Culture Sang et Or a l’habitude de proposer des interviews de supporters adverses avant les matchs des pros. Une fois n’est pas coutume, c’est une interview d’un supporter adverse d’une équipe féminine que nous vous proposons : celle d’Olivier, supporter nantais et fondateur du média Ladies de Nantes, dédié à la section féminine du FC Nantes. Rencontre avec un passionné avant le Lens – Nantes de ce dimanche après-midi.
Bonjour Olivier, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle Olivier, je suis né à Nantes il y a quarante ans. J’y suis développeur d’applications informatiques, même si j’ai élu domicile en Vendée. Cela fait 25 ans que je supporte le FC Nantes. J’ai loupé de peu l’équipe extraordinaire de 95 mais, dans ma famille, le foot n’était pas aussi présent qu’aujourd’hui.
En ce qui concerne les féminines, j’ai commencé à m’intéresser au football féminin il y a plus de 10 ans. D’abord par l’équipe de France parce qu’elle commençait à être diffusée sur la TNT et son bon parcours en Coupe du Monde 2011 me changeait de l’équipe masculine pitoyable à Knysna. Ensuite, j’ai entendu parler de la création d’une section féminine au FC Nantes. J’ai d’abord suivi cela d’assez loin via le forum du club. Puisque la section partait du plus bas niveau, les matchs étaient totalement à l’avantage des Canaries.
Quand elles sont arrivées en division Régionale 1 (troisième division), c’était plus simple d’avoir des informations sur l’effectif et les matchs. C’est là que j’ai vraiment commencé à m’y passionner. Je ne les ai plus quittées depuis : d’abord, par “La Maison Jaune”, un site sur toutes les sections du club, que deux twittos locaux ont créé en juillet 2019. Puisque les féminines entamaient leur première saison en D2, c’était une belle opportunité de partager ma passion et de donner envie aux supporters d’apprendre à les connaître et d’aller les voir.
Cet été, tu as lancé Ladies de Nantes, média consacré exclusivement à la section féminine du FC Nantes, peux-tu nous en dire plus ?
La question de créer un site consacré aux féminines se posait depuis quelque temps pour moi. Au mois d’avril dernier, j’ai compris qu’il était temps de franchir le pas. Gérald (photographe) et Fabrice (rédacteur) m’ont suivi (ils étaient déjà de la précédente aventure). Clément, un ami journaliste chez Radio France, nous a rejoints car l’idée lui plaisait. Il s’occupe du podcast et m’aide beaucoup de par ses connaissances métier.
L’équipe va être amenée à grandir dans plusieurs domaines. J’ai créé le site WordPress, l’identité graphique et la vidéo de lancement, mais je ne suis expert en rien de tout cela. Ça finira par manquer pour passer de nouveaux caps.
LDN parle de la réserve et des U19 parce qu’à Nantes, on attache une grande importance à la formation. On aime savoir quelles seront les pépites de demain. Des joueuses comme Leïla Peneau et Laureen Oillic, il y a toujours une fierté supplémentaire de les voir évoluer.
Après avoir manqué la montée de peu la saison dernière, on s’attendait à voir Nantes jouer à nouveau les premiers rôles cette saison et on assiste finalement à un début de saison cauchemardesque. Comment l’expliques-tu ?
Cette montée ratée, elle a fait beaucoup de mal. Mentalement, c’était très difficile à encaisser. Une de nos joueuses a décidé d’arrêter le foot, une autre préfère le rythme de matchs de la réserve. D’autres ont été remerciées par le club puis certaines ne pouvaient pas attendre une saison de plus avant de jouer en D1. Finalement, on a recruté une équipe entière. Dans tel cas, soit la mayonnaise prend tout de suite de par les qualités intrinsèques des joueuses, soit ça met du temps. Malheureusement, on est dans le second cas : les recrues n’ont pas encore le rendu espéré et les quelques titulaires de la saison passée me semblent désemparées par la situation. Ce n’est pas un hasard si on retrouve les deux équipes qui ont été les plus actives au mercato estival en bas de classement. Un collectif, ça se construit dans le temps, pas dans l’urgence. Et pour ne rien arranger, il y a six descentes cette saison : l’urgence est déjà là.
Dans ce contexte, le FC Nantes Féminin a-t-il revu ses objectifs à la baisse ?
Le FC Nantes a récemment communiqué sur le nouvel objectif : éviter la descente en D3. On est à 13 points du RC Lens et du FC Metz, actuels leaders, donc pour la montée, c’est définitivement enterré. Et depuis le match décisif perdu contre Issy, le maintien a déjà du plomb dans l’aile : neuf points de retard sur le premier non-relégable Strasbourg. Je veux bien croire qu’on a une belle équipe sur le papier et que les concurrents feront des erreurs, mais ça me semble désormais présomptueux d’espérer un maintien fin mai. J’espère au moins que l’équipe va tout faire pour montrer un meilleur visage, qu’il y ait maintien ou pas.
Quelques mots sur le RC Lens Féminin ?
Le RC Lens féminin me surprend très agréablement : pour un club créé par fusion avec Arras il y a trois ans, la progression est fulgurante. Déjà la saison dernière, sans un mauvais démarrage et une fin de saison difficile, elles jouaient pleinement la course à la montée. Avec les dernières révélations sur la santé de Sarah M’Barek, on comprend très bien pourquoi Lens n’a pas su maintenir le rythme. À l’inverse, son retour sur le banc amène un supplément d’âme. Pour avoir vu quelques buts par vidéo, j’ai l’impression de revoir l’animation offensive du FC Nantes de la saison dernière.
J’ai beaucoup de considération et de respect pour votre coach. Je l’ai croisée à la Jonelière il y a trois ans. Sur les réseaux sociaux, elle est accessible. Et son combat contre la maladie, c’est une leçon de courage et d’abnégation. Je lui souhaite d’être nommée à la tête de l’Équipe de France.
Quelle joueuse lensoise t’inquiète le plus pour ce match ?
Je ne vais pas être très original : Namnata Traoré. Notre défense peine à trouver ses marques en ce début de saison. Avec une joueuse qui sait prendre les espaces, ça peut faire très mal. J’aime aussi beaucoup Pauline Cousin. Elle ne ménage pas ses efforts pour porter son club.
Un prono ?
Le duel des extrêmes, ça peut donner tout ou rien. Soit les Nantaises sombrent et prennent 4-0 comme Paris, soit le travail finit par porter ses fruits et on fait un résultat là-bas. Je suis un supporter nantais, pas du tout partial. Je vais donc dire : 1-1, Traoré pour Lens, Peneau pour Nantes.
Le mot de la fin ?
Un grand merci à toi Charles pour l’interview. Et pour les lecteurs, investissez-vous dans le football féminin. Ce sport en a besoin.
Merci à Olivier d’avoir partagé sa passion pour la section féminine du FC Nantes. N’hésitez pas à faire un tour sur LadiesDeNantes.fr.