillamment réussi son pari, puisque Gustave a intégré le onze du Stade béthunois, pour même en devenir le capitaine. Il a remporté les titres de champion de France amateur en 1937/1938 et en 1948/1949, ainsi que celui de champion du Nord de division d’honneur en 1946/1947, inscrivant ainsi l’une des plus belles pages du palmarès béthunois. Jack Harris, éphémère entraîneur du RC Lens, a incarné l’esprit du football amateur, mêlant passion et dévouement. Son engagement sur le terrain et en dehors a ouvert la voie à une nouvelle génération, symbolisée par son fils Gustave, pérennisant ainsi un héritage familial et sportif qui a marqué l’histoire du Stade béthunois. Sources :

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Constant Lallaine, un pionnier oublié

Au cœur de l’histoire du football lensois se cachent des figures oubliées, pionniers dont les exploits ont été emportés par le flot du temps. Dans les années 1920, à une époque où le football commence à s’organiser et où les stades se transforment en lieux de passion, Constant Lallaine est l’un des joueurs qui font grandir le RC Lens. Enquête sur son parcours. Généalogie Le début de notre enquête commence dans les registres d’état civil. Ces registres révèlent rapidement l’existence d’un certain Constant Lallaine, né le 27 février 1902 à Villers-au-Bois, un village à environ vingt kilomètres de Lens. Sur cet acte, on y apprend également l’identité de ses parents, Henri Lallaine, tailleur de grès (probablement dans les carrières de Verdrel non loin de Villers-au-Bois), et Louisa Béatrix Joseph Lambert. Constant Lallaine perd son père très jeune, à l’âge de cinq ans, le 6 avril 1907. Mais heureusement pour lui, il est très bien entouré. Il grandit aux côtés de ses deux frères, Jean (né en 1899) et Henri (1905), ainsi que de ses deux sœurs, Germaine (1895) et Jeanne (1896). De plus, il a également deux demi-sœurs, Adrienne (1909) et Julienne (1914). Notre enquête nous conduit ensuite aux Archives du monde du travail où se trouve le dossier de mineur de son frère aîné, Jean Lallaine, domicilié à Liévin dans la Cité hollandaise. Jean est enrôlé à dix-neuf ans, le 15 avril 1918, dans le 8e régiment de zouaves puis le 106e régiment d’infanterie. Né en 1899, il est le seul de la fratrie à avoir combattu lors de la Première Guerre mondiale, à la fin du conflit. Un petit bon avant dans les registres nous emmène le 24 avril 1926 sur le parvis de la mairie de Lens, où Constant Lallaine épouse une Lensoise, Marthe Noëlle Marie Parsy. Il exerce à ce moment-là le métier de monteur en fer et réside à Hersin-Coupigny. Il est également intéressant de noter que ses beaux-parents, Oscar Parsy et Marie Thérage, sont propriétaires d’un café. Leur union a été célébrée par le maire de Lens en personne, Émile Basly. Après leur mariage, Constant et Marthe accueillent trois enfants, Marthe en 1926, Constant en 1929 et Paulette en 1937. Et le foot dans tout ça ? Lors de la saison 1925-1926, le Racing Club de Lens se renforce avec les arrivées d’Irénée Leroy et du Néerlandais Van Hoeve (dont le prénom s’est perdu). En terminant premier de la poule d’accession juste devant Montdidier, le Racing remporte son premier titre, champion de Promotion du district Artois. Le Racing Club de Lens accède donc pour la première fois à la Division Honneur. En fin de saison, le 20 juin 1926, une grande réunion entre dirigeants et joueurs célèbre ce succès. À cette occasion est joué un match opposant les joueurs mariés et célibataires. C’est la première fois que Constant Lallaine fait son apparition, au sein de l’équipe des mariés. Il intègre deux ans plus tard, lors de la saison 1928-1929, l’équipe première qui finit champion de Promotion. En 1932, le football français va connaître un grand bouleversement, avec la reconnaissance du professionnalisme par le conseil national de la FFFA. Ce nouveau championnat suit le règlement du championnat anglais, soit 20 clubs autorisés avec des matchs en aller-retour. Après deux années de tâtonnements, une seconde division apparaît en 1934. Cette fois-ci, le RC Lens prend le bon wagon et intègre ce championnat de D2. Le RC Lens devient donc officiellement un club professionnel. Après six saisons pleines avec le RC Lens, de 1928 à 1934, Constant Lallaine ne passe malheureusement pas le cap du professionnalisme et n’a pas la chance de jouer dans la toute nouvelle enceinte, le stade Félix-Bollaert, livré pour le début de la saison 1934. Le club se renforce à tous les postes afin de se donner une chance de briller dans cette nouvelle compétition. Les premiers joueurs professionnels font leur entrée, avec l’arrivée de Guildo Rizzo, Camille Salas, Jenos Walter, Tony Marek et autres, venant ainsi remplacer Constant Lallaine et nombre de ses coéquipiers amateurs. Constant Lallaine, décédé le 3 janvier 1981 à l’âge de 78 ans à Arras, fait partie des nombreuses figures oubliées du RC Lens. Son histoire témoigne de l’importance de ces pionniers, souvent négligés, mais pourtant indispensables à l’histoire d’un club. Le Racing Club de Lens lui doit beaucoup, tout comme à d’autres joueurs qui ont œuvré pour façonner ce qu’il est aujourd’hui. Sources :

