CULTURE SANG & OR

Soufflé maison et recette du succès

Pour faire un bon soufflé, il faut une recette de grand-mère éprouvée. Et surtout les bons ingrédients, simplissimes, un savoir-faire et un sacré instinct, le nez fin. Si au travers la porte-fenêtre du four chauffé à 180 le soufflé te semble prêt à être dégusté, trop vite sorti il deviendra tout raplapla. Comme ce RC Lens, vainqueur mais pas toujours fringant.

Chef 3 étoiles, spécialiste du Chachlik
Photo Icon Sport

Le théorème du soufflé

Ici, à Culture Sang et Or, on n’est pas Etsebets, Etchebetch… Paul Bocuse ! Vous ne nous lisez pas pour une recette qui serait votre madeleine de Proust. Néanmoins si le RC Lens était un plat, il serait assurément un bon vieux soufflé. Le soufflé souvent raté, au demeurant très goûtu, se dégonfle systématiquement lorsqu’il quitte la cuisson pour la température ambiante. Le RC Lens, c’est ce plat qui paraît simple, mais qui se révèle capricieux.

Les Sang et Or montrent un visage, dans un Bollaert-Delelis à chaleur tournante, très séduisant en première période. « Purée, ça joue ! », comme on dit dans les commodités du stade à l’heure de l’intermède. À tel point que pour se faire saliver encore plus on n’hésite pas à se rincer le gosier avec une pression dans l’arrière-buvette des travées de Bollaert dans un gobelet de nouveau jetable merci-la-planète. La deuxième mi-temps arrive dès lors pleine de promesses.

Cette saison, on ne compte plus les premières mi-temps où Lens asphyxie son adversaire dans un mélange Gegenpressing sauce tiki-taka supplément champagne. Tout indique une victoire facile. Ne manque souvent plus que le but, ou les buts. Brest, Nice, Marseille, Lille, Nantes et Montpellier dimanche… Tous ont bien paru blessés, souffrants, rampants. Mais lorsque l’arbitre siffle la pause, la bête n’a pas été tuée, elle pansera ses plaies et le Racing revient, après « Les Corons », complètement fadasse.

Plouf, pschittt et badaboum !

Les espoirs perçus lors du premier acte finissent déçus. L’équipe se dégonfle et Lens déjoue en seconde période. C’est un mal ancien, qui date déjà de la saison dernière, un héritage haisiste, cadeau pour les frères Still, en plus du 3-5-2. Sorti du vestiaire, Lens revient tremblant les jambes en carbonnade et la tête en potjeveleesch.

Alors quoi ? L’équipe a trop donné en première et, fatiguée ou en manque de jus, elle n’a plus les cannes pour finir, ni même les finisseurs pour commencer. Problème physique donc ? Ou c’est mental, complètement râpé. Les joueurs se liquéfient et une petite musique résonne maintenant dans les têtes à l’entracte, diablotin sur l’épaule gauche : vous êtes cuits, votre chance est passée, dorénavant vous allez souffrir… Les équipes qui viennent ainsi dans le bassin minier connaissent maintenant la chanson et savent qu’il suffit de faire le dos rond, pour endormir nos préférés et piquer quand il le faut.

Quid du coaching pour guérir ce mal récurrent ? Attention, les suiveurs et experts ont bien conscience de l’énergie et le talent à mettre en œuvre pour performer sur une longue durée, tout un match, toute une saison. Mais bon sang de boudin rouge, ce RC Lens montre un tel potentiel à domicile qu’il paraît inconcevable de voir cette équipe se la jouer docteur Jekyll et Mister Hyde. Au staff de trouver les solutions pour sortir de ce petit traumatisme à la maison, syndrome moins prégnant loin de nos terres. D’autant qu’il n’y a pas toujours de pluie de balles de tennis comme excuse toute trouvée pour justifier cette léthargie qui gagne les Lensois. Ce petit hic à domicile semble être le poil sur la savonnette, le petit ingrédient en plus pour la recette d’une saison à succès.

Au stade aussi, supporters, ne nous laissons pas tenter par la sieste post-digestive, soufflons sur les braises ardentes et donnons à cette équipe le second souffle qui lui manque tant. Le twist vient peut être des tribunes, car le ratage d’un soufflé vient souvent de celui qui s’empresse de le déguster trop vite… Allez Lens !

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