CULTURE SANG & OR

Le RC Lens, de Varsovie à Fort-de-France

Jusque dans les années 1950, peu de clubs français ont eu l’occasion de jouer à l’étranger, hormis dans des pays limitrophes. Les Girondins de Bordeaux sont les premiers à franchir le rideau de fer en 1954. À l’intersaison 1955, il n’y a que très peu de mouvement dans les effectifs en raison des difficultés financières que rencontrent les clubs de D1. C’est donc un RC Lens peu remanié qui se lance dans une préparation sous le signe du voyage, direction Varsovie et Fort-de-France.

le RC Lens en direction de la Pologne
Départ pour la Pologne
Photo RC Lens
le RC Lens en direction de la Pologne
La tête dans les nuages
Photo RC Lens

Après une saison 1954-55 réussie et une belle troisième place en championnat, le RC Lens et son contingent de joueurs polonais sont invités par la Fédération polonaise. Le club est définitivement rentré dans le paysage footballistique. L’équipe artésienne et son staff atterrissent à Varsovie en juin 1955 pour préparer une nouvelle saison qui s’annonce des plus intenses.

Un premier match de gala a lieu à Stalinogród – actuelle ville de Katowice. Sur un terrain détrempé suite à un orage, nos Lensois arrivent tout de même à sortir vainqueurs de cette rencontre et quittent le terrain acclamés par 30 000 spectateurs.

L’équipe reprend ensuite l’avion pour Varsovie, cette fois pour rencontrer l’équipe du CWKS Varsovie – actuel Legia Varsovie – devant plus de 40 000 spectateurs. Avec la fatigue du voyage et du dernier match joué, nos Lensois s’inclinent logiquement. S’ensuivent alors deux jours de visite de la capitale avant de reprendre le chemin de la France. Un voyage qui aura permis de souder encore un peu plus les liens qui unissent la France et la Pologne du ballon rond.

Un voyage peut-il en cacher un autre ?

le RC Lens en direction de la Martinique
Départ pour la Martinique
Photo RC Lens

Après la Pologne, c’est au tour de la Martinique et de la Guadeloupe d’inviter le RC Lens. Cette invitation est à l’initiative de Roland Didier, ancien gardien du RC Lens (1937-38), devenu responsable des sports en Martinique. Mais comment financer ce voyage ? Roland Didier s’occupe de tout, et trouve l’aide indispensable du Good Luck de Fort-de-France, un club martiniquais, des membres du Conseil général, de M. le préfet Villeger et du docteur Saint-Cyr, président de la ligue guadeloupéenne. C’est ainsi que le 20 juin, accompagné de M. Hus et M. Trannin, le Racing s’envole pour les îles. Georges Duffuler a pour la première fois réussi à combattre sa phobie de l’avion pour participer à ce voyage.

le RC Lens à Fort-de-France
Xercès Louis de retour en Martinique
Photo beliasaintemarie

Ce voyage est également l’occasion pour Xercés Louis de retrouver sa terre natale. L’enfant du pays, qui a déjà une solide réputation grâce à ses exploits en métropole et son statut de premier joueur antillais sélectionné avec l’équipe de France, est accueilli comme il se doit. Né à Sainte-Marie en Martinique, le 30 octobre 1926, celui qu’on surnomme « le sorcier » fait la fierté de son île.

Marcellin Dobat
Marcellin Dobat
Photo lemuseedesgardiensdebut

Le football antillais progresse d’année en année. Des joueurs commencent à apparaître en métropole, comme Joseph Aucourt (Guadeloupe) à Bordeaux ou Camille Ninel (Martinique) à l’Olympique lyonnais. C’est également à cette période que le RC Lens fait signer Marcellin Dobat, né à Fort-de-France en 1935, gardien de but du Golden Star de Fort-de-France.

Après une escale à Lisbonne puis à Sainte-Marie, les Lensois arrivent à l’aéroport de Lamentin à Fort-de-France. Après deux jours de réception, d’excursion et de fête, le Racing rencontre l’équipe de Fort-de-France, le Good Luck, et gagne 6 à 1. Le 26 juin, les Sang et Or gagnent de nouveau contre une sélection martiniquaise sur le score de 3 à 1.

Deux jours plus tard, les Lensois disent au revoir à la Martinique et prennent la direction de la Guadeloupe. Le 30 juin, ils remportent un match 10 à 0 contre le CS Moulien, puis s’imposent 3 à 1 le 3 juillet contre une sélection guadeloupéenne. Le succès de ce voyage permet aux organisateurs d’inviter le FC Sochaux, alors en tournée en Amérique centrale. C’est ainsi qu’un Lens-Sochaux est organisé le 5 juillet à Fort-de-France. Les deux équipes françaises se quittent sur un score de parité, 6 à 6.

Cette pré-saison un peu mouvementée s’avère très positive, puisque le RC Lens termine à une très belle deuxième place en championnat, juste derrière l’OGC Nice. L’année suivante, les Lensois sont de nouveaux invités dans les Caraïbes. Mais cette fois-ci, ils refusent l’invitation pour préparer au mieux le cinquantenaire du club.

Source :

  • Plaquette souvenir du cinquantenaire du Racing Club de Lens
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