CULTURE SANG & OR

Lens craint dégun

Après quatre défaites consécutives, une forte fébrilité défensive et cette incapacité à battre les membres du top 6, on ne donnait pas cher de la peau des Sang et Or au Vélodrome. On souhaitait presque, a minima, une défaite encourageante. Et pourtant, d’un but d’El Aynaoui à la 94e, les Lensois ont réalisé l’impensable : s’imposer à Marseille.

Mendy et El Aynaoui
Des Marseillais sans solutions
Photo RC Lens

En réalité, la rencontre contre Le Havre avait montré que les joueurs de Will Still avaient retrouvé de l’intensité et de l’envie. Peut-être ne restait-il qu’à y ajouter un ingrédient indispensable au plus haut niveau, le réalisme défensif. Et si ce groupe renouait avec la solidité qui avait fait sa force à d’autres moments de la saison, alors pouvait-il espérer, pour une fois, que les événements tourneraient en sa faveur. C’est ce qui s’est passé samedi soir. Et peu l’avaient vu venir.

Mendy, le retour surprise

Les Lensois sont-ils guéris pour autant ? Il est encore bien trop tôt pour le dire. Que la série noire se soit arrêtée, c’est déjà ça de pris. Avec un effectif amoindri par les suspensions, Still a encore une fois été contraint au bricolage, mais qui a fonctionné cette fois-ci. Les absences de Medina et de Thomasson (peut-être les deux cadres aux performances les plus régulières) l’ont incité à titulariser Juma Bah et le revenant Nampalys Mendy. Les deux invités du soir auront su répondre aux attentes et maintenir à flot le système défensif lensois, avant le coup de grâce au bout de la soirée.

Le milieu sénégalais est celui qui aura couvert la plus longue distance lors de ce match avec 11,4 kilomètres. Pas mal pour un joueur dont on aurait pu penser qu’il manquait de rythme. Sa dernière titularisation remontait à la première journée de championnat de cette saison. Lens avait gagné ce match d’ouverture à Angers sur ce même score de 0-1. Tiens tiens…

Marseille domine stérilement

Il faut admettre que les visiteurs n’ont pas fait jeu égal avec les Marseillais. Ils ont laissé, souvent malgré eux, le ballon à l’OM – seulement 24% de possession pour les Lensois –, joué bloc bas et su plier sans rompre. Le match aurait pu mal tourner dès la 21e minute. Mais Mathew Ryan a détourné sur sa barre transversale la frappe puissante de Gouiri. C’était finalement le seul frisson de la première période. Les Phocéens avaient la balle mais pas les idées. Lens aurait même pu ouvrir le score à la 26e, quand Saïd lançait Diouf dans la profondeur. Malheureusement, Rulli gagnait son duel contre le milieu international Espoirs.

Les Lensois savaient ce qu’ils avaient à faire en seconde période : rester concentrés et solidaires dans les tâches défensives, et attendre qu’une porte s’ouvre. Avec le seul Saïd en pointe, ce Racing n’était pas venu pour réaliser un festival offensif.

réalisme offensif et défensif

La porte s’est ouverte à la 58e quand Diouf et Saïd – encore eux – ont récupéré le ballon devant la surface de réparation marseillaise. Mais Saïd s’est perdu dans ses crochets et n’a pas su tromper Rulli. Ce n’était que partie remise. Les Marseillais restaient tout autant en contrôle de la possession et tout aussi peu inspirés. Ils ont eu beau accélérer le rythme en fin de match, ni Luis Henrique (83e), ni Maupay (85e) n’ont trompé le gardien australien. Le score ne pouvait en rester là : les 48 dernières rencontres de l’OM au Vélodrome ne s’étaient pas terminées sur un 0-0. Et c’est sur un joli mouvement lancé par Machado, et suivi par le très jeune Rayan Fofana et le moins jeune Sotoca, qu’El Aynaoui viendra éteindre le Vélodrome (0-1, 94e). Le Marocain inscrivant là son troisième but en trois matchs.

Rayan Fofana
Rayan Fofana, produit de la Gaillette venu perturber la défense de l’OM
Photo RC Lens

Plus que les trois points, l’autre victoire de la soirée pour les Artésiens est d’être restés sereins et en contrôle des émotions. Nos Lensois ont fini le match à onze et n’ont récolté qu’un seul carton jaune – main de Juma Bah à la 60e. Le curseur de l’agressivité a été placé au bon niveau. Les joueurs, dans cette enceinte où les émotions sont toujours fortes, ont évité les gestes d’humeur, l’antijeu ou les fautes inutiles qui leur avaient coûté cher en d’autres occasions.

Pour le technicien anglo-belge, il y a encore tout à reconstruire, et les prochaines semaines nous diront si cette victoire de prestige est un trompe-l’œil ou le début d’une nouvelle phase. Tirer dès aujourd’hui des conclusions sur ce match est un exercice périlleux. Au moins les cœurs lensois sont plus légers après ce week-end. Et les joueurs se sont probablement libérés du lourd poids qui commençait à s’accumuler sur leurs épaules. Au lieu de laisser croire que n’importe qui pouvait les battre, ils ont démontré qu’ils ne craignaient personne, jusqu’en haut du classement. Elle fait du bien, beaucoup de bien, cette victoire.

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