CULTURE SANG & OR

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La famille Douterlungne

Pour connaître l’identité d’un club, il faut d’abord appréhender son histoire. Pour le RC Lens, il faut remonter à la toute fin du 19e siècle. Douterlungne, un nom de famille sans doute peu connu du grand public, occupe pourtant une place capitale dans l’histoire du club. Cette famille de pionniers a joué un rôle essentiel dans la fondation et le développement de ce qui allait devenir notre Racing. À travers cette famille, c’est tout un pan de l’histoire sportive lensoise qui se dévoile. À une époque où le football est encore inconnu du grand public, quelques jeunes étudiants commencent à s’y intéresser. Rapidement, un championnat universitaire voit le jour, regroupant différents établissements scolaires. C’est ainsi que des clubs représentant leurs villes commencent à apparaître. Du côté de Lens, des jeunes prennent l’habitude de se réunir les week-ends et pendant les vacances scolaires sur la Place Verte, aujourd’hui Place de la République, pour jouer au football. Après leurs matchs, tous ces jeunes se retrouvent au café Douterlungne, situé Boulevard des Écoles. C’est dans ce café que tout va se jouer : le propriétaire Henri Douterlungne et son ami, Jules Van den Weghe, tous deux ressortissants belges, vont avoir l’idée de créer le premier club lensois. Henri Joseph Douterlungne, originaire de Mouscron, et sa femme, Pauline Sophie Joseph Hollemaert, font partie des nombreux Belges venus s’installer dans le nord de la France à la fin du 19e siècle. Menuisier de profession, Henri s’établit dans la région lilloise, entre Tourcoing, Wattrelos, Lille et Mouvaux. Le couple n’est pas épargné par le fléau de la mortalité infantile : seuls cinq de leurs onze enfants atteignent l’âge adulte. Le plus jeune, Carlos, est né le 22 mai 1888 à Mouvaux. La famille Douterlungne déménage ensuite à Lens, où elle devient propriétaire d’un café qui deviendra bientôt le premier siège social du Racing Club Lensois. En 1903, Henri Douterlungne et Jules Van den Weghe, qui ont créé le Club Cyclo-Pédestre Lensois trois ans plus tôt, décident d’y adjoindre une section football afin de regrouper tous ces jeunes joueurs de la Place Verte. En 1906, la section devient indépendante, donnant ainsi naissance au Racing Club Lensois. Jules Van den Weghe devient président et Henri Douterlungne président-adjoint, tandis que Carlos occupe le poste de trésorier. Carlos fait également partie de la toute première équipe, dans le rôle du gardien de but. Le club, désormais installé sur la pâture Mercier, adopte les couleurs vert et noir, en référence à la place Verte et au charbon. Les statuts du club, rédigés par Justin Guilbert, le fils du juge de paix de Lens, sont déposés en sous-préfecture de Béthune le 18 octobre 1907, date officielle de la création du club. L’équipe peut ainsi disputer le championnat de promotion du district de l’Artois. Le soldat Douterlungne En 1909, Carlos s’engage dans l’armée et se forme au métier d’ajusteur. Quatre mois après son retour à Lens en 1912, après trois années de service, il est confronté au décès de son père, Henri. Le 5 avril 1913 à Lens, Carlos épouse Marie Dilly, également fille de menuisier. Leur fils Victor Henri naît le 18 juillet de la même année à Billy-Montigny. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Carlos est mobilisé dès les premiers jours et intègre son régiment d’artillerie. Blessé à plusieurs reprises, il souffre de problèmes respiratoires dus aux gaz, d’une fracture du tibia et d’une épaule brisée. Décoré de la croix de guerre étoile de bronze, il ne peut plus rejouer au football. Libéré en 1919, il rejoint sa femme et son fils, rapatriés à Paris en 1917. Le 24 janvier 1920, leur fille Raymonde Marcelle Désirée naît à Paris, au 11 rue de Tanger, dans le 19e arrondissement. Après un retour dans la région, Carlos et Marie se séparent en 1928. À partir de cette date, la vie de Carlos devient très instable. Il finit par s’installer définitivement à Paris en 1936, rue de l’Hôtel Colbert dans le quartier de la Sorbonne, avec sa nouvelle compagne Adolphine Canone. Il décède le 9 février 1961 à Paris et est inhumé au cimetière de Thiais, dans le Val-de-Marne. La famille Douterlungne a posé les bases d’un club qui, des décennies plus tard, continue de faire vibrer des milliers de supporters. Son héritage, profondément enraciné dans l’histoire du RC Lens, rappelle l’importance de se souvenir de ceux qui ont façonné notre présent. Sources :

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René Gouillard, Un Regard sur l’Histoire

