En s’imposant 2-0 face à Lorient, bête blessée qui n’aura finalement pas piégé les Sang et Or, le RC Lens a engrangé une victoire qui fait du bien au classement comme dans les têtes, et qui apaise l’ambiance quelque peu tendue de ces derniers temps. Tout le monde serait bien inspiré de maintenir cette communion jusqu’à la dernière minute de la saison.
Lucidité
Le premier ingrédient notable de la semaine dernière, c’est la lucidité. D’abord dans les mentalités. Franck Haise en témoigne lors de la conférence de presse tenue la veille du match : « On est bien conscients qu’il nous manque de l’efficacité offensive, défensive, ou une certaine justesse. » Jonathan Gradit reconnaît lui aussi que l’équipe a « manqué de certaines choses lors de certains matchs » et que tout n’a pas été parfait.
Le lendemain, les Artésiens ont su montrer sur le terrain que cette lucidité n’était pas feinte. Après avoir beaucoup tenté, en vain, ils ont su profiter d’un moment de flottement de la défense des Merlus. Le but d’Elye Wahi inscrit à la 57e minute a été salutaire, sans doute autant pour le club que pour le joueur après les critiques virulentes qu’il a dû essuyer. Il se trouve que ce onzième but avec le Racing est aussi son quarantième en Ligue 1. Seuls Karim Benzema et Kylian Mbappé se sont montrés plus précoces que lui. Pour le célébrer, le jeune attaquant a brandi son maillot comme un étendard : il va falloir compter sur lui jusqu’au bout, quoi qu’en disent les mécontents. Un geste qui rappelle celui de Loïs Openda la saison passée, lui aussi décisif après un moment de doute.
Cette lucidité s’est également vue chez ses camarades. Comme pour faire écho au superbe démarrage de l’année 2024, David Pereira Da Costa imite son acolyte une vingtaine de minutes plus tard, lui qui n’avait plus marqué depuis février. Notons également la belle inspiration de Nampalys Mendy et d’Adrien Thomasson, deux joueurs souffrant souvent – comme la plupart de l’effectif – d’un certain manque d’éclat cette saison, mais auteurs d’une passe décisive chacun lors de ce match.
Communion
S’il est un autre ingrédient dont les Sang et Or sont censés avoir le secret, c’est cette communion entre les joueurs et les supporters. En conférence de presse, Jonathan Gradit a su en souligner l’importance : « Je me rappelle du match contre Arsenal à domicile. Avec des supporters différents, nous n’aurions peut-être pas remporté ce match. » Sur la question de l’exigence de ces mêmes supporters, tout du moins une partie d’entre eux, il déclare : « Oui, il y a des réactions peut‑être disproportionnées par moment, mais […] on a besoin d’eux pour décrocher quelque chose de fantastique. » Nous retiendrons surtout de sa prise de parole cette dernière phrase, qui résume tout : « Il faut arriver à tous tirer dans le même sens. »
Tirer dans le même sens, et initier une réciprocité dans cette volonté d’être unis, c’est ce que les joueurs ont eu l’intelligence de faire ce vendredi. À Bollaert-Delelis, les hommes de Franck Haise n’ont cette fois pas rechigné à célébrer leur victoire avec les supporters. Si cette célébration arrive un peu tard dans la saison, voyons tout de même le verre à moitié plein : elle a fait du bien au moral. Sur le terrain comme en tribunes.
Ces ingrédients-ci seront-ils suffisants pour une fin du championnat réussie ? Le RC Lens doit encore affronter Rennes et Montpellier avant de clore une saison plus que mouvementée. On ne pourra hélas plus compter sur Neil El Aynaoui, ni sur Kevin Danso, dont le centième match sous les couleurs Sang et Or pourrait bien avoir été le dernier. Espérons que les joueurs restants et l’ensemble du staff lensois sauront s’inspirer de cette rencontre de vendredi, où tous ont mis du cœur à l’ouvrage, à l’entame du sprint final.