A peine revenu dans l’élite que le Racing porte le costume de prétendant à l’Europe. L’invité surprise est rapidement devenu évidence. Un statut retrouvé et que beaucoup de supporters pensaient perdu à jamais, enfoui qu’il était dans cette petite boite en métal que l’on n’osait plus entrouvrir, au risque de précipiter une rechute psychologique à la simple vue des artefacts de notre glorieux passé. Car oui, les sables mouvants de la décennie noire nous ont semblé éternels. La Ligue 2, c’était le sempiternel déficit structurel, et la nécessité vitale de vendre ses meilleurs éléments le printemps venu. Des bourgeons qui ne survivaient pas au printemps. Et ce désert aride, on ne prend même plus le temps de l’observer dans le rétroviseur, préoccupés que nous sommes par la difficulté d’obtenir des places pour Bollaert.
On n’a que trop hurlé notre désespoir devant tant de gâchis. Pleuré les départs de ces si nombreuses jeunes promesses. Après seulement trois saisons, le board est en train de remettre Lens sur la carte du football français, quasiment là où il se trouvait avant son destin labyrinthique. Et les ambitions de développement, que l’on souhaite éloignées le plus possible des ailerons d’Icare, pourraient ne pas s’arrêter là. Les négociations ne datent pas d’hier, et mèneraient bon train. Le RC Lens ne s’en cache plus : il souhaite devenir propriétaire de son Bollaert-Delelis. Cette acquisition, si elle se concluait, ferait entrer le club artésien dans le cercle restreint des clubs-propriétaires. L’OL, l’AJ Auxerre et l’AC Ajaccio en font déjà partie, alors que le PSG peine à faire infléchir une mairie parisienne dure en affaire. Ce serait une avancée majeure dans le développement du RC Lens. Bollaert est en cœur de ville, et à la différence d’un Groupama Stadium, est ancré dans son territoire, se situant entre la gare TGV et l’annexe du Louvre. Cet investissement permettrait au RC Lens d’optimiser ses revenus, et de s’ouvrir un nouveau champ des possibles. D’intégrer un actif immobilier à valeur stable et absolument tout le temps plein à rabord. Une véritable étape dans la stratégie de développement voulue par la direction générale, qui pourrait s’intégrer dans une dynamique beaucoup plus vaste.
Vers un changement de dimension ?
Car oui, devenir propriétaire de son stade n’est pas une opération anodine. Beaucoup se sont cassés les dents sportivement après avoir touché à leur fabuleux outil. Mais alors que le club vient d’officialiser son partenariat avec le Sardarapat FC, il se dit que l’arrivée d’un actionnaire minoritaire serait fortement conditionnée à ce fameux rachat. Tous les six mois, la rumeur refait surface, mais il semblerait que cette fois le terme approche. Le club n’a jamais été à ce point attractif, et puissant à la fois. Sur le plan sportif, mais également par le prisme de sa communication et des projets sociétaux que sa fondation porte avec brio. L’été dernier, le département billetterie a dû bloquer les abonnements lorsque le total atteignit la barre des 29 000. La liste d’attente en vue d’un abonnement la prochaine saison a déjà allègrement dépassé les 13 000 demandes. On reprend notre souffle devant un tel engouement pour simplement ajouter que la présidence lensoise siège de nouveau dans les grandes instances. Entre de bonnes mains, l’écusson Sang et Or pourrait prochainement épouser la bannière étoilée de l’Europe. Quinze ans après sa chute dans les eaux profondes du football français, l’outsider lensois reprend son envol vers un statut qu’il se prend à rêver sien.