Après deux défaites, Lens est retourné au charbon et a retrouvé bonne mine. En face, Marseille, qui nageait dans le bonheur à la fin de l’été, se rapproche de la frontière belge au moment même où il commence à y avoir de la friture sur la ligne. Présentation du menu terril et mer de ce soir à l’aide de @MarwanBelkacem.
Dans cette nouvelle saison des Ch’tis vs. les Marseillais, on retrouve deux nouveaux chefs de meute. Will Still à Lens et Roberto De Zerbi à Marseille. Deux profils qui semblent aussi éloignés que les deux cités, minière et phocéenne, peuvent l’être géographiquement.
Le style De Zerbi
L’arrivée de l’entraîneur italien sur la Cannebière a fait grand bruit cet été. Marwan estime que « c’est un entraîneur de première classe, un passionné, qui se confronte à des passionnés en arrivant à l’OM. » L’ancien entraîneur de Brighton propose un football offensif, fait de prises de risques.
Le coach olympien est « un grand partisan de l’utilisation du jeu court derrière pour provoquer un premier décalage et tordre le bloc adverse dès les premières relances. C’est un aspect fondamental de Roberto De Zerbi. De plus, il a besoin d’attaquants spontanés et capables de faire des différences. Son souhait a été réalisé avec la venue de Jonathan Rowe et Mason Greenwood. »
Pour autant, l’OM est encore en reconstruction, et Marwan concède que pour le moment, la patte De Zerbi « peine à être appliquée avec succès. On est même dans sa caricature. Pour autant, c’est un processus que j’aime voir se dérouler et j’y crois. Il est toutefois difficile de s’émouvoir de ce que l’on voit dans le rendu collectif pour le moment. »
Le supporter enchaîne : « Il y a toujours un risque de crash à Marseille et parfois par des voies insoupçonnées, comme cette fameuse conférence de presse à la suite de la défaite à Auxerre ou il a évoqué un possible départ. Une sortie qui a créé une petite panique morale parmi les observateurs, moi y compris. Aujourd’hui, le plus grand ennemi de De Zerbi, c’est lui-même. »
Pas le même Still
Sur le banc lensois, Will Still est lui aussi adepte des prises de risques. Mais on l’observe pour l’instant davantage dans le jeu sans ballon. Le RC Lens se distingue par la confiance accordée à son arrière-garde, qui joue systématiquement les 1 vs 1. Et cela paye puisque Lens est la deuxième meilleure défense de Ligue 1. En face, Roberto De Zerbi responsabilise énormément ses défenseurs avec le ballon.
Cependant, Marwan relève qu’« en défense centrale, les certitudes manquent. Chancel Mbemba, écarté pour des raisons extrasportives, laisse un vide important. De son côté, Leonardo Balerdi peine à s’imposer comme le véritable leader derrière, d’autant plus qu’il est capitaine. Ce manque de solidité dans l’axe, combiné à des postes latéraux incertains, reste un point faible. À gauche, il n’y a pas de véritable alternative à Quentin Merlin, tandis qu’à droite, ni Murillo ni Pol Lirola ne s’imposent comme des titulaires indiscutables. »
La principale force lensoise est donc également la principale faiblesse marseillaise. Si l’on suit ce raisonnement, facile de deviner le secteur le plus performant du côté de la Canebière. Bien évidemment c’est devant. Le Racing pointe à la quinzième place des attaques de Ligue 1 là où Marseille est deuxième. Et un homme incarne largement cette réussite offensive : l’intenable Anglais Mason Greenwood. Marwan le décrit comme « un joueur de qualité supérieure. Il a su renverser des matches à lui tout seul grâce à des buts importants, que ce soit à Brest ou à Toulouse. »
Marwan relève d’ailleurs que son équipe a la chance de compter d’autres joueurs de très haut niveau. Parmi eux, il cite notamment Pierre-Emile Højbjerg. « Il s’est clairement imposé comme la pierre angulaire du milieu de terrain, il touche le plus de ballons, supervise ses coéquipiers et montre qu’il a déjà compris ce qu’on attendait de lui. »
Rajoutez à cela Adrien Rabiot, ou même l’éphémère lensois Elye Wahi, et vous obtenez « l’un des effectifs les plus garnis et qualitatifs qu’a connus l’OM sous Longoria. »
Qui c’est les plus forts ?
Vu le début de saison, évidemment ce n’est pas les Verts. Mais dans une L1 où les équipes sont serrées comme des sardines, un RC Lens moyen et en pleine transition n’est qu’à trois points d’un OM qui pourrait « se tirer la bourre avec Monaco pour être le dauphin et doit peut-être titiller le PSG. »
Ce soir, un RCL qui a surperformé défensivement et sous-performé devant le but adverse retrouve Marseille qui a fait tout l’inverse. Marwan abonde : « L’OM est l’équipe de Ligue 1 qui commet le plus d’erreurs individuelles en défense, dans des proportions de relégables. C’est le moment ou jamais pour les adversaires d’en profiter ! »
Il ajoute aussi à cela un mal récurrent sur ce début de saison : « Le manque d’intensité, la stérilité du jeu avec ballon de l’Olympique de Marseille. Cet inlassable échange de la balle qui tourne entre les joueurs défensifs sans que le cuir ne soit donné en première intention. L’OM joue contre-nature pour le moment et, au-delà des rares fois où on a vu le collectif dérouler, le match se transforme rapidement en un jeu de possession qui est extrêmement rasoir du fait de ce manque de spontanéité derrière. »
Ce manque d’audace dans la passe et ces hésitations en phase offensive se retrouvent à Lens. On peut aussi établir un parallèle avec l’intensité mise par les hommes de Will Still dans leurs premières mi-temps. Cette dynamique des débuts de rencontre a malheureusement tendance à s’essouffler grandement en seconde période. Face à un effectif de grande qualité et en l’absence de nombreux joueurs en même temps que leur binôme (Gradit et Khusanov, Aguilar et Cabot, voire Frankowski sur lequel pèsent des interrogations, Saïd et Satriano), le RC Lens devra être capable de maintenir cette intensité sur 90 minutes pour espérer quelque chose ce soir. Au risque, cette saison de ne plus revoir l’OM de cyprès.