René Gouillard, reconnaissable entre tous grâce à ses fameuses lunettes, a marqué l’histoire du RC Lens par sa fidélité et sa polyvalence. Propulsé dans le monde professionnel par un heureux hasard, il a su saisir sa chance lorsque la plupart des joueurs lensois sont partis à la guerre. Remplaçant admirablement l’expérimenté Raymond François, il s’est distingué comme un joueur exemplaire et un homme dévoué à son équipe. Né le 22 octobre 1921 à Avion, dans la cité du Mont Gré, René Marcel Jules Eugène Gouillard grandit dans une famille modeste. Son père, Marcel Émile Énée Henri Gouillard, travaille au chemin de fer, tandis que sa mère, Léontine Marie Richard, est couturière. Très rapidement, la petite famille déménage à Lille. C’est là que René commence sa carrière footballistique, au club de l’Iris Club Lambersart, où il joue jusqu’à seize ans en tant que centre-avant. Les Premières Années Avec l’arrivée du professionnalisme, l’Iris Club Lambersart, disposant de moyens limités, s’oriente vers la formation. Les résultats ne se font pas attendre, et le club joue les premiers rôles dans chaque catégorie de jeunes. L’équipe des minimes devient championne du Nord et remporte la coupe du Nord. Parmi ces jeunes évoluant sous les ordres de Gaston Dubreucq, on retrouve notamment Albert Dubreucq, Jean Baratte et bien entendu René Gouillard. Ce dernier retrouvera d’ailleurs son ancien partenaire Jean Baratte quelques années plus tard lors de la finale de la coupe de France de 1948. Un concours de circonstance En 1939, le père de René Gouillard est nommé sous-chef de gare à Lens, un événement déterminant qui lance sa carrière. Durant l’intersaison 1939, les dirigeants lensois, satisfaits des derniers résultats, décident d’améliorer l’équipe sans y apporter trop de modifications. Cependant, un changement de coach est opéré : József Eisenhoffer repart pour Marseille tandis que Jack Galbraith fait son grand retour. C’est dans ce contexte que René Gouillard signe au RC Lens en tant qu’amateur. Quelques jours après sa signature, un nouvel événement, tragique celui-ci, vient accélérer sa carrière. Nous sommes en septembre 1939 et l’Allemagne vient d’envahir la Pologne. La France entre en guerre ! Arménak Erévanian, Anton Marek, Jean Mathieu, Georges Beaucourt, Michel Levandowski, Raymond François, Marcel Ourdouillé, Marian Calinski, Siklo, Paul Mouton, Stanis, Louis Dugauguez, Henri Bonnel et Albert François sont tous appelés par leurs régiments respectifs. Le club n’a alors pas d’autre choix que de faire confiance aux jeunes pour essayer de monter une équipe. Trop jeune pour partir à la guerre, René Gouillard saisit sa chance et profite des absences de nombreux joueurs appelés sous les drapeaux pour s’imposer au sein de l’équipe. La polyvalence René Gouillard fait ses débuts au RC Lens en reculant d’un cran, dans la position du demi-centre. Il finit même par devenir arrière droit/gauche, puis occuper le centre. Il ne lui reste plus qu’à jouer au poste de gardien de but. C’est chose faite en 1944, dans le championnat fédéral avec l’équipe de Lens-Artois contre la Lorraine, suite à la blessure du gardien Charles Créteur en fin de première mi-temps. Le journaliste Lucien Gamblin le décrit ainsi : « Rapide, décidé (malgré ses lunettes), René Gouillard frappe la balle, comme tous ses coéquipiers, avec puissance et sûreté. Il anticipe fort bien l’action ou le geste de l’adversaire. Il joue sobrement, directement et sans rechercher l’exploit. Ce qu’il veut, c’est que son équipe remporte la victoire, et il faut lui reconnaître qu’il s’emploie à fond pour cela. Encadré comme il l’est, sérieux, ambitieux, Gouillard doit s’élever au plan supérieur des footballeurs de notre pays, et ce demi-centre de vingt-deux ans a beaucoup de chances de s’imposer. » Lucien Gamblin Après le RC Lens Marié à Lens le 27 septembre 1941 avec Marcelle Andrea Mismacque, René Gouillard a tout connu avec le RC Lens. Vainqueur du championnat de la zone interdite, il remporte également le championnat avec l’équipe fédérale Lens-Artois. Relégué en deuxième division en 1947, il atteint malgré tout la finale de la coupe de France en 1948. Après son départ en 1950, il ne reste que Marceau Stricanne, son ancien coéquipier de l’équipe fédérale Lens-Artois, comme joueur portant des lunettes dans l’élite du football français. Il sera très vite rejoint par le Hollandais Joop Stoffelen, un ancien de l’Ajax d’Amsterdam qui débarque au RC Paris. Recruté par Amiens lors de l’intersaison 1950, alors qu’il allait avoir vingt-neuf ans, René Gouillard participe à la préparation et aux matchs d’avant-saison de l’équipe professionnelle. Le 27 août 1950, il dispute le premier match du championnat de deuxième division, perdu contre Rouen. Ce jour-là, il retrouve le poste de ses débuts, centre-avant. Ce sera son premier et dernier match avec Amiens, puisqu’il quitte aussitôt le club pour une raison inconnue et rejoint le club de l’ASSB Oignies. La carrière de René Gouillard est marquée par la fidélité et la polyvalence. De ses débuts à Lambersart jusqu’à ses années glorieuses au RC Lens, Gouillard a toujours fait preuve d’un engagement exemplaire. Il est décédé le 22 février 1972 à Liévin. Sources :

