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Émile Marquilly, le bâtisseur

Le RC Lens ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans l’engagement de personnages tombés dans l’oubli. Parmi eux, Émile Marquilly, d’abord joueur ayant porté l’emblématique tunique bleu ciel, a ensuite pris place dans le premier comité de direction pour guider le club vers le professionnalisme.

Emile Marquilly
Saison 1920-1921
Photo RC Lens

Né le 28 juillet 1901 à Wingles, au nord de Lens, Émile Marquilly grandit auprès de son père, Émile Louis Joseph Marquilly, instituteur adjoint, et de sa mère, Berthe Estelle Stéphanie Pintiaux, tous deux originaires de Houdain. Trop jeune pour participer à la Grande Guerre, il fait partie de ceux qui, aux côtés d’Albert Bardaille, des frères Leleu et de Marcel Pierron, ont redonné vie au RC Lens après le conflit.

Joueur amateur au Racing de 1919 à 1927, il épouse le 29 octobre 1924 Émilienne Bardaille, la sœur de son coéquipier Albert Bardaille, qui deviendra l’un des premiers joueurs professionnels lensois. Pour Émile, en revanche, la carrière de footballeur s’achève. Mais sa trajectoire prend une toute autre dimension.

L’après-carrière

À la fin des années 1920, Marquilly intègre le comité du RC Lens en tant que simple membre, avant de gravir les échelons pour devenir trésorier, puis secrétaire général. En 1928, il se voit confier la présidence de la commission des jeunes, une fonction dont il tire une grande fierté après avoir révélé des talents comme Ignace Kowalczyk, Raymond François, Édouard Wawrzeniak ou encore Edmond Novicki. En 1931, on le retrouve avenue Raoul-Briquet à Lens, près de chez ses parents, avec sa femme et leur fille Jeanine, née en 1925.

Emile Marquilly
Émile Marquilly
Photo Gallica / BNF

Avec un RC Lens en plein essor au début des années 1930, Émile multiplie les démarches pour atteindre un objectif : former une équipe professionnelle. Il parvient à faire voter par le comité du club, à 14 voix contre 2, l’adhésion du RC Lens au Groupement spécial des clubs professionnels en 1933. Toutefois, en raison d’un manque de moyens financiers, les dirigeants lensois doivent renoncer. La Fédération exige en effet un dossier solide, incluant des garanties financières ainsi que des infrastructures adaptées.

Déterminé à mener son projet à bien, Marquilly ne renonce pas et prend contact avec Victor Roulland, gérant de la Coopérative des mines de Lens, ainsi qu’avec les dirigeants des Houillères. Grâce à la construction d’un stade et au soutien financier de la Société des mines de Lens, le club accède enfin au statut professionnel en 1934. Une étape indispensable pour prétendre jouer au plus haut niveau national.

Désintéressé et entièrement dévoué à la cause du RC Lens, Émile Marquilly s’investit sans compter, parfois au détriment de sa famille et de ses affaires. À 36 ans, alors que beaucoup le voyaient comme un futur grand dirigeant du club, il passe le flambeau du secrétariat général à Victor Roulland pour se consacrer à sa carrière de représentant en matériel de chauffage.

Il continue à œuvrer quelques années comme délégué fédéral, avant de se retirer définitivement du monde du football. Installé à Arras, rue des Quatre-Crosses, il confie un jour que son cœur se gonflait de fierté chaque fois qu’il entendait parler du RC Lens. Après tout, ce club, c’était aussi un peu son œuvre.

Émile Marquilly décède le 17 juillet 1987 à Dainville.

Sources :

  • Plaquette souvenir du cinquantenaire du Racing Club de Lens
  • Archives départementales du Pas-de-Calais
  • Les Sports du Nord – 19 octobre 1931
  • L’Intransigeant – 17 mars 1936
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