CULTURE SANG & OR

Les ingrédients n’ont pas suffit

Au soir de cette vingtième journée, les supporters lensois sont tiraillés par plusieurs sentiments. La satisfaction de poursuivre une série d’invincibilité, la fierté de voir un groupe haïr à ce point la défaite, la frustration de ne pas avoir profité des matchs nuls monégasque, marseillais et parisien. Sans parler des Rennais, qui ont chuté à Lorient dans un scénario de match similaire. Chacune de ces appréciations possède sa dose de légitimité, mais il ne faut pour autant pas oublier d’ajouter quelques centilitres de lucidité. Si les hommes de Franck Haise auraient dû faire mieux à Troyes, ils auraient aussi pu tomber dans le piège dressé par Patrick Kisnorbo. Parce que le football est un sport aussi merveilleux qu’unique, qui parfois permet à un onze dominé de renverser son adversaire. 

La déception était sur quasiment toutes les bouches et tous les visages. Forcément, en affichant de telles statistiques de domination (0,94 – 2,43 xG notamment), le RC Lens pouvait évidemment s’attendre à mieux. Les Troyens, qui venaient de se faire mettre en bouteille (ndlr : défaite 5-1 à Lille lors de la J19), ont finalement joué la même partition que leurs voisins icaunais, qui étaient également venus à Bollaert avec du ciment prise rapide après avoir été corrigés la semaine précédente à domicile par Toulouse. Le RC Lens, qui inspire de la crainte, va devoir encore plus faire avec des adversaires qui opposent un bloc très bas et des lignes très resserrées.

Ils auront tout donné

Pour autant, le RC Lens a fait le match qu’il fallait. A mis les ingrédients indispensables à sa réussite. Il ne faut pas l’oublier. On est loin des matchs sans que l’on a pu voir la saison passée ; à Lorient ou à Nantes par exemple. A Troyes, la domination a été homogène, constante, outrageuse même. L’adversaire s’est évertué à fermer les lignes de passes, à jouer regroupé, sans pour autant empêcher les Sang et Or de réaliser de très nombreux décalages. Il n’a manqué que de la précision dans l’avant-dernière ou la dernière passe, et dans la finition. C’est frustrant, mais c’est ça le football. On ne peut pas reprocher à ces joueurs de manquer de réalisme dans la zone de vérité. Ils ont tout donné, ont mouillé le maillot et n’ont jamais baissé les bras, mais ont manqué la cible.

Au registre des actifs, il y a beaucoup de positif. Déjà, la domination, le rapport de force imposé à un adversaire qui n’était pas connu pour rester à dix derrière. L’ESTAC a joué l’entièreté du match dans sa moitié de terrain, et les positions moyennes des 22 joueurs sont plus qu’éloquentes. Franck Haise s’est également décidé à changer de système, en passant à 4 derrière lorsque Deiver Machado laissa sa place au néophyte Thomasson. Et c’est ce dernier, fraîchement débarqué en Artois, qui vint conclure une énième action chaude. Voyons-y un énième signe, celui de la haine de la défaite, qu’il va falloir continuer d’alimenter. Mercredi, un Nice revanchard sur lui-même viendra proposer une toute autre opposition à Bollaert. Réveillés par l’énigmatique Didier Digard, les azuréens n’ont pour autant pas montré tous les gages de sûretés défensifs ce weekend. Aux Sang et Or de s’équiper des bons crampons, et de retrouver cette précision dans la zone de vérité, pour que les rêves et les ambitions continuent de se confondre. 

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