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Hédoire aux mains d’argent

Le 14 juin 1979, le RC Lens vit sa nuit la plus longue lors d’un match de barrage contre le Paris FC. C’est ce soir-là devant 33 896 supporters que Francis Hédoire, portier du RC Lens, va choisir pour rentrer dans la légende. Il permet ainsi aux Lensois d’accéder une nouvelle fois à l’élite du football français. Dix mois auparavant, le club, qui flirtait avec l’Europe, se retrouve à la 18e place du classement, synonyme de relégation. Accompagné par Troyes et Rouen, le Racing se prépare à affronter le rugueux championnat de deuxième division. Malgré son statut de favori du groupe B, aux côtés de Rennes et Rouen, la remontée s’annonce difficile en raison des départs marquants de Didier Six à Marseille, de Farès Bousdira à Nice, de Jean-Marie Élie à Saint-Étienne et de Jean-Pierre Tempet à Nantes puis à Laval. Un autre changement majeur s’opère : Arnold Sowinski, entraîneur du RC lens depuis neuf saisons, se met en retrait, cédant ainsi sa place à un autre ancien du club, Roger Lemerre. L’ancien mentor du Red Star devient le seul maître à bord. Ex-défenseur du Racing et artisan de la remontée de 1973, il dispose d’un atout précieux : il connaît bien la maison Sang et Or. Après un départ timide, les Lensois voient la surprenante équipe de Brest leur passer devant au classement. Peu à peu, ils découvrent le jeu heurté et engagé qui symbolise ce championnat. À mi-parcours, les Lensois se retrouvent à cinq points des Brestois. Mais la machine lensoise semble enrayée et ne parvient pas à combler son retard. En février 1979, après vingt-deux journées, les Brestois disposent de dix points d’avance. Roger Lemerre est menacé, il faut faire vite. Le déclic se produit grâce à la coupe de France. Et c’est le club de Laval, pensionnaire de première division – où l’on retrouve un certain Jean-Pierre Tempet –, qui va en faire les frais. Le 10 février 1979, au stade Grimonprez-Jooris, par l’intermédiaire de Joachim Marx, Yannick Bourloton et Robert Sab, Lens se qualifie pour les seizièmes de finale et espère lancer sa saison. « Je suis d’abord, et je tiens à le dire malgré les apparences, profondément heureux pour les joueurs. Je pense en plus que cette victoire va les relancer en championnat. Mais je ne sais pas si je serai là pour voir cela. » Roger Lemerre Malgré une fin de saison plutôt bonne, les Lensois ne parviennent pas à rattraper les Brestois, mais accrochent la deuxième place du groupe B. Le Racing se lance alors dans la bataille des barrages. Premier obstacle en vue, l’Olympique Avignonnais, deuxième du groupe A. Au parc des sports d’Avignon, les hommes de Roger Lemerre livrent une contre-performance totale, plaçant le RC Lens dans une position très délicate (défaite 2-0). Cependant, lors du match retour, les Sang et Or renversent la situation devant 15 000 spectateurs. Robert Llorens (1-0, 15e) et Robert Sab (2-0, 79e) permettent à Lens d’égaliser et d’arracher la prolongation. C’est alors que Joachim Marx s’offre un doublé synonyme de qualification (victoire 4-1, 113e). En première division, le Paris FC termine à une bien triste 19e place. Battu à la différence de buts par Valenciennes, le Paris FC est relégué directement à l’étage inférieur. Cependant, le FC Gueugnon, vainqueur du groupe A de la deuxième division, refuse le statut professionnel. Le club Parisien est ainsi repêché pour disputer les barrages et se voit offrir une dernière chance de sauver sa place. C’est ainsi que le RC Lens s’apprête à disputer une double confrontation face au Paris FC. À la clé, un ticket d’entrée dans l’élite du football Français. Grâce à son entre-jeu composé de Georges Eo, Jean-Noël Huck, Bernard Lech (ex-Lensois) et Bernard Guignedoux, le Paris FC pratique un football de qualité qui lui vaut le respect des puristes. Cependant, son attaque se révèle inefficace. Jean-François Beltramini, meilleur buteur Parisien, est trop souvent isolé. Une autre difficulté pour le Paris FC est la désertion de son public. Comme annoncée, la double confrontation donne lieu à deux rencontres très serrées. Au Parc des Princes, le match aller se déroule devant 4 000 spectateurs, dont 3 000 Lensois. Personne ne trouve le chemin des filets (0-0). Le même scénario se présente au match retour à Bollaert, où les 33 896 spectateurs doivent patienter jusqu’au bout de la nuit pour connaître le vainqueur. C’est le moment de la séance des tirs au but. Tout Bollaert retient son souffle. Sur la première frappe du Parisien Guignedoux, le portier lensois Francis Hédoire part du bon côté. Lorsque Beltramini s’avance à son tour, Hédoire anticipe et réitère sa performance. « J’étais sûr qu’il tenterait de m’entraîner de l’autre côté. Je ne me suis pas laissé piéger. » Francis Hédoire À ce moment-là, rien n’est encore joué, mais la pression devient trop forte pour les Parisiens. Le pauvre Humberto Rafael Bravo manque le cadre. Le RC Lens, lui, ne tremble pas. Michel Joly conclue magnifiquement cette séance des tirs au but et renvoie le Racing dans l’élite du football français. « J’ai effectué les bons choix en plongeant chaque fois du bon côté. À droite, puis sur la gauche, et j’ai remporté mes deux premiers duels. À partir de là, les choses ont commencé à se compliquer singulièrement pour nos adversaires. Le troisième penalty leur fut fatal. » Francis Hédoire Commentaires Audio de Jean Crinon (document RTF) Ce match contre le Paris FC restera gravé dans les mémoires des supporters lensois comme une nuit de gloire et de tension extrême. Grâce à la détermination des joueurs et à la performance héroïque de Francis Hédoire, le RC Lens retrouve sa place en première division, marquant le début d’une nouvelle ère sous la direction d’Arnold Sowinski qui fait son grand retour. Roger Lemerre quant à lui fait ses valises et part vers de nouvelles destinées avec le sentiment du devoir accompli. Sources :

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Un Harris peut en cacher un autre