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Anton Marek, l’homme au bandeau

Découvrez l’histoire d’Anton Marek, dit Tony Marek, aussi connu sous le surnom de « l’homme au bandeau », dont le nom est aujourd’hui associé à une tribune emblématique du stade Bollaert-Delelis. Pendant près de deux décennies, le défenseur autrichien a gravé sa légende dans la cité minière, avec ses qualités d’athlète hors du commun. Né le 9 février 1914 dans les faubourgs de Vienne, Anton Marek commence son parcours footballistique en rejoignant le club de Nord Wien à l’âge de 17 ans. À peine deux ans plus tard, il franchit le pas du professionnalisme en signant pour le Wacker de Vienne, où il a l’opportunité de côtoyer des joueurs de talents comme Karl Zisckek, Franz Hanreiter ou encore Anton Windner. Mais prononcez son nom en Autriche, et vous n’aurez aucune réaction : il y est aujourd’hui inconnu, faute d’y avoir fait sa carrière. À seulement 20 ans, ce défenseur gauche talentueux quitte ses parents, Thomas Marek et Maria Nowotny, pour rallier la France et sa capitale. Il a été recruté par le Stade français, qui évolue en deuxième division. Il ne quittera plus jamais le championnat français, que ce soit en tant que joueur ou entraîneur. Cependant, cela commence difficilement. Quelques mois après l’arrivée de l’Autrichien, le Stade français est contraint de se retirer de la compétition en raison de difficultés financières, le 5 décembre 1934. C’est ainsi que Marek se retrouve sur la liste des transfert avec d’autres joueurs, dont ses compatriotes Walter Presch et Josef Hanke. Le RC Lens saisit l’opportunité et acquiert Anton Marek pour la modique somme de 8 300 francs. Un jour de décembre 1934, le pauvre Anton Marek débarque sur les quais de la gare de Lens vêtu d’un maigre pardessus et d’une valise contenant son peu d’effets personnels. Ce jeune homme, qui avait espéré trouver une vie meilleure en France comme tant d’autres Viennois, se retrouve alors presque sans ressources dans une ville qu’il ne connaît pas, toute consacrée à l’industrie du charbon. Quel avenir ? En huit années marquées par sa volonté et sa persévérance, ce grand et solide athlète de 80 kilos, au tempérament bien trempé, gravit les échelons pour devenir le capitaine respecté et l’entraîneur écouté d’une des équipes française les plus performantes de son époque. De plus, grâce à une très belle histoire d’amour, il va devenir aussi l’un des plus notables commerçants de la ville. Après deux saisons et demie au club, Anton Marek devient champion de France de deuxième division, ce qui permet au RC Lens d’accéder pour la première fois de son histoire à l’élite du football français. Quelques semaines après une saison exceptionnelle sur le plan sportif, il célèbre le 16 mai 1938, son mariage avec Nelly Vanbeselaere, la fille d’Arthur Vanbeselaere, membre éminent de la société Les Amis du Racing et propriétaire d’un café-tabac de la place de la Gare à Lens. La même année, alors que l’Autriche perd son indépendance, rattachée au Reich allemand par l’Anschluss, il est naturalisé français. Il effectue son service