De l’espoir, de la joie, de l’inquiétude, de la tristesse, de la colère : les émotions n’ont pas manqué samedi. Tout avait si bien commencé, dans un stade ensoleillé, des supporters décidés à pousser et une équipe soudée pour aller gagner. Mais voilà, même après un début de match flamboyant, le Racing Club de Lens version 2025 n’y arrive pas.

À la fin du match, les sifflets ont retenti. La défaite de trop : première fois depuis la remontée que tout Bollaert a hué les siens. La tribune Marek a chanté « Diego Lopez démission ». Le ras-le-bol s’est finalement manifesté, visant le responsable du recrutement, après un mercato très animé qui a rendu le projet sportif soudain très flou. Il est temps de se ressaisir, voudrait-on dire. Mais en s’appuyant sur quelles certitudes ?
Jouer à domicile contre Le Havre était une parfaite occasion de casser une dynamique négative, repartir de l’avant. Mais avec toujours des absents (Jhoanner Chavez, Rémy Labeau-Lascary, Jérémy Agbonifo, M’Bala Nzola) suspendus ou blessés, la tâche ne s’annonçait pas facile. Rien ne l’est en ce moment pour les Sang et Or. Will Still est contraint de changer de composition toutes les semaines, et a fait un choix inédit, celui d’aligner Florian Sotoca et Wesley Saïd en pointe. Allait-on revoir le RC Lens, maître à domicile, d’autres saisons où ces deux-là ont brillé ?
DÉBUT ENCOURAGEANT
On l’a cru. Le début de match renvoie l’image d’une équipe en confiance. Les assauts s’enchaînent et la défense havraise est acculée. Depuis les tribunes, impossible de deviner que les Sang et Or viennent d’enchaîner trois défaites consécutives, avec un petit but inscrit. L’ouverture du score sur penalty de Neil El-Aynaoui semble logique, première explosion du stade Bollaert-Delelis ! Les supporters semblent libérés, après tant de matchs où marquer un but relevait de la plus grande difficulté. Mission réussie après moins de trois minutes cette fois-ci.

Les Lensois déroulent un jeu alléchant, avec des pistons très actifs, à l’image du deuxième but. Deiver Machado offre une passe délicieuse pour Ruben Aguilar qui finit froidement, 2-0 après 20 minutes de jeu ! La folie pure, les défaites semblent loin, nous retrouvons une équipe au niveau espéré pour jouer aux avant-postes. Eh oui, on s’enflamme vite dans le football, surtout depuis les tribunes. Deux buts et les doutes s’enfuient pour laisser place à la folie. Tous se mettent à rêver d’une victoire large, qui redonnerait le sourire à tout un groupe.
LE dur RETOUR A LA RÉALITÉ
Mais pas d’inquiétude pour les Havrais ! Issa Soumaré nous renvoie à la réalité du moment, celle d’une défense qui, à la lutte pour être la meilleure de L1 en début de saison, est devenue friable, vulnérable. Même si la frappe de l’extérieur de la surface est belle, elle ne semble pas imparable. Relativisons, Lens mène toujours et l’état d’esprit conquérant du début de match n’a pas pu disparaître…
Et pourtant, André Ayew remet les compteurs à zéro cinq minutes plus tard, sur une action révélatrice des maux de cette défense, par moments maladroite, empruntée. Le ballon voyage entre les têtes lensoises ou havraises sans jamais être dégagé, pour finir au fond des filets. Les chants lensois laissent place à l’explosion d’un parcage normand plein et actif. Quelques adolescents havrais restent agrippés aux filets, tels des animaux affamés, pour provoquer une tribune Trannin sonnée et résignée.

On a entendu la joie s’éteindre en cette fin de première période, et les chants en subir les conséquences. Face à ce RC Lens diminué, qui a vu certains de ses meilleurs éléments partir vers d’autres cieux, les émotions de Bollaert fluctuent rapidement, pour parfois laisser place au fatalisme. Ce n’est que la mi-temps. Les surprises, dans ce match, sont loin d’être finies.
On a y cru, encore et toujours. Quel étonnement dès le retour des vestiaires ! Voir Florian Sotoca enfin célébré, une libération individuelle et collective dans un match déjà fou ! Face au plaisir de le voir marquer, les supporters s’amusent. Si Florian Sotoca redevient le buteur qu’il a été, il ne peut plus rien nous arriver, non ?… Ce cher spectateur ne pourra pas se vanter d’être devin. Quinze minutes plus tard, une déviation malheureuse de Malang Sarr se transforme en passe décisive pour Josué Casimir, qui égalise : 3-3.
UN TRISTE DÉNOUEMENT
Impossible de garder l’avantage dans ce match, et la menace d’une défaite de plus semble dans toutes les têtes. Le Racing Club de Lens version 2025 ne déroge pas à sa tradition. Penalty concédé dans le temps additionnel, but. Défaite contre un mal classé, ce qui fait désordre… Le stade est sonné, sauf un parcage en folie, un scénario bien trop récurrent cette saison.
Ce sera compliqué, vu toutes les limites auxquelles se heurte ce groupe, de se déplacer au Vélodrome, de recevoir Rennes puis d’aller au stade Pierre-Mauroy ! Mais parfois, une saison se relance avec des victoires inattendues. Le public lensois, et ce n’était pas l’objectif, n’attend dorénavant plus grand-chose, sinon d’atteindre le total de points qui garantira de poursuivre en Ligue 1 en août. Dans le malheur, il sera là.