L’été 1934 marque un tournant pour le Racing Club de Lens qui entame sa première saison en tant que club professionnel dans le championnat de deuxième division. Soutenus financièrement par la Compagnie des mines de Lens, les dirigeants lensois confient les rênes de l’équipe fanion à un certain Jack Harris. Le RC Lens se livre en 1934 à un jeu nouveau pour lui, celui du recrutement de joueurs pro. Ainsi, des noms tels que Camille Salas, Gildo Rizzo, Albert Hus, Janos Walter, et bien d’autres encore font leur apparition cette année-là. Une autre tâche cruciale pour les dirigeants Lensois est de trouver un entraîneur pour guider tout ce petit monde. Plusieurs offres arrivent rapidement sur le bureau des dirigeants. Écartant la candidature de George Kimpton, un Britannique relativement méconnu, fervent adepte de la tactique du WM, et qui connaîtra le succès au RC Paris, les dirigeants préfèrent opter pour un profil plus local. Ils se tournent vers un autre Britannique, Jack Harris, qui connaît bien le football régional pour avoir évolué au Stade béthunois, aujourd’hui entraîné par un certain Jean-Guy Wallemme. Jack Harris n’aura malheureusement guère l’occasion d’exercer longtemps ses talents. Après seulement cinq séances d’entraînement, les dirigeants lensois décident de le remplacer par le Belge Robert De Veen, ancien entraîneur de L’Olympique lillois. Cette décision laisse entendre que ce coach, qui n’a connu qu’une seule expérience en tant qu’entraîneur-joueur au Stade béthunois, n’a pas su convaincre. Qui était-il ? Dès les premières recherches, un problème apparaît immédiatement. Selon plusieurs sources, ce Jack Harris serait Écossais. Né le 5 novembre 1891 à Glasgow, il aurait évolué dans des clubs prestigieux comme Burnley, Bristol, Leeds et Fulham, avant de rejoindre le Stade béthunois. Pourtant, le Jack Harris que l’on retrouve à Béthune est bel et bien un joueur anglais, et non écossais. Il semblerait qu’il ait été injustement confondu avec un homonyme. Partons donc à sa recherche pour lever le voile sur sa véritable identité. Le véritable Jack Harris Né le 11 novembre 1894 à Liverpool, dans le quartier de Kirkdale, Jack Harris est le fils de John Edward Harris et d’Elizabeth Johnson. À l’âge de 10 ans, il fait ses premiers pas sur un terrain de football avec son école, et dès 13 ans, il est sélectionné à plusieurs reprises pour représenter sa ville. En 1914, à seulement 20 ans, il rejoint les rangs de la 55e division de l’armée britannique pour combattre les Allemands en France. Il fait la rencontre, pendant le conflit, de Maria Félicie Saniez, une Française, qu’il épouse le 3 décembre 1917 à Bayenghem-lès-Éperlecques. Le 9 avril 1918, il est blessé à Festubert, à quelques kilomètres de Béthune, mais retourne dans son régiment d’infanterie dès le mois de juin. Il est fait prisonnier à Violaines trois mois avant l’armistice. Libéré à la fin de la guerre, il retourne en Angleterre, avec son épouse. Après la guerre, Jack joue pour différents clubs anglais, notamment Bury South Liverpool, New Brighton et Luton Town, au poste de demi-centre. En 1921, pour remédier au mal du pays de Mme Harris, le couple revient en France et s’installe dans la petite ville de Beuvry. Jack signe alors au Stade béthunois. Par un heureux hasard, il devient également gardien du cimetière anglais de Festubert, dans le secteur même où il avait été blessé pendant la guerre, protégeant ainsi les tombes de ses camarades tombés au combat. À cette époque, la colonie de joueurs anglais dans les championnats régionaux n’est plus très appréciée, car au-delà de leur supériorité technique, leur présence remet en cause l’esprit d’amateurisme des compétitions. Malgré une première année difficile, Jack parvient à s’imposer et devient un membre important de son équipe. Après dix longues années de fidélité au Stade béthunois, il raccroche les crampons. Il ne sait pas encore qu’il finira à Lens, le club qui monte. Well, j’ai premièrement signé pour le Stade béthunois en 1921 et il est maintenant 1931. Je dis encore : vive le Stade et vive la Ligue du Nord. Jack Harris La relève Jack Harris et Maria Saniez ont eu quatre enfants : Jack a rapidement discerné chez son seul fils, le jeune Gustave, un talent naturel pour le football, et il l’a accompagné dans sa formation. Son nouvel objectif est de voir son rejeton lui succéder dans l’équipe première de Béthune. Grâce à une formation exigeante, il a brillamment réussi son pari, puisque Gustave a intégré le onze du Stade béthunois, pour même en devenir le capitaine. Il a remporté les titres de champion de France amateur en 1937/1938 et en 1948/1949, ainsi que celui de champion du Nord de division d’honneur en 1946/1947, inscrivant ainsi l’une des plus belles pages du palmarès béthunois. Jack Harris, éphémère entraîneur du RC Lens, a incarné l’esprit du football amateur, mêlant passion et dévouement. Son engagement sur le terrain et en dehors a ouvert la voie à une nouvelle génération, symbolisée par son fils Gustave, pérennisant ainsi un héritage familial et sportif qui a marqué l’histoire du Stade béthunois. Sources :

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Constant Lallaine, un pionnier oublié