militaire au 3e régiment du génie à Arras. Anton Marek fait le bonheur du RC Lens jusqu’en 1939, date à laquelle il est mobilisé pour la Seconde Guerre mondiale. Il se retrouve séparé de sa famille par l’invasion allemande. En attendant de pouvoir retrouver son foyer, il rejoint l’équipe de Toulouse en zone libre pour la saison 1940/1941, avec laquelle il atteint la finale de la coupe de France contre Bordeaux (défaite 3-1). De retour à Lens en 1941, Anton Marek participe au championnat de la zone interdite. L’année suivante, il prend la relève de Georges Beaucourt en tant qu’entraîneur-joueur et conduit son équipe au titre de champion de France de la zone Nord. Il devient également champion de France avec l’équipe fédérale de Lens-Artois en 1944. Tout lui réussit puisqu’il connaît sa première sélection en équipe nationale, le 30 septembre 1944, lors du match opposant la France libérée à la Grande-Bretagne (défaite 5-0). Direction la côte d’Azur Après une relégation en deuxième division avec Lens en 1947, Anton Marek pose ses valises avec sa femme et son jeune fils Michel dans la ville de Nice. Toujours comme entraîneur-joueur, il mène l’équipe azuréenne en division nationale et assure son maintien à une bonne position, avant d’être remercié et remplacé par Émile Veinante. C’est là que s’arrête sa carrière de joueur. Par la suite, il dirige l’équipe de Cannes pendant deux saisons, puis celle de Draguignan pour la saison 1952/1953. Le retour aux sources Anton Marek fait son retour en 1953 au Racing Club de Lens, qui a renoué avec la D1 quatre ans auparavant. Le club est en plein essor sur le plan sportif, et « Tony » Marek bâtit une formation qui, contre toute attente, devient la place forte du football nordiste au lieu du redoutable LOSC. En 1956, il est tout proche de remporter le premier titre de champion de France du club, terminant à la deuxième place, à seulement un petit point derrière un rival qu’il connaît bien, Nice. Son contrat arrive à expiration. Marek, dans ces années où le statut des joueurs et entraîneurs est particulièrement précaire, réclame entre autres conditions un nouveau contrat portant sur cinq ans. Cependant, le comité du club rejette ses demandes. C’est donc l’entraîneur d’Angers, Karel Michlowsky, qui le remplace la saison suivante. Anton Marek prend ensuite les rênes de Monaco pour une saison et demie jusqu’en 1957, avant de se retirer du monde du football. Il décède six ans plus tard, le 6 février 1963, quelques jours avant ses 49 ans. Mais il n’est pas oublié. En 1997, à l’occasion des rénovations du stade Félix-Bollaert pour la Coupe du monde, le RC Lens rebaptise Marek la section inférieure de la tribune latérale populaire, érigée en 1974 et surnommée Seconde. C’est dans cette tribune que réside le kop lensois. Sa position latérale, contrairement aux autres enceintes où les kops sont généralement situés derrière les buts, en fait l’une des caractéristiques les plus distinctives de Bollaert-Delelis. Tony Marek, ce n’est pas l’arrière aux envolées spectaculaires, aux arrêts

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