Le mercato s’est donc conclu après le gong. Lundi 4 septembre, sorti de nulle part, Nampalys Mendy était présenté sobrement par le RC Lens, arrivant libre après la fin de son bail à Leicester. Point de MercaTour cette fois, zéro euro déboursé, mais un beau renfort pour l’entrejeu.
Photo RC Lens
Le recrutement du Sénégalais pose légitimement question. Depuis la déroute monégasque, un joueur cristallise les débats : Stijn Spierings. Si, encore une fois, la prestation fut collectivement inacceptable, une image a néanmoins retenu l’attention de la communauté lensoise : la sortie du Néerlandais, lente, froide et détachée. Son abattement détonnait avec la joie communicative que dégagent les Sang et Or depuis maintenant trois saisons. Cela faisait quelques semaines que Lens était en quête d’un élément supplémentaire en milieu de terrain, sans que l’on puisse affirmer si le dossier avait un quelconque lien avec le susnommé. Ayant d’abord jeté son dévolu sur le Strasbourgeois Habib Diarra, les dirigeants ont fini par trouver un terrain d’entente avec l’expérimenté Nampalys Mendy, parti libre de Leicester FC, relégué en Championship.
Penchons-nous sur celui qui devra combler ce déficit de liant, d’expérience et de « leadership », pour reprendre les termes utilisés par Arnaud Pouille lors de la présentation officielle du joueur. Nampalys Mendy, c’est d’abord un début de carrière plus que prometteur à l’AS Monaco, puis un transfert étonnant chez le voisin niçois où il est nommé vice-capitaine à seulement 22 ans. Avant l’envol pour l’Angleterre et le Leicester de Jamie Vardy, tout juste couronné champion d’Angleterre. Le club des East Midlands dépense alors près de 15 millions d’euros pour recruter le Seynois, qui se voit confier la lourde tâche de remplacer Ngolo Kanté, parti pour Chelsea.
Un démarrage caucharmardesque
Aura-t-il les épaules ? Le suspense ne durera pas longtemps, avec une arrivée cauchemardesque. Nampalys Mendy se blesse gravement, ce qui entrave son intégration chez les Foxes. En mal de points à la sortie de l’hiver, Claudio Ranieri est limogé, et remplacé par Craig Shakespeare. La première saison de ce petit gabarit, quasi blanche, c’est Adam Cockerill, observateur de Leicester City qui nous en parle. « Il a connu une période difficile avec les blessures, notamment celle qui est survenue lors de son premier match à domicile. Il a ensuite eu divers problèmes après l’opération, ce qui l’a contraint à manquer plus de trois mois de compétition cette saison-là. Je pense que la plupart des blessures survenues au cours de ces premières années sont dues à un manque de temps de jeu constant et au fait qu’il était souvent pressé de revenir trop tôt à la compétition. »
Photo Goal.com
Nampalys Mendy voit son club forcé de réagir avec le recrutement d’un suppléant. Wilfried Ndidi arrive au King Power Stadium au mercato hivernal. Le Nigérian, venu de Genk, s’installe au poste de numéro 6 et barre la route de l’ancien Niçois. « Avec les changements d’entraîneur, il a rarement été utilisé et ne faisait que de rares apparitions dans les coupes nationales – League Cup et FA Cup », complète Adam. En difficulté en Premier League, le champion d’Angleterre sortant vit une épopée européenne jusqu’à son élimination en quart de finale par l’Atlético de Madrid. « En cas de blessure ou de méforme, Mendy était toujours là pour stabiliser l’équipe. Les entraîneurs, en particulier Brendan Rodgers, ont toujours fait mention de son professionnalisme et du sérieux dont il faisait preuve à l’entraînement. Il a eu plus de temps de jeu lorsque Claude Puel était l’entraîneur, car ils se connaissaient depuis leur expérience commune à Nice. »
Profil unique
Le professionnalisme de Nampalys Mendy, justement. Arnaud Pouille en a fait part lors de la présentation officielle. Faisant écho à la déclaration de Brendan Rodgers de février 2023 qui qualifiait Nampalys de « héros », alors que le Franco-Sénégalais venait de régaler le public de Leicester d’un but exceptionnel contre Tottenham. Adam abonde : « Je suis tout à fait d’accord avec la déclaration de Rodgers. À Leicester, je dirais qu’il a été traité parfois de manière injuste, en particulier sous Rodgers, qui avait dans un premier temps déclaré publiquement que Mendy pouvait faire ses valises. Il ne l’a pas inclus dans l’effectif de Premier League mais Nampalys a persévéré malgré tout, et a fini par convaincre le coach. La situation était difficile pour lui, car il avait l’un des meilleurs « six » de Premier League devant lui. Il a démontré beaucoup de détermination en s’accrochant. »
Question profil, Nampalys Mendy est assez singulier. Joueur de petite taille, il est reconnu pour sa capacité à éclaircir des situations compliquées, et à faire avancer le bloc équipe. « On l’a souvent comparé à Claude Makélélé, à tort selon moi. Mendy n’était pas aussi agressif que Claude. Pour moi, c’est un simplificateur de jeu. Il excelle lorsqu’il s’agit de conserver le ballon, de jouer depuis l’arrière », témoigne Adam. « Il préfère jouer en passes courtes, de 5 à 10 mètres. Sa gamme de passes est peut-être limitée, notamment sur les renversements de jeu et longues passes en diagonale vers les ailiers, bien qu’on ait vu beaucoup de progrès à mesure qu’il gagnait en confiance à la fin de la saison dernière. » Un joueur d’expérience et de talent, international chez les Lions de la Téranga, qui affiche une résilience et une détermination sans faille. Il est évident que Nampalys Mendy aura bien vite l’occasion de montrer au public lensois qu’il n’a rien du simple panic buy.