Au cœur de l’histoire du football lensois se cachent des figures oubliées, pionniers dont les exploits ont été emportés par le flot du temps. Dans les années 1920, à une époque où le football commence à s’organiser et où les stades se transforment en lieux de passion, Constant Lallaine est l’un des joueurs qui font grandir le RC Lens. Enquête sur son parcours. Généalogie Le début de notre enquête commence dans les registres d’état civil. Ces registres révèlent rapidement l’existence d’un certain Constant Lallaine, né le 27 février 1902 à Villers-au-Bois, un village à environ vingt kilomètres de Lens. Sur cet acte, on y apprend également l’identité de ses parents, Henri Lallaine, tailleur de grès (probablement dans les carrières de Verdrel non loin de Villers-au-Bois), et Louisa Béatrix Joseph Lambert. Constant Lallaine perd son père très jeune, à l’âge de cinq ans, le 6 avril 1907. Mais heureusement pour lui, il est très bien entouré. Il grandit aux côtés de ses deux frères, Jean (né en 1899) et Henri (1905), ainsi que de ses deux sœurs, Germaine (1895) et Jeanne (1896). De plus, il a également deux demi-sœurs, Adrienne (1909) et Julienne (1914). Notre enquête nous conduit ensuite aux Archives du monde du travail où se trouve le dossier de mineur de son frère aîné, Jean Lallaine, domicilié à Liévin dans la Cité hollandaise. Jean est enrôlé à dix-neuf ans, le 15 avril 1918, dans le 8e régiment de zouaves puis le 106e régiment d’infanterie. Né en 1899, il est le seul de la fratrie à avoir combattu lors de la Première Guerre mondiale, à la fin du conflit. Un petit bon avant dans les registres nous emmène le 24 avril 1926 sur le parvis de la mairie de Lens, où Constant Lallaine épouse une Lensoise, Marthe Noëlle Marie Parsy. Il exerce à ce moment-là le métier de monteur en fer et réside à Hersin-Coupigny. Il est également intéressant de noter que ses beaux-parents, Oscar Parsy et Marie Thérage, sont propriétaires d’un café. Leur union a été célébrée par le maire de Lens en personne, Émile Basly. Après leur mariage, Constant et Marthe accueillent trois enfants, Marthe en 1926, Constant en 1929 et Paulette en 1937. Et le foot dans tout ça ? Lors de la saison 1925-1926, le Racing Club de Lens se renforce avec les arrivées d’Irénée Leroy et du Néerlandais Van Hoeve (dont le prénom s’est perdu). En terminant premier de la poule d’accession juste devant Montdidier, le Racing remporte son premier titre, champion de Promotion du district Artois. Le Racing Club de Lens accède donc pour la première fois à la Division Honneur. En fin de saison, le 20 juin 1926, une grande réunion entre dirigeants et joueurs célèbre ce succès. À cette occasion est joué un match opposant les joueurs mariés et célibataires. C’est la première fois que Constant Lallaine fait son apparition, au sein de l’équipe des mariés. Il intègre deux ans plus tard, lors de la saison 1928-1929, l’équipe première qui finit champion de Promotion. En 1932, le football français va connaître un grand bouleversement, avec la reconnaissance du professionnalisme par le conseil national de la FFFA. Ce nouveau championnat suit le règlement du championnat anglais, soit 20 clubs autorisés avec des matchs en aller-retour. Après deux années de tâtonnements, une seconde division apparaît en 1934. Cette fois-ci, le RC Lens prend le bon wagon et intègre ce championnat de D2. Le RC Lens devient donc officiellement un club professionnel. Après six saisons pleines avec le RC Lens, de 1928 à 1934, Constant Lallaine ne passe malheureusement pas le cap du professionnalisme et n’a pas la chance de jouer dans la toute nouvelle enceinte, le stade Félix-Bollaert, livré pour le début de la saison 1934. Le club se renforce à tous les postes afin de se donner une chance de briller dans cette nouvelle compétition. Les premiers joueurs professionnels font leur entrée, avec l’arrivée de Guildo Rizzo, Camille Salas, Jenos Walter, Tony Marek et autres, venant ainsi remplacer Constant Lallaine et nombre de ses coéquipiers amateurs. Constant Lallaine, décédé le 3 janvier 1981 à l’âge de 78 ans à Arras, fait partie des nombreuses figures oubliées du RC Lens. Son histoire témoigne de l’importance de ces pionniers, souvent négligés, mais pourtant indispensables à l’histoire d’un club. Le Racing Club de Lens lui doit beaucoup, tout comme à d’autres joueurs qui ont œuvré pour façonner ce qu’il est aujourd’hui. Sources :

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Anton Marek, l’homme au bandeau

