Younès était un beau joueur, au service redoutable et au coup droit dévastateur. Neil est un garçon fidèle, qui allie puissance et finesse technique. L’un parcourait le monde pour taper dans la balle jaune. L’autre s’apprête à découvrir la Ligue 1 et la Ligue des Champions. Présentation de Neil El Aynaoui, néo-Lensois et fils de Younès El Aynaoui, ancienne gloire du tennis marocain.
Crédits : L’Est Républicain
Né et formé à Nancy. Un pur produit du centre de formation de l’ASNL, club qui vit une descente aux enfers depuis deux saisons. Un contexte difficile, dans lequel Neil a fini par être propulsé capitaine la saison dernière. « C’est un garçon qui ne partait pas forcément titulaire lors de la saison 2021/2022, alors que l’ASNL était en L2 », nous explique Florent Gazeau, journaliste data chez Opta et auteur du livre ASNL Database. « Il a réussi à gratter du temps de jeu et à se faire une place ». Alors que le club lorrain plonge vers la N1, « El Aynaoui est un des rares à avoir été irréprochable. »
L’état d’esprit semble coller avec ce qu’attend Franck Haise de ses joueurs. « Ce n’est pas forcément un aboyeur, mais plutôt un joueur exemplaire de par son professionnalisme et son respect de l’institution. Il ne triche jamais ». Un respect des couleurs blanc et rouge qui, au contraire d’un Amine Bassi, l’empêche de céder aux avances du rival messin alors que l’ASNL vit une apocalyptique relégation en N1. « On était très étonné qu’il reste en N1 » ajoute Florent. « Je pense qu’il avait largement sa place pour jouer dans un club de haut de tableau de L2, voire un club de L1 ». Son attachement à l’ASNL est viscéral, et c’est logiquement qu’il est promu capitaine de ce navire en perdition qu’est le club du chardon. « Il est rapidement devenu indispensable».
Box-to-box et finesse technique
Neil El Aynaoui est un profil box-to-box, « habile balle au pied, qui part d’assez bas pour casser les lignes par la passe ou balle au pied », précise Florent. « Il a une facilité pour jouer avec son corps, et avec son mètre quatre-vingt-six, il sait aussi être décisif de la tête et sur coups de pied arrêtés ». Le joueur dispose d’une vraie caisse qui devrait lui permettre d’entrer sans trop de difficulté dans la structure de Franck Haise. Quand on parle d’axes de progression, Florent pointe son faible rendement statistique dans la zone de finition. « Cette saison, il ne marque que 4 buts et ne délivre que 2 passes décisives. Il peut nettement faire mieux ». Le joueur apprécie d’être associé à un véritable récupérateur afin de pouvoir se projeter, « bien qu’il soit tout à fait en mesure de répondre présent dans les duels, de par sa hargne et sa combativité ». Une agressivité et une gestion des émotions qui lui jouent parfois des tours. « Lors du dernier match de la saison à Bourg-Bresse. À 10 minutes de la fin, il prend un rouge et termine en pleurs parce qu’il se rend compte que Nancy va descendre en N2. Cette scène a marqué les esprits des supporters. Il avait l’ASNL dans le cœur », nous raconte Florent.
Quand on lui demande à quel joueur Neil pourrait être comparé, Florent est gêné. Cette question est toujours piégeuse, mais il se mouille, « évidemment je m’emballe et je vais faire une comparaison très forte, mais il a un côté Steven Gerrard ». Ajoutant que « c’est une vraie belle opération pour le RC Lens. Vous n’avez pas grand chose à perdre en pariant sur Neil ». Convaincu du potentiel, Florent voit son capitaine quitter le cocon, alors que l’ASNL vient de se voir rétrograder en National 3. « Je lui souhaite d’aller voir autre chose et de réussir en L1, il le mérite tellement », conclut-il.