Si on ouvrait le Larousse du football 2022 et qu’on s’arrêtait à la définition du RC Lens, on y trouverait certainement un bon nombre de synonymes à connotation positive ; fraîcheur, ferveur, beau jeu, recrutement réussi, tactique offensive, liste bien évidemment non-exhaustive. Depuis deux saisons, le club gâte ses fidèles, et ces derniers le lui rendent bien. Cette dynamique vertueuse, dont nous avons souvent fait l’écho sur CSO, aura par deux fois échoué aux portes de l’Europe. De promu surprise, le RC Lens est devenu un club crédible, étant même parfois qualifié de club exemple par de nombreux observateurs.
Oui mais voilà, le football est fait de cycles. D’une infinité de cycles. Au microscope, on observe les temps faibles et les temps forts d’un match. En prenant du recul, on aperçoit les séries positives et négatives au sein même d’une saison. Et enfin, sur le plan le plus large, il s’agit de gérer les dynamiques longues d’un club, autrement dit de le pérenniser au plus haut niveau. C’est de cela qu’il va commencer à s’agir pour le RC Lens.
Ferme volonté de continuité
Souviens-toi l’été dernier, quand l’écrasante majorité des observateurs prédisait la Grande Braderie de Lens. Le Racing, promu, finissait à une étonnante septième place, mené par un énorme Seko Fofana, un décisif Gaël Kakuta, un surprenant Loïc Badé et un prometteur Arnaud Kalimuendo. Et forcément, peu pouvaient affirmer que la solidité du projet Sang et Or permettrait à Franck Haise de conserver la grande majorité de son effectif pour attaquer la saison suivante. Au final, parmi les titulaires indiscutables de la saison 2020/21, seul Loïc Badé est parti.
Franck Haise et son staff ont pu compter sur la “ferme volonté de continuité” prônée par Florent Ghisolfi dans notre émission de la semaine dernière. Les dirigeants, et notamment Joseph Oughourlian, ne sont pas venus en Artois pour faire du trading, et cela semble désormais clair. Les contrats longs signés par les dernières recrues (Danso, Berg, Frankowski jusqu’en 2026, Buksa annoncé jusqu’en 2027) suggèrent un engagement à moyen-terme de joueurs dont la qualité leur a déjà permis d’intégrer leur sélection nationale respective. Si l’inconnue du terrain détiendra toujours les clefs du jeu, la mission des dirigeants et de l’équipe de Franck Haise est de réduire les risques et incertitudes, en planifiant une politique sportive adéquate.
Plus exposé médiatiquement, et plus attendu par ses propres fans
Oui mais le RC Lens a changé de statut, aussi bien auprès des médias que de ses propres supporters. La réussite récente n’est pas passée inaperçue, et en dépit d’une communication humble et prudente, il est à parier que les Sang et Or seront cités parmi les prétendants à l’Europe la saison prochaine. Dans les tribunes de Bollaert aussi, les attentes iront grandissantes. Arnaud Pouille a bien préparé son affaire, déclarant sur CSO la semaine dernière que “l’objectif serait d’atteindre le maintien, le plus rapidement possible”. Florent Ghisolfi précisant toutefois la nécessité de continuer à avancer, au risque de stagner et de régresser.
Pour ce faire, Joseph Oughourlian serait depuis de nombreux mois à la recherche d’un actionnaire minoritaire, qui apporterait les capacités financières nécessaires pour nourrir la croissance adolescente du Racing. Plus exposé médiatiquement, et plus attendu par ses propres fans, la saison prochaine pourrait s’avérer ardue pour un RC Lens qui, approchant la fin d’un cycle macro, pourrait également perdre plus de tauliers qu’il y a douze mois (citons Fofana, Doucouré, Medina, Clauss, Kalimuendo). Il faudra réussir leur remplacement, et forcément recréer une dynamique collective et sportive. Si les dirigeants raisonnent via le prisme des cycles longs, la passion souvent irrationnelle autour du RC Lens en est naturellement moins capable. Et pour “ce petit club qui ne connaît pas la crise” depuis maintenant plus de 24 mois, le plus dur était peut-être moins de retrouver sa place parmi les couches supérieures du football français que de s’y installer durablement.
Écrit par Antoine