Découvrez l’histoire d’Anton Marek, dit Tony Marek, aussi connu sous le surnom de « l’homme au bandeau », dont le nom est aujourd’hui associé à une tribune emblématique du stade Bollaert-Delelis. Pendant près de deux décennies, le défenseur autrichien a gravé sa légende dans la cité minière, avec ses qualités d’athlète hors du commun. Né le 9 février 1914 dans les faubourgs de Vienne, Anton Marek commence son parcours footballistique en rejoignant le club de Nord Wien à l’âge de 17 ans. À peine deux ans plus tard, il franchit le pas du professionnalisme en signant pour le Wacker de Vienne, où il a l’opportunité de côtoyer des joueurs de talents comme Karl Zisckek, Franz Hanreiter ou encore Anton Windner. Mais prononcez son nom en Autriche, et vous n’aurez aucune réaction : il y est aujourd’hui inconnu, faute d’y avoir fait sa carrière. À seulement 20 ans, ce défenseur gauche talentueux quitte ses parents, Thomas Marek et Maria Nowotny, pour rallier la France et sa capitale. Il a été recruté par le Stade français, qui évolue en deuxième division. Il ne quittera plus jamais le championnat français, que ce soit en tant que joueur ou entraîneur. Cependant, cela commence difficilement. Quelques mois après l’arrivée de l’Autrichien, le Stade français est contraint de se retirer de la compétition en raison de difficultés financières, le 5 décembre 1934. C’est ainsi que Marek se retrouve sur la liste des transfert avec d’autres joueurs, dont ses compatriotes Walter Presch et Josef Hanke. Le RC Lens saisit l’opportunité et acquiert Anton Marek pour la modique somme de 8 300 francs. Un jour de décembre 1934, le pauvre Anton Marek débarque sur les quais de la gare de Lens vêtu d’un maigre pardessus et d’une valise contenant son peu d’effets personnels. Ce jeune homme, qui avait espéré trouver une vie meilleure en France comme tant d’autres Viennois, se retrouve alors presque sans ressources dans une ville qu’il ne connaît pas, toute consacrée à l’industrie du charbon. Quel avenir ? En huit années marquées par sa volonté et sa persévérance, ce grand et solide athlète de 80 kilos, au tempérament bien trempé, gravit les échelons pour devenir le capitaine respecté et l’entraîneur écouté d’une des équipes française les plus performantes de son époque. De plus, grâce à une très belle histoire d’amour, il va devenir aussi l’un des plus notables commerçants de la ville. Après deux saisons et demie au club, Anton Marek devient champion de France de deuxième division, ce qui permet au RC Lens d’accéder pour la première fois de son histoire à l’élite du football français. Quelques semaines après une saison exceptionnelle sur le plan sportif, il célèbre le 16 mai 1938, son mariage avec Nelly Vanbeselaere, la fille d’Arthur Vanbeselaere, membre éminent de la société Les Amis du Racing et propriétaire d’un café-tabac de la place de la Gare à Lens. La même année, alors que l’Autriche perd son indépendance, rattachée au Reich allemand par l’Anschluss, il est naturalisé français. Il effectue son service militaire au 3e régiment du génie à Arras. Anton Marek fait le bonheur du RC Lens jusqu’en 1939, date à laquelle il est mobilisé pour la Seconde Guerre mondiale. Il se retrouve séparé de sa famille par l’invasion allemande. En attendant de pouvoir retrouver son foyer, il rejoint l’équipe de Toulouse en zone libre pour la saison 1940/1941, avec laquelle il atteint la finale de la coupe de France contre Bordeaux (défaite 3-1). De retour à Lens en 1941, Anton Marek participe au championnat de la zone interdite. L’année suivante, il prend la relève de Georges Beaucourt en tant qu’entraîneur-joueur et conduit son équipe au titre de champion de France de la zone Nord. Il devient également champion de France avec l’équipe fédérale de Lens-Artois en 1944. Tout lui réussit puisqu’il connaît sa première sélection en équipe nationale, le 30 septembre 1944, lors du match opposant la France libérée à la Grande-Bretagne (défaite 5-0). Direction la côte d’Azur Après une relégation en deuxième division avec Lens en 1947, Anton Marek pose ses valises avec sa femme et son jeune fils Michel dans la ville de Nice. Toujours comme entraîneur-joueur, il mène l’équipe azuréenne en division nationale et assure son maintien à une bonne position, avant d’être remercié et remplacé par Émile Veinante. C’est là que s’arrête sa carrière de joueur. Par la suite, il dirige l’équipe de Cannes pendant deux saisons, puis celle de Draguignan pour la saison 1952/1953. Le retour aux sources Anton Marek fait son retour en 1953 au Racing Club de Lens, qui a renoué avec la D1 quatre ans auparavant. Le club est en plein essor sur le plan sportif, et « Tony » Marek bâtit une formation qui, contre toute attente, devient la place forte du football nordiste au lieu du redoutable LOSC. En 1956, il est tout proche de remporter le premier titre de champion de France du club, terminant à la deuxième place, à seulement un petit point derrière un rival qu’il connaît bien, Nice. Son contrat arrive à expiration. Marek, dans ces années où le statut des joueurs et entraîneurs est particulièrement précaire, réclame entre autres conditions un nouveau contrat portant sur cinq ans. Cependant, le comité du club rejette ses demandes. C’est donc l’entraîneur d’Angers, Karel Michlowsky, qui le remplace la saison suivante. Anton Marek prend ensuite les rênes de Monaco pour une saison et demie jusqu’en 1957, avant de se retirer du monde du football. Il décède six ans plus tard, le 6 février 1963, quelques jours avant ses 49 ans. Mais il n’est pas oublié. En 1997, à l’occasion des rénovations du stade Félix-Bollaert pour la Coupe du monde, le RC Lens rebaptise Marek la section inférieure de la tribune latérale populaire, érigée en 1974 et surnommée Seconde. C’est dans cette tribune que réside le kop lensois. Sa position latérale, contrairement aux autres enceintes où les kops sont généralement situés derrière les buts, en fait l’une des caractéristiques les plus distinctives de Bollaert-Delelis. Tony Marek, ce n’est pas l’arrière aux envolées spectaculaires, aux arrêts

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L’histoire d’un blason

Au-delà d’une simple représentation graphique, un blason incarne l’âme et l’essence même d’une équipe, capturant ainsi des décennies d’héritage. Vous êtes-vous déjà demandé ce qui se cachait derrière le blason du Racing Club de Lens ? Des racines profondément ancrées dans l’histoire aux éléments symboliques qui le composent, découvrons ensemble les secrets qui font de ce blason un véritable symbole de fierté et d’identité pour tous les supporters Sang et Or. En 1908, le premier monogramme « RCL » (Racing Club Lensois) fait son apparition. En 1918, après la Grande Guerre, le RC Lensois entreprend sa reconstruction. Ce sont d’abord les Américains qui vont réintroduire le ballon rond dans le bassin minier. Le directeur du foyer du comité de secours américain, M. Laroche, organise des activités pour les jeunes et aménage un terrain au milieu des ruines de la fosse 2. C’est ainsi qu’un second monogramme « USFFA » apparaît. Le Racing Club Lensois devient l’Union Sportive du Foyer Franco-Américain. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le club arbore cette fois-ci les armoiries de l’Artois. C’est Robert de France, également connu sous le nom de Robert Ier d’Artois, fils du roi Louis VIII, qui donna ses armoiries personnelles à l’Artois, au XIIIe siècle. Celles-ci s’inscrivent dans la tradition héraldique capétienne. Ces armoiries se décrivent ainsi : « D’azur semé de fleurs de lys d’or, au lambel de gueules à trois pendants chargé chacun de trois châteaux d’or. » En 1955, un certain Maurice Denis crée le véritable premier blason du club. Au cœur de ce blason, une lampe de mineur rend hommage aux travailleurs des mines de la région, soulignant ainsi le lien historique du club avec la Compagnie des Mines. Né le 2 décembre 1926 à Liévin, Maurice Denis était un dessinateur maquettiste. Il a occupé plusieurs rôles clés au sein du RC Lens. Il a œuvré au club en tant que speaker, photographe et rédacteur en chef du magazine Sang et Or. Passionné par l’histoire du Racing, il était considéré comme une référence incontournable. Il s’est éteint le 26 février 2013 à Beuvry, laissant derrière lui un héritage précieux. En 1968, un blason qui préfigure celui d’aujourd’hui fait son apparition. Ce nouvel emblème s’habille des couleurs Sang et Or, désormais dominantes. Il conserve également la représentation de la lampe de mineur, perpétuant ainsi les racines historiques du club. En 1979, une modification majeure est apportée au blason pour y intégrer les armoiries de la ville de Lens, qui a pris la relève de la Compagnie des Mines dans la gestion du club en 1969. Ce nouveau design, orné d’une lampe de mineur et d’un château entouré de deux fleurs de lys, se rapproche très fortement du blason actuel. D’abord présenté en noir puis en rouge, il adopte finalement les couleurs Sang et Or en 1994. « Le blason de la ville de Lens est de couleur azur. À l’intérieur, un château de couleur or est formé d’une grosse tour crénelée et ajourée flanquée de deux plus petites. Deux fleurs de lys couleur or sont accolées au château. Le blason est timbré par une couronne murale couleur or à quatre tours crénelées soutenue par deux palmes d’or entourant le blason et croisées en pointe. » Ce blason, désormais arboré sur celui du RC Lens, a été conçu par Robert Louis, un dessinateur symboliste des services officiels, également conseiller technique de la Société française d’héraldique et de sigillographie, originaire de Douai. Il est également connu pour avoir créé plusieurs blasons pour des communes et départements français. Cette version spécifique du blason a été adoptée par décision du conseil municipal le 5 novembre 1951. Une observation plus minutieuse révèle même que Robert Louis a réussi à inclure discrètement son nom et son prénom dans le blason lui-même. Bien que la forme générale du blason n’ait pas été altérée depuis 1979, des ajustements ont été apportés au fil du temps. En 2001, l’année de fondation du club a été ajoutée, et en 2014, une modernisation a été entreprise. Cela incluait l’adoption d’une nouvelle police de caractère pour les initiales du club, la présence exclusive de l’année de création du club, ainsi qu’une mise à jour des couleurs et des contours pour une esthétique plus contemporaine. La dernière modification apportée au blason est la suppression de la mention « Depuis 1906 » pour n’y laisser que l’année de fondation du club. Chaque étape de l’évolution du blason du Racing Club de Lens a été marquée par des symboles et des évènements significatifs pour le club. Ainsi, bien plus qu’une simple représentation graphique, ce blason incarne l’identité et la fierté de toute une communauté de supporters, reflétant l’histoire riche et la passion profonde qui animent le Racing Club de Lens. Sources :

