Samedi soir, Bollaert sera plein. Et encore une fois, la belle chambrée poussera les siens. Et applaudira tout particulièrement son gardien, Brice Samba, sélectionné par Didier Deschamps pour la série de matchs amicaux contre Les Pays-Bas et l’Irlande. Mais le plus important, c’est que le RC Lens recevra le dernier du championnat, Angers SCO, pour une opposition qui semble être en tout point déséquilibrée. Les Angevins vivent une saison en enfer, et viennent de remplacer leur entraîneur pour la seconde fois de la saison. Antoine Raguin, journaliste à Ouest-France, a répondu à nos questions.
Cette saison, Angers rime avec bourbier. La saison du club est désastreuse, au point qu’en Artois, on rêve que le SCO efface des tablettes le triste record du plus petit nombre de points marqués sur une saison détenu par le RC Lens (17 points, saison 88/89). Que se passe-t-il ?
Oui c’est un sacré bourbier, et le SCO a de bonnes chances de battre le record du RC Lens s’il continue sur cette voie. Ce qui se passe est une accumulation de mauvais choix qui ont commencé dès la fin de la saison dernière, avec les départs des cadres qu’étaient Thomas, Traoré, Mangani et Manceau, tous partis en fin de contrat. Le club a trop attendu avant de leur dire ce qu’il attendait d’eux. Il n’y a que Pierrick Capelle qui est resté. Le club a perdu une partie de son identité. Sans parler de joueurs comme Jimmy Cabot, Enzo Ebosse ou Angelo Fulgini, qui est désormais chez vous. Dans un contexte ordinaire, la situation n’aurait pas été simple à gérer. Mais très vite, on s’est rendu compte que la mayonnaise ne prenait pas. Cet effectif a vite montré qu’il avait d’énormes carences. Le coach Baticle voulait passer à une défense à 4, et les recrues ne lui ont pas permis de trouver la bonne formule.
Angers n’était pas un club forcément destiné à la Ligue 1, et pourtant, il a réussi à se maintenir pendant 8 saisons. Il était même devenu une valeur sûre du milieu de tableau, ayant modernisé son stade…
Au fil du temps, le SCO a réussi à se pérenniser sous la houlette de Stéphane Moulin. Certes le club n’a jamais fait lever les foules mais il avait le mérite d’obtenir son maintien assez tranquillement. C’était même devenu un modèle de gestion, porté par le trio Chabane – Pickeu – Moulin. Tout s’est un peu écroulé en 2020, juste avant le Covid, quand le président décide de se séparer d’Olivier Pickeu. Chabane a voulu reprendre la main sur les affaires sportives, et les choix se sont vite avérés être moins bons. La stabilité est devenue instabilité. Au poste de directeur général, tout comme à la communication, il y a eu énormément de va-et-vient. Dont Xavier Thuilot, qui était également passé chez vous. Et forcément, cette instabilité dans les coulisses a fini par atteindre le terrain.
Que s’est-il passé entre Chabane et Pickeu ?
On ne sait pas trop ce qui s’est passé. Mais cela a démarré un mois après la mise en examen du président Chabane, pour laquelle il est toujours présumé innocent. Chabane décide de faire venir Fabrice Favetto-Bon, en tant que président-délégué, quelques jours avant l’arrêt du championnat pour cause de covid. Ce dernier nous annonce alors en conférence de presse qu’il doit travailler avec Olivier Pickeu, tout cela pour l’attendre le lendemain matin au centre d’entraînement de la Baumette afin de le mettre à pied. S’en suit un prud’hommes, et le jugement qui a été rendu est en appel dans la mesure où le SCO a été condamné à verser autour de trois millions d’euros à son ancien directeur sportif.
Le club semble secoué par des affaires à tous les étages. Du Président à l’ancien entraîneur Bouhazama. Aujourd’hui, c’est Dujeux qui tient les rênes du sportif. Peux-tu nous le présenter ?
Abdel Bouhazama est la seconde erreur du SCO, puisqu’il n’a pas du tout réussi à relancer le SCO. Son bilan est quand même de deux matchs nuls pour neuf défaites en onze matchs… Alexandre Dujeux est donc le troisième entraîneur de la saison. Un peu malgré-lui, si je puis dire. Pour te le présenter, il a notamment été l’adjoint de Olivier Pantaloni à Ajaccio et à Tours. Quand le club s’est séparé de Baticle, le staff est resté en place pour des raisons certainement financières. Dujeux a donc continué d’officier sous Bouhazama jusqu’à la démission de ce dernier.
Même si c’est difficile de parler de points forts compte tenu de la situation actuelle… Quels sont les atouts de cette équipe ?
C’est compliqué de parler d’atouts. C’est une équipe qui vit avec ses points faibles rédhibitoires. Il y a beaucoup trop de sautes de concentration et d’erreurs individuelles qui viennent handicaper le SCO à chaque match. Gérald Baticle et Abdel Bouhazama ont essayé de repasser à quatre défenseurs, sans succès. Alexandre Dujeux semble revenir à un système avec des pistons. Il y a eu de belles choses lors des dernières sorties, mais on sent qu’à la moindre contrariété, tout se liquéfie.
Angers SCO est, comme on l’a dit précédemment, l’équipe la plus pauvre de L1 cette saison, quand le RC Lens devient une de ses places fortes. Vois-tu des signaux faibles qui pourraient prédire une rébellion des angevins sur la pelouse de Bollaert ?
Comme je te le disais, on a vu du mieux contre Toulouse. A voir ce que cela peut donner à Bollaert, mais je ne vois pas comment le SCO pourrait ne serait-ce que prendre un point chez vous ce weekend. De ce que l’on voit, ça bosse à l’entraînement, un cadre et une exigence sont revenus. Nabil Bentaleb devrait revenir dans le onze, mais je ne pense pas que ce sera suffisant.