CULTURE SANG & OR

Oh mon dieu, ils ont tué le football

Bollaert-Delelis est devenu officiellement le théâtre de la désillusion. Comme un épisode de South Park, le football, dans le rôle de Kenny, finit toujours par se faire dézinguer par des interprétations et des décisions loufoques.

Rémy Labeau-Lascary, meilleur buteur refusé du championnat Photo La Voix du Nord

Alerte aux gogoles !

Oui oui, d’accord, Lens n’a pas été assez tueur. Comme d’habitude depuis le début de saison, Pierre Dréossi et Will Still en ont témoigné, cette équipe semble incapable de faire mouche. À l’image du seul but inscrit (officiellement) samedi par Angelo Fulgini, en mode raccroc, dans un cafouillage de poussins. L’écart de niveau d’efficacité est flagrant, notamment face à des Marseillais, assez moyens, qui s’en sortent simplement en transformant leur peu d’occasions.

Oui oui, d’accord, Angelo Fulgini, limite-limite, joue de l’épaule à la 85ème sur le rachitique Bilal Nadir qui, sûrement terrassé par le vent tempétueux du week-end, s’envole bras en avant pour aller brouter notre très chère pelouse. C’est bien connu, les Marseillais sont pourtant réputés pour ne jamais en rajouter. L’arbitre Eric Wattellier est à cinq mètres, et à l’image du reste du match, décide de laisser jouer, pour le plaisir d’un football vrai, en toute cohérence. La suite, c’est une traversée du terrain de quatre-vingt-dix mètres et un but salvateur vingt secondes plus tard de Rémy Labeau-Lascary, sur un contre tout sauf éclair face à une défense olympienne aussi alignée et solide qu’un Curly.

Le stade explose de joie. La seule chose que l’on puisse craindre en vérité, sur le but, c’est une position de hors-jeu d’un ongle de pied, de Air2L, nouveau spécialiste du but injustement refusé. À priori, pas de hors-jeu. À l’unisson, public, staff et joueurs exultent. Oui mais. Les olympiens explosent de rage, eux, et mettent comme à la mi-temps une pression de fadas sur l’homme qui a troqué le noir pour une casaque bleu ciel (comme par hasard). La VAR l’appelle. Au stade, on se demande bien pourquoi, comme d’habitude.

Contre toute attente, contre le spectacle, contre sa propre philosophie de jeu, l’arbitre, les yeux vissés sur sur son écran hypnotique s’en va remonter le temps et revenir à la prétendue faute passée en boucle à la loupe grossissante, comme pour marteler (bon anniversaire Gervais au passage) et l’obliger à prendre cette décision forcée. En faveur de l’OM évidemment, clin d’œil au bon vieux temps du début des années 1990, comme un second hommage dans la rencontre à un ancien président emblématique. Derrière, c’est un coup franc presque pénalty contre des joueurs lensois, Brice Samba en tête de liste, complètement K.O. par cet ascenseur émotionnel à gerber. But, la messe est dite. On passe d’un 2-2 à 3-1. Quel cirque, encore !

Le foot gastro-entérite

Aujourd’hui, il est clairement difficile d’occulter ce qu’appellent communément les acteurs du football pour ne pas se faire rattraper par la patrouille tyrannique, ces « faits de jeu ». Non, ce ne sont pas que des faits de jeu. Ce sont des injustices. Et ici, on touche à l’injustice la plus profonde et sournoise que le XXIème siècle nous a permis de voir. C’est un épisode à la Black Mirror, où la technologie a fini par grignoter notre libre arbitre et réduire un sport complexe et spontané en circuit binaire pourri par les temps morts.

Et non, ça, ce n’est pas du football. C’est une caricature au mieux, qui s’inspire d’un piètre jeu de simulation avec des commentaires aussi claqués que ceux de BeIN Sports. Le pire, dans ce genre de situation, c’est qu’on nous dit que la VAR est implacable. Il y a faute, c’est évident. Cette évidence que l’arbitre, situé initialement à cinq mètres, a décidé de ne pas voir. Combien de situations dans ce match sont similaires à celle sifflée à la toute fin ? Des dizaines, globalement non sifflées. Ont-elles eu un impact sur les actions futures et le résultat ? Assurément, c’est l’effet papillon, comme un vieux corner d’Adrien Thomasson.

L’histoire se répète tel Un jour sans fin, sauf que les marmottes, c’est nous, supportrices et supporters au stade, imbéciles heureuses et heureux ayant payé pour cette farce qui se multiplie tous les week-end. Comme à Monaco ou contre Lille, avec une fin tristement similaire. Mais, comme dirait le directeur général du RC Lens au regard perçant, tel Monsieur Mackey, « stop, à un moment il faut savoir dire stop », m’voyez.

En définitive, il y en a marre du football qui nous sort par tous les trous. Surtout en live, au stade, où le spectacle, le jeu et l’essence même du sport sont massacrés par une vision du sport, de l’arbitrage et des règles abjecte, obtuse et finalement ridicule. Décideurs et instances dictatoriales, vous avez tué notre football. RC Lens, nous t’aimons. Mais comment t’aimer si on finit par haïr le football ?

Vous souhaitez partager l'article ?
Retour en haut