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Finale de coupe de France 1948

Le 10 mai 1948, une atmosphère électrique imprègne le stade Yves-du-Manoir de Colombes où le Racing Club de Lens se prépare à livrer un combat épique contre son voisin lillois, dans une finale historique de Coupe de France. Comme en 1933, avec les clubs de l’Excelsior et du RC Roubaix, la finale de cette 31e édition offre une affiche 100% nordiste. Malgré les apparences d’un duel déséquilibré marqué par la récente relégation en D2 subie par le RC Lens, l’équipe se prépare à défier les pronostics avec courage et détermination. Remontons ensemble le temps pour revivre ce moment clé de la vie du club. Le parcours Dès le 5e tour, nos Lensois affrontent le club de Bruay, alors pensionnaire de DH, et font trembler les filets lors d’une victoire éclatante 8 à 2. Le tour suivant, les Lensois affrontent le grand Saint-Étienne. Mais contre toute attente, les joueurs créent la surprise en s’imposant 3 à 0 après une prolongation palpitante. Face à Bayeux, évoluant alors en promotion, le Racing confirme sa supériorité en remportant une victoire convaincante sur le score de 2 à 0 lors du tour suivant. En 1/8e de finale, le RC Lens tombe encore sur un club de D1, Rennes. Mais une fois de plus, il prouve sa force en s’imposant 3 à 2. En 1/4 de finale, le RC Lens affronte le Stade Français. Dans un match serré, les joueurs ont finalement le dernier mot avec une victoire 2 à 1, confirmant ainsi leur place parmi les meilleurs de la compétition et vengeant au passage leurs amis béthunois, éliminés par cette même équipe au tour précédent. La demi-finale se joue contre Colmar, une équipe du même calibre évoluant dans le même championnat. Défaits 5 à 1 lors de la 3e journée du championnat, un sentiment de revanche anime les Lensois, qui s’imposent à leur tour sur le même score de 5 à 1. C’est historique, le RC Lens vient d’atteindre la finale de la Coupe de France pour la première fois de son histoire. Pour l’entraîneur lensois, Nicolas Hibst, cette finale revêt une importance particulière. Ayant déjà goûté à cette émotion en 1938 en tant que capitaine du FC Metz, il espère cette fois que l’issue sera différente. Depuis l’avènement du professionnalisme en 1932, la Coupe de France est devenue l’apanage des clubs de l’élite. Depuis cette date, un seul club amateur, le RC Roubaix, a pu parvenir en finale en 1933. En 1936, une modeste équipe de deuxième division, le FC Charleville, connut également les honneurs de la finale. C’est aujourd’hui au tour du RC Lens d’inscrire son nom au tableau et de jouer contre son très expérimenté voisin lillois, l’autre finaliste tenant du titre et habitué aux honneurs de Colombes. Suite à la qualification en finale, André Varasson, président adjoint du RC Lens déclare : « Gagner la Coupe, c’est cette idée qui nous a hypnotisés pendant toute la saison. Pourtant le plus difficile reste à faire devant l’épouvantail lillois. Nous savons très bien que l’opinion publique nous donnera battus au départ. Nous montrerons que notre jeu est de qualité, avec nos joueurs qui sont tous des gars simples et courageux. Des gars qui travaillent à la mine comme employés de surface et n’ont pas la mentalité de certains pros. Plusieurs des nôtres ont été à la dure école de la mine, ils sont descendus au fond comme piqueurs, je pense à Mankowski, Stanis, Pachurka, Marresch et Habera qui savent tous ce que sait que de s’accrocher. » Le retour à la réalité Les Lensois ont à peine le temps de fêter leur qualification avant qu’un événement tragique ne les ramène brutalement à la réalité : le lendemain de la demi-finale, le 19 avril 1948, un tragique accident de poussière s’est produit dans l’un des puits d’entrée d’air à la fosse 4 du groupe d’Hénin-Liétard. On dénombre 16 victimes et 40 blessés. Face à cette terrible tragédie, les Sang et Or sont plus déterminés que jamais à honorer la mémoire des victimes et à se surpasser pour cette finale. La finale Dans les jours qui précèdent la finale tant attendue, l’équipe de Lille, d’ordinaire redoutable, essuie une défaite cinglante 8 à 3 contre Saint-Étienne lors d’un match de championnat. Mais ce n’est pas tout : un désaccord éclate entre les joueurs lillois et la direction concernant les primes de match. Les Lillois menacent même de faire grève. Cette atmosphère tendue pourrait jouer en faveur des Sang et Or à l’approche de la finale. Au cours des derniers entraînements, le journaliste de la Voix du Nord, Jean Chantry, raconte que l’entraîneur lensois Nicolas Hibst et l’entraîneur lillois André Cheuva sont venus le solliciter pour récupérer des renseignements ô combien précieux concernant la formation et la tactique de l’équipe adverse. Les Lensois, de leur côté, ont pris la décision de rejoindre Paris plus rapidement que prévu. Nicolas Hibst raconte : « La vie était devenue intenable à Lens, les joueurs ne pouvaient pas faire un pas dehors sans être accostés par des amis dont le nombre croissait au fur et à mesure qu’approchait l’heure de la finale. Le bar de Siklo était envahi de conseillers techniques. » 8 mai 1948 Les Lensois arrivent à Paris en fin de matinée, puis prennent la direction de Saint-Germain où ils passent l’après-midi. Dans la soirée, ils rejoignent la capitale pour y passer la nuit du samedi au dimanche. Le même jour, un détachement précurseur de supporters lensois dirigés par Jules Schumacher vient livrer le chapeau commandé tout spécialement par Siklo en prévision d’un tour d’honneur en cas de victoire. Un chapeau en feutre gris clair entouré d’un ruban sang et or avec, sur le devant, un bouquet de pensées rouges et jaunes. 9 mai 1948 À la veille de la finale, les Lillois Roger Vandooreen et Jean Baratte, malades, sont très incertains pour le match. Bien entendu, leurs adversaires artésiens ne doivent rien savoir. 10 mai 1948 À l’aube de cette journée qui s’annonce historique, l’effervescence est à son comble chez les

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Quand ça veut bien

Personne ne le disait ouvertement, mais Lens n’avait pas le droit à l’erreur lors de ce déplacement à Toulouse. En l’emportant 2 à 0 dans des circonstances parfois contraires, le groupe de Franck Haise s’est donné les moyens de ses ambitions : prétendre, encore et toujours, aux places européennes. La réussite, ça se provoque. L’adage est connu de tous les footballeurs, mais en vérité, pas la méthode pour l’appliquer. Andy Diouf, on l’a vu ces derniers mois, a répété dix fois, cent fois les mêmes efforts, pour des résultats qui n’étaient pas à la hauteur de ses propres attentes sans doute, ni des exigences niveau Ligue des champions de son entraîneur. Et puis hier, énorme prise de risque en tentant une demi-volée de son mauvais pied – le genre de ballon qui part en tribune quasi immanquablement, sauf que celui-là file en lucarne. Le geste est remarquable de maîtrise, avec ce qu’il faut de vitesse, de relâchement et de puissance. Diouf tape exactement là où le gardien ne peut pas aller. Quand ça veut bien, ce Racing Club de Lens est redoutable. Tout n’a pas tourné en faveur des Sang et Or, pourtant. Avec un score différent, et un écho médiatique supérieur, ce Toulouse-Lens aurait pu accoucher d’une polémique interminable sur les accrochages dans la surface de réparation. Wahi, dont la cheville est semble-t-il touchée dans le mouvement alors qu’il cherchait à contourner son garde du corps, ne suscite pas de réaction de l’arbitre. Sierro, qui provoque le contact avec Haïdara, avant de s’effondrer devant un défenseur plus solidement campé sur ses deux pieds, obtient un penalty. Tout cela se passe sous les yeux d’un Franck Haise que la relégation en tribunes doit faire bouillir intérieurement. Ne pas faire de scandale, et aller chercher ces trois points largement accessibles, telle était la bonne attitude pour ses joueurs. En revoyant ce match dans la semaine, ils pourront se pencher sur quelques nouveautés à assimiler. L’association Wahi-Saïd, inédite, a montré qu’un système à deux attaquants de pointe était envisageable, quoique très perfectible. Les vingt premières minutes, où Lens a évolué beaucoup plus bas qu’à son habitude, donnent une idée des qualités et défauts de ce bloc quand il est repoussé dans son camp. La première titularisation de Jhoanner Chávez a permis de jauger son apport, potentiellement très intéressant. Et une question se pose : comment se passeront les réintégrations d’un Salis Abdul Samed systématiquement titulaire jusqu’à la Coupe d’Afrique des Nations, et d’un Nampalis Mendy qui était l’option préférentielle en Ligue des champions ? Quant au spectacle proposé, cette rencontre au Stadium ne restera pas dans les mémoires. Lens n’a pas avancé non plus au classement, toujours huitième. Cette victoire a le même goût que celle de mai dernier sur la même pelouse (0-1) : celle de l’effort récompensé. On pense à Neil El Aynaoui, si généreux dans ses courses, qui ajoute une passe décisive à son compteur. À David Pereira Da Costa, passé par des phases de doute, qui change en un coup de patte un scénario incertain. Après un week-end de relâche, et plus d’un mois sans remporter un match, nos compétiteurs avaient faim. On ne les sent pas rassasiés.

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